Judith Elmaleh est auteure et metteuse en scène pour le théâtre, la télévision et le cinéma. Une reine est son premier roman.
Casablanca, au siècle dernier. Mimi n’a jamais porté une aussi belle robe. Depuis le matin, sa mère et sa sœur s’affairent autour d’elle. À quatorze ans, c’est la première fois qu’elle est invitée à un tel banquet et ainsi mise à l’honneur.
Paris, de nos jours. Pour la seconde fois, Anna divorce. Tandis que les déménageurs s’activent, elle observe, sidérée, sa vie qui vient d’éclater en morceaux, et mesure ce qui lui reste à accomplir : dénicher un nouvel appartement, élever ses deux enfants comme si de rien n’était – et s’organiser avec leurs pères respectifs –, décrocher ce job de scénariste dont elle a besoin… Mais en a-t-elle seulement la force ?
Sur un coup de tête, Anna décide d’aller reprendre son souffle à Casa, chez sa grand-mère, dans cet appartement où tout est à sa place. Un monde et deux générations séparent ces deux femmes. Face à sa petite-fille désorientée, Mimi va peu à peu lever le voile sur des secrets de famille jusqu’alors bien gardés…
Une reine est le premier roman de Judith Elmaleh et j’espère bien qu’elle n’en restera pas là car ce récit fut une très belle découverte.
Avec ce roman, l’autrice raconte l‘histoire de deux femmes, Mimi, la grand-mère et Anna, sa petite-fille. Deux générations. Deux histoires. Deux femmes en quête d’elles-mêmes. Et surtout une histoire inspirée du vécu de la grand-mère de Judith Elmaleh, ce qui la rend encore plus poignante.
Le roman s’ouvre sur Simha, ses mots, l’innocence de celle qui n’a que quatorze ans et qui ne se doute pas de ce qui l’attend en cette journée où on la pare avec soin et élégance. Puis, c’est Anna qui entre en scène, c’est elle qui va découvrir le passé de sa grand-mère et qui nous raconte son quotidien de femme sur le point de divorcer pour la seconde fois.
Nous ne sommes pas, en dépit de ce que la quatrième de couverture pourrait nous laisser penser, dans un roman à double temporalité. C’est Anna, qui de nos jours, est la narratrice de cette histoire et qui, totalement éberluée, découvre tout un pan de l’histoire familiale dont elle ignorait tout.
Son retour aux sources nous fait découvrir le quotidien de sa grand-mère juive marocaine, les coutumes anciennes de ce pays, les traditions juives très éloignées de sa vie parisienne. Anna se remémore son enfance, les repas de famille bruyants et exubérants et surtout apprend les secrets et non-dits bien cachés depuis plusieurs dizaines d’années qui entourent Mimi.
Les révélations de Mimi vont être un choc pour Anna qui va s’interroger sur son identité son rapport aux hommes et à la faillite de ses deux mariages. Ses problèmes ne viendraient-ils pas de tous ces mensonges et secrets enfouis ?
J’ai beaucoup aimé ce récit qui m’a serré le cœur. Anna est une femme attachante à laquelle on peut facilement s’identifier puisqu’elle doit mener de front ses enfants et son travail, jongler entre les rendez-vous professionnels et personnels, ce que l’on connaît bien toutes à partir du moment où l’on devient maman.
Mais j’ai eu un coup de cœur pour Mimi, femme de l’ombre, sacrifiée sur l’autel familial. Sa vie m’a émue, sa personnalité, dure en apparence, se comprend aisément par tout ce qu’elle a vécu, subi, sans jamais avoir son mot à dire. J’ai dévoré avec avidité et d’une traite cette histoire tant il m’était impossible de quitter Mimi et Anna.
Un très beau premier roman que je vous conseille vivement et un grand merci aux éditions Robert Laffont pour cette très belle lecture.