Feeds:
Articles
Commentaires

Archive for the ‘Best-of’ Category

1913. Sur un bateau en partance pour l’Australie se trouve une petite fille de quatre ans, seule et terrorisée. Le navire lève l’ancre et elle se retrouve à Brisbane. Si le secret de son débarquement est religieusement gardé par ses parents adoptifs, ceux-ci décident, le jour de ses 21 ans, de révéler à Nell les circonstances étranges de son arrivée dans la famille. Les questions se bousculent : Qui est-elle ? D’où viennent ses souvenirs ? Que représente le livre trouvé dans sa petite valise, seule relique d’un passé perdu ? Bouleversée, ce n’est que des années plus tard qu’elle entreprend le voyage vers ses origines. Une quête difficile pour lever le voile sur près d’un siècle d’histoire familiale…

 Voilà un roman épais que j’ai littéralement dévoré, un de ces romans dont on se dit allez encore un chapitre et qu’on se surprend à ne pas lâcher et à avaler les pages et les chapitres encore et encore.

Ce roman à trois voix alterne trois époques et trois lieux. Eliza, surnommée la Conteuse, que l’on suit de 1900 à 1913 dans le Londres victorien au départ puis en Écosse ; Nell, la petite fille abandonnée sur un navire reliant l’Angleterre et l’Australie qui mène l’enquête sur ses origines en 1975 alors qu’elle est déjà âgée d’une soixantaine d’années et Cassandra sa petite-fille qui vit de nos jours et qui décide de finir l’enquête commencée par sa grand-mère.

L’histoire prend place tranquillement et les fils du récit se nouent lentement, on fait connaissance des trois protagonistes mais aussi de la myriade de personnages secondaires. De temps à autres, un conte de fée écrit par Eliza se glisse dans la narration. Ces contes merveilleux, très réussis, m’ont d’ailleurs fait penser à ceux écrits au 17è siècle, notamment par Madame d’Aulnoy. Ils ont d’ailleurs une grande importante car ils permettent un éclairage sur les situations ou les personnages.

D’autres éléments ancrent aussi le roman dans le merveilleux : le jardin et son labyrinthe, une chaumière, un secret bien gardé, une famille sur laquelle pèse une malédiction, les pirates qui sévissaient sur ces côtes tout comme les paysages des Cornouailles, les personnages répondant à un caractère précis (la méchante tante, le gentil jardinier, le mari docile, la pauvre malade…) tout concoure à nous mettre dans une ambiance toute particulière, celle des contes de fées.

Tout comme Du bout des doigts, difficile de vous livrer mes impressions sans trop en dévoiler. Tout commence par une petite fille de 4 ans qui débarque seule en Australie, ne se souvenant plus de son nom, et ayant pour seul bagage une petite valise blanche renfermant une robe et un recueil de contes de fées. Elle est recueillie par Hugh et Lil, un couple qui n’arrive pas à avoir d’enfants, et qui la prennent pour fille.

Toute à son amnésie, l’enfant devenue jeune femme, ne se souvient pas qu’ils ne sont pas ses parents. A sa majorité, son père lui avoue tout et plus rien ne sera comme avant. A sa mort, Nell décide de se rendre en Cornouailles et de découvrir qui sont ses parents. Elle achète le cottage de la Conteuse et retourne en Australie afin de vendre sa maison et sa boutique d’antiquités afin d’y vivre définitivement. Elle ne pourra pas exaucer ce souhait car sa fille lui abandonne au même moment Cassandra, sa fille. A la mort de Nell, Cassandra découvrira toute l’histoire et part à son tour en Cornouailles.

C’est une jolie histoire de femmes, dont l’intrigue est bien construite. Les premières pages sont un peu déroutantes car on change sans cesse d’époques et de personnages, mais on s’y fait rapidement. C’est aussi un livre sur les origines, la quête de soi et on se rend compte de l’importance de ses aïeux et de la mémoire familiale.

Un livre d’un charme fou dont la fin est malheureusement un peu trop prévisible mais que je vous conseille de lire car il vaut vraiment le détour.

