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Posts Tagged ‘biographie graphique’

Scénariste, écrivain et historien spécialisé dans des projets de type historique, finaliste du prestigieux prix SGAE Julio Alejandro, Salva Rubio a reçu de nombreuses récompenses comme scénariste. Comme scénariste de bandes dessinées, « Monet, nomade de la lumière » est son premier roman graphique, publié aux éditions du Lombard. À l’heure actuelle, il travaille sur « Le Photographe de Mauthausen ».

Retracer une partie de la vie du peintre Edgar Degas sous le biais d’un roman graphique, voici ce que nous proposent le scénariste Salva Rubio et le dessinateur Efa.

L’impressionnisme est mon courant pictural préféré. Lorsque je travaillais à Paris, j’adorais arpenter les salles qui lui sont consacrées au musée d’Orsay. Je ne me lassai pas de regarder les toiles de Pissaro, Renoir, Sisley, Cézanne, Degas, Caillebotte ou Berthe Morisot.

Mais si j’admire leurs toiles, je ne connais rien de leur vie. Aussi, c’est avec beaucoup de plaisir que je me suis lancée dans cette lecture que j’espérais très enrichissante, ce qui fut le cas !

Fondateur du mouvement impressionniste dont il fut l’un des critiques les plus impitoyables ; trop bohème pour les bourgeois et trop bourgeois pour les artistes… Edgar Degas était un homme de paradoxes.

Un solitaire, qui n’aima qu’une seule femme, la peintre américaine Mary Cassatt, sans jamais la courtiser. Et c’est en compagnie de cette dernière qu’au crépuscule de sa vie, Efa et Rubio ouvrent les pages des carnets de Degas pour tenter de percer le mystère de ce génie pétri de contradictions.

Ce roman graphique est une bonne entrée en matière pour se familiariser avec la personnalité et l’œuvre de ce très grand peintre et sculpteur, d’autant qu’on y retrouve grâce au talent de Efa, le dessinateur, les toiles et sculptures emblématiques de Degas.

Je souhaitais connaître la vie de Degas et c’est chose faite grâce à Salva Rubio qui nous emmène dans le sillage de l’impressionniste, resté célèbre pour ses toiles et ses sculptures de danseuses.

Célibataire endurci ayant tourné le dos à l’amour, Degas vit pour son art et il va beaucoup travailler pour rayonner dans le monde de l’art car son talent est loin d’être inné.

Intransigeant, il peine pendant longtemps à mener ses projets à bien. Ami d’Edouard Manet, il se moque aussi bien des académiques que des bohèmes, ces fameux impressionnistes qu’il va finir par rejoindre. Seuls les grands maîtres trouvent grâce à ses yeux, influencé par son père qui les révérait.

Outre ses œuvres et notamment sa fascination pour le monde du ballet, le scénariste s’intéresse ici surtout à sa vie privée, ce qui va nous permettre de croiser la route de bien des figures du mouvement impressionniste mais aussi celui de Mary Cassatt, une peintre américaine dont j’ignorai l’existence.

Leur amitié va courir sur des décennies avant qu’ils ne finissent par se fâcher, la faute à Degas qui a un caractère plus que difficile ! Un portrait sans concession de Degas que je n’aurai pas aimé côtoyer même si j’admire son oeuvre.

Les dessins et la colorisation du talentueux Efa font toute la différence et nous en met plein les yeux. Une biographie graphique réussie tant sur le fond que sur la forme, je vous la recommande vivement !

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José-Louis Bocquet mène de front les activités d’écrivain et de scénariste. Pour Catel, il a aussi écrit les biographies sur Kiki de Montparnasse et Joséphine Baker. Leur quatrième ouvrage en commun est consacré à Alice Guy, pionnière du cinéma. Catel Muller, diplômée des Arts décoratifs de Strasbourg, se spécialise dans le portrait en bandes dessinées de femmes remarquables. Son album Ainsi soit Benoîte Groult chez Grasset obtient le prix Artémisia de la bande dessinée féminine.

En 1895, à Lyon, les frères Lumière inventent le cinématographe. Moins d’un an plus tard, à Paris, Alice Guy, 23 ans, réalise La Fée aux choux pour Léon Gaumont. Première réalisatrice de l’histoire du cinéma, elle dirigera plus de 300 films en France.

