Au coeur de l’Écosse du XVIIe siècle, Corrag, jeune fille accusée de sorcellerie, attend le bûcher. Dans le clair-obscur d’une prison putride le Révérend Charles Leslie, venu d’Irlande espionner l’ennemi, l’interroge sur les massacres dont elle a été témoin.
Mais, depuis sa geôle, la voix de Corrag s’élève au-dessus des légendes de sorcières, par-delà ses haillons et sa tignasse sauvage. Peu à peu, la créature maudite s’efface; du coin de sa cellule émane une lumière, une sorte de grâce pure. Et lorsque le révérend retourne à sa table de travail, les lettres qu’il brûle d’écrire sont pour sa femme Jane, non pour son roi. Chaque soir, ce récit continue, Charles suit Corrag à travers les Highlands enneigés, sous les cascades où elle lave sa peau poussiéreuse des heures de chevauchée solitaire. Chaque soir, à travers ses lettres, il se rapproche de Corrag, la comprend, la regarde enfin et voit que son péché est son innocence et le bûcher qui l’attend le supplice d’un agneau.
Véritable Hymne à la nature et à la simplicité de la vie, Un bûcher sous la neige est un roman que je ne suis pas prête d’oublier. Son auteure, Susan Flecher, nous livre ici un vibrant hommage aux femmes libres, émancipées des hommes. Des femmes qui connaissaient les vertus des plantes et qui ont payé un lourd tribut à ce savoir et à cette liberté qu’on chérit toutes, femmes du 21è siècle. Ces femmes, qualifiées de sorcières, souvent condamnées au bûcher sur les seules paroles de jaloux et d’envieux, d’hommes et de femmes qui avaient peur de l’inconnu, sont ici rassemblées dans une seule femme, Corrage, bouleversante d’humanité, de générosité et d’amour envers autrui.
Nous sommes en Écosse au 17è, la guerre fait rage entre les partisans de Jacques II, poussé à l’exil, et Guillaume d’Orange qui lui a volé le trône. Le clan des MacDonald, auquel appartient Corrag, fidèle au roi Jacques II, va être en grande partie massacré, notamment son chef, et les soldats orangistes vont se rabattre sur Corrag, faute de mieux.
Corrag, l’héroïne bouleversante d’Un bûcher sous la neige a été condamnée au bûcher pour sorcellerie. Son crime : guérir par les plantes. Elle attend dans sa geôle, dans des conditions épouvantables, que le printemps arrive pour être brûlée vive, car le temps ne permet pas de la faire rôtir d’ici là. Un homme, le pasteur Charles Leslie, fidèle au roi Jacques lui aussi, veut faire la lumière sur ce massacre et cherche des preuves contre les orangistes. Il vient rendre visite au seul témoin à sa disposition, Corrag. Chaque jour, il se rend dans sa geôle et chaque jour, Corrag lui raconte son histoire, de sa naissance au massacre. Homme pieux, il n’a au début que dégoût et haine envers celle qu’il surnomme la sorcière, mais à force de la côtoyer, il va être amené à changer d’avis.
Fille de l’hiver, Corrag est fille et petite-fille de femmes réputées sorcières, elles n’en sont pas bien sûr mais vont tout de même mourir à cause de leur réputation. Sa mère a vu périr sa mère sous ses yeux, morte d’avoir été attachée les pouces aux genoux à une chaise et immergée dans l’eau, car les sorcières étaient condamnées à mourir par le feu ou par l’eau, sous les crachats, le mépris et la haine de la vindicte populaire. Cora, la mère de Corrag, a elle aussi trouvé la mort de façon violente, toujours à cause de sa réputation.
Découpé en cinq parties, chacune représentant les différentes vies de Corrag, ce récit à deux voix, celle de Corrag se racontant à Charles Leslie, et celle de Leslie à travers les lettres qu’il écrit chaque soir à son épouse, est bouleversant d’humanité et nous fait réfléchir sur les petites joies du quotidien, celles que l’on ne voit plus, acquises, et qui sont l’essence même de la vie de Corrag.
