Paris, 1795. Tandis que la France émerge de la Terreur, une jeune fille de seize ans demeure enfermée à la prison du Temple, oubliée de tous. Elle n’est autre que Marie-Thérèse de France, fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette, morts sur l’échafaud. Afin d’améliorer ses conditions de détention, les nouveaux dirigeants dépêchent auprès de la jeune prisonnière une femme aux origines modestes, Renée Chantereine. A chacune de ses visites, Chantereine découvre une jeune fille au bord de la folie. Avec patience et persévérance, elle aide la princesse à répondre aux questions qui l’obsèdent: pourquoi a-t-elle été emprisonnée sans jugement ? En quoi est-elle coupable du crime de ses parents? Et surtout, parviendra-t-elle un jour à pardonner? La Princesse effacée est le premier roman consacré à Marie-Thérèse de France, unique rescapée de la famille royale. Il décrit l’intimité et la fragilité d’une jeune femme complexe, meurtrie par le destin et oubliée de l’Histoire.
Vous le savez sans doute mais j’ai une affection toute particulière pour le siècle des Lumières, qui pour moi, se termine en 1789. Je l’ai beaucoup étudié en littérature et en histoire mais je ne me suis jamais intéressée à la Révolution, au règne de Napoléon ni à la Restauration. J’en sais désormais un peu plus grâce à ce très beau et émouvant roman d’Alexandra de Broca, La princesse effacée, découvert chez Jostein. De la vie de Marie-Thérèse de France, née en 1778 sous les ors du château de Versailles, je ne connaissais rien, si ce n’est qu’elle était la fille aînée du dernier roi de France, Louis XVI, et de son épouse Marie-Antoinette. La reine, contrairement à ses ainées, était une vraie maman aimante mais soucieuse essentiellement de ses fils appelés à régner, la jeune Marie-Thérèse Charlotte souffrira donc d’une certaine froideur de sa mère qui la considérait trop capricieuse. Mousseline la sérieuse va connaitre un destin singulier, de Versailles à la prison du Temple, de l’exil autrichien au Palais des Tuileries qu’Alexandra de Broca nous retrace dans ce roman particulièrement bien documenté, découpé en deux parties (1795 et 1814).
Le roman démarre en 1795 alors que Madame Royale est emprisonnée au Temple, d’abord avec ses illustres parents, puis seule. Elle y restera en tout 3 ans, 4 mois et 4 jours ! Barras, député de la convention, craint le retour de la monarchie et souhaite libérer la prisonnière du Temple, retenue depuis 3 ans déjà sans qu’aucun motif puisse lui être reprochée. Il est temps de mettre fin à cette situation honteuse et de ménager une sortie suffisamment digne pour elle mais aussi pour le régime en place. Il charge donc la citoyenne Chantereine, une femme du peuple, de s’occuper de la jeunesse princesse. Chantereine, qui n’est pas une révolutionnaire convaincue, accepte la mission et découvre la princesse dans un état lamentable : elle est en guenille, sale, les cheveux infestés de poux et son esprit semble divaguer. La jeune femme est au début très réticente à ses visites mais Chantereine parviendra à l’apprivoiser et prendra fait et cause pour elle. Marie-Thérèse, laissée dans l’ignorance la plus complète, ne sait rien des exécutions de sa mère Marie-Thérèse et de sa tante, la pieuse Madame Elisabeth, ni de la mort quelques semaines plus tôt de Louis XVII, son jeune frère. Chantereine est donc chargée de lui apprendre le destin funeste de sa famille. Sous la plume de l’auteur, on découvre une femme autoritaire, dure, solitaire et amère (on le serait à moins !), qui tient son rôle de fille de France même dans la geôle la plus sale du Temple, détestée des français, otage et simple pion sur l’échiquier de sa famille d’Autriche, de ses oncles et du gouvernement français.
Chantereine va peu à peu lui redonner le goût à la vie et lui propose de l’aider à écrire ses mémoires, c’est ainsi que la jeune femme va se reconstruire, par son travail d’écriture et de mémoire, et qu’elle livre son enfance choyée et son calvaire, du 14 juillet 1789 au 19 décembre 1795, date de sa libération et de son chemin vers l’exil. Elle raconte sans fard la fuite vers Varennes, la terreur que lui inspira le peuple envahissant les Tuileries, les conditions de son incarcération et l’adieu à son père. Cette partie, très émouvante et poignante, m’a beaucoup plu, j’ai été emportée par l’histoire bien souvent douloureuse de Marie-Thérèse et j’ai aimé retrouver l’atmosphère du 18è siècle.