En 1907, elle part conquérir l’Amérique, laissant les Films Gaumont aux mains de son assistant Louis Feuillade. Première femme à créer sa propre maison de production, elle construit un studio dans le New Jersey et fait fortune. Mais un mariage malheureux lui fait tout perdre.

Femme libre et indépendante, témoin de la naissance du monde moderne, elle aura côtoyé les pionniers de l’époque : Gustave Eiffel, Louis et Auguste Lumière, ou encore Georges Méliès, Charlie Chaplin et Buster Keaton.

Elle meurt en 1969, avec la légion d’honneur, mais sans avoir revu aucun de ses films – perdus et oubliés. C’est en 2011, à New York, que Martin Scorsese redonne un coup de projecteur sur cette femme exceptionnelle.

J’avais beaucoup aimé les biographies en images d’Olympe de Gouges, Kiki de Montparnasse et Joséphine Baker signées Catel et Bocquet, je n’ai donc pas hésité une seconde avant de jeter mon dévolu sur celle consacrée à Alice Guy, une pionnière du cinéma qui a eu un destin incroyable et hélas vite tombée dans l’oubli, et j’étais vraiment curieuse d’en savoir plus à son sujet.

Née le 1er juillet 1873 à Saint-Mandé et morte le 24 mars 1968 à Wayne dans l’État du New Jersey , Alice Guy est une réalisatrice, scénariste et productrice de cinéma française, ayant travaillé en France et aux États-Unis.

Pionnière du cinéma, elle propose à Léon Gaumont, chez qui elle est initialement secrétaire, de tourner de courtes fictions pour soutenir la vente des caméras et projecteurs qui peine à décoller.

Avec La Fée aux choux, qu’elle tourne en 1896, elle est la première réalisatrice de l’histoire du cinéma. Cette œuvre est parfois considérée comme la première fiction de l’histoire du cinéma, alors que cette primauté peut aussi être attribuée à Louis Lumière pour L’Arroseur arrosé, tourné un an plus tôt. 

Elle est aussi l’auteure de La Vie du Christ, considéré comme le premier péplum de l’histoire du cinéma mondial, qui propose les premières représentations filmiques de la vie de Jésus-Christ, qui ont ensuite été une source d’inspiration pour beaucoup d’autres cinéastes, français ou américains.

Il faut également la créditer d’avoir eu, la première, l’idée de faire un making-of à l’occasion du tournage de l’une de ses phonoscènes. En 1910, elle devient la première femme à créer une société de production de films, la Solax Film Co, durant sa période américaine, avant la naissance d’Hollywood, avec son mari Herbert Blaché.

Elle réussit dans ce milieu d’hommes parce qu’au début, on ne prête guère attention aux films de fiction, ce qui lui permet de montrer ses qualités dans les multiples tâches que demandent la production et la réalisation d’un film, puis de conserver son poste quand la maison Gaumont grandit avec le cinéma industrialisé et tourné vers la distraction populaire.

Mais si elle connaît le succès, elle va aussi connaître le déclin à partir des années 1920, la faute à son mari qui va causer la faillite de leur société. Après cela, elle n’arrivera plus à travailler dans le milieu cinématographique, va progressivement être oubliée et plus grave encore, va se faire piller ses oeuvres par d’autres réalisateurs qui vont s’attribuer ses films sans qu’elle puisse l’en empêcher !

Encore un bel exemple de femme invisibilisée par les hommes, heureusement réhabilitée de nos jours mais la plus grande partie de ses films est hélas perdue, comme tant de films muets introuvables aujourd’hui.

Catel et Bocquet signent ici une biographie fouillée et détaillée de cette femme incroyable, passionnante et agréable à lire, grâce aux dessins en noir et blanc, à la fois beaux et précis qui transmettent toute la gamme de sentiments.

A travers leur héroïne que l’on voit évoluer de l’enfance jusqu’à la fin de son aventure cinématographique, les auteurs montrent les débuts du cinématographe, les conditions de tournage, la création des studios, des phonoscènes, des films, etc, c’est réellement très intéressant de découvrir les balbutiements du septième art et la personnalité d’Alice Guy qui demandait à ses acteurs : « Be natural ».

Cerise sur le gâteau : à la fin de l’ouvrage, il y a une chronologie détaillée de la vie d’Alice Guy ainsi que les notices biographiques des personnes qui ont côtoyé ou gravité autour de cette pionnière du cinéma.

Si vous avez envie d’en savoir plus sur Alice Guy ou si les destins de femmes vous passionnent, je ne peux que vous conseiller cette BD, vous ne serez pas déçu.e.s !

