4 mai 1897. Autour de l’épisode méconnu du tragique incendie du Bazar de la Charité, La Part des flammes mêle les destins de trois figures féminines rebelles de la fin du XIXe siècle : Sophie d’Alençon, duchesse charismatique qui officie dans les hôpitaux dédiés aux tuberculeux, Violaine de Raezal, comtesse devenue veuve trop tôt dans un monde d’une politesse exquise qui vous assassine sur l’autel des convenances, et Constance d’Estingel, jeune femme tourmentée, prête à se sacrifier au nom de la foi.
En ce début du mois de mai de cette fin du XIXè siècle, Violaine de Raezal, bien jolie veuve inconsolable de la mort de son bien-aimé mari, cherche à accéder au cercle très fermé de la grande noblesse parisienne.
D’abord refoulée par la marquise de Fontenilles, elle va alors faire la connaissance de la duchesse Sophie d’Alençon, petite sœur de la fantasque Sissi, l’impératrice d’Autriche, un temps fiancée à son cousin le roi Louis II de Bavière. La femme du duc d’Alençon court tout Paris en compagnie de son cocher Joseph afin de soulager la misère du petit peuple de la capitale, emmenant une Violaine tremblante dans son sillage.
Constance d’Estingel est sortie du couvent il y a quelques mois seulement mais elle est très marquée par ce séjour et a tissé des liens très forts avec la mère supérieure et s’abandonne à une foi mystique que ne comprend pas sa mère avec qui elle entretient les plus mauvais rapports.
Lors d’un bal Constance fait toutefois la connaissance de Lazlo de Nérac, fils d’un noble de province. Les deux jeunes gens s’aiment et décident de se fiancer, soulageant les parents de Constance craignant que leur fille ne finisse par prendre le voile, jusqu’à ce qu’une visite à la mère supérieur pousse la jeune fille à rompre son engagement.
En ce 4 mai 1897, dans la chaleur de ce milieu d’après-midi, Constance, Violaine et Sophie tiennent un comptoir au bazar de la Charité. Le nonce apostolique vient juste de procéder à la bénédiction lorsqu’un incendie se déclare.
Le feu se propage très rapidement et ravage tout sur son passage : les décors construits pour l’occasion mais aussi les femmes dont les chevelures enduites de pétrole pour qu’elles brillent, prennent feu immédiatement.
Constance, Sophie et Violaine sont alors prises dans la tumulte et la bousculade qui s’ensuivent. Vont-elles échapper au feu ?
J’ai repéré ce roman dès sa sortie et lorsque ma mère m’a demandé de l’aider à choisir un livre, mon choix s’est immédiatement porté sur celui-ci et lorsque j’ai vu les avis positifs fleurir sur la blogosphère, j’ai (un peu) maudit ma mère de ne pas l’avoir encore lu, retardant ainsi ma propre lecture.
J’ai donc profité des vacances pour le lui emprunter et le lire enfin et j’espère que mon billet saura décider celles d’entre vous qui ne l’ont pas encore lu à se précipiter sur ce très beau roman que j’ai dévoré en deux jours seulement.
La part des flammes revient sur le mythique fait-divers de l’incendie du Bazar de la Charité causé par le cinématographe encore balbutiant qui a tué une centaine de femmes et a fait bon nombre de victimes encore, des femmes principalement qui se sont retrouvées mutilées ou défigurées par l’incendie.
Gaëlle Nohant s’est documenté et a travaillé sur ce roman pendant quatre ans et cela se voit, la reconstitution historique qu’elle nous donne à lire ici est brillante et passionnante tout en parvenant à tisser une trame romanesque pleine de flamboyance, émaillée de rebondissements.
L’auteure nous plonge dans ce Paris du mois de mai 1897, où l’incendie spectaculaire du Bazar de la Charité, laissera des traces indélébiles dans la presse et l’histoire de Paris mais aussi dans cette haute société aux codes si bien décrits qu’on ne peut nier l’importance du nom, de la descendance, du mariage, de la filiation et du pouvoir.
Dans cette sphère élitiste où les femmes doivent tenir leur rang, recevoir, s’étourdir dans des bals mais aussi se montrer charitable en ayant ses oeuvres et ses pauvres, être défigurée ou mutilée, signe la fin de toute vie sociale.
A la fois roman historique et tableau de la condition féminine de cette fin de siècle, La part des flammes est aussi une leçon de vie, de courage et de force, celle de Violaine et Constance et à travers elles, de toutes les victimes de cet incendie. Un très bel hommage aux femmes aussi, de toutes conditions, à la merci d’un mari ou d’un père, et finalement jamais tout à fait libre.
