Saturnine cherche une colocation car vivre sur le canapé du tout petit appartement de sa copine, c’est bien gentil mais ce n’est pas une solution durable. C’est alors qu’elle tombe sur une offre des plus alléchantes : une grande chambre dans un super quartier et pour un loyer des plus modestes. Mais elle n’est pas la seule à postuler forcément. Etrangement, elle est la seule vraie candidate, les autres ayant juste envie de voir l’homme dont les huit précédentes colocataires ont disparu. Et en effet, c’est elle que choisit don Elemirio Nibal y Milcar pour devenir la neuvième colocataire. L’homme est étrange, parle comme dans un livre, ne sort jamais et tel Barbe-Bleue lui donne accès à tout sauf à une seule pièce dans laquelle elle ne devra jamais se rendre. Saturnine va-t-elle reproduire le schéma des huit autres femmes ? Va-t-elle disparaître à son tour ? Et ces dernières, qu’est-il advenu d’elles ?
Comme pour tous les auteurs de best-sellers, Amélie Nothomb a ses fans et ses détracteurs, aussi nombreux les uns que les autres. N’ayant lu qu’un seul de ses ouvrages, autobiographique qui plus est : Stupeur et tremblements, je n’avais pas d’apriori, positif ou négatif avant d’entamer la lecture de Barbe Bleue. Comme je crois vous l’avoir déjà confessé, j’aime beaucoup les contes de fées, ceux des origines surtout. Saviez-vous, qu’à l’exception de Charles Perrault, ce sont des auteures qui ont principalement écrits et popularisés ce genre littéraire aux 17è et 18è siècles ? Cette littérature du merveilleux puisait alors son inspiration dans le Moyen-Age et c’est Madame d’Aulnoy, qui la première, a utilisé le terme de conte de fée. Autant vous dire qu’avec ce roman d’Amélie Nothomb, nous sommes à des années lumières du merveilleux, mais en cela elle reste fidèle à Perrault, l’auteur de La barbe bleue.
Dans le conte originel, Barbe Bleue tue ses épouses trop curieuses, dans l’hommage d’Amélie Nothomb aussi. Barbe bleue s’appelle désormais Don Elemirio Nibal y Milcar et s’il n’a pas de barbe bleue, il est tout aussi intransigeant envers la curiosité féminine. Descendant des Grands d’Espagne, fervent catholique et amoureux du métal le plus précieux, l’or, il voit en la colocataire la femme idéale. Reclus dans son hôtel particulier du 7è arrondissement parisien depuis le décès accidentel et tragique de ses parents 22 ans plus tôt, il ne voit personne à part ses domestiques, exclusivement masculins, et sa colocataire. Lorsque Saturnine, professeure remplaçante à l’Ecole du Louvre, découvre l’appartement mis en colocation, elle se dit que ce doit être trop beau pour être vrai, seulement 500€ pour une chambre de 40m2, une salle de bains et l’accès à la cuisine, il y a forcément anguille sous roche ! Elle apprend alors que cet espagnol dont elle n’a jamais entendu parler, est un digne héritier de Landru. Depuis 18 ans en effet, toutes ses colocataires sans exception, au nombre de 8, ont disparu dans des circonstances inexpliquées.
On ne pourra pas reprocher à Amélie Nothomb d’avoir dénaturé le conte de Perrault car les éléments importants (pièce secrète, importance chromatique, châtiment) y sont, pour le reste on pourra par contre lui reprocher son manque d’inspiration : l’héroïne, Saturnine, est une jeune belge accro au champagne (ça ne vous rappelle pas quelqu’un ?), le nouveau Barbe Bleue est un pédant accro aux indulgences, privilège religieux des nobles d’autrefois, et admirateur de l’Inquisition, etc. Le récit, particulièrement bavard et à quelques moments, très prétentieux, se lit sans déplaisir certes mais il est totalement sans saveur. Pour une fois, je m’empresse, le livre tout juste terminé, d’écrire cette chronique car je pense que d’ici une heure ou deux, j’aurais tout oublié. Ce roman est l’exact opposé d’Un bûcher sous la neige de Susan Fletcher : un roman sans aucune narration, avec des dialogues plutôt secs, sans émotion ni souffle littéraire.
