Littérature française

14

Cinq hommes sont partis à la guerre, une femme attend le retour de deux d’entre eux. Reste à savoir s’ils vont revenir. Quand. Et dans quel état.

14-jean-echenozauteur-éditeur-pages

Il y a des romans qui attendent dans ma PAL depuis des lustres et  il y en a d’autres qui ont à peine le temps de s’y faire que je les extraits déjà, c’est le cas de 14 de Jean Echenoz. J’avais envie de lire ce livre pour au moins deux bonnes raisons. La première : il a pour cadre la 1ère guerre mondiale et que je suis passionnée par l’histoire des 17 et 18è siècles mais aussi par celle qui court de la Belle Epoque aux années 20. Autant il y a une abondante production littéraire autour de la seconde guerre mondiale, autant en comparaison, celle consacrée à la première, est nettement moins fournie et je ne peux m’empêcher de trouver à dommage car il y a beaucoup à dire, aussi mon intérêt est toujours grand dès que je tombe sur un roman qui a pour cadre 1914-1918. La deuxième raison est d’honorer le challenge Lire sous la contrainte consacré aux nombres. C’est aussi l’occasion de découvrir Jean Echenoz que je n’avais encore jamais lu. 14 est également mon dernier livre du mois de mars, il ne compte donc pas pour mon défi palesque.

J’avais été très émue l’année dernière par la lecture de La chambre des officiers, un roman que je vous conseille vraiment et qui est consacré à un épisode mal connu de cette guerre, les gueules cassées. Ce livre, hommage au grand-père de Marc Dugain, est bouleversant. Ici Jean Echenoz plante son décor, non pas dans un hôpital, mais dans les tranchées. Une réalité dure et implacable attend les 5 héros du livre : Anthime, Charles, Padioleau, Bossis et Arcenel. Originaires du même village de Vendée, ils vont se retrouver en quelques jours dans les Ardennes, face à l’ennemi.

La réalité, ils la prennent de plein fouet : charger les allemands à la baïonnette, dans leur bel uniforme aux couleurs bien vives, qui font d’eux des cibles idéales et tellement faciles pour ceux d’en face, la faim qui les oblige à manger ce qu’ils trouvent, les blessures, les copains tués à côté d’eux, les bouts d’hommes et de membres qui leur retombent dessus, l’horreur sur toute la ligne, en un mot l’enfer des tranchées, rien ne leur sera épargné. Comment ne pas comprendre en lisant ce roman leurs peurs, les envies de désertions qui se sont emparés des hommes qu’on envoie se faire massacrer, comme une vulgaire chair à canon, pour garder une colline, pour ne pas reculer d’un mètre ou en prendre un à l’ennemi ?

Jean Echenoz nous livre ici un tableau de la guerre de 14 vue à travers le parcours de ces jeunes vendéens, qui connaîtront des fortunes diverses. Une femme, Blanche, attend le retour de Charles, l’élégant directeur de l’usine familial, adepte de la photographie et pilote d’aéroplanes amateur, qui m’a rappelé dans son comportement et son caractère Edward du Dernier été à Mayfair.  Formidablement écrit et ciselé comme j’aime, ce bref roman m’a plutôt enchantée. J’avoue avoir été vraiment séduite par le style d’Echenoz qui a l’art de susciter des images saisissantes et impitoyables sans jamais tomber dans le glauque ou la lourdeur. Le choix des mots, la qualité stylistique, le pouvoir de suggestion m’ont vraiment emballée. Mon seul bémol vient aussi de là, le style chirurgical, l’économie de mots, la brièveté du récit qui avaient fait mon bonheur dans Soie et Les trois lumières, ne m’a ici pas du tout émue et emportée. Il manque de l’humanité, je n’ai pas pu m’attacher aux personnages et ça c’est bien dommage.

