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Archive for the ‘Biographies, romans biographiques, Autobiographies’ Category

Megan Hess est une illustratrice de mode, au style glamour et chic, qui fut révélée au grand public lorsqu’elle illustra la couverture du best-seller Sex and the City de Candace Bushnell en 2008. Depuis, ses clients incluent Chanel, Dior, Yves Saint Laurent, Vogue, Cartier ou Michelle Obama. Le New York des fashionistas est son 3e livre aux éditions de L’imprévu, après 100 robes mythiques et Coco Chanel.

Elle avait autrefois un rêve, celui de devenir danseuse. La vie lui a finalement accordé un autre destin : lorsqu’Audrey Hepburn monte sur les planches pour la première fois, loin d’elle l’idée de devenir une véritable icône de cinéma.

Des yeux de biche, une silhouette gracile, un style sophistiqué et glamour : un contraste saisissant d’avec les canons hollywoodiens de l’époque, qui lui vaut de conquérir la nouvelle génération d’après-guerre. Hubert de Givenchy l’habille en personne pour ses plus grands rôles et le monde tout entier l’acclame et la récompense.

Célébrée ici par la plume talentueuse de l’illustratrice Megan Hess, Audrey Hepburn aura marqué à jamais l’histoire de son nom, pour notre plus grand plaisir.

L’autrice et illustratrice revient ici sur l’enfance, la carrière cinématographique de l’exquise actrice avec ses rôles emblématiques dans Sabrina, Vacances romaines, Petit-déjeuner à Tiffany ou My fair lady.

Mais elle s’attarde surtout sur son rapport à la mode. Car bien avant sa rencontre avec Givenchy, Audrey savait très bien s’habiller avec des pièces simples et en maniant des accessoires, comme les foulards, qui faisaient mouche.

Grande amie et muse du couturier Hubert de Givenchy qui a crée aussi pour elle le parfum L’interdit, elle reste célèbre pour ces rôles, les causes qu’elle défendait pour l’Unicef mais aussi pour son incroyable sens de la mode et du chic.

Sa silhouette, inimitable, est reconnaissable au premier coup d’oeil et le talent de Megan Hess fait ici merveille. Elle lui rend un magnifique hommage avec ce livre sublime de la première à la dernière page.

L’ouvrage se découpe en trois parties : La femme, L’œuvre, L’héritage et revient sur les grandes dates de la vie d’Audrey avec de courts textes et des pleines pages de dessins.

Les illustrations, délicates et chics, subliment l’actrice avec cinq teintes principales : blanc, noir, gris, turquoise, couleurs que l’on retrouve sur la couverture.

L’ouvrage aux pages glacées est en hardback et c’est pour moi un coup de foudre ! Il est évident que je vais me procurer tous les ouvrages de Megan Hess dont j’adore le coup de crayon.

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Elizabeth Gouslan est journaliste. Elle est l’autrice de Jean-Paul Gaultier, punk sentimental (Grasset, 2010), Ava, la femme qui aimait les hommes (Robert Laffont, 2012), Grace de Monaco, la glace et le feu (Grasset, 2013), Truffaut et les femmes (Grasset, 2016), Les Nuits blanches de Marcello (Grasset, 2017), Meghan ou le désespoir des princesses (L’Archipel, 2022).

Pour le centenaire de la mort de Sarah Bernhardt, Elizabeth Gouslan retrace avec Scandaleuse Sarah l’incroyable parcours de ce monstre sacré, une féministe avant l’heure qui fit scandale à son époque.

Son nom ? Une légende. Sa vie ? Un roman truffé d’intrigues amoureuses, de scandales, de triomphes et d’exploits. Fille d’une demi-mondaine et d’un père qu’elle n’a presque pas connu, Sarah était vouée à un destin misérable. Mais elle rebat les cartes. La jeune fille aux yeux de chat se réinvente en idole. L’Odéon, la Comédie-Française : elle n’a pas vingt-cinq ans et le Tout-Paris est à ses pieds.

Surdouée, culottée, Sarah veut davantage. Prête à conquérir le monde, elle part pour de gigantesques tournées, exportant le génie français sur tous les continents. Partout on la célèbre, on l’adule. Côté coeur, son tableau de chasse impressionne : hommes et femmes célèbres succombent à son charme. Côté cour, l’artiste se double d’une femme d’affaires avisée qui utilise habilement la presse, les mécènes et la publicité.

