Littérature adolescente & young adult

Age tendre – Clémentine Beauvais

Née en France, Clémentine Beauvais vit en Grande-Bretagne où elle est enseignante en sciences de l’éducation à l’université de York. Elle est l’autrice d’une vingtaine de livres dont Les Petites Reines ,succès retentissant, traduit en Allemagne, Pologne, Slovénie, Grande-Bretagne, République Tchèque, et Italie, adapté au théâtre, élu Meilleur Roman par le magazine Lire, lauréat du Prix Sorcières et du Prix Libr’à’nous… Un succès confirmé avec Songe à la douceur, Brexit Romance et Âge tendre.

La Présidente de la République l’a décidé : tout élève doit faire, entre sa troisième et sa seconde, une année de service civique. Valentin n’a pas de chance : ses vœux ne sont pas respectés, et il est envoyé dans le Pas-de-Calais, dans un centre pour personnes âgées atteintes d’Alzheimer, minutieusement reconstitué pour ressembler à un village des années 60.

Sa première mission semble assez simple : écrire une lettre à une pensionnaire qui a répondu à un concours dans un Salut les Copains de 1967, pour lui annoncer que, malheureusement, Françoise Hardy ne va pas pouvoir venir chanter pour elle. Sauf que c’est difficile d’annoncer une telle mauvaise nouvelle. Alors il annonce l’inverse. Françoise Hardy viendra !

Age tendre signe mes retrouvailles avec Clémentine Beauvais. Pour moi, les romans de cette autrice ça passe (Les petites reines) ou ça casse (Brexit romance). Mon fils ainé a lu cette année Songe à la douceur, au programme de sa seconde, qui est donc dans ma PAL, je le découvrirai avec plaisir tant ce roman à l’ambiance sixties m’a plu !

Ce roman a une construction très originale puisqu’il prend l’apparence d’un rapport de service civique en plusieurs points qui revient sur l’année qu’à vécu Valentin au service Mnémosyne du Pas-de-Calais. Le rapport écrit tout au long de l’année de cerci, s’enrichit des notes du Valentin un an après qui corrige certaines pensées, préjugés, ressentis…

Cet ado surdoué a l’art d’exprimer ses angoisses et ses questionnements mais aussi d’analyser ce qu’il découvre et ne connait pas : la vieillesse, les pertes de mémoire des pensionnaires, ses collègues, son travail au sein de la structure

Mais il insère aussi des pans entiers de sa vie personnelle : le divorce de ses parents, la dépression de sa mère, son refus de voir son père et sa belle-mère, sa difficulté à accepter les changements, son quotidien avec ses colloc’ Vadim, Victor, Bouchra et Constance…

Petit à petit, Valentin s’attache aux pensionnaires, il a d’ailleurs ses préférés, mais aussi aux employés dans cet endroit qui a l’objectif de reconstituer l’époque de jeunesse de ces seniors. Tout y passe : le mobilier, la météo, les programmes télés, la musique, la littérature, les séances ciné…. Et Valentin, d’abord réticent, tiraillé entre la vérité et le mensonge, se prend au jeu.

C’est un roman d’apprentissage qui ne se résume pas car l’autrice nous raconte des tranches de vie et aborde une foule de thématiques toutes plus intéressantes les unes que les autres. C’est tendre, subtil, nostalgique, drôle, émouvant et bourré de nombreuses références à la culture populaire des années 60 et 70.

Valentin est un héros atypique, hypersensible, il a un sens étonnant du détail, une certaine maladresse qui fait son charme et il est terriblement attachant. J’ai beaucoup aimé le suivre de la première à la dernière page et surtout découvrir le quotidien de cette unité pas comme les autres.

On écrit beaucoup, actuellement, sur les EHPAD, plutôt en mal qu’en bien. Sur la maladie d’Alzheimer aussi. Ce roman d’anticipation, juste quelques années en avance sur notre temps, propose une autre façon de traiter la démence sénile, dans un univers artificiel recréant les années de la jeunesse de ses pensionnaires. Et j’ai trouvé cette idée épatante !

C’est un roman réellement captivant qui m’a réconcilié avec Clémentine Beauvais, je vous le recommande chaudement même si le début peut désarçonner, il en vaut vraiment la peine !

8 commentaires sur “Age tendre – Clémentine Beauvais

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