Mon bémol, cependant, et qui justifie que bien que j’ai beaucoup aimé, ce ne soit pas un coup de cœur, tient à la narration, trop longue et descriptive à mon goût, et bourrée de répétition. Corrag ne veut pas mourir, pas de cette façon-là, et on la comprend, Corrag est une fille de la nature, c’est une fille de l’hiver, des plantes et des éléments, on a compris, mais l’auteure y revient encore et toujours et à la longue, ça devient vraiment lassant, j’ai sauté quelques descriptions trop répétitives et qui pour moi, n’apportent rien de plus au roman, qui aurait gagné à être plus court, il n’en aurait été que plus beau.
Et pourtant, j’ai été bouleversée par Corrag, si douce et généreuse, si aimante et bonne, que j’ai été totalement en empathie avec elle et émue aux larmes plus d’une fois en tournant les pages qui narrent le récit de sa vie. Susan Fletcher a voulu, à travers son héroïne, réhabiliter ces femmes injustement condamnées, qui périrent sur les bûchers de l’Europe entière jusqu’au 18è siècle, dont le seul crime était d’être sage-femme ou guérisseuse ! Elles étaient surtout des femmes indépendantes, qui travaillaient et qui sortaient du rôle féminin imposé par l’Eglise et par les hommes. Malheureusement, dans certains pays, des femmes connaissent encore ce sort funeste à l’heure actuelle.
Si vous êtes à la recherche d’un roman profond, qui fait réfléchir, bien écrit et très émouvant, Un bûcher sous la neige est pour vous, je vous le conseille en tout cas, moi j’en suis encore toute émue près de 15 jours après l’avoir lu.
Lu dans le cadre du Mois anglais et des challenges La plume au féminin édition 2013et God save the livre édition 2013 :
Je n’arrête pas de dire que je veux le lire !!! mais je n’ai pas le temps en ce moment !
Une belle lecture qui plaît à toutes les lectrices, je crois…
J’ai été en apnée une bonne partie du livre tellement je craignais le dénouement, malgré les longueurs, c’est un roman magistral !
Un très très très bel article Bianca ! Tu parles tellement bien de Corrag ! C’est vraiment une héroïne que je ne suis pas prête d’oublier !
Je ne suis pas prête de l’oublier non plus, malgré sa longueur narrative, j’ai les mêmes réserves que toi à ce sujet, quelle claque j’ai pris en le lisant
Ce que tu dis sur les longueurs était une de mes craintes concernant ce livre qui pourtant m’attire, mais la façon dont tu parles de l’histoire me réconforte de l’avoir malgré tout dans ma pal… J’espère que je ne serai pas déçue !
J’ai des réserves en effet sur la narration trop longue à mon goût, il n’y a pas vraiment de dialogues, ça perturbe un peu au départ, mais son héroïne est magnifique, les réflexions sont tellement intéressantes, que ça l’emporte sur les longueurs
Depuis le temps qu’il me faisait de l’oeil, je viens de relire ton billet maintenant que je l’ai lu et tu l’as vraiment très bien raconté : ton résumé est très fidèle à l’histoire comme à l’esprit.
Ce qui m’avait retenue de le lire avant que tu ne le fasse c’est cette forme narrative dont tu prles qui, en le feuilletant, m’avait fait peur.
La seule différence c’est que moi cette forme de dialogue m’a bien plu contrairement à ce que je craignais, car je l’ai trouvé très adapté à l’histoire : pour moi ça a fait le charme du livre, ça change un peu.
Surtout, contrairement à toi, je n’aurait surtout pas voulu supprimer quoi que soit pour le raccourcir : Je ne trouve pas qu’il y ait de répétitions vraiment agaçantes ou inutiles, je trouve que celles qui existent rappellent ses vies antérieures et font le lien entre elles, et participe aussi au fait que ce soit raconté.
Mais après je voulais tellement aimer ce livre, j’étais tellement motivée avant de le commencer que ça a peut-être joué sur ma lecture : Va savoir pourquoi, je me suis attachée à ce livre dès le titre et le résumé la fois que je l’ai croisé 🙂
C’est chouette en tous cas de pouvoir échanger les points de vue sur un même livre !Vivent les blogs !
Je l’ai peut-être un peu moins aimer que toi parce que je l’ai emprunté par hasard, je n’avais jamais repéré ce roman avant et je n’avais pas d’apriori positif ou négatif, mais c’est vrai que les longues narrations ont tendance à me lasser, ça n’enlève au rien au talent de conteuse de Susan Fletcher, j’ai été totalement embarquée par ce récit, très émue et j’avais tellement envie d’avancer dans l’histoire que certaines redites m’ont impatientée. Cela reste pour moi un livre marquant et je suis contente que pour toi ce fut un coup de coeur 🙂 Je suis d’accord avec toi, c’est vraiment sympa d’échanger ensemble autour de nos lectures !