Sarah provoque, choque, anticipe les modes. Sur scène, travestie, elle joue Hamlet ou l’Aiglon, s’appropriant le répertoire masculin. Sculptrice, peintre et directrice de son propre théâtre, elle s’engage aussi dans toutes les grandes causes de son époque, comme lors de l’affaire Dreyfus.

Pour raconter ce fabuleux destin, Elizabeth Gouslan convoque Julia Bartet, grande sociétaire de la Comédie-Française, rivale devenue amie de Sarah, qui nous entraîne dans les coulisses du Second Empire, de la Belle Époque et des Années folles où ce monstre sacré régna sans partage.

Je pense que tout le monde a entendu au moins une fois dans sa vie le nom de Sarah Bernhardt. Née au milieu du XIXè siècle, morte une poignée d’années après la fin de la première guerre mondiale, Sarah était la plus grande comédienne de son temps et un personnage éminemment romanesque, moderne, qui a su prendre son destin en main et bousculer les traditions.

C’est pour moi une figure de femme totalement fascinante par sa beauté, son aura, l’impact qu’elle a eu sur la scène française et internationale et j’étais très curieuse de découvrir cette biographie romancée grâce à laquelle j’ai appris une foule de choses, notamment l’enfant mal-aimée qu’elle fut, monnayée au plus offrant par sa mère et sa tante.

Elisabeth Gouslan s’est très bien documentée et nous raconte dans les grandes lignes la vie de cette femme d’exception, en prenant pour héroïne de ce roman biographie l’amie et rivale de Sarah, Julia Bartet, qui fut très célèbre en son temps mais je ne connaissais pas.

A travers le monstre sacré, on découvre aussi la vie de Julia, qui ressemble par bien des aspects à celle de l’illustre comédienne, et avec elle on revient sur les évènements marquants de la vie de Sarah mais aussi de la France : la Commune, l’affaire Dreyfus, les tranchées…

Le style d’Elisabeth Gouslan est fluide et cette biographie se révèle instructive et agréable à lire tout au long des quatorze chapitres qui nous relatent les épisodes marquants de la vie de la Divine de son enfance à son décès.

Grâce à Julia, on découvre l’intimité de Sarah, sa personnalité, le Second Empire et la Belle Époque sur lesquels elle a régné sans partage en France comme dans le monde entier.

Une biographie romancée idéale pour se familiariser avec ce monstre sacré avant de lire une biographie plus complète !

Je remercie Babelio et les éditions de l’Archipel pour cette lecture riche d’enseignements.

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Michelle Marly a longtemps séjourné à Paris et vit aujourd’hui entre Berlin et Munich. Elle est l’auteure de Mademoiselle Coco et l’eau de l’amour, parue en 2021 chez Fleuve Éditions.

Romy est devenue une star dans le monde entier avec le rôle de Sissi. Mais elle en a assez de cette image, cliché de jeune fille sage. Elle rêve de donner une autre direction à sa carrière d’actrice.

C’est alors qu’elle rencontre Alain Delon, avec lequel elle doit tourner le film Christine. Elle tombe amoureuse de ce jeune rebelle et, contre l’avis de sa famille, décide de le suivre à Paris.

Alors que leurs carrières ne connaîtront pas le même succès, leur amour saura-t-il y survivre ?

Avec Romy et les lumières de Paris, Michelle Marly retrace la vie et la carrière de Romy Schneider entre 1958 et 1962. Années charnières pour celle qui a incarné et connu un grand succès avec la trilogie des Sissi.

Nul doute que la romancière allemande se soit particulièrement bien documentée sur la vie de Romy Schneider mais aussi sur ses amis et sur la vie culturelle de cette époque pour écrire cette biographie romancée très intéressante !

Ce roman, découpé en trois parties, nous raconte l’émancipation de Romy, cantonnée jusqu’alors aux rôles lisses, choisis par sa mère et son beau-père, qui la tenaient sous leur joug et ne lui laissaient aucune liberté. Elle menait une vie bourgeoise et incarnait la jeune fille de Vienne, ingénue et douce qu’allemands et autrichiens chérissaient.

La rencontre d’Alain Delon sur le tournage de Christine va tout changer et lui permettre de prendre son indépendance. Elle s’installe avec lui à Paris, en union libre, shocking ! Elle est folle amoureuse, rêve mariage et enfant, mais Delon n’est pas l’homme d’une seule femme et elle va l’apprendre à ses dépens.