 

Read Full Post »

Jackson, Mississippi, 1962. Dans quelques mois, Martin Luther King marchera sur Washington pour défendre les droits civiques. Mais dans le Sud, toutes les familles blanches ont encore une bonne noire, qui a le droit de s’occuper des enfants mais pas d’utiliser les toilettes de la maison. Quand deux domestiques, aidées par une journaliste, décident de raconter leur vie au service des Blancs dans un livre, elles ne se doutent pas que la petite histoire s’apprête à rejoindre la grande, et que leur vie ne sera plus jamais la même.heart_5

La-couleur-des-sentiments-katryn-stockett Début des années 60 dans le sud des Etats-Unis, le Mississippi et ses plantations de coton, son passé d’esclavagiste, on est loin de l’Amérique de Kennedy, pourtant président lorsque commence le récit.

Ce bestseller mondial de Kathryn Stockett, auréolé de nombreux prix, a su séduire bien des lecteurs et je comprends pourquoi lorsque je referme la dernière page du livre.

Quelle claque, que d’émotions pendant plus de 500 pages ! Le livre est épais mais je serais bien restée en compagnie de ces bonnes pendant encore plusieurs centaines de pages tant j’ai aimé la galerie de personnages et je dois l’avouer, bien ferrée par l’auteure qui sait brillamment s’y prendre pour relancer sans cesse l’intrigue et renouveler notre intérêt.

Katryn Stockett, elle-même originaire de cet état du Sud, a eu semble-t-il envie de redorer le blason de son état et de montrer que tout n’y était pas tout blanc ou tout noir (sans faire de jeux de mots).

Roman polyphonique à trois voix, l’auteure donne successivement la parole à deux bonnes, la douce mais pugnace Aibileen, l’insolente Minny et une apprentie journaliste de bonne famille, Skeeter Phelan.

Toutes trois se lancent dans l’écriture d’un livre, Les bonnes, dans lequel une douzaine de domestiques noires, vont livrer leurs témoignages et leurs histoires, de façon anonyme, se cachant sous des pseudonymes car cette entreprise peut se révéler très dangereuse, si leurs auteures sont reconnues.

Skeeter, l’écrivain en herbe à l’origine du projet, voue une admiration sans borne à Constantine, la bonne noire qui l’a élevée et dont elle est sans nouvelle. C’est pour elle l’occasion de lui rendre hommage mais comme ses deux acolytes, elle a gros à perdre si cela arrive aux oreilles de ses amies. Les deux bonnes vont se confier clandestinement à Skeeter, à elle ensuite de retranscrire souvenirs et anecdotes de leur vie quotidienne.

Cela n’a l’air de rien mais ce projet de livre, qui intéresse d’ailleurs une éditrice new-yorkaise, est tout simplement une bombe à retardement en puissance puisque les bonnes vont y relater les relations qu’elles entretiennent avec leurs employeuses, qui affichent pour la plupart un ségrégationniste décomplexé.

Les rapports entre domestiques noires (forcément) et jeunes bourgeoises wasp (blanches, naturellement) sont au cœur de ce roman qui rend compte des mesquineries, brimades et vexations en tous genres que subissent les premières pour le plus grand plaisir des secondes.

Les maitresses sont des oisives, dont l’emploi du temps oscille entre parties de bridges, de tennis et leur club de femmes, tandis que leurs bonnes font tourner la maison : lessive, préparation des repas mais aussi l’éducation des enfants pour qui elles deviennent de véritables mères, jusqu’à ce que ces mêmes enfants, devenus grands, se comportent à leur tour comme leurs parents.

Ces bonnes ne doivent pas utiliser les toilettes de la maison, la vaisselle de la famille, pas plus que le frigo. Elles sont à la merci du bon vouloir des blancs qui fixent les salaires et les conditions de travail, qui peuvent d’un mot les envoyer en prison en les accusant de vols qu’elles n’ont bien sûr pas commis, entre autres joyeusetés.

Heureusement, Katryn Stockett ne tombe pas dans le manichéisme (ce ne sont pas les méchantes blanches contre les gentilles noires), La couleur des sentiments montre aussi les patrons respectueux et aimants et les relations ambigües qui unissent aussi maîtresses et servantes.

C’est un roman dense avec un grand sujet, de très beaux portraits de femmes, de l’émotion, de l’espoir avec les marches de Martin Luther King, mais aussi de la colère et de la rébellion. Pour résumer, c’est une très belle histoire qui foisonne de tolérance et d’humanité, que je vous recommande chaudement de lire si ce n’est pas déjà fait. Gros coup de coeur !!

