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Archive for the ‘Romans graphiques et bd’ Category

Elève de l’école Emile Cohl, Claire Martin obtient en parallèle un Diplôme Universitaire d’Anthropologie et d’Image Numérique (DUAIN). Elle achève sa formation avec un stage durant lequel elle participe à la réalisation d’un webdocumentaire sur l’autisme, tout en motion design.

1630, Saint-Empire Garmanique, Cologne. En Europe, la guerre de trente ans fait rage, laissant derrière elle son cortège de famines, d’épidémies et de morts.

Cologne est en proie à la pauvreté, et son prince-évêque, Ferdinand de Bavière, règne en maître. il s’est donné pour mission d’éradiquer les sorcières de la ville.

Tandis que les bûchers illuminent le ciel, Garance, une sage-femme réputée, mène une vie paisible. Sa rencontre avec Elsa, une jeune femme issue de la noblesse, va bouleverser son existence. Confrontée à un dilemme moral, elle devra choisir entre ses valeurs religieuses et sa compassion pour les femmes qui traversent des situations difficiles.

Un choix lourd de conséquences dans une société où l’inquisition, en guerre contre la sorcellerie, exerce sa justice impitoyable et irrationnelle. La solidarité leur permettra-t-elle d’échapper à un destin funeste ?

Avec L’herbe du diable, Benjamin Laurent au scénario et Claire Martin aux illustrations, nous plongent au coeur des chasses aux sorcières qui voient leur apogée au XVIIè siècle.

Et qui sont en première ligne ? Les femmes bien sûr et plus particulièrement les accoucheuses et les guérisseuses, ces femmes célibataires qui vivent souvent en marge de la société et qui connaissent si bien les plantes.

Garance est une de ces sages-femmes et en ces temps difficiles, elle fait ce qu’elle peut pour venir en aide aux femmes tout en respectant la foi catholique et ses préceptes. Alors que la belladone (l’herbe du diable) est interdite par l’Inquisition, elle voit son mentor Adélaïde monter au bûcher.

Bien qu’elle soit soutenue par le prêtre de sa paroisse, révulsé de voir partir des charrettes entières de femmes innocentes, elle se voit poursuivie pour sorcellerie sans preuve aucune. Ce qui est très intéressant ici c’est de voir la solidarité féminine se déployer, il y a une réelle sororité tout au long du récit.

Pour bâtir son intrigue, Benjamin Laurent s’est appuyé sur des personnages ayant réellement existé dans cette ville de Cologne catholique alors que le reste de l’Empire devient peu à peu protestant.

L’histoire est très intéressante et bien entendu révoltante. Ce roman graphique explique bien le mécanisme de cette chasse aux sorcières, le rôle de l’Inquisition, les simulacres de procès, la vindicte populaire qui soutient ces mises à mort dans un contexte de superstition lié à la famine.

J’ai beaucoup aimé les graphismes de Claire Martin, les couleurs employées volontiers vives telles que le bleu, l’ocre, le vert… suivant les situations. Les personnages, expressifs, sont très bien croqués. La mise en page joue volontiers sur des formats différents et se révèle très dynamique

Cerise sur le gâteau, il y a un cahier explicatif en fin d’ouvrage qui précise le contexte historique, les personnages, le rôle des sages-femmes, la chasse aux sorcières, les plantes…

Une bande dessinée très réussie que je vous recommande vivement et j’en profite pour remercier Babelio et les éditions Jungle pour leur confiance.

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Rare auteur dont le groupe sanguin est BD (véridique !), Jack Manini utilise aussi bien la plume pour dessiner qu’un clavier pour écrire des histoires, mais il mixe rarement les deux ! Pour lui, BD et sports de combats ont toujours été étroitement liés. En 2018, il raconte et dessine l’histoire de l’incroyable poète dada et boxeur « Arthur Cravan » !

Étienne Willem a suivi des études d’histoire à l’université de Liège. Il a réalisé la série L’Épée d’Ardenois en mettant en scène des personnages animaliers dans un contexte médiéval. Puis il travaille sur une série d’inspiration steampunk Les ailes du singe. Il signe chez Grand Angle la série La fille de l’exposition universelle avec Jack Manini au scénario.  Il rejoint l’écurie Drakoo en 2020 avec l’album Les Artilleuses avec Pierre Pevel au scénario.