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Licenciée en Journalisme et Communication de L’Université Libre de Bruxelles, Chantal van den Heuvel est auteure de romans et de contes pour enfants, ainsi que de scénarios pour la BD, la télévision et le cinéma.

Aurore Dupin, alias George Sand, grande amoureuse et « homme de lettres », mais aussi journaliste et égérie du socialisme. Tout à la fois ! Femme libre avant tout et avant toutes les autres, qui bouscule les genres, le masculin et le féminin.

Paris fit sa gloire et l’Europe entière la célébra. Mais toujours George revint à son port d’attache, ses racines : Nohant, le domaine enchanté où elle passa son enfance et sa jeunesse auprès de sa grand-mère Marie-Aurore de Saxe, fille naturelle du beau maréchal Maurice de Saxe, général des camps et armées de Louis XV.

Nohant, l’écrin de cette personnalité de génie où demeurent l’empreinte de Chopin, son amant, et celle de ses amis, de Flaubert à Delacroix, en passant par Liszt ou Balzac.

Après La mystérieuse affaire Agatha Christie, Chantal van den Heuvel au scénario et Nina Jacqmin aux dessins font revivre l’autrice la plus importante du XIXè siècle dans George Sand : Ma vie à Nohant.

Une maison d’écrivain reste un lieu emblématique et toujours intéressant à découvrir même longtemps après la mort de son ou de sa propriétaire et cette bande dessinée nous fait entrer par la grande porte dans la demeure berrichonne chère à George Sand.

Les frasques de George Sand sont fameuses : ses liaisons hors mariages, son rejet de la bienséance hypocrite, son accoutrement masculin, son retentissant et passionné combat en faveur de l’émancipation et des droits de la femme… L’autrice fait parler d’elle, résonner sa voix et, en s’adressant par l’écriture au monde, elle est aussi et avant tout célébrée pour son œuvre prolifique.

Dans ses textes, la campagne berrichonne a une place primordiale. Ses livres décrivent l’atmosphère campagnarde d’un monde qui n’existe plus mais qui fut le sien. George Sand, si elle a fréquenté Paris, a passé la majorité de son existence dans sa demeure de Nohant.

Ce domaine familial, où elle a grandi et vécu à partir de ses quatre ans, lui a donné l’amour des grands espaces et de la liberté. C’est dans cette maison qu’elle s’est passionnée pour les histoires, c’est dans cette maison qu’elle a fait son éducation mondaine et paysanne.

C’est là-bas qu’elle a vu mourir tant de ses proches, et c’est là-bas qu’elle-même, elle mourra. Lieu isolé, paradis rupestre, cette bâtisse accueillera Liszt, Balzac, Delacroix, Flaubert ou même Chopin pendant presque dix ans. Nohant est, pour George Sand et ses invités, un lieu où peut fleurir la créativité.

Dans cet album qui revient sur l’existence de la célèbre autrice, Chantal Van den Heuvel et Nina Jacqmin insèrent en toute subtilité un second personnage principal : le domaine de Nohant. Témoin essentiel de l’existence de tant d’artistes, ses murs contiennent l’écho de voix qui continuent à passionner les esprits du monde entier.

J’ai beaucoup aimé le scénario de Chantal van den Heuvel qui nous propose un très beau portrait de George Sand et si, comme moi, vous êtes peu au fait de la vie de la romancière, vous apprendrez une foule de choses sur sa vie intime mais aussi « professionnelle », son engagement en faveur de la république et des pauvres.

Et vous découvrirez aussi Nohant, un lieu foisonnant de création artistique, que j’aimerai beaucoup visiter maintenant que je sais combien il fut important pour Sand et ses amis.

Les dessins de Nina Jacqmin sont toujours aussi beaux, à la fois soignés, vivants et élégants tant au niveau des personnages que des décors, ils sont la cerise sur le gâteau de cet album réalisé en partenariat avec Le Centre des Monuments Nationaux.

Un titre que je vous recommande vivement et une très bonne initiation à George Sand !

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Leïla Slimani, née le 3 octobre 1981 à Rabat au Maroc, d’une mère franco-algérienne et d’un père marocain. En 2014, elle publie son premier roman aux éditions Gallimard, Dans le jardin de l’ogre. Le sujet (l’addiction sexuelle féminine) et l’écriture sont remarqués par la critique et l’ouvrage est sélectionné pour le prix de Flore 2014. Son deuxième roman, Chanson douce, obtient le prix Goncourt 2016.