Son installation à Paris et sa vie libre choque ses compatriotes qui la portaient aux nues. Désormais, les rôles se raréfient, sa carrière est quasiment au point mort et c’est par le théâtre, grâce à Luchino Visconti, qu’elle va briller à nouveau.

Même si il n’est pas exempt de quelques longueurs, j’ai beaucoup aimé ce roman et l’atmosphère qui s’en dégage. Suivre Romy dans son émancipation se révèle passionnant et son parcours en dit long sur la société encore puritaine de cette époque du début des sixties.

Le style de l’autrice est fluide et j’ai tourné les pages avec beaucoup de plaisir, voyageant avec la comédienne de la France à l’Italie en passant par l’Autriche.

Bien que Michelle Marly ait du parfois romancer les évènements de la vie de Romy Schneider, ce récit sur la quête de l’actrice, nous montre à la fois l’artiste et la femme, sa personnalité si attachante. L’autrice nous montre aussi à quel point Alain Delon a pu faire souffrir la femme qu’il aimait tant.

Vous l’aurez compris, j’ai passé un très bon moment et je vous recommande ce roman si vous vous intéressez à cette actrice au destin tragique, il ne pourra que vous plaire !

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Marilyn Monroe est née en 1926 à Los Angeles. Au début des années 1950, elle accède au statut de star hollywoodienne et de sex-symbol. Elle tourne une trentaine de films dont Les hommes préfèrent les blondes, Sept ans de réflexion, Certains l’aiment chaud… En dépit de cette notoriété, sa carrière la laissera insatisfaite. Elle est retrouvée morte en 1962 des suites d’une overdose de médicaments.

« Hollywood, c’est un endroit où l’on vous offre mille dollars d’un baiser et cinquante cents de votre âme. Je le sais, j’ai assez souvent refusé la première proposition et tenu bon pour les cinquante cents. » Marilyn Monroe, 1954

C’est en 1954 que l’agent de Marilyn, Charles Feldman, contacte Ben Hecht pour lui demander d’aider l’actrice à écrire ses mémoires. À 28 ans, elle a déjà tourné une vingtaine de films, dont ses premiers succès – Niagara et Les hommes préfèrent les blondes – et elle est lasse des inventions et potins des feuilles à scandales.

Elle lui dicte les mots qu’il couche sur papier. Pour des raisons personnelles, elle ne poursuit pas ces séances de travail, mais confie le texte inachevé au photographe Milton Greene, son ami de toujours qui publiera cette Confession inachevée aux États-Unis et en France en 1974.

Ces textes de jeunesse, intimes et bouleversants, politiques et féministes, drôles et émouvants sont une révélation, une sacrée pépite, un gros coup de coeur pour moi.

Qui était Marilyn Monroe ? Qui se cache derrière la pétillante blonde qui va rendre son dernier souffle à 36 ans, en pleine beauté et en pleine gloire ? Lire cette Confession inachevée, c’est se rapprocher d’elle, entendre sa voix bien reconnaissable, dévoiler les deux faces de sa personnalité, les étapes de sa brève existence.

En tournant les pages de ce magnifique recueil, j’avais l’impression que Marilyn était à côté de moi et me racontait sa vie. De sa naissance à son mariage avec Jo DiMaggio en 1954, de ses galères à ses premiers succès. Les dernières pages de cette confession sont consacrées à leur voyage de noces au Japon et à sa tournée triomphale auprès des G.I engagés dans la guerre de Corée.

D’abord Norma Jean, l’enfant dont la mère est internée, ballottée entre différentes familles d’accueil, mariée à 16 ans pour enfin connaître la stabilité. La jeune fille crie son manque d’amour et son besoin constant d’attirer l’attention. Son premier mari ne saura pas y répondre, ce mariage ne lui apportera rien.

Puis Marilyn, le sex-symbol qui côtoie et déteste Hollywood, avec ses ratés, ses dragueurs et ses escrocs, ses hommes qui ne voient en elles qu’une bombe sexuelle qu’ils souhaitent mettre dans leur lit.

Heureusement elle rencontrera Johnny Hyde, un ami très cher à son coeur qui va prendre soin d’elle et lui mettre le pied à l’étrier, ce qui n’empêchera pas Marilyn d’avoir des relations difficiles avec les directeurs des studios, avec les hommes et les femmes lors des fameuses soirées hollywoodiennes qui ne sont faites que de vent et de futilité.

La starlette se heurte en effet à la jalousie des femmes qui ont peur qu’elle détourne leurs maris mais aussi des actrices, y compris les plus célèbres de leur époque.