Mai 1855 – Alors que Napoléon III va inaugurer à Paris l’Exposition universelle, sa maîtresse Maria Zambelli est retrouvée pendue au pont de l’Alma. Elle a refusé d’empoisonner l’empereur et l’a payé de sa vie.

Malgré sa mort, les complotistes ne désarment pas et jettent leur dévolu sur un autre proche de l’empereur  : le colonel Ferrand. Ils enlèvent sa femme, une princesse algérienne, pour le forcer à accomplir le régicide.

Le colonel va alors faire appel à Julie Petit Clou. Elle a 12 ans et a des dons de divination. Ils ont peu de temps pour identifier les conspirateurs  : Ferrand a instruction de tuer l’empereur à son arrivée à l’Exposition Universelle…

Après Londres en 1851, Paris a sa grande exposition universelle, la deuxième de l’histoire. Les produits de toutes les nations peuvent y être exposés.

C’est ce cadre qu’a choisi Jack Manini pour décor à La fille de l’exposition universelle, premier volet d’une trilogie de bandes dessinées qui m’a beaucoup plu en tant que grande amatrice d’Histoire.

Julie Petit-Clou, douze ans est l’héroïne de cette aventure. Julie a un « don » : elle dispose de l’art de la divination. Dit comme cela, on pourrait croire que c’est une aubaine car cela permet de faire bouillir la marmite familiale mais ça lui procure aussi des cauchemars dans lesquels elle voit des choses horribles.

De par son art de la divination, Julie va être mêlée à l’enlèvement de l’épouse algérienne d’un brillant colonel, ami intime de Napoléon III, la splendide Fella.

Le scénario mitonné par Jack Manini nous plonge dans le contexte de l’époque où Napoléon III règne sans partage après son coup d’état de 1851. Ceux qui s’étaient battus contre lui, sont contraints à l’exil en Algérie où ils ont pris possession de terre en dépossédant les algériens.

Un épisode peu glorieux de notre Histoire qui ne nous est pas enseigné et dont j’ignorai tout. Cette bande dessinée se révèle bien documentée et fort instructive, je l’ai trouvé très chouette de ce point de vue d’autant qu’elle mêle petite et grande histoire, humour, aventure et complot. Le dénouement m’a surprise car je n’ai trouvé à aucun moment la personne qui était derrière ce complot visant à éliminer l’empereur.

La mise en image par Etienne Willem est très réussie, comme toujours. Comme avec Les artilleuses, il a le don d’imprimer un rythme à l’histoire, à rendre l’histoire très vivante. Son trait de crayon enlevé nous offre des personnages aux mines très expressives, le tout dans des décors qui restituent l’ambiance de l’époque.

Certaines vues de Paris sont à couper le souffle et cette bd me confirme tout le bien que je pense de son travail, je compte bien découvrir les autres bandes dessinées auxquelles il a participé.

Et enfin, cette BD ne serait pas aussi aboutie sans la palette de couleurs de l’Allemande Tanja Wenish. La même qui s’est chargée de la mise en couleurs de la trilogie Les Artilleuses, toujours à partir des formidables dessins de Willem.

La fille de l’exposition universelle raconte des drames, même s’il y a aussi de l’humour, et cela s’en ressent dans le choix des couleurs majoritairement grisâtres, brunes, ocres. Le contraste est saisissant quand on compare son travail avec celui accompli dans « Les Artilleuses » où il y a bien plus d’aventures que de drames, et où les couleurs éclatent.

Cerise sur le gâteau, on trouve à la fin de l’album un carnet qui nous relate l’exposition universelle de 1855 avec une visite guidée des pavillons et une présentation des différentes inventions proposées aux visiteurs.

Une bande dessinée historique que je vous recommande vivement !

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Agrégé de philosophie, Jérôme Vermer a suivi une formation scientifique de haut niveau. Grâce également à son expérience du medium bande-dessinée et son goût de l’enseignement, il est le garant de la précision du propos développé dans Philocomix. Il vit à Bruxelles. Producteur, éditeur et consultant, Jean-Philippe Thivet a travaillé pour des marques prestigieuses, au service d’univers renommés et auprès d’auteurs internationalement reconnus. Il vit à Bruxelles.

Littérature, mathématiques, société ou encore philosophie : les réflexions et les avancées de nos civilisations antiques et modernes sont-elles l’apanage des hommes ?