Héroïne oubliée du XXe siècle, Suzanne Noël a rendu leur dignité aux gueules cassées, en étant une pionnière de la chirurgie réparatrice.

Brillante étudiante en médecine, Suzanne Noël va assister à la naissance de la chirurgie plastique comme spécialité médicale et y apporter une contribution essentielle.

Considérée comme dangereuse et inutile par une grande partie de la communauté médicale de l’époque, la chirurgie esthétique est pour elle un outil d’émancipation des femmes.

À travers ses techniques chirurgicales, elle veut corriger les effets de la vieillesse, de la pauvreté, de la maladie ou de l’épuisement. Pendant la première guerre mondiale, la chirurgie réparatrice gagne ses lettres de noblesse. Au côté du professeur Hippolyte Morestin, Suzanne Noël opère les soldats défigurés par les obus et développent, sur ces « gueules cassés » des protocoles chirurgicaux révolutionnaires.

Dans les années folles, Suzanne Noël devient une célébrité, à Paris et dans le monde. Féministe, engagée dans le combat pour le droit de vote des femmes, elle n’a eu de cesse de lutter pour son indépendance et pour la reconnaissance de son travail de chirurgienne esthétique.

Avec A mains nues, Leïla Slimani au scénario et Clément Oubrerie aux dessins font le pari de nous raconter l’histoire d’une pionnière de la chirurgie esthétique et réparatrice française, Suzanne Noël. Ce premier tome s’ouvre avec l’installation à Paris de Suzanne avec son époux le docteur Henri Pertat.

La jeune femme s’ennuie et son mari l’encourage à faire des études, il la soutient et lui propose même de travailler avec lui, ce qui est rare à l’époque. Suzanne passe le baccalauréat et entame en 1905 des études de médecine. En 1908, elle est nommée externe des hôpitaux de Paris dans le service du professeur Morestin, pionnier de la chirurgie maxillo-faciale,

Reçue 4e à l’internat en 1912, 4e à l’écrit et 1re à l’oral, elle approfondit ses connaissances dans le domaine de la chirurgie maxillo-faciale, elle est notamment amenée à soigner la comédienne Sarah Bernhardt à la suite d’un lifting raté pratiqué aux États-Unis.

Et pendant la grande guerre, elle se forme aux techniques de la chirurgie réparatrice et correctrice. Et à partir de là, dans des conditions extrêmement précaires, elle participe à l’effort de guerre en opérant les « gueules cassées », les blessés de la face.

J’ai trouvé ce premier tome très intéressant et cette femme réellement passionnante, cela ne m’étonne guère que Leïla Slimani, grande féministe, se soit penchée sur son cas.

Comme elle, la thématique de l’invisibilisation des femmes, spécialement en sciences, me touche beaucoup et je suis toujours curieuse de découvrir des trajectoires telles que celle de Suzanne Noël.

Les dessins de Clément Oubrerie sont simples et assez classiques, ce n’est pas le style que je préfère mais cela ne m’a pas empêché d’apprécier ma lecture et d’être au rendez-vous du tome 2 lorsqu’il paraitra.

Si vous vous intéressez à l’histoire des femmes et aux pionnières, je ne peux que vous recommander cette biographie graphique très pertinente.

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Salut, l’Amérique ! Je suis venu te conquérir ! Il n’est pas une femme, un homme, un enfant, qui n’aura pas mon nom aux lèvres ! Laurent Seksik et David François explorent la vie tumultueuse de l’un des plus grands artistes de tous les temps dans un triptyque intimiste et flamboyant.

Alors qu’il vient de perdre à la naissance, le fils de sa première épouse Mildred, Charlie tourne Le Kid, l’histoire de cet enfant qu’il n’aura pas vu grandir. Le film est un immense succès. Charlie reconnu par le tout Hollywood comme l’un des plus grands artistes de son époque savoure son ascension et œuvre déjà pour son prochain film, La Ruée vers l’or qui sera un véritable triomphe.

A 35 ans, il épouse en secondes noces la très jeune Lita déjà enceinte de leur premier enfant. Pourtant, après quatre ans d’union et deux enfants, Lita, maintes fois trahie, demandera le divorce avec pertes et fracas, dégradant au passage l’image de Chaplin dans l’opinion publique.