Pour finir, vous l’aurez compris, Barbe Bleue se lit vite mais s’oublie tout autant et je n’ai pas grand chose de plus à vous en dire. La cuvée 2012 d’Amélie Nothomb n’est vraiment pas indispensable et ne restera pas dans mon panthéon littéraire.
Lu dans le cadre des challenges ABC Babelio 2012-2013 et de La plume au féminin édition 2013 :
Je pensais bien que tu n’allais mettre que peu de coeur au bas de ce billet ! C’est dommage, Nothomb est douée. Ses premiers livres étaient bien. Puis depuis quelques années, je referme ses livres avec un soupir désolé.
Et pourtant je ne suis pas déçue, je ne m’attendais à rien. Je connais trop mal cette auteure pour critiquer outre mesure mais je pense emprunter plus tard ses premiers romans, histoire de me faire une idée plus précise de sa plume !
Je n’aime pas cet auteure. Ses premiers livres étaient plus terre et avaient au moins le mérite de l’expérience, même si je n’ai aimé particulièrement son style. MAis j’en ai lu plusieurs sans comprendre pourquoi ils avaient été publiés. Celui avec une fille qui buvait du champagne à longueur de pages justement, une histoire de voleur de tableau : je n’ai rien compris au livre, j’ai trouvé la fin nulle et, surtout, je n’avais compris ce qu’elle voulait raconter, ni pourquoi elle avait écrit, le message qu’elle souhaitait délivrer. Bref, c’est sûr, je n’ouvrirai plus un livre d’elle.
Par contre, je projette de vous parler du seul qui m’ait un peu parlé pour son message mais peut-être le relirais-je avant 😉
Et pourtant elle a l’air prolifique mais ne se renouvelle sans doute pas : des livres courts, écrits gros, avec les mêmes types de personnages, moi je serais frustrée de payer 17€ pour une heure de lecture et un discours creux !
Je ne suis déjà pas une grande fan d’Amélie Nothomb, mais du coup tu confirmes que ça ne vaut pas forcément la peine que j’essaye d’autres de ses livres!
En tout cas tu ne loupes rien à ne pas lire celui-ci, peut-être le prochain sera-t-il meilleur ?
Oui, mais du coup je ne sais pas si j’ai envie de retenter le coup ^^
Et bien n’empêche que, d’un bouquin qui ne casse pas trois pattes à un canard, tu as tiré une chronique que j’ai pris grand plaisir à lire donc chapeau bas ! Et bonne prochaine lecture, que je te souhaite plus passionnante 🙂
Oh merci Lili 😀 !! Je suis plongée dans Tout ce que je suis d’Anna Funder et question qualité et intérêt, c’est nettement mieux en effet !
Ton avis me conforte dans l’esprit que je ne perdrais pas mon temps avec Amélie Nothomb ; j’ai lu « stupeur et tremblement » et franchement je ne l’ai pas trop apprécié ! Bonne soirée.
Je n’avais pas trouvé stupeur et tremblements excellent non plus mais meilleur que celui-ci tout de même ! Bonne soirée Bea
J’ai lu quelques livres de cette auteure qui ne m’ont pas marqué du tout… Je ne pense pas lire celui-ci alors que ma pile à lire regorge de livres qui me tentent bien plus ! J’espère que ta nouvelle lecture est plus intéressante en tout cas !
Bon week end Bianca ! Bises
Je retenterais Nothomb avec ses premiers écrits mais ils attendront, j’ai moins aussi beaucoup de livres qui m’attendent, cette lecture m’aura permis de valider une participation supplémentaire au challenge ABC Babelio, c’est déjà ça. Bonne soirée Céline, bises
Quel dommage… Amélie Nothomb a vraiment perdu de sa superbe. Je l’ai tellement lue et tellement aimée à ses débuts ; ton avis sur ce roman confirme ce que m’avaient laissé penser les derniers lus, entre Amélie et moi, tout est fini. Snif !
