Lu dans le cadre du challenge Première guerre mondiale :
L’histoire vraie de trois innocents sacrifiés par la nation. Le 21 août 1914, les soldats provençaux du XVe corps sont lancés dans la bataille de Lorraine, sans appui d’artillerie. C’est un massacre. 10 000 soldats sont fauchés par les obus et la mitraille avant même de voir un seul casque à pointe. Pour Joffre, généralissime des armées françaises, cette défaite est catastrophique, car elle ruine ses plans. Afin de se dédouaner, il rejette la faute sur les soldats du Midi, à la mauvaise réputation. Humble combattant provençal, Auguste Odde, comme trois autres soldats, participe à cette affreuse bataille. Blessé au bras, il est soupçonné de lâcheté et risque la peine de mort.
Le 7 août 1914, les provençaux venus de Marseille à Nice en passant par la Corse prennent le train pour la Lorraine. Ils laissent les champs et les récoltes pour aller bouter les boches hors de France et ramener l’Alsace et la Lorraine dans le giron national. C’est juste l’affaire de quelques semaines paraît-il, tout sera rentré dans l’ordre d’ici la Noël.
Auguste Odde fait partie de ces soldats, qui bien qu’ivres de vins, de chansons et de rêves de gloire, doute pourtant de son retour rapide dans ses chères terres proches de Toulon où il a laissé sa vieille mère bien seule.
Lancé les 20 et 21 août 1914 dans l’offensive de Lorraine, le XVe corps des soldats du Midi placé sous les ordres du général Espinasse essuie une défaite sanglante et 80% d’entre eux sont fauchés par les canons allemands.
Le XXe corps de Lorraine commandé par Foch et le XVIIIe du Languedoc, qui participent eux aussi à l’attaque, subissent le même revers. Il faut dire que Joffre et Foch en sont restés aux tactiques des batailles napoléoniennes.
Au QG de Joffre, au ministère de la Guerre, pareille défaite reste incompréhensible car elle met en défaut la stratégie du Généralissime, ce qui est inacceptable. Mais comme il faut un coupable et qu’on ne peut pas accuser les Lorrains, réputés être les meilleurs soldats de la République, l’opprobre est jeté sur le XVe corps accusé de lâcheté devant l’ennemi.
Avec un cynisme rare et un mépris absolu pour les droits de l’accusé, sur simple dénonciation du médecin major Cathoire et sans que soit établie la véracité des actes d’accusation, une cour martiale condamnera ainsi 6 blessés accusés de mutilation volontaire.
J’avais découvert cette très belle bd chez ma copinaute Claire et après avoir bien aimé Le vol de la Joconde, j’ai eu envie de découvrir Jean-Yves Le Naour dans un registre plus dramatique.
Dans La faute au midi, l’historien qu’est Jean-Yves Le Naour nous dévoile un épisode fort méconnu de la première guerre mondiale et surtout l’antagonisme qui existait entre le nord et le sud de la France.
Les méridionaux, réputés fainéants, couards et indolents, avaient bien mauvaise réputation et lorsqu’ils furent accusés de lâcheté devant l’ennemi, cela n’a en aucun cas surpris l’opinion publique française qui les méprisait déjà.
Le scénario, très précis sur le plan historique, est emprunt d’une intensité dramatique qui nous fait refermer le volume le cœur gros et plein d’empathie pour ces pauvres bougres, Augustin Odde le toulonnais et Joseph Tomasini, un corse qui ne parle même pas français et qui ne pourra pas se défendre, confrontés à l’enfer du feu, héros et blessés de guerre, condamnés injustement et réhabilités un mois plus tard, trop tard hélas.
Cent ans après les faits, Jean-Yves Le Naour et A.Dan rendent un bel hommage à tous les hommes tombés aux champs d’honneur ou sur un peloton d’exécution, victimes d’une justice expéditive et fusillés pour l’exemple.
Un cahier à la fin de l’ouvrage remet les événements dans le contexte de l’époque et complète de très belle façon le propos de la bd.
Vous l’aurez compris La faute au midi est à mettre entre toutes les mains !
Je ne connaissais absolument pas une fois encore (ni la BD, ni le fait historique qui l’inspire d’ailleurs). Je la note également car j’ai très envie de la découvrir.
Une belle découverte en ce qui me concerne et qui devrait en être une pour toi aussi Céline
La première fois que je vois cette couverture. Lecture poignante !
Poignante en effet !
[…] La faute au midi de Jean-Yves Le Naour (bd) […]
[…] La faute au midi qui nous relatait un épisode fort méconnu de la première guerre mondiale, brièvement abordé […]
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