 

Read Full Post »

Un jour, la petite Lilian se lance un défi fou : si elle parvient à guérir sa mère de son chagrin en cuisinant, elle consacrera son existence à la gastronomie. La magie d’un chocolat chaud aux épices opère et, une vingtaine d’années plus tard, Lilian anime tous les premiers lundis du mois un atelier de cuisine dans son restaurant. heart_4

l-ecole-des-saveurs-erica-bauermeister

Vous connaissez mon appétit pour la lecture, je suis aussi très gourmande et comme toutes les épicuriennes, j’affectionne les romans culinaires. Celui-ci me mettait l’eau à la bouche depuis des mois et il s’est révélé particulièrement savoureux, au point de me donner l’envie de me remettre derrière les fourneaux !

L’École des saveurs réunit huit élèves, cinq femmes et trois hommes, d’âges divers et d’horizons différents. Dirigée par Lilian, la propriétaire du restaurant dans lequel se tiennent les cours, cette école des saveurs a lieu chaque premier lundi du mois, du début de l’automne à celui du printemps. Au fil des mois, ils vont partager des expériences culinaires, découvrir des plats et des saveurs, notamment des épices, venus des quatre coins du monde, mettre en alerte leurs sens et éveiller en eux des sentiments nouveaux.

Lilian n’enseigne pas à ses élèves les bases de la cuisine, elle les prévient d’emblée dès le premier cours, pas de recettes, pas d’aliments de bases, mais elle leur fait partager sa passion pour la cuisine, une cuisine simple mais goûteuse, qui fait appel aux sens : on touche, on goûte, on écoute, on savoure.

Découpé en autant de chapitres qu’il y a des personnages, ce roman polyphonique va tour à tour mettre en scène Lilian, qui ouvre le récit, Claire,  une mère au foyer qui s’est un peu oubliée en route, trop prise par son quotidien de jeune maman, entre couches, doudous et tétés ; Carl et Helen, un couple qui a traversé bien des épreuves mais qui s’aime comme au premier jour après cinquante années de vie commune ; Isabelle, une octogénaire qui sombre peu à peu dans la maladie d’Alzeimer ; Antonia, une italienne conceptrice de cuisine épicurienne dans l’âme ; Tom, un jeune veuf qui décide de prendre des cours en hommage à sa femme chef, morte un an plus tôt ; Ian, un informaticien en mal d’amour et Chloé, une aide-serveuse de Lilian. Tous ses personnages sont bien dessinés et très attachants, très humains aussi, j’ai aimé les suivre au fil du récit. Le style fluide et poétique d’Erica Bauermeister m’a également beaucoup plu.

Vous l’aurez compris, j’ai été très sensible à ce roman culinaire qui se révèle être une une ode à la gourmandise et aux sens très réussie, où le bonheur de cuisiner et de manger prend tout son sens. Un roman délicieux, à la fois empli d’amour, tendre et sensible qui donne furieusement envie de prendre des cours de cuisine, de déguster des tomates, des spaghettis, de faire un gâteau et que sais-je encore !

L’école des saveurs est un livre gourmand qui réveille les papilles, vous allez vous régaler.

 

Read Full Post »

Sophie, libraire à Vancouver, est prête à tout pour récupérer son ex. Même à s’improviser voyante et à proposer à Melanie, la nouvelle petite amie de Doug, qui s’intéresse au paranormal, une fausse consultation destinée à faire rompre les tourtereaux…

Mes lectures et à fortiori mes achats de chick lit sont souvent guidés par les titres, celui-ci m’a littéralement tapé dans l’œil car avouez qu’une libraire n’a pas grand chose à voir avec la voyance ! C’était aussi l’occasion pour moi d’ajouter un livre de plus au challenge Le nez dans les livres de George.

Le point de départ, une rupture, est loin d’être original, bon nombre de romans de chick lit ont ce point de départ en commun. La suite, est elle, nettement plus originale et à dire vrai je me suis bien amusée à lire les mésaventures de Sophie Kintock.

Eileen Cook, qui s’est fait connaître par son blog, est très drôle et j’ai souvent ri à la lecture des péripéties et des rebondissements qui se succèdent sans temps mort dans la vie de Sophie Kintock, libraire de son état. Le rythme enlevé du récit m’a littéralement happé et j’ai eu beaucoup de mal à ne pas lire les 345 pages d’une seule traite, tant j’avais envie de savoir ce qui se passait ensuite.