Les autrices et auteurs de Libres de penser reviennent sur dix personnalités féminines auxquelles l’Histoire n’a, pour la plupart, pas rendu hommage malgré leur avance évidente sur leur temps.

De l’Antiquité au XXè siècle, nous découvrons, entre autres, Sei Shonagon et ses innovations littéraires, Christine de Pizan et sa recherche de sagesse par l’érudition ou encore Simone de Beauvoir et ses réflexions novatrices sur l’égalité des sexes.

Dix femmes très célèbres en leurs temps mais un peu tombées dans l’oubli comme trop souvent hélas. Aux scénarios et dialogues, un agrégé de philosophie, Jérôme Vermer et une agrégée d’histoire, Anne Idoux-Thivet nous dressent le portrait de dix femmes innovantes dont les modes de pensée ont traversé les âges et les frontières.

Si je connaissais quelques femmes de cette anthologie telles que Hildegarde de Bingen, Christine de Pizan, Hypathie d’Alexandrie, Louise Michel, Nathalie Sarraute et Simone de Beauvoir, j’ignorais tout de Cléobuline qui ouvre le recueil et qui a vécu au VIè siècle avant notre ère, Sei Shônagon une japonaise du Xè siècle, Gabrielle Suchon qui a vécu au XVIIè siècle et Etty Hillesum qui a péri à Dachau sous la barbarie nazie.

J’ai trouvé cet ouvrage synthétique, clair et bien fait. Chaque philosophe est remise dans son contexte historique sur la première page qui lui est consacrée, puis les auteurs nous retracent sa vie et surtout sa philosophie à l’aide de 4 à 5 leçons qui résument sa pensée. Chaque leçon est ensuite mise en valeur par une phrase dans un encadré qui permet de comprendre des concepts parfois pas toujours très simples.

Même, si comme moi, vos cours de philosophie appartiennent au XXè siècle et sont largement oubliés, cet ouvrage conçu pour les néophytes est bien pensé et réalisé.

Le format BD est très bien adapté pour retracer ces dix philosophies. Le travail de Marie Dubois est vraiment très chouette et met bien en valeur chacune de ces femmes. J’ai beaucoup aimé sa façon de dessiner, le choix de ses couleurs en fonction de chaque personnalité et époque.

En bref, un bon ouvrage de vulgarisation philosophique qui éclaire le parcours et la pensée de dix femmes toutes très différentes mais exceptionnelles chacune dans leur genre, je vous le recommande si le sujet vous intéresse.

Un grand merci aux éditions Rue de Sèvres pour cette lecture très enrichissante.

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Né en 1982, Léonard Chemineau se fait remarquer pour la première fois au concours Jeunes Talents 2009 du Festival d’Angoulême. Ingénieur de formation, il est spécialiste de l’environnement et du développement durable, mais choisit de se consacrer aujourd’hui à la bande dessinée.

Paris, décembre 1895. Au théâtre de la Renaissance, la grande et sublime Sarah Bernardt, joue pour la première une pièce en vers d’un jeune poète inconnu : La princesse lointaine.

La salle est pleine à craquer car le directeur du théâtre a lancé des invitations au Tout-Paris, comptant sur un succès. Le poète méconnu escompte bien quant à lui se faire un nom ce soir : Edmond Rostand.

Hélas pour l’un et pour l’autre, la pièce est un four et ne restera à l’affiche qu’une toute petite semaine. Pour Rostand, ce cuisant échec est une plaie ouverte qui mettra deux ans à cicatriser.

Fin 1897, Sarah Bernardt rend visite à Rostand, porteuse d’une excellente nouvelle : elle a convaincu son ami, le grand Constant Coquelin, le plus grand des comédiens, de jouer le rôle titre de sa prochaine pièce.

Seul problème, Edmond n’a pas écrit une ligne, l’inspiration l’ayant quitté le soir de la première de La princesse lointaine. Il se rend tout de même à l’invitation de Coquelin et se laisse convaincre d’écrire une pièce en vers dont le titre sera Cyrano de Bergerac.

Edmond est l’adaptation très fidèle de la pièce éponyme écrite par l’excellent Alexis Michalik. J’avais beaucoup aimé la pièce et le film, ne manquait plus que ce roman graphique à mon escarcelle et c’est désormais chose faite !