Au fil des pages, Marilyn reste lucide et ne se voile jamais la face. Elle raconte sa vérité, remet les points sur les i et nous livre bon nombre d’anecdotes. Malgré sa grande beauté, il lui a fallu beaucoup de ténacité et de travail pour faire sa place à Hollywood.

L’ouvrage est agrémenté de très belles photos de Marilyn Monroe et plaira à tous ceux qui s’intéressent à cette femme touchante, cette icone copiée mais jamais égalée. Je vous le recommande vivement !

Un grand merci aux éditions Robert Laffont pour cette belle découverte, j’ai adoré !

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Cécile Chabaud est professeur de lettres à Paris. Elle signe ici son premier roman.

1884, un vent de scandale souffle sur Paris. Une romancière de vingt-quatre ans donne à lire une œuvre sulfureuse, toute de cruauté et de perversion, fondée sur la confusion des genres.

Cette jeune femme, c’est Rachilde, une vierge provinciale débarquée de son Périgord sur le conseil de Victor Hugo. Elle traîne avec elle une mère folle et le souvenir d’un père militaire qui lui reprochait de ne pas être un garçon.

Autour d’elle, ses amis : Sarah Bernhardt, Paul Verlaine, Jean Lorrain, Catulle Mendès, toute la bohème fin-de-siècle qui la proclame « reine des décadents ». Confrontée néanmoins à la censure d’une société misogyne, elle portera costume, coupera ses cheveux et se fera appeler « homme de lettres ».

De l’atmosphère superstitieuse et sombre de la campagne périgourdine à l’univers enfumé et pittoresque du Paris artistique de la fin du XIXe siècle, ce roman fait revivre l’une des grandes figures littéraires de la Belle Époque.

Rachilde est une romancière qui a fait scandale en son temps de part sa jeunesse et les sujets qu’elle traite dans ses romans, comme le sera Françoise Sagan quelques décennies plus tard.

Cette figure que je ne connaissais que de nom, sans doute par son appartenance au club des Hydropathes que fréquentait assidument l’un de mes auteurs préférés du XIXè siècle, Alphonse Allais, m’intéressait. C’est ainsi que Rachilde, homme de lettres a atterri dans ma PAL.

Ce roman biographique retrace l’enfance de Marguerite Eymery, future Rachel, de son Berry natal jusqu’à ses premières années d’installation à Paris. J’ai beaucoup aimé le style fluide de Cécile Chabaud et toute la première partie qui a pour cadre l’enfance et l’adolescence de Rachilde.

Voir la personnalité de Marguerite évoluer, son parti pris pour l’androgynie et sa volonté d’être perçue comme un homme de lettres et non comme une femme de lettres, c’est très intéressant.

Comme George Sand avant elle, elle s’habille en homme et veut être traitée sur un pied d’égalité avec les hommes de son temps. Elle refusera longtemps le mariage et la maternité avant de finalement rentrer dans le rang, ce que l’on n’apprend pas ici car l’autrice s’arrête au moment où cela aurait pu devenir très intéressant.

J’ai peu goûté la partie parisienne, que j’attendais pourtant avec impatience, car on n’y apprend finalement fort peu de choses même si j’ai apprécié découvrir Jean Lorrain, auteur décadent de cette fin du XIXè siècle.

Cécile Chabaud ne tombe pas dans l’hagiographie et dresse un portrait tout en nuances et paradoxes de Rachilde, celle qui n’aimait pas les féministes tout en étant elle même l’incarnation libertaire d’une femme au delà de tous les clivages de sexe.

A mon grand étonnement, je n’ai pas apprécié Rachilde, sa pudibonderie alors que ses écrits sont licencieux, cette femme qui n’aime pas ses congénères, la sororité, très peu pour elle. Elle ne fera pas avancer la cause des femmes et de ne cherchera qu’a choquer, qu’à être sulfureuse, un peu comme le marquis de Sade avant elle.

Cécile Chabaud ne pas pas davantage donné envie de lire ses romans Monsieur Vénus ou La marquise de Sade. Rachilde ne fera pas partie de mon panthéon féminin, c’est certain !

Un grand merci aux éditions Ecriture et Babelio pour cette lecture.