Gaëlle signe ici un roman plein d’émotion, très bien écrit et documenté et réussit à nous faire vivre l’incendie comme si on y était, on lit ses passages en apnée, cherchant l’air comme l’ont cherché les femmes prises au piège du Bazar de la Charité.
En un mot : magistral !
Lu dans le cadre des challenges 1 pavé par mois et A tous prix (Prix du livre France Bleu 2015) :
Ce livre est prévu dans mes envies. Merci pour ton avis.
Je n’ai pu qu’à te souhaiter une bonne lecture !
J’ai très envie de le lire =)
Je ne peux que t’encourager à le lire, c’est un livre qui continue de m’habiter !
J’ai beaucoup aimé également, comme tu le sais, et je sais que je vais beaucoup le conseiller au boulot 🙂
Et tu as bien raison, je suis sûre que tu seras convaincante 😉
J’ai lu des avis mitigés mais depuis que j’ai vu Gérard à la télé crier au génie, il me démange de le lire .. je vais finir par l’emprunter car ton billet me redonne envie !
C’est un grand roman qui marquera mon année de lectrice, fonce !!
il est dans ma liste d’envies!
Il ne te reste plus qu’à le lire maintenant 😉
Je ne connais pas du tout mais tu me donnes trop trop envie de le lire!!!! 🙂
Je suis contente de te l’avoir fait découvrir et donné envie de le lire à ton tour !
Je n’étais pas très tentée mais tu as éveillé ma curiosité. J’attends de voir si d’autres blogueuses enfoncent le clou.
J’espère que d’autres enfonceront le clou car ce serait dommage que tu passes à côté d’un très bon roman 😉
J’ai aussi beaucoup aimé. En plus c’est une très bonne lecture pour l’été je trouve! Il y a un coté roman-feuilleton qui a dû contribuer à ta lecture « en apnée ».
Tu n’as pas tort c’est vrai que le roman a un petit côté roman-feuilleton !
Je n’en avais absolument pas entendu parler…cela a l’air super intéressant en tout cas et la couverture est splendide! Merci!
C’est un roman que l’on n’a pas beaucoup vu sur la blogo en effet et c’est bien dommage !
Moi qui aime de plus en plus les romans historiques, je ne peux que être intéressée par ce livre 🙂
D autant plus depuis que j ai créé mon challenge historique! Il va aller dans ma PAL pour lui!
Tu as un challenge historique ? tu m’intéresses !
Ouip! Le principe est de lire un a trois livres pour chaque période de l histoire.
Pas réussi a rameuter grand monde mais ça me permet d assouvir mon envie de lectures historiques 😉
J’adore les romans historiques en général, mais je n’ai pas trouvé celui là magistral, je n’ai pas trop accroché aux personnages, entre autres. Tant pis pour moi !
Ah dommage, moi j’ai vraiment adoré !
Nooooooooon !! Je viens de l’ajouter à cause de toi ! 😀 Là, je te maudits tout en te disant merci 😉
Danse de la joie !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! ton TAL ne me dit pas merci je sais 😀
Je savais que vous dansiez la mazurka et le sirtaki à chaque fois que j’ajoutais un roman à cause de vous !!! Grrrrrr et mdr
J’aime beaucoup les romans historiques, je le note, merci !
Tout le plaisir est pour moi !
J’aimerais beaucoup le lire 🙂 !!
Et tu as bien raison, c’est un roman formidable !
J’aime beaucoup les romans historiques et cet aspect-là semble très réussi, ce qui me freine un peu, c’est l’histoire de princesses…
La duchesse d’Alençon est assez peu présente en fait et sert de trait d’union entre les deux héroïnes…
c’est un roman qui me tente bien et puis le nom de l’auteur, forcément m’interpelle !
Forcément 😉
[…] n’aient pas eu droit au même développement. Enfin, mon coup de coeur du mois est attribué à La part des flammes de Gaëlle Nohan que j’ai vraiment adoré. A la fois roman historique et véritable tableau […]
[…] 2015 (1) : La part des flammes de Gaëlle Nohant (492 pages) […]
[…] La part des flammes de Gaëlle Nohant (492 pages) […]
Je n’en ai pas du tout entendu parler mais ton coup de coeur (et la période historique) me donne une envie furieuse de me jeter dessus, en tout cas il est noté dans le carnet pour la prochaine descente en librairie !!! 😉
Super Aspho, j’espère qu’il te plaira autant qu’à moi !!