L’héroïne est très attachante, car elle nous ressemble, c’est une fille tout ce qui a de plus normal, qui ne souhaite pas être seule tout simplement et qui refuse tout net que Doug aille compter fleurette ailleurs après six ans d’un amour sans nuage. Heureusement, elle peut compter sur Nick un professeur de science tout ce qu’il y a de plus sceptique, qui va l’aider à jouer les voyantes, et Jane, sa meilleure amie pour l’aider et surtout pour essayer de la ramener les pieds sur terre, souvent en pure perte puisque Sophie n’écoute guère leurs conseils et fonce tête baissée… dans les ennuis.

Le livre apporte un bon moment de lecture même s’il cumule les clichés : le petit ami égocentrique et calculateur, sa nouvelle petite amie une bimbo qui a oublié son cerveau, etc. : l’auteur aurait pu innover et proposer autre chose car c’est souvent ce que l’on reproche à ce genre littéraire, de tomber dans une certaine facilité.

Si vous aimez la chick lit ou que vous souhaitez démarrer une première lecture dans ce genre, je ne peux que vous conseiller celui-ci, car c’est un bon et vrai roman de fille avec de l’amour, de l’humour, de la vengeance, de l’amitié, bref la vie quoi.

 

Read Full Post »

Le Versailles de Louis XIV est un théâtre où la monarchie absolue se construit en se donnant en spectacle. C’est aussi un panier de crabes où vingt mille personnes, du plus haut au plus bas de l’échelle sociale, s’agitent dans les ors et les gravats, l’inconfort et la puanteur, les complots et les coucheries, avec pour tous le rêve de grimper vers la lumière.

heart_5

le-roi-des-ombres-eve-de-castro

Vous souhaitez vous délecter d’un excellent roman historique et vous retrouver le temps d’une lecture au temps de Louis XIV ?  J’ai le roman qu’il vous faut, à la fois intelligent et distrayant : Le Roi des Ombres. Eve de Castro nous y narre la vie des petits, des obscurs qui ont contribué à la grandeur de Louis XIV et à son règne, que l’on surnomme volontiers Le grand siècle. Il sera beaucoup question de Louis XIV dans ce roman, le roi des ombres c’est lui et les ombres sont les sans noms qui le servent et vont faire de Versailles ce bijou du 17è siècle : les terrassiers, les fontainiers, les maçons, les jardiniers qui peinent six jours sur sept dans la boue, luttant contre les éléments naturels pour le bon plaisir de leur roi. Mais aussi ceux qui œuvrent dans l’ombre pour magnifier Louis XIV et sa cour : les étuviers, les perruquiers, les parfumeurs et les maquilleurs.

Louis XIV, son frère Philippe d’Orléans dit Monsieur, Madame son épouse (la fameuse princesse Palatine), la reine Marie-Thérèse, les favorites Louise de La Vallière et Madame de Montespan, et l’ensemble de la cour, côtoient sans les voir ces ombres qui servent leur plaisir et leur gloire. Parmi ces petits, il y a la talentueuse et intelligente, Nine La Vienne, qui veut échapper au sort commun des femmes et se rêve chirurgien du roi ; Batiste Le Jongleur, vaurien autodidacte,  qui vit de rapines et se révèlera, une fois arrivé sur le chantier de Versailles, être un excellent hydraulier, se rendant indispensable aux fontainiers du château que sont Denis Jolly et François Francine.

L’auteure nous dévoile ici l’envers du décor : d’un côté les fastes de la cour, ses complots, les vices et petitesses des Grands qui ont tous les droits et nous dresse un portrait peu flatteur mais néanmoins fidèle du monarque absolu ; de l’autre, les conditions de vie des négociants à travers les Binet et les La Vienne et celles particulièrement difficiles du peuple avec la famille Le Jongleur, usant de subterfuges pour survivre, toujours à la merci de plus forts qu’eux.

Le récit, dense, fourmille de détails et d’anecdotes qui le rendent, non seulement passionnant mais aussi palpitant car il y a des rebondissements tout au long des 500 pages que j’ai lu avec une certaine avidité je dois l’admette. Eve de Castro connait cette période de l’histoire sur le bout des doigts et nous régale de mots dont l’usage s’est perdu mais couramment employés à l’époque. Elle fait montre de beaucoup d’esprit, d’intelligence et d’humour et c’est un vrai plaisir que de lire sa plume enlevée.