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Jean Teulé est l’auteur de treize romans. Parmi les plus notables, Je, François Villon a reçu le Prix du récit biographique ; Le Magasin des suicides a été traduit dans dix-neuf pays (best-seller à Taïwan !). Son adaptation en film d’animation par Patrice Leconte est en cours de réalisation et sortira sur les écrans en 2012. Darling a été adapté au cinéma par Christine Carrière, avec Marina Foïs et Guillaume Canet dans les rôles principaux ; Le Montespan, prix Maison de la presse et grand prix Palatine du roman historique, a été élu parmi les vingt meilleurs livres de l’année 2008 par le magazine Le Point. 

Si l’oeuvre éblouit, l’homme était détestable. Charles Baudelaire ne respectait rien, ne supportait aucune obligation envers qui que ce soit, déversait sur tous ceux qui l’approchaient les pires insanités.

Drogué jusqu’à la moelle, dandy halluciné, il n’eut jamais d’autre ambition que de saisir cette beauté qui lui ravageait la tête et de la transmettre grâce à la poésie.

Dans ses vers qu’il travaillait sans relâche, il a voulu réunir dans une même musique l’ignoble et le sublime. Il a écrit cent poèmes qu’il a jetés à la face de l’humanité. Cent fleurs du mal qui ont changé le destin de la poésie française.

Jean Teulé, spécialiste des biographies romancées, nous propose avec Crénom, Baudelaire !, celle du grand poète Charles Baudelaire, comme vous l’avez deviné grâce au titre.

Avec sa gouaille que j’apprécie tant, il brosse ici un portrait de Baudelaire, version scandaleuse. En effet, il retrace ici l’existence du poète sur une courte période, celle où il le présente volontiers comme le premier punk de l’histoire.

Ce livre est le fuit d’un long travail et de nombreuses lectures mais ne vous attendez pas à des pages élogieuses vantant le génie de Charles Baudelaire dont on sait qu’il était volontiers détestable, misogyne. Certes, les poèmes issus des Fleurs du Mal parsèment ça et là le récit mais l’auteur s’attarde plutôt sur la vie dissolue de l’homme et son caractère outrancier.

Loin de retracer la vie de Baudelaire de sa naissance à son décès, Jean Teulé préfère nous raconter le débauché, l’odieux, le goujat, le pervers sexuel, tour à tour épris de Marie Daubrun, Apollonie Sabatier et Jeanne Duval.

Syphilitique, celui qui brûle la vie par les deux bouts, drogué jusqu’à la moelle car adepte de la confiture verte dont il abusera, provocateur… voilà la quintessence de ce roman biographique, autant dire que si l’on recherche une biographie plus fouillée du poète, on repassera !

Poète révolutionnaire, Baudelaire choquait son monde et trouvera difficilement un éditeur qui réussira à le convaincre de publier ses Fleurs du Mal. Peu apprécié de son vivant, il a autour de lui un petit cénacle tout de même mais il faudra attendre les générations futures pour que certains deviennent des baudelairiens convaincus.

Dans son sillage, l’auteur nous fait côtoyer les figures célèbres que Baudelaire fréquentait comme Gustave Flaubert, Théophile Gautier, Gustave Doré, les frères Goncourt, Edouard Manet, Gustave Courbet, Nadar ou encore Auguste Poulet-Malassis, dit Coco Mal Perché, cet éditeur qui va oser publier Les Fleurs du mal.

Pour autant, Jean Teulé a fait un vrai travail de recherche comme je le disais plus haut et certaines anecdotes sont vraiment savoureuses. Lorsque l’on ne connait rien à la vie de Baudelaire, on sort de ce roman enrichi. Lorsqu’on le connaît bien, comme moi, rien de bien nouveau sous le soleil mais le plaisir intact de lire la plume de Jean Teulé.

Un roman loin d’être indispensable mais qui se lit fort bien. A vous de voir si vous souhaitez connaître cette face sombre, ce versant peu honorable de la vie de Baudelaire ou pas !

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Sylvie Lausberg est historienne et psychanalyste, diplômée de l’Université Libre de Bruxelles, où elle enseigne actuellement la psychologie. En parallèle, elle poursuit depuis plusieurs années une carrière de journaliste indépendante. Également très impliquée dans la lutte pour l’égalité des sexes, elle est présidente du Conseil des Femmes Francophones de Belgique et membre du Conseil fédéral de l’Égalité des chances entre les Femmes et les Hommes. Madame S. est son premier roman.

Avec Madame S, Sylvie Lausberg nous dresse le portrait de Marguerite Steinheil, une femme à la réputation sulfureuse depuis la mort de son célèbre amant, le président de la république Félix Faure, le 16 février 1899.

