Lu dans le cadre du challenge 1 pavé par mois :
Un matin d’octobre 1941, dans un château sinistre au fin fond du Périgord, Henri Girard appelle au secours : dans la nuit, son père, sa tante et la bonne ont été massacrés à coups de serpe. Il est le seul survivant. Toutes les portes étaient fermées, aucune effraction n’est constatée. Dépensier, arrogant, violent, le jeune homme est l’unique héritier des victimes. Deux jours plus tôt, il a emprunté l’arme du crime aux voisins. Pourtant, au terme d’un procès retentissant (et trouble par certains aspects), il est acquitté et l’enquête abandonnée. Alors que l’opinion publique reste convaincue de sa culpabilité, Henri s’exile au Venezuela. Il rentre en France en 1950 avec le manuscrit du Salaire de la peur, écrit sous le pseudonyme de Georges Arnaud.
Jamais le mystère du triple assassinat du château d’Escoire ne sera élucidé, laissant planer autour d’Henri Girard, jusqu’à la fin de sa vie (qui fut complexe, bouillonnante, exemplaire à bien des égards), un halo noir et sulfureux. Jamais, jusqu’à ce qu’un écrivain têtu et minutieux s’en mêle…
Avant d’ouvrir ce roman, je n’avais jamais entendu parler de Henri Girard : sa vie son œuvre comme on dit m’étaient totalement inconnues. Mais j’avais adoré Sulak lu pour le prix ELLE des lectrices 2014, année où j’étais jurée, et surtout le style de Philippe Jaenada.
J’étais donc emballée à l’idée de retrouver ce romancier dont La petite femelle est aussi dans ma PAL et je dois dire que ces retrouvailles ont été à la hauteur de mes espérances.
Philippe Jaenada reprend un fait divers retentissant à l’époque mais totalement oublié de nos jours : celui du massacre à la serpe en pleine nuit de Georges Girard, sa sœur Amélie et de Louise, leur bonne, dans leur château d’Escoire, dans le Périgord en octobre 1941, soit en pleine période trouble de l’Occupation.
Un seul survivant à ce massacre pendant lequel il ne s’est même pas réveillé : Henri Girard, le fils de Georges et neveu d’Amélie. Le jeune homme âgé de 24 ans a tout à gagner dans cette affaire puisqu’il se retrouve l’unique héritier d’une immense fortune.
L’homme n’a pas bonne réputation et vit aux crochets de sa famille. Dans les environs, on n’aime pas ces châtelains et en particulier le jeune Henri que l’on sait noceur, arrogant et assez violent.
C’est lui qui découvre les corps sans vie et des victimes et qui alerte les métayers du domaine. Les gendarmes arrivent et le mobile des crimes semble évident : l’argent. Amélie avait retiré une forte somme à la banque la veille, somme qui a disparu.
Henri Girard est aussitôt arrêté et écroué. Il attendra près de deux ans son procès et sera défendu par un ténor du barreau : maître Maurice Garçon. Contre toute attente, il sera acquitté mais reste aux yeux de tous, le meurtrier.
Jamais il n’évoquera l’affaire, pas même à ses proches mais ressortira de cette épreuve brisé. Il connaîtra son heure de gloire quelques années plus tard lorsque son roman, Le salaire de la peur, sera porté à l’écran par Henri-Georges Clouzot.
Comment Jaenada en est-il venu à s’intéresser à cette affaire ? Grâce à Emmanuel Girard, le petit-fils de Henri Girard, père d’un camarade de classe de Ernest, le fils de Philippe Jaenada. Il croit en l’innocence de son grand-père et il se montre persuasif : l’affaire ferait un bon sujet pour lui, le romancier se laisse convaincre.
Un fait divers aussi diabolique, un personnage aussi ambigu qu’Henri Girard ne pouvaient en effet laisser Philippe Jaenada indifférent. Enfilant le costume de l’inspecteur amateur (complètement loufoque, mais plus sagace qu’il n’y paraît), il s’est plongé dans les archives, a reconstitué l’enquête et déniché les indices les plus ténus pour nous livrer ce récit haletant dont l’issue pourrait bien résoudre une énigme vieille de soixante-quinze ans.
Pendant plus de 600 pages, Jaenada retrace la vie de Girard de son enfance à sa mort. Puis, il revient sur l’affaire proprement dite et parvient à certaines conclusions que je vous tairai ici. Il mène sur place à Périgueux et au château, lieu du drame, une enquête particulièrement fouillée et rigoureuse.
Au-delà du fait divers, j’adore l’aspect enquête du roman, Jaenada ne nous cache rien de ses recherches et nous régale de ses habituelles parenthèses et digressions sur sa vie avec son épouse et son fils, son quotidien à Périgueux le temps de ses recherches. Il a beaucoup d’humour, d’auto-dérision et sa plume est vraiment très agréable à lire.
Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé ma lecture car ce roman se révèle de bout en bout passionnant ! Certes il faut s’intéresser un tant soi peu aux faits divers et aimer les pavés mais je vous garantis que ce livre en vaut la peine.
Un grand merci à Filippa et aux éditions Julliard pour cette lecture, j’ai adoré.
La couverture est vraiment sympathique ou terrible. De quoi faire froid dans le dos.
Mais, je ne sais pas, je n’ai pas envie de pavés, je vais achever le mien de plus de 1000 pages et j’ai envie de souffler.
Peut-être pour plus tard 😉 ?
peut-être, oui! 🙂
Je ne sais pas si je le lirai mais ton avis donne rudement envie ! En tout cas, Jaenada est sur ma liste d’auteur à découvrir !
Je ne peux que t’encourager à découvrir Jaenada, c’est un auteur que j’aime beaucoup !
J’aime beaucoup ses parenthèses mais sinon je me noie un peu dans ce réci. J’ai du mal à rester concentrée sur ma lecture
C’est un roman qui demande de la concentration, je ne l’ai pas lu d’une traite !
C’est un roman qui me tente beaucoup, le fait divers, les interrogations de l’auteur, j’adore le genre. Je n’ai jamais lu l’auteur en revanche.
J’aime beaucoup le style de cet auteur et ses digressions, mais c’est très particulier et il ne plaît pas à tout le monde 😉
Je l’ai mis en pause, commencé cet été, c’est une lecture qui demande de s’y concentrer.
C’est tout à fait ça, c’est un roman qui demande de l’attention !
Décidément, je ne lis que des avis positifs sur ce livre. Je viens tout juste de le recevoir grâce à la masse critique, j’espère réussir à l’apprécier autant que toi !
J’espère que tu l’as apprécié autant que moi !
[…] 2017 (2) : La serpe de Philippe Jaenada (648 pages) ; La servante écarlate de Margaret Atwood (544 […]
Trop à lire !! 😀 Je passe, je ne m’en sors plus. Un crève-coeur !
Là, tu rates quelque chose ! mais je comprends et compatis, ta TAL doit se mettre au régime !
Arrête, tu vas me faire regretter de ne pas le noter ! mdr
Moi aussi je dois me mettre au régime 🙂
[…] venus ponctuer ces dernières semaines et on commence par le passionnant roman de Philippe Jaenada, La serpe, qui revient sur un fait divers sanglant survenu dans un château du Périgord en 1941. Un triple […]
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