2003. Originaire du Nord, Ana est comédienne. Elle a fui sa famille et particulièrement Sophia, sa mère, une Russe dont elle ne s’est jamais sentie aimée. Elle se refuse à tout contact avec le pays de celle-ci jusqu’au jour où on lui offre le plus beau rôle de sa vie dans une pièce de Tchekhov. 1903. Sur les bords de la Moïka à Saint-Pétersbourg, Tatiana et ses jumelles vont se trouver liées au destin de Raspoutine et de l’illustre famille Youssoupov. Séparées par la révolution, l’une exilée en Europe, l’autre en Ukraine, Olga et Natacha auront des vies très différentes. Se retrouveront-elles ? Quel secret porte en elle Sophia, qu’elle a hérité l’histoire de la belle Tatiana, et qui va bouleverser la vie d’Ana ?
Vous avez déjà pu constater, si vous me lisez régulièrement, que j’ai une fascination pour la Russie et pour son histoire, en particulier pour le règne de Nicolas II. J’ai donc déjà eu l’occasion de vous présenter L’oeil du tsar rouge, un excellent policier qui revenait sur la fin tragique des Romanov, Sashenka dont l’héroïne est une jeune fille de la grande bourgeoisie russe qui rejoint les rangs des Rouges, et le mois dernier, l’essai controversé de Marc Ferro, La vérité sur la tragédie des Romanov, déjà reçu lors d’une masse critique Babelio. Aussi, lorsque Babelio et Les presses de la cité m’ont proposé de recevoir Les perles de la Moïka, je n’ai pas hésité une seconde et j’en profite pour les remercier ici. Ce roman, plaisant à lire, m’a permis, cerise sur le gâteau, de bien démarrer mon Défi palesque 3 jours, 1 livre.
Les perles de la Moïka est avant tout une saga familiale, dans ce qu’elle a de meilleur. A la fois émouvant, riche de détails, passionnant pour celles qui s’intéressent à la Russie, ce roman à deux voix, fait d’allers et retours entre passé et présent, est une jolie réussite. C’est tour à tour Ana et Sophia qui vont prendre la parole. Ana, 40 ans, comédienne parisienne, cantonnée dans les rôles secondaires, refuse sa part russe, incarnée par une mère, incapable de l’aimer, et Sophia, 80 ans, pensionnaire d’une maison de retraite, La villa russe, qui nous plonge dans la Russie tsariste de 1903. La comédienne va nous montrer l’envers du décor, elle est engagée pour jouer enfin un premier rôle, celui de Lioubov, dans la Cerisaie, la plus grande pièce de Tchekhov, un rôle qui a une grande importance dans l’histoire familiale d’Ana, mais qu’elle découvrira beaucoup plus tard. L’autre, Sophia, nous raconte les fastes de la Russie tsariste mais aussi sa chute, à travers trois femmes : Natasha, sa mère, Olga, sa tante, et Tatiana, sa grand-mère, comédienne et grande amoureuse, mais surtout une femme forte qui va s’occuper de sa petite-fille comme une mère.
En 1903, à Saint Petersbourg, Tatiana Alexandrovna, filleule de la richissime Zénaïde Youssoupov, profite des derniers fastes du régime impérial. Sa vie est faite de bals et de plaisirs, elle veut devenir comédienne mais elle rencontre Ivan, un bel officier de la Garde, et c’est le coup de foudre. Elle se marie avec lui et dans la foulée, tombe enceinte, la comédie est remise à plus tard. Elle donne naissance à deux jumelles, Olga et Natacha, et à cette heureuse occasion, sa marraine, lui offre deux magnifiques boucles d’oreilles ornées de perles : les perles de la Moïka, qui donnent son titre au roman. Mais la révolution de 1905 puis celle de 1917, avec l’abdication du tsar, va plonger la famille dans le drame. Dès la prise de pouvoir de Lénine et surtout de Staline, Tatiana nous raconte les exactions dont font l’objet tous les russes et les ukrainiens, sans exception, enfin ceux qui ne sont pas Rouges bien sûr. Nobles et bourgeois, paysans, croyants, ecclésiastiques, tous sont persécutés, tous doivent renier leurs origines et leurs croyances au profit d’un dieu unique, le parti, incarné par l’impitoyable Staline, qui n’hésite pas à envoyer au goulag ou éliminer sans autre forme de procès ou de chefs d’accusation des milliers de personnes. Les famines qui frappent le peuple sont terribles et éliminent elles aussi les plus faibles. La peur qui s’empare des russes était déjà palpable dans Sashenka, puisque même parmi le sérail stalinien, les exécutions allaient bon train.
Cent ans plus tard, Ana découvre lors d’une exposition consacrée aux bijoux russes, une boucle d’oreille qui ne lui est pas inconnue. Elle retourne chez ses parents, à la recherche de la boucle jumelle qu’elle pense trouver dans les affaires de sa mère, décédée vingt ans auparavant. Ce bijou servirait-il de sésame pour découvrir l’histoire de sa famille russe ?
Ce roman est empli de mystères, difficile de vous en dire plus sur le destin passé et présent de nos héroïnes sans vous dévoiler une partie de l’intrigue, ce qui serait dommage avouez-le. Je peux simplement ajouter qu’Annie Degroote sait à merveille narrer de beaux portraits de femmes comme je les aime. Le récit axé autour de l’Histoire russe mais aussi de la recherche des origines, de la filiation et des rapports mère/fille est prenant, passionnant et émouvant. J’ai pour ma part passé un très bon moment de lecture et je vous invite à le lire à votre tour si le sujet vous intéresse.