Aux manettes de cette adaptation très réussie, Léonard Chemineau, qui signe à la fois le scénario et les dessins avec beaucoup de talent, de rythme et d’humour.

Nous glissons nos pas dans ceux d’Edmond Rostand et nous plongeons avec délectation au cœur de la création d’une des plus grandes pièces du théâtre français : Cyrano de Bergerac.

Une création qui ne se fait pas sans mal, entre un auteur en manque d’inspiration, un acteur privé de scène, des problèmes financiers…

Avec un humour jubilatoire et une imagination échevelée, Léonard Chemineau sert fidèlement l’oeuvre d’Alexis Michalik et c’est un vrai bonheur de retrouver l’ambiance de la pièce et du film qu’il adapte tellement bien.

C’est une version romanesque de la genèse de Cyrano de Bergerac avec moult péripéties mais on retrouve aussi les passages emblématiques de l’œuvre. De trois actes, on passe à cinq, d’une comédie on passe à un drame. C’est drôle, bouillonnant, réjouissant… je manque d’épithètes tant je suis sous le charme.

Vous l’aurez compris, c’est une vraie réussite que je vous conseille vivement !

Un grand merci aux éditions Rue de Sèvres pour cette lecture, j’ai adoré.

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Nadja Spiegelmann est scénariste, rédactrice en chef de The Paris Review et chef du projet Resist ! un magazine féminin de bandes dessinées politiques. Sergio Garcia est à la fois enseignant, publicitaire, dessinateur de presse et bien plus encore…

Blancaflor est une jeune femme ayant hérité d’extraordinaires pouvoirs de son père, un ogre méchant qui mange ses adversaires pour le dîner. Lorsqu’un prince tombe du ciel et se réveille sur ses genoux, elle tombe immédiatement amoureuse.

Sur invitation de l’ogre, celui-ci est venu relever une série d’épreuves à l’issue desquelles il cédera son royaume ou remportera celui de son adversaire.

Mais le jeune homme ne se doute pas qu’il s’agit là d’un plan imaginé par l’ogre, qui le mènera irrémédiablement à sa perte. Sans le lui faire savoir, Blancaflor remuera ciel et terre pour lui venir en aide, et donner une chance à leur histoire. 

Avec Blancaflor, Nadja Spiegelman au scénario et Sergio García Sánchez aux illustrations, réactualisent et réinventent avec brio un conte classique latino-américain vantant la force et l’ingéniosité des femmes.

L’héroïne, Blancaflor, est un personnage puissant, sensible et haut en couleurs qui saura se servir de sa magie pour faire triompher son amour en dépit des pièges tendus par son ogre de père.

Blancaflor raconte l’histoire d’une jeune femme qui défie son père tout puissant et aide l’homme qu’elle aime au moyen d’objets féminins (un peigne, un miroir et un savon). Une héroïne qui a le pouvoir de changer les pierres en farine puis en pain.

Je ne connaissais absolument pas ce classique de la littérature d’Amérique du Sud, emprunt à une très ancienne légende maya, et j’ai beaucoup aimé ce récit très « girl power » où l’héroïne dotée de pouvoirs magiques se révèle intelligente et courageuse.

Ce conte est l’un des plus anciens et des plus répandus au monde. Il a voyagé de la Norvège à l’Irlande, de l’Espagne aux Amériques. Dans certains pays, on retrouve la même trame avec une jeune fille toujours habile.

Contrairement aux contes de fées européens, la femme forte est un thème récurrent de la culture latine et Blancaflor en est un bel exemple puisque cette jeune fille indépendante trouve en elle la force de surmonter les obstacles et de triompher face à l’adversité.

Mais surtout les contes d’Amérique latine nous enseignent que, comme dans l’histoire de Blancaflor, la magie se trouve en chacune de nous et qu’on peut déplacer des montagnes.

Cette bande dessinée nous propose une version réactualisée et réinventée de cette histoire et je l’ai vraiment bien aimé. Certes, les dessins ne sont pas ceux que je préfère, mais je trouve les couleurs bien choisies et la mise en page très rythmée nous fait tourner les pages à une vitesse folle.

Un grand merci aux éditions Rue de Sèvres pour cette découverte que je vous conseille si son féminisme vous séduit autant que moi !