[…] Ce qu’en dit l’éditeur Mai 1897. Pendant trois jours, le Tout-Paris se presse rue Jean-Goujon à la plus mondaine des ventes de charité. Les regards convergent vers le comptoir n° 4, tenu par la charismatique duchesse d’Alençon. Au mépris du qu’en-dira-t-on, la princesse de Bavière a accordé le privilège de l’assister à Violaine de Raezal, ravissante veuve à la réputation sulfureuse, et à Constance d’Estingel, qui vient de rompre brutalement ses fiançailles. Dans un monde d’une politesse exquise qui vous assassine sur l’autel des convenances, la bonté de Sophie d’Alençon leur permettra-t-elle d’échapper au scandale ? Mues par un même désir de rédemption, ces trois rebelles verront leurs destins scellés lors de l’incendie du Bazar de la Charité. Enlèvement, duel, dévotion, La Part des flammes nous plonge dans le Paris de la fin du xixe au cœur d’une histoire follement romanesque qui allie avec subtilité émotion et gravité. Ce que j’en pense **** Solidement documenté et romanesque à souhait, ce roman est bien davantage que la relation d’un fait divers : l’incendie du bazar de la charité à Paris le 4 mai 1897. C’est avant tout un excellent roman-feuilleton, dont chaque chapitre vous pousse vers le suivant, et qui contient à chaque fois son lot de surprises et de rebondissements. C’est ensuite le portrait de trois femmes qui, à un degré ou un autre, vont tenter de s’émanciper. C’est à dire de refuser leur condition, le rôle qu’on leur assigne, pour se construire un autre destin. Il y a d’abord la duchesse Sophie d’Alençon, sœur de l’impératrice Sissi , très impliquée dans les œuvres caritatives et qui perdra la vie dans l’incendie. Un personnage ayant vraiment existé et qui vient donner le récit toute sa force et sa crédibilité. Violaine de Raezal, jeune veuve à la réputation sulfureuse, vient en quelque sorte aider la duchesse pour assurer sa rédemption. Quant à Constance d’Estingel, c’est surtout pour échapper à ses parents qu’elle se rend au Bazar de la Charité. Cette fillette sauvage que sa mère « ne pouvait présenter sans appréhension à ses amies, bavardant avec la cuisinière et les gouvernantes mais butée et taciturne quand on l’invitait au salon.» entend bien mener sa vie et surtout ne pas épouser le bon parti qui lui est désigné. En rompant ses fiançailles, elle croit choisir la liberté, alors qu’elle va se retrouver cloîtrée. Mais n’allons pas trop vite en besogne. Les préparatifs, les premières heures puis l’incendie qui éclate font eux aussi partie intégrante du projet romanesque, à l’image du jeune journaliste chargé de rendre compte du drame et d’enquêter. Car ce drame, comme beaucoup de faits divers, cristallise bien l’état de la société. Au fil des pages, tout à tour, empreintes d’émotion, de colère ou de gravité, Gaëlle Nohant entraîne le lecteur sur les pas de ses personnages. Comment auraient-ils réagi ? Quel jugement portent-ils ? Partageraient-ils l’idée exprimée par Violaine de Raezal « que s’il était un bonheur possible sur cette terre, on ne pouvait y accéder qu’en laissant mourir certaines choses en soi. Toutes ces choses lourdes, encombrantes qui étaient un grenier plein d’objets cassés et poussiéreux que l’on n’osait mettre au rebut, mais qui arrêtaient la lumière. » Si ce livre est une vraie réussite, c’est parce que l’énorme documentation que l’auteur a ressemblée ne vient jamais entraver le récit, mais vient au contraire donner plus de vraisemblance aux caractères, affiner leur propos, souligner leurs traits de caractère. On en redemande ! Autres critiques Babelio L’Express Le Point (avec interview de l’auteur) France Info (Le livre du jour – Philippe Vallet) Blog d’eirenamg Blog Des livres, des livres […]
[…] La part des flammes de Gaëlle Nohant qui revient sur le mythique fait-divers de l’incendie du Bazar de la Charité causé par le cinématographe encore balbutiant. Là aussi c’est brillant et très bien documenté, plein d’émotion. Et lorsque l’auteur nous emmène au cœur de l’incendie, on s’y croirait, au point que je manquais d’air pendant ma lecture. […]
Je pense me l’acheter quand il sortira en poche, c’est vrai qu’il a l’air chouette!
C’est un très bon roman historique, vraiment j’ai adoré !
Alors, je craquerai sûrement !
Il vient de paraître au Livre de poche 😉
Je ne suis vraiment pas étonnée qu’il t’ait plu ! J’ai moi aussi beaucoup apprécié la dimension historique, la façon dont l’époque était rendue sans s’y appesantir : tout à fait en arrière-plan, dans l’ambiance pour porter les personnages.
[…] : une pépite que j’aime tellement que je l’ai recommandé à tout le monde La part des flammes de Gaëlle Nohant. J’ai adoré ce roman historique qui prend pour point de départ un fait […]