Lu dans le cadre de la masse critique Babelio et des challenges La plume au féminin édition 2013, ABC Babelio 2012-2013 :
Je ne lis pas beaucoup de livres sur la Russie (quoiqu’en y réfléchissant, je pourrais même dire pas du tout) mais cette période a l’air sympa et tu me donnes envie de tenter ^^
Un livre que tu recommanderais pour une première lecture sur cette période ?
Pour une première lecture ça me parait pas mal du tout, moi même j’y ai appris un certain nombre de choses alors tu devrais en apprendre toi aussi, et le roman est vraiment plaisant à lire !
Je note!! Merci du conseil 🙂
Je t’en prie, j’espère que tu l’aimeras 🙂
Il ne m’a l’air pas mal du tout et j’avoue qu’en plus je ne connais pas bien tout ce qui touche à la Russie. Je le note, comme j’avais noté Sashenka 😉 bonne journée bisous
(Mais tu as combien de masse critique ? 😆 Depuis celle de janvier, il y en a eu d’autres ?)
Sashenka, c’est le camp adverse, celui des Rouges mais le destin de cette femme est incroyable, j’avais beaucoup aimé, tout comme celui-ci ! J’ai eu un livre lors de celle de janvier et là j’ai été contactée directement par Babelio en fait pour ce livre-ci et pour le Guide à l’usage des jeunes filles… j’en suis la première surprise mais d’autres les ont reçus aussi, par contre je ne connais pas leurs critères d’attribution, mais je suis contente d’avoir été sélectionnée 🙂
ah ok ! Ah je n’ai pas été contactée, j’aimerais bien aussi 🙂 Mais je n’ai pas de ce type de lectures sur Babelio encore, donc peut-être ciblent-ils là-dessus. On verra 😀 Je suis ravie pour toi 😉
Merci Laure ! C’était une première pour moi, peut-être se basent-ils sur nos précédentes lectures en effet, à la réflexion sûrement même.
J’ai déjà noté L’oeil du tsar rouge et Shashenka, je note ceui-ci aussi 🙂 Merci pour la découverte Bianca ! 🙂
Tout le plaisir est pour moi Céline 🙂 Parmi les 3, mon préféré reste L’oeil du tsar rouge qui a été un gros coup de coeur mais qui est totalement différent des deux autres. Les 3 m’auront en tout cas procuré du plaisir en tant que lectrice, je ne peux que te les conseiller 🙂
Ca me rappelle un peu le manoir de tyneford, en angleterre, que j’ai conseillé récemment : je crois que tu l’as dans ta pal donc je pense que tu aimeras.
Du coup, il se pourrait qu’un de ses jours je découvre la Russie moi aussi, qui sait ?
J’ai noté Le manoir de Tyneford mais je ne l’ai pas encore. Je découvre la Russie à travers les livres et sa littérature, j’espère aller à Saint-Pétersbourg, c’est l’un de mes rêves !
Encore un beau moment de lecture sous les cieux de Russie ;-)… Tu deviens une excellente tentatrice à force de nous présenter toutes ces histoires magnifiques sur ce pays… Je note également ce titre! Maintenant, il va te falloir te frotter directement aux auteurs russes… Certains sont assez ardus à lire d’ailleurs, surtout les « anciens »… Mais les auteurs plus contemporains sont assez agréables et beaucoup plus accessibles.
Ce thème de la filiation que tu évoques en fin de billet m’intrigue et m’attire beaucoup, c’est pourquoi je vais placer ce roman en tête de ma wish-list 🙂
Merci evilys2angel, j’adore vous tenter ! J’ai lu deux auteurs anciens depuis le début de l’année : Tolstoï et Dostoïevksi, j’ai aussi un Kourkov dans ma PAL, j’aime l’histoire de ce pays mais aussi ses écrivains, j’ai passé tous mes UV de littérature étrangère en littérature russe, ce qui explique que je suis une bille dans les autres littératures, j’ai lu Gogol, Dostoïevksi, Pouchkine, Maïakovski et bien d’autres et je compte bien vous en présenter au fil du temps 😉
Comme Céline, j’avais noté l’œil du tsar rouge et Sashenka.
Celui-ci a l’air vraiment très bien. J’apprécie beaucoup les intrigues qui comportent de nombreux mystères.
J’espère pouvoir le trouver prochainement.
Bon week-end! (je viens de commencer le mystère de callander square et je crois que je suis encore plus conquise que par le précédent volume.)
Biz
Céline et toi, je vais vous convertir à la Russie 🙂 Contente que Le mystère de callander square, je suis pour ma part plongée dans Mademoiselle Scaramouche et c’est fort divertissant ! Bon week à toi aussi, bises !
Pour être allée plusieurs fois en Russie notamment à Saint-Pétersbourg ton billet me replonge dans cette ville et j’ai bien envie de faire ces lectures. Il faut simplement que je vise un peu ma PAL que je n’ose mettre à jour sur mon blog parce que rien d’y penser cela m’affole.
avec le sourire
Merci Lilou, je suis vraiment contente que mes billets te replongent dans l’atmosphère de cette belle ville, moi je n’ai pas encore eu la chance d’y aller, et qu’ils t’aient donné envie d’alourdir un peu plus ta PAL 🙂
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