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Rachel Smythe est auteure-illustratrice Néo-Zélandaise, nommée aux Eisner Awards et aux Ringo Awards et publié sur Webtoon. Traditions d’Olympus est son premier roman graphique, une étoile montante à suivre !

Perséphone, jeune déesse du printemps, est nouvelle au Mont Olympe. Sa mère, Déméter, l’a élevée exprès dans le royaume des mortels, pour la protéger des tentations.

Mais après que Perséphone lui a promis de s’entraîner comme vierge sacrée, elle est autorisée à aller à l’université et à vivre dans le monde glamour et trépidant des dieux.

Lorsque sa colocataire, Artémis, l’emmène à une fête, sa vie entière change : elle y rencontre Hadès et l’étincelle est immédiate avec le souverain charmant mais incompris des Enfers.

Tout s’accélère alors, Perséphone doit maintenant naviguer entre les jeux stratégiques et les relations déroutantes qui régissent l’Olympe, tout en trouvant sa place et en affirmant son pouvoir.

Avant d’être un roman graphique, Lore Olympus est La série phénomène n°1 sur Webtoon. Mon fils aîné est un grand fan de cette plateforme sur laquelle il lit chaque jour ses séries préférées et comme il adore la mythologie grecque, ce récit signé Rachel Smythe ne pouvait que lui plaire, c’est ainsi qu’il a atterri dans mes mains !

L’autrice nous propose ici la réécriture contemporaine de l’une des histoires les plus connues de la mythologie grecque : l’histoire d’amour surprenante entre Perséphone et Hadès ! On y croise d’autres personnages célèbres de l’Olympe comme les frères d’Hadès, Zeus et Poséidon mais aussi Héra, Aphrodite, Apollon, Eros… De quoi réviser ses connaissances en mythes grecs !

Et franchement, j’ai passé un bon moment de lecture avec cette bd. J’ai aimé les personnages et la manière donc ils sont retranscrits en dessin. Chaque personnage a sa propre couleur, on les identifie du coup très bien, bien joué Rachel Smythe !

Les planches sont rythmées, le découpage est plutôt chouette et les thèmes abordés sont actuels et importants au temps de l’amour 2.0, d’où le succès auprès des ados car l’histoire, les situations dans lesquelles sont plongés nos héros sont proches de celles qu’ils vivent. Il y aussi pas mal d’humour, ce que j’ai bien apprécié aussi.

Les personnages de Perséphone et d’Hadès sont attachants et leur romance donne envie de continuer à découvrir leur histoire au fil des volumes. Rachel Smythe aborde aussi d’autres amours de l’Olympe mais tout tourne autour de ces différentes love stories, mieux vaut le savoir si ce n’est pas votre tasse de thé.

Un premier tome très introductif mais prometteur, nous lirons donc la suite avec plaisir dès qu’elle arrivera dans notre médiathèque !

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Pascale Frey est journaliste culture et chroniqueuse littéraire au magazine Elle où elle s’occupe également du prix des lectrices. Soledad Bravi est diplômée de l’ESAG en 1988 et l’auteur de nombreux livres chez différents éditeurs (Gallimard, Seuil, Mila Editions) et dessine pour le magazine Elle.

Vous n’avez toujours pas lu Le portrait de Gargantua ? Vous ne vous rappelez plus pourquoi Le mystère de la chambre jaune a connu un grand succès dès sa parution ni comment se termine La bête humaine ? Vous n’avez jamais osé lire Faust, La cloche de détresse ou La duchesse de Langeais ?

Rassurez-vous, vous n’êtes pas seul(e)s ! Soledad Bravi et Pascale Frey l’ont bien compris et viennent à notre rescousse en convoquant toujours avec humour et pour notre plus grand plaisir, une nouvelle sélection des plus grandes œuvres classiques ! 

En quelques cases, elles nous proposent une synthèse de vingt-deux grands classiques de la littérature française et étrangère, l’occasion de se rafraichir la mémoire ou de découvrir certains monuments qui font un peu peur, il ne faut pas se le cacher.

Ce tome 5 de Avez-vous lus les classiques de la littérature ? met en lumière des romans, nouvelles et des pièces de théâtre de la littérature française et étrangère, écrits par dix-neuf hommes et trois femmes, pour la plupart parus entre le début du 19è et la fin du 20è siècles. De Gargantua à La vie devant soi en passant par Candide, Le dindon, La condition humaine ou Les aventures de Pinocchio. De Moby Dick à Knock en passant par Petit déjeuner chez Tiffany, Le pavillon d’or, Le journal d’Anne Franck ou Hamlet et bien d’autres, il y en a pour tous les goûts !