Le roi des ombres est une brillante fresque de la construction de Versailles, nourrie d’anecdotes et très instructive sur la politique de Louis XIV, sur le roi en lui-même, ses failles, son éducation, ses rapports avec son frère, sa mère et Mazarin et sur sa volonté d’être le monarque des monarques. J’ai aussi beaucoup aimé la forme narrative du roman : le récit prend la forme d’une longue missive adressée au jeune Charles de Cholay par son médecin qui lui conseille de la lire à la veillée et l’interpelle régulièrement au cours de l’histoire, rendant l’ensemble encore plus vivant.

Vous l’aurez compris j’ai eu un véritable coup de coeur pour ce roman, petit bijou finement ciselé, que je vous invite à lire absolument !

 

 

Read Full Post »

De nos jours, le concours pour élire la nouvelle Kathleen Eaden a commencé ! Elles sont quatre candidates en lice : d’abord Jenny, dont les enfants ont quitté le nid, puis Claire, qui a sacrifié ses rêves pour ceux de sa fille, Vicky aussi, qui lutte avec ses devoirs de mère, et enfin Karen, la parfaite Karen, bien déterminée à rester … parfaite ! heart_4

la-meilleure-d-entre-nous-sarah-vaughan

Le concours pour élire la nouvelle Kathleen Eaden commence et les candidats en lice rêvent tous de remporter le titre et la généreuse dot qui l’accompagne.

Jenny, la cinquantaine toute en rondeurs, délaissée par son mari devenu marathon man obsédé par sa ligne et les calories qu’il enfourne.

Vicki, ex-institutrice, qui a souffert de l’absence de sa mère, n’aspire plus qu’à élever son fils Alfie jusqu’à ce qu’il soit en âge d’entrer à l’école.

Claire, une jeune caissière mère célibataire qui travaille pour la chaine de magasins Eaden, peine à joindre les deux bouts et rêve d’un avenir meilleur pour sa fille.

Karen, dont l’apparente perfection cache bien des secrets et qui souffre d’anorexie mentale depuis plus de vingt ans.

Mike, veuf et père de deux jeunes enfants, en pleine thérapie culinaire depuis le décès de son épouse.

Cinq candidats en lice, très différents, réunis par une même passion : la pâtisserie. Mais la confection d’un cheesecake, d’une brioche ou d’une maison en pain d’épices ne suffit pas toujours à oublier les petits et gros pépins du quotidien.

Vous connaissez sans doute (ou pas) mon goût pour les romans culinaires et je m’étais promis de le lire pendant les vacances. Chose promise, chose faite et cette belle brique n’a pas eu le temps de croupir dans ma PAL pour une fois !

Je dois dire que je me suis bien régalée avec La meilleure d’entre nous dont j’ai beaucoup aimé l’histoire et la plupart des protagonistes. Un roman bien ancré dans la réalité et qui revient sur les accidents de la vie auxquels on peut tous et toutes être confrontés à un moment donné dans notre vie personnelle et professionnelle.

Sarah Vaughan signe donc ici un roman qui semble léger à première vue mais qui ne l’est pas tant que ça avec une galerie de personnages très intéressants avec en tête de liste : Jenny et Vicki, les autres (Claire, Karen et Mike) n’ont malheureusement pas droit au même traitement et j’ai trouvé cela dommage car ils avaient tous du potentiel mais l’auteure les délaisse au profit des deux premières que l’on suit tout au long du roman.

On suit donc les cinq candidats en lice pour le concours Kathleen Eaden, une star des fourneaux en Angleterre et dont on célèbre le premier anniversaire de son décès. Sarah Vaughan brosse le portrait en creux des candidats au fil du concours qui s’étire sur plusieurs mois, pendant les épreuves, mais aussi en dehors, entre stress et joie.

Parallèlement à la compétition, l’auteure nous brosse aussi le portrait de Kathleen Eaden elle-même avec des extraits de son journal de 1964, à une période où la cuisinière écrivait L’art de la pâtisserie et tentait d’avoir un enfant.

Bourré d’émotion et d’humour, ce roman éminemment gourmand se dévore littéralement notamment grâce aux personnages attachants et réalistes, parfois assez irrésistibles, et aux pages consacrées aux concours et à la pâtisserie qui mettent littéralement l’eau à la bouche.

C’est aussi une belle leçon de vie, entrecoupée d’extraits savoureux de « l’Art de la Pâtisserie » écrit par Kathleen Eaden en 1966 et qui est une bible pour toutes les pâtissières d’outre-Manche.

