» Sarah Debussy avait, ce jour-là, une foule de choses à faire avant de mettre fin à ses jours. Elle tenait à se suicider comme elle avait vécu. Avec efficacité. » Qui a poussé Sarah Debussy à finir consciencieusement sa boîte de somnifères ? Pour sa famille, peu importe : il est avant tout extrêmement indécent de mettre fin à ses jours quand on appartient à la bourgeoisie. D’autant que la petite effrontée, pourtant morte et enterrée, semble envoyer post-mortem des lettres sibyllines signées de sa main. Alors qu’on accuse la défunte de ne pas vouloir faire comme tout le monde, Agathe, sa nièce, décide de suivre ce jeu de pistes et les méandres du passé de cette famille pas comme les autres…
Encore un destin de femmes, vous allez finir par croire que je lis que ça, remarquez en ce moment c’est la réalité !
Alléchée par la 4è de couverture, je m’attendais à une comédie douce-amère et c’est exactement ce que j’ai lu. Ce roman, en fait une saga familiale, faite d’allers-retours entre le présent et le passé, raconte le destin de trois sœurs nées dans une famille bourgeoise, les Debussy, dominée par un père tout simplement effrayant. Valérie Saudade aurait en fait pu sous-titrer les petites sœurs « Secrets de famille » car, au-delà du destin de Sarah, Bernadette et Béatrice, les petites soeurs, le sujet du livre, ce sont les secrets, les faux-semblants, les coups bas et la sauvegarde des apparences. Un sujet très bourgeois en fait.
Tout commence par la mort de Sarah qui a choisi de mettre fin à son existence alors qu’en apparence elle mène une vie de rêve. Editrice à San Francisco depuis vingt ans, elle a des amis, des amants et semble mener la vie qui lui convient, elle décide pourtant de se suicider afin d’avoir l’éternité pour se venger. De qui ? De son père, figure du parvenu détestable, arrivé en haut de l’échelle sociale grâce à des magouilles et qui impose ses volontés à toute sa famille, qui a intérêt à filer droit. De quoi ? C’est ce qu’Agathe va découvrir. La jeune fille, brillante étudiante, est la fille de Bernadette et par conséquent la nièce de la défunte, et bien qu’elle n’avait jamais parlé ni correspondu avec sa tante, c’est pourtant elle que Sarah va choisir pour mener à bien sa vengeance. L’adage dit que la vengeance est un plat qui se mange froid, c’est particulièrement vrai ici.
L’histoire, bien ficelée et bien écrite, tient en haleine comme un roman policier. Les deux sœurs, Bernadette et Béatrice, qui vivent dans une douce et confortable léthargie depuis leur mariage, terrorisées par le despotisme paternel, vont peu à peu se réveiller, et prendre leur destin en main, tout comme avait su le faire Sarah, la seule qui avait osé défier son père, en refusant le destin qu’il avait voulu pour elle, celui d’une femme au foyer, totalement dépendante de son bon vouloir financier et matériel.
Les filles Debussy vivent en effet presque en recluses, au sein d’une propriété aux grands murs, à l’abri des regards. Enfants, elles n’iront pas à l’école, n’auront pas d’amies et se marieront avec les hommes que leur père a choisis pour elles. Elles n’ont pas le droit à la parole et connaitront brimades et punitions d’un autre âge. Privées de leur mère, internée par la seule volonté d’un père machiavélique et égocentrique, qui s’est emparé de tous ses biens et se révèle incapable d’amour à part envers lui-même, les petites soeurs vont filer. Toutes ? Non, Sarah va défier son père, de son vivant d’abord, et par-delà la mort ensuite.
J’ai beaucoup aimé ce roman bien écrit, Valérie Saudade a un style bien à elle, une écriture simple mais qui fait mouche à laquelle j’ai été sensible. J’ai beaucoup l’intrigue très bien ficelée, qui se tient de bout en bout, absolument pas cousue de fil blanc, et dont les révélations, vraiment surprenantes, tiennent en haleine jusqu’à la dernière page. Le suspens est d’ailleurs brillamment distillé et la fin, à la hauteur du reste du récit, j’ai même eu l’impression, par moments, de lire un roman policier, un très bon roman policier.
Un roman avec de beaux portraits de femmes, des mystères, du suspens, tout ce que j’aime ! Si vous ne l’avez pas encore lu, je vous y invite vivement.
Lu dans le cadre du challenge La plume au féminin
Avec un sujet pareil, tu te doutes bien que ce livre va rejoindre vite fait bien fait ma wishlist ! 😀
Merci pour la découverte Bianca !
Bises
Hé hé, je sens qu’il va plaire à plusieurs d’entre vous. Je me rends compte que plusieurs de mes dernières lectures sont des destins de femmes avec des secrets et je sais que tu aimes beaucoup ce type de sujets aussi tout comme moi. Là je change d’univers depuis samedi avec des contes de Noël 🙂 Des bises Céline !
OK c’est noté. Curieuse de l’histoire.
Bianca, tu es taguée… (j’ai vu que tu avais vu… mais je tenais à venir déposer l’invitation du tag chez toi !)
Je ne voulais pas trop en dire pour laisser du mystère car ce livre en est rempli ! Encore merci pour le tag Syl 🙂
Il me semble avoir lu, il y a pas mal de temps déjà, une interview de Valérie Saudade, et je l’avais trouvé très pertinente dans la façon de parler de ce qu’est l’écriture pour elle. Je me doute que ce roman doit être aussi un peu dans le cynisme, non?… En tous les cas, l’esprit de vengeance après la mort est un thème qui est intéressant.
Oui il y a du cynisme aussi j’aurais du le préciser dans mon billet. Je te le conseille, il devrait te plaire
Tu n’arrêtes pas de me tenter, décidément 🙂
Bises
Tant mieux ! Il faut dire que je cumule les belles lectures depuis quelques temps, pourvu que ça dure 🙂 Des bises Cla !
Je suis très tentée également. Les histoires familiales et de destins de femmes me plaisent beaucoup en général. Je le note.
Et j’en profite pour te dire que j’aime beaucoup l’habillage de ton blog.
Oh merci Claire, contente qu’il te plaise 🙂 J’espère que Les petites soeurs te plairont autant qu’à moi !
Ça pourrait bien me plaire tout ça, je note.
J’espère aussi qu’il te plaira Natiora !