Moscou, 2014. Dans la Russie trouble et tourmentée de Poutine, Tatiana gagne sa vie en dansant tous les soirs au Club 121, haut lieu de rencontres entre hommes d affaires. Sa beauté ne laisse personne indifférent, et surtout pas Oleg Bezroukov. La jeune femme succombe rapidement au charme magnétique de ce dernier. Mais très vite, le doute s’installe. Qui est cet homme qui paraît si amoureux mais ne cesse de disparaître sans la moindre explication et surtout, semble être doté d un étrange et inquiétant pouvoir de prédiction ?
Vous avez déjà pu constater, si vous me lisez régulièrement, que j’ai une fascination pour la Russie et pour son histoire, en particulier pour le règne de Nicolas II. J’ai donc déjà eu l’occasion de vous présenter L’oeil du tsar rouge, un excellent policier qui revenait sur la fin tragique des Romanov, Sashenka dont l’héroïne est une jeune fille de la grande bourgeoisie russe qui rejoint les rangs des Rouges, l’essai controversé de Marc Ferro, La vérité sur la tragédie des Romanov, ainsi que Les perles de la Moïka qui, à travers ses héroïnes, raconte l’histoire de la Russie tout au long du 20è siècle. Aussi, lorsqu’Edouard Moradpour m’a proposé de recevoir son dernier roman, Le mausolée, je n’ai pas hésité une seconde à lui dire oui.
Contrairement à mes précédentes lectures, ce roman se déroule dans un futur très proche, entre 2014 et 2016. L’auteur, qui connaît la situation politique, sociale et économique du pays sur le bout des doigts, nous livre ici un roman de politique fiction teinté de thriller, ayant pour toile de fond le célèbre mausolée de Lénine et la course à la présidence russe.
Si la Russie vous intéresse comme moi, vous allez trouver ce livre plutôt passionnant car Edouard Moradpour revient sur le mysticisme du peuple russe, notamment à propos du mausolée de Lénine, contraire au culte orthodoxe. Lénine puis Staline ont eu beau démolir des églises et interdire le culte, le peuple est resté dans sa grande majorité très croyant et depuis la chute du communisme, l’Eglise orthodoxe est revenue en force et demande à ce que Lénine soit enterré auprès de sa mère comme lui-même le voulait d’ailleurs. Bon nombre de russes le souhaitent aussi, persuadés que ce mausolée porte malheur depuis 90 ans ! La question fait débat et qui sait peut-être qu’un jour Lénine finira par être enterré ? Edouard Moradpour nous explique la construction du mausolée, les conditions de conservation du corps, etc. Ce mausolée est en quelque sorte le héros du roman. L’auteur nous éclaire également sur l’oligarchie russe, quand elle est apparue et comme elle a bâti sa fortune, nous présente les différents acteurs de la scène politique, dont Vladimir Poutine of course.
L’héroïne, Tatiana, est une jeune femme russe très belle, bardée de diplômes, qui, pour gagner sa vie, danse dans le club 121, un endroit sélect pour hommes très fortunés. Elle vit dans un appartement moscovite avec ses parents, sa grand-mère et son petit frère handicapé mental. Le confort est rudimentaire et elle aimerait prendre son envol, à 29 ans on la comprend. Tatiana est une personne particulière : elle entend une voix qui lui parle depuis qu’elle est enfant et qui lui dit « tu vas sauver la Russie ». Elle mène une vie très rangée et ce n’est pas de gaieté de cœur qu’elle a accepté ce job de danseuse nue, dont ses parents ignorent tout, mais bien pour mettre suffisamment d’argent de côté afin de s’acheter un appartement et une voiture. L’un des clients, Oleg, un oligarque richissime et très mystérieux, est très amoureux d’elle et il veut l’avoir pour amante. Après avoir tergiversé, elle accepte, pensant ainsi arriver plus vite à ses fins. L’homme est milliardaire, il lui plait et une relation suivie s’installe entre eux. Un soir, Oleg lui confie qu’il a des prédictions, qu’ils voient des catastrophes avant qu’elles n’arrivent. Cette confession fait peur à Tatiana et la met mal à l’aise, d’autant que celles-ci vont se réaliser. Tel Raspoutine, Oleg se dit démiurge et il veut sauver le peuple russe, et au fur et à mesure de ses apparitions médiatiques, il va apparaître comme un véritable prophète qui empêche les catastrophes annoncées de se produire. Cet homme est-il un véritable médium ou a-t-il d’autres desseins ? Les fameuses catastrophes sont-elles orchestrées pour permettre à Oleg d’accéder à la présidence russe ? Oleg et Tatiana veulent sauver la Russie mais lequel des deux est sincère ? Le bien triomphera-t-il du mal ? Et que vient faire le mausolée dans tout ça ?