Un roman que je vous recommande chaudement si comme moi vous aimez la pâtisserie et les romans anglais, vous ne devriez pas être déçues !

 

Read Full Post »

« La foudre m’a frappée toute ma vie. Mais une seule fois pour de vrai » Dans les années 1810, à Lyme Regis, sur la côte du Dorset battue par les vents, Mary Anning découvre ses premiers fossiles et se passionne pour ces « prodigieuses créatures » dont l’existence remet en question toutes les théories sur la création du monde.

Très vite, la jeune fille issue d’un milieu modeste se heurte aux préjugés de la communauté scientifique, exclusivement composée d’hommes, qui la cantonne dans un rôle de figuration. Mary Anning trouve heureusement en Elizabeth Philpot une alliée inattendue. Celte vieille fille intelligente et acerbe, fascinée par les fossiles, l’accompagne dans ses explorations. Si leur amitié se double peu à peu d’une rivalité, elle reste, face à l’hostilité générale, leur meilleure arme.

Tracy Chevalier est une habituée des romans historiques et Prodigieuses Créatures ne fait pas exception.

Cette fois-ci, le roman a pour cadre l’Angleterre du début du 19è siècle et les premières découvertes de fossiles de reptiles marins datant de l’ère Mézozoïque.

A cette époque, la paléontologie en est à ses prémices et les hommes pensent encore que ces créatures d’un autre temps étaient en fait des dragons ! La science de ce siècle débutant est une affaire d’hommes et les femmes sont cantonnées à être servantes ou ouvrières si elles sont de basse extraction, ou destinées à être mariée, si elles sont de naissance plus noble, ce qu’on ne manquera pas de rappeler régulièrement à nos héroïnes.

Prodigieuses Créatures est un roman mais les personnages qui l’habitent ont eux réellement existé, et les découvertes archéologiques qui ponctuent le récit sont vraies. Les héroïnes en sont Miss Philpot, une bourgeoise qui vit avec ses deux soeurs, célibataires comme elle. C’est une passionnée de science qui va se prendre d’affection pour Mary Anning, découvreuse de « curios ».

C’est un roman à deux voix, le lecteur lit en alternance le récit de Miss Philpot et celui de Mary Anning, deux femmes qui s’affranchissent des convenances et qui sont passionnées de fossiles. Elles s’immiscent peu à peu dans l’univers balbutiant de la paléontologie, un domaine alors exclusivement masculin.

Elles se ne contentent pas de collectionner les fossiles mais procèdent elles-mêmes aux fouilles. Elles ratissent consciencieusement chaque mètre carré des roches et des plages de Lyme Regis à la découverte de trésors datant de milliers d’années. Des découvertes qui ne manquent pas de faire l’objet d’interrogations spirituelles liées à un Dieu omniscient et à la création du monde. Darwin vient tout juste de naitre et sa théorie de l’évolution inenvisageable en 1810. Ces créatures sont-elles de la main de Dieu ? Il y a-t-il eu un monde avant la Genèse ? Autant de questions qui agitent la communauté scientifique et nos deux héroïnes.

Avant d’entamer cette lecture, choisie pour Tracy Chevalier, une romancière dans la lecture de laquelle je me plonge à chaque fois avec délectation, je ne savais rien de ces deux femmes d’exception. J’ai adoré assister à ces fouilles et à la découverte des « curios », des « ammios », des « ichtyosaures », des « plésiosaures »… des noms qui me sont familiers puisque l’un de mes fils est un passionné des dinosaures.

Un livre coup de cœur à l’atmosphère toute austenienne, que je vous recommande vivement, une histoire captivante et emplie d’émotion qu’on a du mal à lâcher.

 

Read Full Post »

4 mai 1897. Autour de l’épisode méconnu du tragique incendie du Bazar de la Charité, La Part des flammes mêle les destins de trois figures féminines rebelles de la fin du XIXe siècle : Sophie d’Alençon, duchesse charismatique qui officie dans les hôpitaux dédiés aux tuberculeux, Violaine de Raezal, comtesse devenue veuve trop tôt dans un monde d’une politesse exquise qui vous assassine sur l’autel des convenances, et Constance d’Estingel, jeune femme tourmentée, prête à se sacrifier au nom de la foi. heart_5

la-part-des-flammes-gaelle-nohant

En ce début du mois de mai de cette fin du XIXè siècle, Violaine de Raezal, bien jolie veuve inconsolable de la mort de son bien-aimé mari, cherche à accéder au cercle très fermé de la grande noblesse parisienne.