[…] Un bûcher sous la neige de Susan Fletcher chez Bianca […]
Entre le billet de Cryssilda et le tien, que d’éloges ! J’ai maintenant très, très envie de lire ce roman d’autant plus que je suis allée à Glencoe l’été dernier.
C’est un grand roman, dommage pour les longueurs et les répétitions, sinon c’était le coup de coeur ! J’imagine bien les lieux mais toi qui les connais, tu vas te retrouver en pays de connaissance
[…] L’avis de Bianca […]
Je vais boycotter ce blog ! Tu me tentes beacoup trop avec tes critiques !!
Mdr 🙂 (comme disent les jeunes), je sais que ta PAL est abyssale mais note-le pour plus tard !
Cryssilda m’avait déjà donné très envie de le sortir de ma PAL et après avoir lu ton billet je me dis que ce roman va forcément me plaire, hormis les répétitions sur la nature, mais ça a l’air d’être bien peu par rapport à toutes les qualités de ce roman. Merci pour ce nouveau billet !
Je n’ai pas lu le billet de Cryssilda, je ne connais pas son blog mais je suis contente de t’avoir donné l’envie de le lire, c’est un grand roman et Corrag est émouvante et magnifique
Ce roman a l’air très émouvant et très prenant, de la façon dont tu en parles. Encore un titre que je note volontiers dans ma looooongue wish-list 😉
Oh oui, prenant et émouvant en effet, il mérite de rejoindre ta whish list, qui doit être comme la mienne, un puits sans fond 😉
Ton avis rejoint beaucoup le mien. Comme toi certaines répétitions m’ont lassée mais le personnage reste une figure magnifique que l’on n’oublie pas.
C’est ce que je viens de voir, je me suis rappelée que tu l’avais lu aussi car tu m’avais laissé un commentaire, du coup je l’ai cherché sur ton blog et j’ai mis ton lien. L’avis de Céline rejoint totalement le nôtre aussi, les grands esprits se rencontrent 🙂
J’ai adoré ce livre (qui m’a en outre sauvé d’un feu de cheminée pour cause de lecture trop prenante qui m’a tenu éveillée une partie de la nuit, curieuse ironie pour une sorcière promise au bucher) !
Effectivement, une sorcière qui te sauve du feu, c’est très ironique, heureusement tout est bien qui finit bien pour toi. Malgré son épaisseur, je l’ai lu très vite, il est prenant c’est vrai
C’est fou cette histoire Estelle ! J’adore ce genre d’anecdote !
sur le moment, ça ne m’a pas trop plu, mais je garderai un souvenir impérissable de ce livre en tout cas 🙂
A ta place, j’en garderais aussi un souvenir impérissable en effet 🙂
j’ai beaucoup aimé ce livre même les descriptions (mais j’aime ce genre de choses en général) 🙂
Moi aussi j’ai beaucoup aimé, malgré les descriptions 🙂
Il ne s’agit peut-être pas d’un coup de coeur mais tu en parles si bien, ma Chère Bianca, avec tellement d’émotion, que tu donnes forcément envie de découvrir ce roman et, tout particulièrement, son héroïne.
Le sujet m’intéresse beaucoup et me touche intimement. Oh non, je ne suis pas une sorcière ! Mais je suis très sensible à tout ce qui à trait aux femmes, à notre liberté (toute relative). Et cette relation à la nature est également un point fort à mes yeux.
Donc c’est un roman qui, a priori, a tout bon.
Je n’en avais jamais entendu parler donc te remercie bien sincèrement pour la découverte.
Bises du soir 🙂
Merci Emma, tes commentaires sont toujours si gentils ! Je suis contente de t’avoir fait découvrir Un bûcher sous la neige et donné envie de le lire, c’est un grand roman et une héroïne que tu aimeras j’en suis sûre. A propos, j’ai bien noté notre LC de l’agence pour le 5 août, si tu as un soucis, tu reviens vers moi ok ? Bises du jour 🙂
Parfait, parfait ma petite Bianca ! Je note le 5 août (je rentre de vacances le 3 donc ça devrait être bon).