L’histoire déroulée pendant près de 400 pages par Edouard Moradpour est pleine de rebondissements entre sociétés secrètes, illusionnistes, oligarques, Mossad, et j’en passe, traitement des médias, on ne s’ennuie pas une seconde. Pour ma part, j’ai aimé parcourir Moscou, découvrir le quotidien des russes et m’effondrer devant la place de la femme dans cette société profondément machiste, ici notre héroïne n’a pas d’autre choix que de devenir stripteaseuse de luxe, faute de pouvoir accéder à un poste en accord avec ses brillantes études.
En revanche, j’ai eu du mal à adhérer à la lutte du Bien contre le Mal et à l’ésotérisme et la spiritualité, très présents dans ce roman, c’est mon seul bémol, ce n’est pas tasse de thé mais si vous aimez, vous allez vous régaler. Si le sujet vous intéresse ou que vous souhaitez découvrir la Russie du 21è, Le Mausolée sera en tout cas un très bon préambule !
Merci aux éditions Michalon et à Edouard Moradpour pour cette lecture très enrichissante.
Je le note surtout que l’ésotérisme ne me dérange pas dans les romans. Il a l’air vraiment passionnant et j’espère avoir l’occasion de le découvrir !
Bises
Si le sujet te plait et que l’ésotérisme ne te dérange pas, il devrait te plaire Céline. Bises
🙂 c’est vrai que Bien et le Mal dans la lutte sans merci est un peu… simple, mais dans l’ensemble le roman est très plaisant !
Je suis d’accord avec toi, c’est un roman plaisant et intéressant, contente qu’il t’ai plu aussi 🙂
Je ne note pas ce coup là (et ma wish-list te remercie)… L’ensemble ne me dit rien !!! 🙂
Si le sujet ne te dis rien, pas la peine de te forcer, je suis bien d’accord 🙂
Comme toi, j’aime beaucoup la Russie du début des années 1900 (jusqu’à la 2nde GM), mais intriguée, j’ai lu ta chronique. Le sujet semble sympa, mais je crains que la lutte Bien/Mal ne soit trop présente?
« Sashenka »: très bon roman!! Si tu aimes la Russie, tu peux lire la série de Paullina Simons (si ce n’est déjà fait!): « Tatiana », « Tatiana et Alexandre » et « Inoubliable Tatiana »: un régal!!
Je trouve la lutte Bien/Mal trop présente à mon goût, alors si tu n’aimes pas trop ça, je ne sais pas si Le mausolée peut te plaire. J’ai beaucoup aimé Sashenka et je note la trilogie Tatiana que je ne connaissais pas du tout, merci Gwen 🙂
Coucou, je ne suis pas très « Russie » même si j’adore les paysages,… mais pour ce qui est littérature, c’est autre chose.
Comme dit Asphodèle, ma liste t’en remercie également « _ »
Bises
Si tu n’es pas attirée par la Russie, tu fais bien de passer ton tour ! Bises
Noooooon !! Voilà, un livre de plus à ajouter à ma liste ! Je vais me plaindre à mon syndicat !! Tu lis de trop bons livres et tes critiques sont des pousse au crime !
Moi aussi je suis fascinée par la Russie, me demande pas pourquoi, mais j’aime bien lire des livres qui ont trait à ce pays, surtout si c’est la période des Romanov !
Ici ce n’est pas la période des Romanov mais je suis contente de constater que nous avons un point commun de plus, la Russie !!
Très bon billet Bianca comme d’habitude! Mais je pense que je ne noterai pas le titre car j’ai du mal avec les intrigues trop manichéennes. Mais je trouve le sujet intéressant.
Biz
Merci Claire ! Le sujet est intéressant mais si tu es gênée comme moi par les intrigues trop manichéennes, il risque de ne pas te plaire en effet ! Bises
L’ésotérisme me ralentit un peu ! Dommage parce que le reste à l’air super intéressant avec la mausolée de Lénine, et en fond la situation actuelle de la Russie (moi qui adore ce pays !) Enfin bref, on verra bien …Merci pour cette découverte !
Il faudrait que tu le feuillettes, tu verrais ici s’il a des chances de te plaire ou pas !
Je n’en ai pas un souvenir transcendantal – il me semble qu’une suite était annoncée.
Concernant les Romanov, il y a eu une sortie passée un peu inaperçue l’an passé: « Dieu regardait ailleurs » de Jean-Félix de La Ville Baugé. C’est dommage qu’on ne l’ait pas plus vu: c’était bien!
Un an après, je n’en garde pas un souvenir transcendantal non plus mais j’ai bien aimé lorsque je l’ai lu, ce qui n’est déjà pas si mal 😉 Je note ton titre que je ne connais pas du tout, merci !