D’abord refoulée par la marquise de Fontenilles, elle va alors faire la connaissance de la duchesse Sophie d’Alençon, petite sœur de la fantasque Sissi, l’impératrice d’Autriche, un temps fiancée à son cousin le roi Louis II de Bavière. La femme du duc d’Alençon court tout Paris en compagnie de son cocher Joseph afin de soulager la misère du petit peuple de la capitale, emmenant une Violaine tremblante dans son sillage.

Constance d’Estingel est sortie du couvent il y a quelques mois seulement mais elle est très marquée par ce séjour et a tissé des liens très forts avec la mère supérieure et s’abandonne à une foi mystique que ne comprend pas sa mère avec qui elle entretient les plus mauvais rapports.

Lors d’un bal Constance fait toutefois la connaissance de Lazlo de Nérac, fils d’un noble de province. Les deux jeunes gens s’aiment et décident de se fiancer, soulageant les parents de Constance craignant que leur fille ne finisse par prendre le voile, jusqu’à ce qu’une visite à la mère supérieur pousse la jeune fille à rompre son engagement.

En ce 4 mai 1897, dans la chaleur de ce milieu d’après-midi, Constance, Violaine et Sophie tiennent un comptoir au bazar de la Charité. Le nonce apostolique vient juste de procéder à la bénédiction lorsqu’un incendie se déclare.

Le feu se propage très rapidement et ravage tout sur son passage : les décors construits pour l’occasion mais aussi les femmes dont les chevelures enduites de pétrole pour qu’elles brillent, prennent feu immédiatement.

Constance, Sophie et Violaine sont alors prises dans la tumulte et la bousculade qui s’ensuivent. Vont-elles échapper au feu ?

J’ai repéré ce roman dès sa sortie et lorsque ma mère m’a demandé de l’aider à choisir un livre, mon choix s’est immédiatement porté sur celui-ci et lorsque j’ai vu les avis positifs fleurir sur la blogosphère, j’ai (un peu) maudit ma mère de ne pas l’avoir encore lu, retardant ainsi ma propre lecture.

J’ai donc profité des vacances pour le lui emprunter et le lire enfin et j’espère que mon billet saura décider celles d’entre vous qui ne l’ont pas encore lu à se précipiter sur ce très beau roman que j’ai dévoré en deux jours seulement.

La part des flammes revient sur le mythique fait-divers de l’incendie du Bazar de la Charité causé par le cinématographe encore balbutiant qui a tué une centaine de femmes et a fait bon nombre de victimes encore, des femmes principalement qui se sont retrouvées mutilées ou défigurées par l’incendie.

Gaëlle Nohant s’est documenté et a travaillé sur ce roman pendant quatre ans et cela se voit, la reconstitution historique qu’elle nous donne à lire ici est brillante et passionnante tout en parvenant à tisser une trame romanesque pleine de flamboyance, émaillée de rebondissements.

L’auteure nous plonge dans ce Paris du mois de mai 1897, où l’incendie spectaculaire du Bazar de la Charité, laissera des traces indélébiles dans la presse et l’histoire de Paris mais aussi dans cette haute société aux codes si bien décrits qu’on ne peut nier l’importance du nom, de la descendance, du mariage, de la filiation et du pouvoir.

Dans cette sphère élitiste où les femmes doivent tenir leur rang, recevoir, s’étourdir dans des bals mais aussi se montrer charitable en ayant ses oeuvres et ses pauvres, être défigurée ou mutilée, signe la fin de toute vie sociale.

A la fois roman historique et tableau de la condition féminine de cette fin de siècle, La part des flammes est aussi une leçon de vie, de courage et de force, celle de Violaine et Constance et à travers elles, de toutes les victimes de cet incendie. Un très bel hommage aux femmes aussi, de toutes conditions, à la merci d’un mari ou d’un père, et finalement jamais tout à fait libre.

Gaëlle signe ici un roman plein d’émotion, très bien écrit et documenté et réussit à nous faire vivre l’incendie comme si on y était, on lit ses passages en apnée, cherchant l’air comme l’ont cherché les femmes prises au piège du Bazar de la Charité.

En un mot : magistral !

 

Read Full Post »