C’est dommage car elle semble toujours avoir sa belle imagination et sa dose de fantaisie. Tout n’est pas désespéré.
Il faudrait peut-être que tu lui redonnes quelques autres petites chances, à l’occasion, avec ses premiers titres…
Bon dimanche ma petite Bianca, avec un bon roman à portée de main 🙂
Elle a une dose de fantaisie c’est vrai et je pense une très grande culture, alors il faut souhaiter qu’elle se reprenne et que le prochain soit meilleur que celui-ci. Je compte emprunter ces premiers romans à la médiathèque si ils sont mais ce ne sera pas pour tout de suite, j’ai beaucoup de livres à lire et d’auteurs à découvrir. Bonne soirée Emma 🙂
Boom lancé de missiles! lol J’étais en train de me demander si j’allais acheter ce roman, bon et bien c’est non. Je ne voudrais pas perdre mon temps. Je trouve aussi qu’Amélie Nothomb est prétentieuse dans son écriture. Je n’aime pas particulièrement la personnalité qui est révélée à travers son style. J’avais trouvé pas mal l’histoire de Stupeurs et tremblements mais tous les romans que j’ai lu d’elle par la suite m’ont profondément déçus. Et il est vrai qu’au final je n’en ai gardé pas grand chose. Je pense qu’elle est trop prolifique, c’est une usine et c’est dommage que ses romans sont devenus un vrai business.
Je crois aussi que malheureusement c’est le lot de beaucoup d’auteurs de best sellers, ça devient vite un business. J’avais lu l’année dernière Stupeur et tremblements et je n’en ai plus de souvenirs, ce sera le cas aussi avec celui-ci. Alors certes, un auteur ne peut pas écrire que des chefs d’oeuvre mais en tant que lectrice, on peut se passer de ce genre de roman aussi
j’ai eu exactement le même ressenti que toi avec ce livre pourtant j’étais assez fan de ces premiers romans, mes goûts ont évolué, mes exigences aussi et je crois également que la qualité de ses romans laisse à désirer à présent
C’est vraiment dommage car vous êtes toutes d’accord pour dire que ses premiers romans sont bons, là je crois que ça devient du business, d’après vos commentaires toujours !
Le dernier Nothomb que j’ai lue m’a bcp déçue (Tuer le père) donc du coup j’ai pas envie de m’y remettre ^^
Je te comprends !
J’ai préféré Barbe bleue à Tuer le père, mais c’était quand même bien poussif. Mais j’emprunterai le prochain à la bibliothèque, c’est sûr.
Mieux vaut l’emprunter en effet, il y a moins de déception !
Merci pour cette critique. Je n’aime pas du tout Amélie Nothomb. Mais j’avais envie de retenter le coup, parce que le thème de ce roman me plaisait bien. Tu lui reproches exactement ce que je lui reproche d’habitude. Tu m’évites une déception!
Tant mieux alors, si tu ne l’aimes pas, mieux vaut que tu passes ton chemin en effet !
Ce livre est dans ma PAL, et du coup, j’ai peur d’être déçue … Ta description du style de l’auteur ne ressemble pas du tout à ce que j’ai déjà lu d’elle. Je pense que je vais attendre pour lire ce livre qui, pourtant, me tentait …
C’est mon ressenti qui sera peut-être différent du tien, j’aimerais lire les Nothomb du début pour voir, mais en tout cas puisqu’il est dans ta PAL, lis-le et je te souhaiter de l’apprécier plus que moi
Personnellement, j’ai bien aimé ce livre. La réutilisation du conte de Perrault est pas mal et je trouve qu’elle a repris de la force avec ce roman. Tous les romans biographiques étaient excellents puis elle a eu une période à vide, je trouve. Là, avec Barbe Bleue, on est dans une autre optique, dans un renouveau. Renouveau confirmé par « Pétronille », son dernier roman.
J’ai bien aimé ce livre dans l’ensemble aussi, je trouve l’idée excellente et j’aime l’écriture d’Amélie Nothomb, après quelque chose m’a manqué pour en faire une très belle lecture 😉