Après quatre excellents tomes, Soledad Bravi illustratrice qu’on ne présente plus et Pascale Frey, journaliste littéraire à ELLE, récidivent et nous proposent un cinquième opus tout aussi réussi. Elles nous proposent des résumés malicieux et pétris d’humour qui dépoussièrent des œuvres vieilles de quelques dizaines d’années à plusieurs siècles.

Pourquoi ces titres et pas d’autres ? Et pourquoi si peu de femmes ? Mystère et boule de gomme c’est la seule chose que je reproche à cet ouvrage : ne pas avoir expliqué les choix de Soledad Bravi et Pascale Frey.

Chaque ouvrage est d’abord présentée par Pascale Frey sous forme d’une note d’une dizaine de lignes, accompagnée d’une courte biographie de l’auteur(e) concerné(e).

Puis c’est au tour de Soledad Bravi de résumer l’ouvrage en images et en quelques mots sur quatre à cinq pages de manière humoristique à grands renforts de renvois à la culture populaire à travers des phrases de chansons et du vocabulaire très actuel. Ce système fait d’anachronismes fait mouche à chaque fois !

Une BD synthétique, intelligente, pédagogique et claire à mettre entre toutes les mains dès l’adolescence, peut-être que nos chères têtes blondes sortiront un peu de leur zone de confort et se dirigeront vers des classiques, tout comme les lecteurs et lectrices adultes qui ne gardent pas forcément de bons souvenirs des classiques étudiés au collège ou au lycée et qui craignent parfois de se lancer dans ce genre de lectures.

Un grand merci aux éditions Rue de Sèvres pour cette lecture éclairante et amusante, en espérant qu’elle puisse permettre à tous de repartir sur de bonnes bases ! Une série que je vous recommande !

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Née en 1889, comme Charlie Chaplin, Jeanne Roques, dite Musidora est la « Première Vamp » et la première icône féminine de l’histoire du cinéma.

En 1915, les murs de Paris se couvrent d’étranges affiches sur lesquelles apparaissent une femme cagoulée, ainsi que les mentions « Qui ? Quoi ? Quand ? Où ? »…

C’est le lancement de la série cinématographique « Les Vampire ». La France découvre alors Musidora, amie de Colette et des poètes, égérie en collants noirs qui va hanter les toits de Paris et soutenir le moral du pays en guerre…

Avec Musidora : elle était une fois le cinéma, Arnaud Delalande au scénario et Nicolas Puzenat aux illustrations, ont eu la bonne idée de mettre en lumière une pionnière du cinéma tombée dans l’oubli.

Avec ses yeux noirs soulignés de kohl, sa peau blanche, son maquillage un peu inquiétant et sa garde-robe exotique, Musidora est l’une des plus populaires et des plus emblématiques actrices du cinéma européen pendant la première guerre mondiale.

Elle tourne toute une série de films avec les réalisateurs-maison, arrachés les uns après les autres à leur travail par la mobilisation. Drames historiques, comédies burlesques, bandes patriotiques, scènes sentimentales se succèdent de 1914 à 1917.

Fin 1915, Louis Feuillade, rendu à la vie civile, lui offre le rôle de sa vie, celui d’Irma Vep dans Les Vampires, un film en dix épisodes, un rôle de vamp et de femme fatale qui lui apporte la gloire et l’installe définitivement dans la mythologie du cinéma

Amie de Colette et de Pierre Louÿs, muse des Surréalistes, Musidora n’est pas qu’une actrice, c’est aussi une journaliste, une écrivaine, une réalisatrice, une scénariste et une productrice de cinéma.

Loin d’être une biographie qui a pour vocation de retracer la vie de Jeanne Roques de A à Z, Arnaud Delalande s’attache à nous montrer Musidora à son apogée et nous entraîne dans les coulisses de la réalisation de films pendant la première guerre mondiale et c’est diablement intéressant.

Grâce aux planches très réalistes de Nicolas Puzenat, on voit le travail de Louis Feuillade, grand réalisateur du temps du muet et ancien assistant de la première réalisatrice Alice Guy, le tournage des scènes et l’envers du décor de cette époque fourmillante de créativité.