L’anecdote est célèbre : alors que le président Félix Faure agonise, sa  » connaissance  » s’est sauvée par l’escalier de service. Cette mort en épectase va changer le cours de l’affaire Dreyfus et bouleverser le destin de celle que l’on surnomme depuis la  » pompe funèbre « …

Vous le savez, j’aime beaucoup les destins de femmes et les biographies qui leur sont consacrées. Je me réjouissais donc de découvrir la vie de Marguerite Japy-Steinheil, personnalité troublante dont le traitement politique et médiatique dit long sur les secrets d’un État français toujours aux prises avec les mêmes démons : antisémitisme, antiféminisme, petits arrangements entre amis et journaux avides de scandales.

Une femme aussi accusée du meurtre de son mari, le peintre Adolphe Steinheil et de sa mère Emilie Japy, la nuit du 30 mai 1908, en leur hôtel particulier de l’impasse Ronsin. Elle parviendra à sauver sa tête grâce à un art virtuose du mensonge, un charme dévastateur et une profonde intelligence politique, restés ensevelis sous des torrents d’injures misogynes qui en disent long sur notre rapport au sexe, au pouvoir et aux femmes qui en jouent.

Biographie d’une femme donc, salonnière et connue pour ses mœurs légères. Elle est mariée à un peintre de vingt ans son aîné qu’elle n’aime pas et multiplie les liaisons et amants célèbres. Mais volage, elle est aussi connue pour ses nombreuses aventures extra-conjugales.

Si il est incontestable que le sujet est intéressant et que son autrice s’est appuyée sur les mémoires de Margurite et s’est admirablement renseignée durant vingt ans pour nous proposer la réhabilitation de cette femme trop longtemps décriée, la mayonnaise n’a pas pris avec moi : je n’ai jamais réussi à entrer dans cette biographie qui m’a ennuyée dès le premier chapitre.

Le livre traîne en longueur, sans rythme, et le style de l’autrice est si lourd que j’ai peiné à tourner les quelques 400 pages proposées. Dès les premières pages, je n’ai pas aimé la narration : l’intrigue autour de Meg est diluée dans une telle multitude de faits, de personnes, qu’on s’y perd ! En tout cas, moi, elle m’a rapidement perdue !

Cette biographie fourmille de tant de détails dont on aurait pu se passer, ne cesse de se raccrocher à l’affaire Dreyfus et s’appesantit trop sur la vie politique au temps de la Belle-Epoque, d’autant que bon nombre de personnages qui la traverse nous sont totalement inconnus à ce jour et qu’on peine à distinguer qui est qui entre la gauche, la droite, l’extrêm-droite de l’époque !

L’autrice aussi m’a lassée : elle intervient trop pour nous expliquer ses recherches, son ressenti, nous répète à l’envi qu’elle écrit dans la maison de la journaliste Séverine, personnalité que j’aime beaucoup, mais franchement le fait qu’elle habite cette maison n’apporte rien à la biographie de Meg.

Je ressors bien déçue de cette lecture que j’ai fini par abandonner tant elle me pesait, dommage ! Merci à Babelio pour cette lecture.

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Jean-Paul Delfino est un écrivain, scénariste et ancien journaliste français né en 1964. Auteur d’une vingtaine d’ouvrages, il a notamment publié une série de romans consacrée à l’histoire du Brésil, intitulée Suite brésilienne. 

En 1898, la publication de « J’accuse… ! » en Une du journal de Georges Clémenceau, L’Aurore, plonge la France dans un climat délétère où l’antisémitisme s’affiche fièrement.

Au cœur de l’affaire, Émile Zola, conspué par les ligues d’extrême droite, est identifié comme l’homme à abattre.

Aussi, lorsque le 29 septembre 1902, le père du naturalisme succombe à une intoxication au gaz méphitique, la piste du meurtre ne peut être écartée. Reste à savoir qui avait tout intérêt à le faire taire.

Avec Assassins !, Jean-Paul Delfino retrace la vie du gamin d’Aix-en-Provence devenu un mythe littéraire et revient abondamment sur le climat politique de ce début du 20è siècle, dominé par un antisémitisme banalisé.

Très bien documenté, fouillé et renseigné, ce roman biographique donne tour à tour la parole à Emile Zola puis à son adversaire Edouard Drumont, chantre de l’extrême-droite.

Lors de cette nuit du 28 au 29 septembre où il passe de vie à trépas, Emile Zola, l’italien, pris par un malaise soudain, se remémore les grands moments de sa vie, de son enfance à son combat pour la réhabilitation du capitaine Dreyfus.

