Une étreinte furtive avec Anna, un bout de nuit, et Arnljotur s’est retrouvé père d’une petite fille. A vingt-deux ans, il abandonne sa famille et quitte sa terre d’Islande, avec dans ses bagages, quelques boutures de Rosa candida, une rose à huit pétales qu’il cultivait avec sa mère. Il part redonner vie à une roseraie à l’abandon dans un monastère gardé par un moine cinéphile. Un jour, Anna réapparaît pour lui confier sa fille, Flora Sol. Et si l’amour pouvait naître ?
Voici ma toute première incursion dans la littérature nordique avec ce roman islandais d’Audur Ava Olafsdottir, très doux et délicat mais qui m’est apparu aussi un peu fade et facile, dégoulinant de bons sentiments. On fait la connaissance de notre jeune héros Arnljótur, 22 ans au compteur, qui est sur le point de quitter la maison familiale. Il vit avec son père, presque octogénaire et il retrouve chaque week-end son frère jumeau autiste qui vit dans un foyer spécialisé. Son double, très différent physiquement, est emmuré dans son silence depuis sa naissance. Toute la famille vit douloureusement l’absence de la mère, décédée d’un accident de voiture, au beau milieu d’un champ de lave. Le père est inconsolable car il était âgé d’une vingtaine d’années de plus que sa femme, et Arnljótur a perdu celle avec qui il avait un lien tout particulier : le jardin et la serre où elle cultivait une variété rare de Rosa candida à huit pétales. C’est dans cette serre qu’un an et demi plus tôt, il a aimé, le temps d’un quart de nuit, Anna, la petite amie de son meilleur ami. Il apprendra quelques mois plus tard que suite à cette étreinte éphémère, il va être père. Notre héros ne se défile pas et ce bébé tombé du ciel, il compte bien s’en occuper, il va d’ailleurs assister à la naissance de sa fille, prénommée Flora Sol, un 7 août, le jour de la naissance et de la mort de sa propre maman.
Quelques mois plus tard, il décide de se consacrer entièrement aux roses et à la botanique et il part pour une ancienne roseraie du continent, avec dans ses bagages deux ou trois boutures de Rosa candida. Je vous passe l’épopée qui l’amène dans un hôpital et dans un gite forestier qui m’a ennuyée. Arnljótur part sans le savoir à la rencontre d’Anna et de sa petite fille, là-bas, dans un autre éden, oublié du monde et gardé par frère Thomas, un moine cinéphile, qui va devenir son confident. Dans cet endroit dont il ne maitrise pas la langue, il est chargé de remettre en état le jardin du monastère, totalement laissé à l’abandon par la communauté de frères, qui préfèrent s’occuper de manuscrits plutôt que de jardinage. Un travail dont il s’acquitte fort bien et qui lui permet de gagner en indépendance et de mettre une distance entre son frère « demeuré » (c’est le terme employé par le héros qui me choque beaucoup car pour moi un autiste n’est pas un demeuré du tout) et son père vieillissant à qui il doit constamment expliquer les recettes de cuisine de sa femme défunte. On sent le père et le fils déboussolés et perdus depuis la disparition de cette femme, véritable épicentre de la famille.
Arnljótur est aussi, comme tous les hommes de cet âge, très immature et plutôt naïf. Totalement obnubilé par les corps, il se pose aussi beaucoup de question sur la vie et la mort, et sur son rôle finalement inexistant de père. La vie s’écoule ainsi jusqu’à la réception d’une lettre, celle d’Anna, qui lui demande de garder Flora Sol le temps qu’elle finisse son mémoire. La jeune femme, de deux ans plus âgée, poursuit des études de génétique, et elle a besoin d’aide.
Rosa Candida a été le coup de coeur de bon nombre de lectrices et j’avoue que j’ai du mal à comprendre pourquoi. Certes, ce récit nous relate de façon très délicate et agréable à lire, le parcours initiatique d’un jeune homme contraint de prendre ses responsabilités pour la première fois de sa vie et devenir adulte. J’ai trouvé le sujet original, celui d’un jeune homme qui devient père au contact de sa fille, mais je n’ai malheureusement pas été touchée, notamment à cause de scène pas crédibles pour un sou, et la fin, très ouverte, m’a laissé sur ma faim.
Si vous avez envie d’une lecture mélancolique, romantique, doudou, Rosa Candida est pour vous, sinon passez votre chemin, vous risquez d’être déçue !
Lu dans le cadre des challenges La plume au féminin édition 2013, Le tour du monde en 8 ans, A tout prix (Prix des libraires du Québec 2011) :