Si vous vous intéressez aux balbutiements du cinéma, je ne peux que vous inciter à vous intéresser à Musidora, première star française de cinéma !

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Salut, l’Amérique ! Je suis venu te conquérir ! Il n’est pas une femme, un homme, un enfant, qui n’aura pas mon nom aux lèvres ! Laurent Seksik et David François explorent la vie tumultueuse de l’un des plus grands artistes de tous les temps dans un triptyque intimiste et flamboyant.

Après avoir connu ascension fulgurante, succès incontesté et premiers échecs, Charlie Chaplin traverse, à l’aube de ses 40 ans, une période de doutes. 

Désintéressé par les louanges d’Hollywood, et surtout marqué par la misère sociale et l’instabilité politique grandissante, le prodige du cinéma envisage de mettre un terme à sa carrière.

C’est sa rencontre avec l’actrice Paulette Goddard qui lui donnera un nouveau souffle créatif et lui permettra de prendre le virage dont son oeuvre avait besoin.

Délaissant la comédie au profit d’un ton plus engagé, Chaplin s’attelle à ce qui resteront ses films les plus marquants : Les Temps Modernes et Le Dictateur.

Chaplin contre John Edgar Hoover est le dernier volume du triptyque consacré à l’immense Charlie Chaplin qui court de 1929 à sa consécration aux Oscars de 1972.

Comme je vous le confessais sur Instagram (abonnez-vous ici si vous ne m’y suivez pas encore car j’y dévoile mes réceptions livresques, mes premières impressions de lectures…), je suis une grande admiratrice de Charlie Chaplin, un génie du 7ème art tour à tour acteur, réalisateur, producteur, musicien, scénariste de ses films, créateur de l’iconique personnage de Charlot, ce vagabond au grand coeur.

Mais si je connais assez bien l’œuvre, la vie de cet artiste m’est inconnue, heureusement ce triptyque proposé par Laurent Seksik au scénario et David François aux graphismes, m’a permis de découvrir l’Homme derrière l’Artiste car l’auteur explore aussi les zones d’ombre de la vie de Chaplin.

Il ne faut pourtant pas croire que ce roman graphique est une biographie linéaire de Charlie Chaplin, elle a plutôt pour vocation de mettre certains éléments de sa vie personnelle en lumière. Dans cet ultime volume, Laurent Seksik s’attache à démontrer le Chaplin engagé et c’était diablement intéressant.

Celui qui va dénoncer le capitalisme et la vie industrielle dans Les temps modernes et le nazisme dans Le dictateur, deux films que j’adore et que je vous invite à découvrir si vous ne les connaissez pas. On voit dans cet opus, l’influence qu’a eu l’actrice Paulette Goddard, sa troisième épouse, sur son oeuvre, ce dont je ne me doutais absolument pas.

Ses prises de position et ses mœurs pour le moins dissolues, notamment son goût pour les très jeunes filles, vont le mettre dans le collimateur de John Edgar Hoover, le puissant et intouchable patron du FBI qui va profiter de sa liaison avec Joan Barry, pour nuire à sa réputation en menant une violente campagne de diffamation.

Les dessins très colorés de David François en couleur servent bien le propos, j’ai beaucoup aimé cette maîtrise des couleurs même si, j’avoue, je goûte peu sa façon de dessiner les visages.

Il y a des changements de rythme bien vus : tantôt un seul dessin par page, tantôt des grandes cases sur fond noir à l’horizontale ou un découpage plus classique, tous ces changements apportent une dynamique que j’ai vraiment apprécié.

Si l’on sent que les auteurs vouent une profonde admiration à leur sujet, Chaplin est loin d’être une hagiographie puisque les côtés sombres de la personnalité de l’acteur ne sont pas passés sous silence : on l’observe tour à tour lâche, séducteur, ambitieux, en un mot, pas si sympathique que ça, contrairement à son double à l’écran, et c’est ce qui m’a plu aussi ici.

Un troisième volume réussi que j’ai eu plaisir à lire et que je vous conseille de découvrir à votre tour.

Un grand merci à Doriane et aux éditions Rue de Sèvres pour cette lecture, j’ai adoré !