Convaincu qu’il va mourir, il réfléchit à celui ou celle qui aurait pu attenter à sa vie et se pose bien des questions : que valent les honneurs face au poème dédié à un premier amour ? Que pèse le succès face aux caresses d’une lingère ? Au cours de ses derniers instants, de cette nuit à bout de souffle, les souvenirs se bousculent et les suspects s’invitent dans les dernières pensées du condamné.

Après son décès la police conclut à un accident au monoxyde de carbone dû à un poêle défectueux. Mais pour Jean-Paul Delfino, la réalité est vraisemblablement toute autre : un véritable complot a été ourdi contre l’homme qui a osé défendre Dreyfus.

Les acteurs nationalistes, racistes, antisémites sont des politiciens, écrivains, journalistes, hommes du peuple et même religieux. Ces individus sont aptes à tuer au nom d’une idéologie, celle de rendre la France aux français. Haine, propos abjects et virulents animent ces populistes menés par Edouard Drumont et une presse délétère.

Ce court roman est fondé sur cette théorie de l’assassinat par des anti-dreyfusards, théorie qui court depuis la mort de Zola, cela ne date donc pas d’hier et je m’attendais à ce que l’auteur me démontre par A + B que la théorie officielle était mensongère.

Hélas, il n’en est rien car il n’a aucune preuve de ce qu’il avance, je ressors donc un peu déçue de ma lecture ! Heureusement, j’ai aimé l’évocation de la vie de Zola, ses interrogations même si je n’y ai rien appris.

Si vous connaissez déjà bien la vie du père du naturalisme, passez votre chemin, les autres pourront peut-être apprécier cet ouvrage plus que moi.

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Ariana Neumann est née et a grandi au Venezuela. Journaliste, elle vit aujourd’hui à Londres avec son mari et leurs trois enfants. Ombres portées est son premier livre.

À Caracas, dans le vaste domaine familial, Ariana Neumann, huit ans, joue à l’espionne. En fouillant dans les affaires de son père, Hans, elle trouve une pièce d’identité. Elle reconnaît son père jeune homme, mais il porte un autre nom. Effrayée, elle tait cette découverte et s’efforce de l’oublier.

Des années plus tard, à la mort de son père, Ariana retrouve ce mystérieux document dans une boîte contenant des photos, des lettres et d’autres souvenirs de la jeunesse de celui-ci à Prague.

Elle mettra près d’une décennie à trouver le courage de faire traduire cette correspondance. Ce qu’elle découvre la propulse dans une quête pour découvrir l’histoire de sa famille, la vérité sur son père et les raisons de son silence…

Avec Ombres portées, Ariana Neumann nous propose une enquête familiale bouleversante, rythmée comme un roman d’espionnage.

L’autrice évoque le passé de son père et celui de sa famille, pris dans les tourments de l’Histoire. Un passé caché trop douloureux, tu toute sa vie durant avec sans doute la culpabilité du survivant alors que tant des siens ont péri dans les camps de la mort.

Un passé trop difficile pour qu’il le revive, pour qu’il en parle, mais qui finit par être révélé. Peu de temps avant sa mort, il retournera sur les différents lieux de son enfance avec sa fille jusque là où son chemin a croisé celui de ses parents pour la dernière fois.

Prenant appui sur des documents (lettres, documents officiels, photos…) retranscrits sur les pages du livre, Arianna Neumann fait revivre les siens à travers des tableaux saisissants.

Elle va mener une enquête approfondie sur plusieurs années, retrouvé des cousins sur plusieurs continents, fait traduire documents et correspondances et finit par reconstituer la vie des Neumann à Prague où son grand-père Otto a fondé l’usine de peinture Montana.

On plonge ainsi dans la montée de l’antisémitisme en Tchécoslovaquie, avec les persécutions qui commencent quand Hitler envahit le pays, les déportations…

Tout au long du récit réellement passionnant et très instructif notamment sur le camp de Terezin, on se prend d’affection pour ces personnes ordinaires prises dans l’Holocauste, broyées par la barbarie nazie.

Je me suis attachée à eux, tremblé lorsque l’occupation devient de plus en plus prégnante et bien sûr dans la déportation et le quotidien dans le camp.

Vous l’aurez compris, c’est un ouvrage très intéressant que je ne peux que vous conseiller si vous vous intéressez à la seconde guerre mondiale.