La seconde partie se déroule 20 ans après sa sortie de prison et son retour d’exil avec le nouveau Roi de France Louis XVIII, frère cadet de Louis XVI, nouveau monarque de la France. Devenue duchesse d’Angoulême et dauphine de France depuis son mariage avec son cousin Louis-Antoine d’Artois, elle retrouve avec bonheur sa chère Chantereine, qui n’a pas eu l’autorisation de l’accompagner en exil, et achèvera avec elle ses mémoires. Dans cette partie, l’auteure revient sur la vie en exil de la princesse et sur la Restauration délicate de son oncle sur le trône de France. Incapable d’oublier et encore moins de pardonner, Marie-Thérèse retrouve une vie de cour dans ce palais des Tuileries qu’elle exècre, des courtisans qu’elle méprise, voyant en chacun d’eux des lâches ou des compromis, le peuple de Paris qu’elle craint et n’aspire à qu’à s’établir dans le château de son enfance, sa maison, Versailles. Son mariage stérile avec le fils du comte d’Artois, futur Charles X, ne lui a pas apporté le bonheur qu’elle espérait, et c’est une princesse encore plus sombre et amère qu’avant l’exil que Chantereine retrouve.
On pourra peut-être reprocher à Alexandra de Broca un certain manque d’objectivité vis-à-vis du roi Louis XVI et de Marie-Thérèse de France, un personnage complexe et méconnu, mais j’ai aimé justement ce parti-pris, le fait qu’elle porte haut son héroïne et qu’elle condamne dans ce roman les terribles conditions de captivité subies par le couple régnant et leurs enfants. La princesse oubliée est un roman passionnant sur une femme oubliée de l’Histoire, traumatisée et meurtrie par le sort réservé à sa famille, une femme dure et impitoyable qui a du faire face à des évènements tragiques.
Lu dans le cadre du challenge La plume au féminin édition 2013 :
Comme toi, je m’intéresse davantage au 18e siècle qu’à ce qui y a mis fin, excepté pour certains auteurs contraints de traverser cette époque. Pour cette raison, ce roman me paraît très tentant, avec cette princesse contrainte elle aussi de vivre cette époque (et ce parti pris en sa faveur ne devrait que rejoindre mon propre sentiment).
Je pense qu’il devrait t’intéresser Mina, je l’ai trouvé bon et bien documenté !
Ça a l air d être un beau livre :). Je m y essayerais sûrement, mais j aimerais d abord en lire un se déroulant un peu avant! Un conseil peut être sur le choix :)?
En roman historique, je te recommande L’enfant des Lumières de Françoise Chandernagor et les romans de Chantal Thomas, toujours très bien documentés 🙂
Ton billet donne tres envie de lire ce livre, je suis passionnée d’histoire ! Je le note 🙂
Il devrait te plaire dans ce cas 🙂
C’est un personnage souvent méconnu et je me rend compte que je ne sais pratiquement rien d’elle. Du coup, ta critique me donne bien envie de lire ce livre 🙂
Je ne savais rien d’elle non plus et je suis très contente d’en savoir plus dorénavant sur cette femme au destin tragique !
Je suis intriguée par ce personnage. Et Hop un nouveau livre dans ma Pàl… 😉
Et hop j’espère qu’il te plaira 🙂
J’aime beaucoup les romans historiques, même si j’en lis peu. Celui-là pourrait être le prochain !
Il existe en poche, je dis ça je dis rien 🙂
J’aime aussi beaucoup cette époque 😉
As tu lu le roman de François Chandernagor , la chambre, un récit bouleversant de la captivité du jeune Louis XVII dans sa prison du Temple. ?
Un coup de cœur absolu pour moi
Merci Valentyne de m’avoir rappelé ce titre que je n’ai pas encore lu, j’ai peur qu’il soit très dur à lire par contre, mais je le renote, je ne peux pas passer à côté d’un coup de coeur !
