Lu dans le cadre du challenge 1 pavé par mois et du Mois anglais :
1321, en Angleterre. Le village d’Ulewic est déchiré entre deux âges, entre légendes païennes et croyances chrétiennes, entre le manoir de Lord d’Acaster et la communauté nouvelle des sœurs béguines, jusqu’alors bien tolérées. Mais les choses commencent à changer. Des saisons rigoureuses, récoltes gâchées et troupeaux dévastés, réveillent des peurs ancestrales. Le besoin d’un bouc émissaire se fait sentir.
Un groupe d’hommes du village, dont on ignore l’identité, va en profiter pour s’en prendre aux béguines et semer la terreur, le meurtre et la superstition… faisant entrer Ulewic dans le temps des âges sombres.
Début du 14è siècle, dans le village d’Ulewic. Un groupe d’hommes du village se cachant sous des masques sème la terreur, en tuant, ceux qu’ils appellent des pêcheurs, sans autre forme de procès. Ils veulent remettre au goût du jour les anciennes croyances païennes au grand dam du père Ulfrid, le prêtre de la paroisse, qui reste impuissant face à leurs exactions.
Leur première victime est Giles, l’un des serfs de Lord d’Acaster, le seigneur tout puissant de ce petit village de la campagne anglaise. Sa faute : avoir courtisé une servante du seigneur promise à un autre. Son sort : périr dans les flammes lors des feux de Beltane, le premier mai 1321.
Mais bientôt d’autres personnes vont être dans le collimateur de ces meurtriers : les béguines, nouvellement installées. Cette communauté de femmes vivant sans aucune autorité masculine et prospérant sous la férule de servante Martha, va devenir la bête noire des villageois…
Il y a près de cinq ans déjà, j’avais beaucoup aimé La compagnie des menteurs, j’étais donc curieuse de retrouver Karen Mailtand dans Les âges sombres et cette nouvelle incursion dans l’univers de cette auteure fut toute aussi prenante que la première fois.
Karen Maitland a le don de faire surgir sous nos yeux un Moyen Âge totalement crédible, à la fois plein de cruauté, de bonté et de fureur. Le récit devient peu à peu totalement oppressant, anxiogène à mesure que l’on avance dans l’histoire.
Et bien que ce roman soit une sacrée briquasse (750 pages), on ne s’ennuie pas une seconde bien au contraire même si par moments il y a quelques longueurs inutiles à mon goût.
Si vous recherchez un roman léger, passez votre chemin. Comme son nom l’indique, l’auteure nous dépeint ici un moyen âge très sombre. La superstition, la violence des personnages, la misère des villageois, l’aveuglement religieux, mettent parfois mal à l’aise mais impriment surtout au récit une atmosphère angoissante.
Le clergé en prend pour son grade car Karen Maitland attribue au prêtre, au commissarius et à l’évêque des sentiments peu chrétiens et mêmes criminels, sans doute proche de la réalité d’ailleurs même si on ne doit pas généraliser leurs pratiques.
J’ai dévoré ce roman d’aventures brossé dans un contexte médiéval où la destinée des femmes était avant tout une destinée de soumission. Quelle bonne idée d’avoir mis en scène une communauté de béguines venues de Flandre, fortes, émancipées et conquérantes face aux archaïsmes d’un village écartelé entre rites violents et luttes de pouvoir.
Des héroïnes horripilantes ou attachantes mais que j’ai trouvé très intéressantes et qui donnent envie d’en savoir plus sur ces communautés de religieuses laïques du nord de l’Europe qui ont connu leur apogée du XIIème au XIVème siècle.
Un roman historique bien documenté et réussi, qui donne tour à tour la parole aux différents protagonistes de l’histoire : la servante Martha, Béatrice l’une des béguines, Agatha la fille du seigneur, le père Ulfrid et la petite Pisseflaqueete, qui nous donnent à voir les mêmes événements sous différents angles. Un procédé toujours très intéressant lorsqu’il est bien mené comme c’est le cas ici.
Entre réalité et légendes, superstitions et foi, cruauté et compassion, Karen Maitland nous livre ici un roman médiéval de grande qualité, bien documenté, foisonnant et intéressant, très abouti et qui m’a beaucoup plu, bien que je ne sois pas spécialement attirée par cette époque, ce n’était donc pas gagné d’avance.
Si vous aimez la période médiévale, vous allez être comblée par Les âges sombres de Karen Maitland, le récit, remarquable, nous plonge vraiment dans l’atmosphère du Moyen-Age.
Un grand merci à Belette qui m’a accompagné dans ma lecture et qui a adoré aussi, vous pouvez retrouver son avis ici.
[…] LC réussie ou, une fois n’est pas coutume, Bianca et moi sommes sur la même longueur d’onde pour dire que nous avons aimé […]
Je note ! mais pas pour maintenant. 750 pages c’est un beau pavé !
Tu commence fort !
Oui une belle briquasse histoire d’inaugurer ce mois anglais en beauté !
Il semble original !
Pour moi il l’est mais je lis rarement des romans ayant pour cadre le Moyen Age !
Merci pour ce premier billet. J’ai toujours un peu peur des pavés mais le thème est fort tentant, d’autant plus que je ne connais pas bien le Moyen-Âge et n’ai pas l’habitude de lire des romans qui se déroulent à cette période.
C’est un sacré pavé mais je ne l’ai pas vu passer, il est très addictif !
Une auteur qu’il faut que je découvre. Un avis qui donne envie en tout cas : je note donc. Merci !
Contente de t’avoir donné envie de lire Karen Maitland Alexielle !
[…] 2018 (1) : Les âges sombres de Karen Maitland (750 […]
oh oui ce livre a l’air passionnant..vous nous donnez vraiment envie de le lire, avec Belette…;)
Nous sommes de sacrées tentatrices à nous deux et pour une fois, du même avis !
La compagnie des menteurs m’avait ravie, je compte lire celui-ci mais peut etre pas pendant le mois ….déjà chargé!
Je te comprends !
Voilà, vous m’avez convaincue à toutes les deux! Je le veux trop! J’adore la période du Moyen age, et ça m’a l’air bien passionnant tout ça!!!!Merci pour ce beau ressenti! 😉
Tout le plaisir est pour moi chère fée !
❤
Un roman historique; yes why not ?
Why not en effet !
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