Un grand merci aux éditions Les escales pour cette lecture ô combien poignante et nécessaire !

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Brigitte Kernel a été productrice et animatrice d’émissions littéraires sur France Inter, de 1990 à 2015. Elle est l’auteure de quelque trente ouvrages, dont, aux éditions Flammarion, les romans : Fais-moi oublier, Agatha Christie, le chapitre disparu, Jours brûlants à Key West et Le Secret Hemingway.

Quand, en 1842, Charles Baudelaire rencontre Jeanne Duval, comédienne au théâtre de la Porte-Saint-Antoine qui peine à se faire un nom, le jeune homme âgé de vingt et un ans entame tout juste la rédaction des poèmes qui constitueront Les fleurs du Mal.

Si la relation passionnelle qui se noue lui inspire certains de ses plus beaux poèmes, elle est mal accueillie par ses contemporains. Jeanne est en effet une « mûlatresse ». La couleur de sa peau dérange autant que ses origines populaires, sa gouaille, son goût pour les faubourgs et les guinguettes.

S’ils sont jaloux, se disputent, se déchirent, se trompent, rompent et renouent, en viennent même aux mains, les amants demeurent indéfectiblement liés jusqu’à la mort du poète.

Baudelaire et Jeanne : L’amour fou est une biographie romanesque riche et très intéressante sur le poète et sa muse principale. Brigitte Kernel restitue ici les tumultes de cet amour en s’appuyant notamment sur la riche correspondance de Baudelaire avec ses amis, éditeurs et sa mère mais aussi des témoignages de leurs contemporains.

L’histoire de cette passion aussi dévorante que mythique qui unit le poète Charles Baudelaire et l’actrice Jeanne Duval est donc au coeur de ce récit. Comme beaucoup d’entre vous j’imagine, j’ai découvert le poète en classe de première, l’année de mon bac de français.

Depuis, j’ai beaucoup lu son oeuvre et me suis intéressée à sa vie en lisant quelques biographies. Si ses biographes se sont beaucoup intéressés à Caroline Aupick, sa mère, la véritable femme de sa vie avec qui il avait une relation fusionnelle et très compliquée, Jeanne Duval, dont on se sait quasiment rien, reste souvent à la marge.

J’ai donc particulièrement apprécié suivre la vie tumultueuse de ce couple tout au long de ce récit entrecoupé de correspondance et de poèmes. Le récit est certes romancé mais Brigitte Kernel a fait un gros travail de documentation, son style est fluide et les pages se tournent toutes seules.

Le couple marque les esprits et est au centre de bien des ragots et commérages, leur personnalité, leur style détonne et voir un homme blanc avec une femme de couleur, choque beaucoup à l’époque.

Leur amour est loin d’être un long fleuve tranquille : Jeanne s’enflamme, pique des colères, trompe Baudelaire avec des hommes comme avec des femmes, recherche des relations tarifées, comme toutes les actrices de cette époque. Charles le sait et l’accepte au grand dam de sa mère qui voue une haine implacable à Jeanne pour sa couleur de peau mais aussi parce qu’elle siphonne les économies de son fils.

Cette liaison, cet amour tiraillé, inspirera à Baudelaire les plus beaux de ses poèmes, notamment l’un de ses plus célèbres, La chevelure, mais bien d’autres encore dont certains, ont été condamnés par la cour en 1857, jugés trop licencieux, sur les sujets de l’amour libre et du lesbianisme.

Outre Jeanne et Charles, on croise de grands noms de la littérature ou des arts comme Victor Hugo, Théophile Gautier, Nadar, Gustave Flaubert… Il a aussi rencontré de grands peintres : Eugène Delacroix, qu’il admirait et qui lui fera un portrait, Gustave Courbet avec L’atelier du peintre où Charles et Jeanne sont présents même si Jeanne fut ensuite effacée. Jeanne, d’ailleurs, a elle aussi son portrait, avec La maîtresse de Baudelaire peint par Édouard Manet à la demande du poète.

Cerise sur le gâteau : l’autrice a eu la très bonne idée de mettre à la fin de l’ouvrage les poèmes entiers de Baudelaire dont elle parle dans le livre et qui sont généralement ceux inspirés par Jeanne Duval. Elle a mis aussi ceux qui ont été longtemps interdits. J’ai beaucoup aimé replonger dans les vers et les mots de ce poète.

En bref, un très bon livre que je conseille à tous vivement et je remercie Babelio et les éditions Ecriture pour leur confiance.

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