Je pense participer au challenge visant à faire fondre ma PAL et ce roman s’annonce idéal pour la saison. Hop, sur ma liste 🙂
Contente de lire ce roman avec toi ma petite Emma ! On peut repousser de quelques jours si tu préfères. De toute façon ce n’est pas figé dans le marbre 🙂
J’adore ce genre d’histoire, j’ai plusieurs fois entendu parler de ce livre, je vais voir si je peux arriver à le trouver (meme si ma PAL crie à la surcharge)
Il est en poche également et tu le devrais aussi le trouver à la bibliothèque près de chez toi !
Je vais foncer l’acheter! D’autant plus que je viens de terminer son dernier roman « Les reflets d’argent » qui est une merveille, je te le recommande vivement! 🙂
Célestine
Merci Célestine, je compte lire les autres romans de Susan Fletcher, celui-ci m’a beaucoup plu et m’a emporté très loin, en Écosse !
C’est la 2e raison pour laquelle je vais vite l’acheter. Je pars en Ecosse dans une semaine! 😀 Je l’emmène!
Alors c’est de circonstance en effet ! Bonnes vacances en Ecosse 🙂
Ce que tu dis sur les longueurs descriptives du roman me font un peu hésiter mais je le note quand même : j’irai le feuilleter avant de l’acheter par contre ^^
Contente de t’avoir donné envie de le lire Lili, vois si tu ne peux pas l’emprunter à ta bibliothèque et sinon feuillette-le en effet, c’est une bonne façon de voir s’il peut te plaire ou pas
Oh, tu me donnes très envie de découvrir ce livre. Tu nous as fait une magnifique critique. Bravo !
Merci c’est très gentil 🙂 J’espère qu’il te plaira
Bonjour Bianca,
Merci pour ce billet enthousiaste, qui me rend indispensable cette lecture.
Permets moi d’insister sur ce que tu laisses deviner. Quand tu évoques ces pseudo-sorcières « dont le seul crime était d’être sage-femme ou guérisseuse », c’est bien sûr parce qu’elles gênaient car trop brillantes, montrant en négatif l’imposture des puissants.
Un problème vraiment universel, mais alors pourquoi certaines se font prendre et pas toutes, puisqu’aussi bien toutes le sont ? (magiciennes ou sorcières, qu’importe)
Merci pour cette découverte qui mène loin.
Bonjour,
Merci pour ton commentaire, je suis heureuse de t’avoir fait découvrir ce livre et j’espère t’avoir incité à le lire, il le mérite. Je pense que l’obscurantisme religieux a fait que beaucoup de femmes étaient totalement ignorantes malheureusement, et celles qui ne se sont pas faits prendre, devaient faire peur ou savaient se montrer discrètes. Ce sont je pense celles qui vivaient vraiment en marge qui se sont fait prendre, mais ce n’est que mon avis, je suis loin d’être experte sur la question
[…] enfin, J’ai découvert hier, une critique comme je les aime chez Bianca lit des livres, des livres… sur un livre qui m’était complètement inconnu, il est pourtant sorti, il y a déjà […]
Je viendrai te lire plus tard. Je dois lire ce roman pour une LC dans le cadre du mois anglais.
Céline l’a lu aussi et nous avons beaucoup aimé l’une comme l’autre, malgré les longueurs, l’héroïne est extraordinaire 🙂
Comme plusieurs les longueurs me font un peu peur. Mais je le note car le sujet peut me plaire. 😉
Mis à part ces longueurs, c’est un excellent roman, très prenant, j’ai beaucoup aimé
[…] d’Agnes Magnúsdóttir, la dernière condamnée à mort islandaise. Le sujet me fait penser à Un bûcher sous la neige de Susan Fleitcher qui m’avait beaucoup ému, je sens que les mouchoirs vont être de sortie une […]
[…] son passé et ses sentiments présents, m’a rappelé le très beau roman de Susan Fletcher, Un bûcher sous la neige, que je vous conseille au passage si vous ne l’avez pas encore […]
[…] y a quelques années de cela, j’avais découvert Susan Fletcher lors de ma lecture d’Un bûcher sous la neige, un roman singulier qui m’a beaucoup marquée, et comme j’affectionne les romans […]