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Titulaire d’un Diplôme national d’arts plastiques et d’un diplôme national d’arts et techniques, RUN explore les débuts de l’ère numérique avec Teamchman, éditeur multimédia dont il devient directeur artistique de 2000 à 2003. Il publie le premier tome de Mutafukaz chez Ankamaet créé le Label 619 qu’il dirige seul pendant 13 ans.Florent Maudoux est diplômé en cinéma d’animation à l’école des Gobelins. Sa collaboration avec Run et le Label 619 débute en 2008 avec titre qui est immédiatement un succès auprès d’un public adolescent et jeune adulte de tout genre (Freaks’ Squeele en 7 tomes). Il multiplie depuis les expériences au sein du Label.

Los Angeles, janvier 1947. Le corps sans vie atrocement mutilé d’une jeune femme est retrouvé sur un terrain vague. Ce meurtre, toujours non élucidé à ce jour, a enflammé l’Amérique et marqué au fer rouge l’imaginaire collectif : le mythe de « l’affaire du Dahlia noir » est né.

75 ans plus tard, le monde entier s’interroge encore sur l’identité du tueur, mais peu se sont réellement intéressés à la victime. À quoi ressemblait la vie d’Elizabeth Short, apprentie actrice qui rêvait d’être une star, avant de devenir célèbre dans la mort ?

Avec A Short story : La véritable histoire du Dahlia Noir, Run aux textes et Florent Maudoux aux illustrations, tentent de répondre à cette question lancinante. Ils livrent ici un véritable travail d’enquête rigoureux et documenté, en croisant les dossiers déclassifiés du FBI, des archives de journaux de l’époque, et en recoupant les témoignages des gens qui ont connu et côtoyé Elizabeth.

De son Massachusetts natal jusqu’au parc de la South Norton Avenue où son corps a été retrouvé, c’est toute une trajectoire de vie, souvent tortueuse, que ce livre explore, porté par une magnifique reconstitution du Los Angeles des années 40.

L’histoire et les dialogues, écrits d’après les documents déclassifiés du FBI, retrace la vie de cette jeune femme perdue dans Hollywood, en particulier les trois mois qui ont précédé son horrible assassinat : de son séjour au Figueroa Hotel avec Marjorie Grahams, à l’incident des trois de San Diego, le récit est méticuleusement documenté, loin des clichés habituels sur une figure féminine dont on pensait tout connaître.

Les auteurs dessinent le portrait de Hollywood au sortir de la guerre avec ces jeunes filles qui rêvent de devenir les prochaines Veronica Lake ou Rita Hayworth et qui fricotent parfois avec la mafia ou les bandes organisées. L’envers du décor de la cité des anges est loin d’être beau et Elizabeth Short va y brûler ses ailes.

La jeune femme cumule les dettes et les flirts, s’imaginant se marier avec chaque homme qu’elle croise et s’inventant une vie pour ne pas décevoir sa mère et ses soeurs.

A-t-elle croisé la route d’un tueur en série ou a-t-elle payé de sa vie ses mauvaises fréquentations ? Nul ne le sait encore à ce jour car l’affaire du Dahlia noir c’est sans doute le cold case le plus célèbre.

Les auteurs nous proposent un ouvrage passionnant à lire et à regarder. Les planches de Florent Maudoux sont magnifiques que ce soit dans sa façon de croquer les personnages ou les décors, avec un esthétisme années 40 qui est un véritable atout.

L’illustrateur propose plusieurs découpages qui viennent apporter du rythme avec des dessins tantôt en pleine page, tantôt avec des cases de multiples formats et c’est très bien vu.

Mais c’est loin d’être une bande dessinée classique puisqu’elle s’ouvre sur plusieurs pages de notices biographiques qui vont régulièrement ponctuer le récit.

Les pages d’illustrations viennent exposer des moments clés dans la vie d’Elizabeth Short, le reste des informations liées à ses derniers mois d’existence sont retranscrites dans des notes très complètes. Les auteurs ont eu aussi la bonne idée d’insérer des pages de réclames comme dans les magazines des années 40.

En bref, voilà un ouvrage soigné (avec un dos tissé) particulièrement intéressant que je recommande à celles et ceux qui ont un goût pour les faits divers et les cold cases.

Un grand merci aux éditions Rue de Sèvres et au label 619 pour cette lecture ô combien instructive et passionnante !

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