Tandis que les premiers films parlants font leur apparition… 1928, son film Le Cirque, est annoncé comme un échec. Le statut et la carrière de Charles Spencer Chaplin commenceraient-ils à vaciller dans cette Amérique puritaine ?

Prince d’Hollwood est la suite directe d’En Amérique ! qui nous relatait l’arrivée de Charlie Chaplin à Hollywood en 1912 à son ascension en passant par le rôle peu glorieux du génie du cinéma pendant la première guerre mondiale.

Comme je vous le confessais sur Instagram (abonnez-vous ici si vous ne m’y suivez pas encore car j’y dévoile mes réceptions livresques, mes premières impressions de lectures…), je suis une grande admiratrice de Charlie Chaplin, un génie du 7ème art tour à tour acteur, réalisateur, producteur, musicien, scénariste de ses films, créateur de l’iconique personnage de Charlot, ce vagabond au grand coeur.

Mais si je connais assez bien l’œuvre, la vie de cet artiste m’est inconnue, heureusement ce triptyque proposé par Laurent Seksik au scénario et David François aux graphismes, me permet de découvrir l’Homme derrière l’Artiste car l’auteur explore aussi les zones d’ombre de la vie de Chaplin.

Il ne faut pourtant pas croire que ce roman graphique est une biographie linéaire de Charlie Chaplin, elle a plutôt pour vocation de mettre certains éléments de sa vie personnelle en lumière. Dans ce second volume, on voit la relation fraternelle proche et très touchante qu’entretiennent Charlie et de son frère aîné, Sidney Chaplin, qui va se consacrer quasiment exclusivement à la gestion de la carrière de son frère.

On suit également Charlie dans sa vie amoureuse mouvementée, notamment la façon dont s’est noué son second mariage avec Lita Grey, de découvrir les penchants de l’acteur pour les très jeunes femmes. Ce qui est surtout intéressant ici c’est de se rendre compte de la façon dont s’est construit la carrière du comédien, et de découvrir son sens inné des affaires qui vont faire de lui un homme riche et puissant.

Il est aussi question du bouleversement qu’est le cinéma parlant. Chaplin n’y croit pas et refuse de d’engouffrer dans la brèche, pensant à tort, que le public va vite se lasser de cette lubie et revenir au muet. Il va malgré tout connaître encore de jolis succès car le public lui reste fidèle.

Les dessins très colorés de David François en couleur servent bien le propos, j’ai beaucoup aimé cette maîtrise des couleurs même si, j’avoue, je goûte peu sa façon de dessiner les visages.

Il y a des changements de rythme bien vus : tantôt un seul dessin par page, tantôt des grandes cases sur fond noir à l’horizontale ou un découpage plus classique, tous ces changements apportent une dynamique que j’ai vraiment apprécié.

Si l’on sent que les auteurs vouent une profonde admiration à leur sujet, Chaplin est loin d’être une hagiographie puisque les côtés sombres de la personnalité de l’acteur ne sont pas passés sous silence : on l’observe tour à tour lâche, séducteur, ambitieux, en un mot, pas si sympathique que ça, contrairement à son double à l’écran, et c’est ce qui m’a plu aussi ici.

Un second volume réussi que j’ai eu plaisir à lire et que je vous conseille de découvrir à votre tour.

Un grand merci à Doriane et aux éditions Rue de Sèvres pour cette lecture, j’ai adoré !

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Eddy Simon est journaliste et auteur. Il est le cocréateur du fanzine de bande dessinée Sapristi en 1983 et le créateur du fanzine de bandes dessinées Dynamick en 1985. De l’illustration à la BD, le projet professionnel de Marie Avril s’étend à tout type d’images (édition, presse, com, pub, artisanat, peinture, fresque…).

Je pense que tout le monde a entendu au moins une fois dans sa vie le nom de Sarah Bernhardt. Née au milieu du XIXè siècle, morte une poignée d’années après la fin de la première guerre mondiale, Sarah était la plus grande comédienne de son temps et un personnage éminement romanesque, moderne, qui a su prendre son destin en main et bousculer les traditions.

C’est pour moi une figure de femme totalement fascinante par sa beauté, son aura, l’impact qu’elle a eu sur la scène française et internationale et j’étais très curieuse de découvrir cette biographie dessinée.