Je voulais écrire Françoise pas françois 🙂
J’ai toujours eu un peu de mal avec les romans historiques… Mais force est d’avouer que celui-ci a l’air intéressant, vu comment tu le décris ! Merci de ta chronique-découverte 🙂
Celui-ci est facile à lire et très intéressant, feuillette-le si tu en as l’occasion, histoire de te faire une idée 🙂
Je le note! J’aime déjà beaucoup le titre du livre et le roman a l’air vraiment très sympa! J’aime beaucoup les romans historiques 🙂
Si tu aimes les romans historiques, il devrait te plaire 🙂
Je viens de l’emprunter à mon travail ! J’espère pouvoir le découvrir rapidement et aimer autant que toi !
Oh chic, j’ai hâte d’avoir ton avis mais je suis sûre que tu vas l’aimer autant que moi !
ça a l’air génial ! on s’est tellement intéressée à Marie-Antoinette, la reine, que c’est assez rafraichissant de voir un roman portant sur une autre personnalité de la famille royale 🙂
Je suis bien d’accord avec toi, il y a beaucoup de livres sur Marie-Antoinette mais très peu sur sa fille, ce roman est d’autant plus intéressant !
Cela fait longtemps que je n’ai pas lu de roman historique. Tu me donnes envie !
Celui-ci est intéressant alors je suis très contente de t’avoir donné envie de le lire !
Je suis vraiment contente que tu ais apprécié cette lecture car elle me laisse un très bon souvenir. On apprend beaucoup de choses avec ce roman sur un personnage dont on ne parle pas beaucoup… 🙂
Bonne soirée!
Oui, c’est un roman qui mérite vraiment d’être lu, je suis très contente de mon achat et de cette lecture 🙂 bon week-end !
j’en ai beaucoup entendu parler, puis je l’ai laissé un peu de côté. Mais ton avis me rappelle que j’ai très envie de le lire.
J’espère qu’il te plaira autant qu’à moi mais si tu aimes les romans historiques, ce devrait être le cas 🙂
j’ai bein aimé ce livre
Il a l’air de faire l’unanimité auprès de celles qui l’ont lu, à juste titre !
Contente que tu ais aimé. Je ne t’ai pas influencé à tort. Et merci pour le lien
Non tu ne m’a pas influencée à tort du tout, un grand merci à toi pour cette découverte !
Par contre, Je te laisse le lien vers mon nouveau blog http://surlaroutedejostein.wordpress.com/2012/04/16/la-princesse-effacee-alaxandra-de-broca/
Je viens de remplacer le lien 🙂
Je l’avais vu en librairie et puis je suis tombée sur une émission de radio qui était consacrée à cette princesse et c’est ce qui m’a convaincue à retourner l’acheter, hélas il patiente encore !
Je sais que ta PAL est très impressionnante mais le jour où tu te décideras à le lire, j’espère qu’il te plaira autant qu’à moi !
C’est vrai qu’on entend peu parler de cette princesse là! Je me suis régulièrement demandé ce qui lui était arrivé d’ailleurs! Tu me donnes envie de le lire, je vais voir si on l’a à la bibliothèque!
Moi aussi et c’est pour ça que ce roman m’a autant intéressé, j’espère que tu le trouveras dans ta bibliothèque !
Sur la période, j’ai plutôt envie de lire Chantal Thomas.
Celui-ci est plus facile à lire que Chantal Thomas mais il riche d’enseignements aussi !
Suite à ton billet, j’ai emprunté ce roman. Et je sens que je ne vais pas tarder à le dévorer. Comme tu le sais, je suis une grande fan de Marie-Antoinette et je suis curieuse de voir comment Alexandra de Broca s’est intéressée à sa fille.
Bonne lecture alors, j’ai hâte de savoir ce que tu en auras pensé !
Tu m’as convaincue, je l’ajoute à ma wish-list !! J’aime ce genre de destin et le fait que l’auteure prenne parti ne me dérangera pas du tout 😉
Cela ne m’a pas gêné non plus mais je préfère prévenir au cas où !
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Un très beau roman, que j’ai lu il y’a plusieurs années mais qui m’avait beaucoup touchée. On parle peu des enfants de Louis XVI et Marie-Antoinette, à plus forte raison de Madame Royale, dont la vie n’a plus jamais été heureuse après (et on peut aisément la comprendre, la pauvre)… c’est tout à l’honneur d’Alexandra de Broca de la faire revivre.
C’est tout à fait vrai, j’aime beaucoup les romans d’Alexandra de Broca, toujours très bien documentés
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