Reste que 14 est un grand roman, je me suis délectée des mots, des phrases ciselées par Jean Echenoz, et ce n’est pas rien !

heart_4

Lu dans le cadre du challenge Lire sous la contrainte 

79733683_p

42 commentaires sur “14

  1. Je ne suis pas sûre d’aimer les bout de chair qui leur tombe dessus mais ma libraire m’en a conseillé un sur la même période alors j’espère que ce ne sera pas trop détaillé…

    1. C’est juste un passage, honnêtement ce n’est vraiment pas glauque du tout sinon je ne le conseillerais pas, je n’aime pas lorsque la violence est détaillée

  2. Drôle de titre ! je croyais que c’était une référence.
    Je ne pense pas le lire. L’époque ne m’attire pas trop. Je retiens le nombre de tes petits coeurs.

  3. Je viens d’aller visiter tes liens et « la chambre des officiers » me fait peur aussi pour sa dureté, par contre soie ma libraire (encore elle^^) me l’a conseillé et je l’avais reposé, pas convaincue que ça m’intéresse : Après avoir lu ton article, je me dis que si je retombe dessus je le feuillèterai à nouveau du coup !

    1. J’ai adoré Soie, un gros coup de coeur. La chambre des officiers m’a beaucoup plu, j’ai trouvé l’histoire très émouvante, quelques passages sont durs mais il est vraiment passionnant à lire. Après si cette guerre ne t’intéresse pas, mieux vaut en effet ne pas aller vers ce type de lectures !

      1. Non l’époque me tente au contraire, j’ai juste peur que ce soit trop décrit et pas assez suggéré tu vois ? Mais si tu me dis que non, je pense que je vais tester en bibli pour tester ma sensibilité, et plus si affinité. Merci pour tes précisions !

  4. C’est vrai que le sujet est dur mais la première guerre mondiale n’a pas fait dans la dentelle. Je le note, je suis certaine qu’il va m’intéresser.
    Heureusement que tu en parles car je ne me serais jamais arrêté sur ce livre à cause du titre !
    Bises

    1. Tant mieux si je t’ai donné envie Céline, tu avais, comme moi, beaucoup aimé La chambre des officiers, il devrait te plaire aussi

  5. Je n’ai pas encore lu cet auteur mais j’aimerais, peut-être pas avec celui-là, le manque d’humanité risque de me gêner comme à toi.
    Bonne journée bisous 😀

    1. S’il y avait eu plus d’humanité, il aurait 5 étoiles, ce livre, malgré le sujet, est une merveille à lire. Bonne journée bisous

  6. Les livres sur cette période m’intéressent et me passionnent ! Je note ce titre de livre, bonne journée !

  7. C’est vrai que les romans qui se situent dans cette période sont assez rares. Je note donc celui-ci bien volontiers.
    Un autre roman sur cette période et que j’avais particulièrement apprécié, « Les Chemins de Feu » de Sebastian Faulks. Une histoire un peu moins rude que « 14 » puisque teintée d’une jolie histoire d’amour qui adoucit un peu l’époque et les circonstances du récit. J’ai d’autres titres sur cette période, mais je ne les retrouve pas… Etant donné que c’est aussi une époque de l’Histoire dont j’apprécie de lire les récits, j’en ai pas mal acheté à une période… 🙂

  8. C’est vrai que j’ai lu très peu de livres sur la première guerre mondiale (le dernier en date devait être La chute des géants de Ken Follett)… Cela pourrait être intéressant de lire celui ci, même si en général j’aime bien pouvoir m’attacher aux personnages!

      1. Je compte le lire cet été, avant je ne sais pas si j’aurais le temps, j’ai plein de LC de prévues ! 🙂

  9. Je note le titre car ton billet me donne très envie.
    J’avais beaucoup aimé comme toi La chambre des officiers et c’est une période de l’histoire que je trouve très intéressante. En plus, je n’ai jamais lu encore de Jean Echenoz.
    J’essaierai donc de le trouver dans ma médiathèque.

    1. Contente d’avoir fait découvrir ce titre car tu n’es pas le premier à être intrigué par ce titre. Bonne journée à toi aussi Philippe !

  10. Bonjour, pas mon Echenoz préféré mais toujours le même talent d’écriture très concise et précise. J’ai préféré Courir et Des éclairs. Bonne après-midi.

Répondre à kimysmile Annuler la réponse.