Surnommée par Victor Hugo «la Voix d’or», ou par la presse «la Divine», elle est considérée comme la plus grande tragédienne française du XIXE siècle, capable d’endosser aussi bien des personnages masculins que féminins. Jean Cocteau a inventé pour elle l’expression de « monstre sacré », sobriquet appliqué depuis lors à d’autres acteurs et actrices tout au long du XXè siècle.

Elle a rempli des théâtres, fait des tournées dans une grande partie du globe et même tourné pour le cinématographe encore balbutiant. Une vie ou plutôt des vies multiples que s’attachent à nous raconter pendant près de deux cents pages Eddy Simon et Marie Avril.

Divine : vie(s) de Sarah Bernhardt est une biographie graphique aussi libre que la vie de cette femme hors du commun. Retracer toute la vie de la célèbre comédienne sous le biais d’un roman graphique aurait été une gageure, les auteurs ont préféré s’attacher à une période charnière de son existence entre 1871 et 1880.

Neuf années foisonnantes durant lesquels Sarah va construire sa légende, travailler au théâtre et va connaître la consécration. Le récit débute alors que la Commune de Paris essuie les assauts des prussiens, Sarah est déjà très connue, ce qui n’empêchera pas notre héroïne de s’engager comme infirmière afin de soigner sans relâche les blessés de la guerre, quels qu’ils soient, prussiens comme français.

Véritable star dans l’hexagone, elle excelle dans l’art de la publicité, n’hésitera pas à choquer sa propre famille en dormant dans un cercueil, en adoptant des fauves et cotoyant les puissants comme les artistes. Proche d’Edmond Rostan et surtout d’Oscar Wilde qui a écrit pour elle Salomé, elle ne cessera de se produire sur les scènes du monde entier, même après son amputation.

Habitué des biographies graphiques, le scénario d’Eddy Simon découpé en actes, comme au théâtre, rend un bel hommage à la Divine en montrant la comédienne telle qu’elle était : fantasque dans tous les aspects de sa vie mais aussi terriblement pugnace, ne renonçant jamais aux objectifs qu’elle se fixe. Les dialogues qui ponctuent le scénario sont savoureux et j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir cet album.

D’autant plus que les illustrations à l’aquarelle et à la gouache de Marie Avril sont très belles et s’inspirent fortement des affiches de Mucha, que j’adore, qui mettait merveilleusement en valeur la tragédienne.

Un petit bémol toutefois : les évènements sont trop brièvement évoqués à mon goût, j’aurai préféré quelques pages supplémentaires même si la notice biographique en fin d’ouvrage vient combler les trous laissés par les auteurs.

Ceci mis à part, je ne peux que vous recommander Divine(s) vies de Sarah Bernhardt, une biographie graphique très réussie autant sur la forme que sur le fond.

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Plusieurs biographies racontent cette femme et auteure hors norme qu’est Colette (1893-1954). Ce sont ses années d’apprentissage qui sont relatées ici, de son mariage, à l’âge de 20 ans, jusqu’à son divorce. « On ne meurt que du premier homme », écrira-t-elle en 1909. Mais cette mort peut être un nouveau commencement, et celle qui signera « Colette » à partir de 1910 est bien cette femme qui ouvre progressivement les yeux sur sa condition de femme écrivain exploitée et d’épouse bafouée, et qui va s’émanciper, avec quel talent !, par l’écriture. Incroyablement complexe, puissamment déterminée, véritablement douée, Colette interpelle par sa capacité à réinventer sa vie et à s’affirmer comme un être libre.

Sidonie-Gabrielle Colette se marie en 1893 avec Henry Gauthier Villars dit Willy. Ecrivain et journaliste mondain, Willy introduit sa jeune épouse à la vie trépidante de la ville lumière et l’incite à écrire ses premiers romans, la série des Claudine, qui connaît aussitôt un succès retentissant, qui va leur permettre de mener grand train.

Mais cet homme brillant est également un homme à femmes notoire, et pour Colette, jeune femme amoureuse de son mari, la désillusion est terrible et va la pousser dans d’autres bras…

J’avais beaucoup aimé Jeune fille en Dior lu il y a quelques années de cela, et lorsque Les apprentissages de Colette ont paru, j’ai couru l’acheter pour le laisser croupir dans ma PAL pendant deux ans, shame on me !

Dans ce roman graphique, Annie Goetzinger, raconte admirablement cette période d’apprentissage de Colette, qui démarre en 1893 pour s’achever trente ans plus tard : de son mariage avec Willy à son divorce avec son second mari et père de sa fille unique Bel Gazou, le baron Henry de Jouvenal.

Pendant cette période formatrice, Colette va peu à peu s’affirmer, s’approprier sa vie, pour la modeler selon ses envies, tant pis si elle choque, tant pis si elle se met au banc de la bonne société.

Ses premiers ouvrages, signés par son mari, furent des succès en librairie. A une époque où le machisme régnait, cette jeune provinciale très naïve, arrivée à Paris dans le sillage de son mari Willy va peu à peu s’émanciper et prendre des libertés au niveau littéraire, théâtral et photographique.

Dès le début du XXè siècle, elle maitrisait les bases du marketing actuel, sa série Claudine a tellement marqué son époque, qu’il existait beaucoup de produits dérivés, dont les fameux cols Claudine.

Présente dans plusieurs domaines artistiques, elle a révolutionné ces derniers en y apportant sa touche d’audace et de liberté. Malgré une vie ponctuée de nombreux rebondissements, Colette ne cessa jamais d’innover.

Cette femme libre va être tour à tour romancière, journaliste ou danseuse nue, aimer des hommes et des femmes, provoquer des scandales terribles avant d’être reconnue comme une écrivaine majeure de la première moitié du XXè siècle.

J’aime beaucoup les écrits de Colette mais aussi sa personnalité fantasque, je trouve qu’elle avait une audace folle d’entreprendre tout ce qu’elle a entrepris aussi bien dans sa vie privée qu’en tant qu’artiste.

Annie Goetzinger signe ici un roman graphique très réussi. En une centaine de pages et autant de dessins merveilleusement croqués et coloriés, elle nous conte avec talent la vie de Colette, ses combats, ses amours, ses joies et ses peines.

Les dessins d’Annie Goetzinger sont réellement magnifiques et nous plongent totalement dans la vie tourbillonnante de cette grande écrivaine, un hommage très réussi que je vous conseille si vous vous intéressez à cette époque et à Colette.

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Karen Blixen, le portrait d’une femme tour à tour sophistiquée, ambitieuse, magnétique, complexe, flamboyante, séductrice, fragile.heart_4auteur-editeur-pagesla-lionne-un-portrait-de-karen-blixen

Karen Christentze Dinese naît en 1885 dans la campagne danoise au sein d’une famille bourgeoise et religieuse. Seconde de sa fratrie, elle est la fille chérie de son père Wilhelm Dinesen, écrivain et officier fantasque et amoureux des grands espaces d’Amérique, qui régulièrement part rejoindre les indiens.

C’est alors sa mère, la très prude et luthérienne Ingeborg Westenholz, qui l’élève. Karen reçoit l’instruction réduite prévue pour les filles de la bourgeoisie du 19è siècle qui est censée faire d’elle une bonne épouse, ce qu’elle déplore !

Lorsqu’elle a dix ans, première blessure : son père, atteint de syphilis, met fin à ses jours. Dès qu’elle sera en âge de partir, elle quittera le foyer familial pour faire des études d’art à Paris.

Riche, elle épouse en 1913 le baron Blixen et part pour l’Afrique…

Je ne connaissais rien de la vie de cette romancière danoise connue notamment pour ses romans La ferme africaine et Le festin de Babette, tous deux portés à l’écran mais que je n’ai jamais vu.

C’est donc d’un œil neuf que j’ai lu cette biographie graphique que j’ai trouvé bien construite, si l’on excepte les premières pages étranges qui j’avoue m’ont décontenancé mais qui n’étonneront peut-être pas les lecteurs de Karen Blixen.

Tout au long de l’album, Anne-Caroline Pandolfo & Terkel Risbjerg vont se mettre dans les pas de Karen Blixen et nous faire assister à tous les évènements importants qui ont jalonné la vie de la romancière danoise de sa naissance à son décès, en faisant la part belle bien sûr à son épopée kenyane qui durera 17 ans.

C’est une personnalité hors norme qu’on nous livre ici, une femme libre, une femme forte qui restera debout et digne malgré les drames et la maladie qui ont marqué son enfance et sa vie de femme.

Les dessins de Terkel Risbjerg qui sont de véritables aquarelles font beaucoup pour la réussite de son roman graphique et lui donne un charme fou car le récit est par moment un peu plat pour captiver totalement.

Pari réussi en ce qui me concerne pour cette biographie qui donne un bon aperçu de la femme que fut Karen Blixen et qui me donne plus que jamais envie de voir Out of Africa !

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