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Historienne et romancière, Sophie Marvaud est l’auteur de nombreux romans historiques pour la jeunesse, notamment Le Secret des cartographes (Plon, 2008, Livre de poche, 2010, prix Saint-Maur en poche). Avec Meurtre chez les Magdaléniens (Nouveau Monde éditions, 2014), elle a été la première à écrire un polar préhistorique. Elle y aborde la question des rapports sociaux dans la Préhistoire. Le Choc de Carnac a reçu le prix Préhistoire en 2015.

Carnac, 4 700 avant J.-C. Trois peuples se partagent le territoire : les Pêcheurs de la côte, les Nomades de la Forêt-des-Buttes, et de nouveaux venus, les Cultivateurs, qui incendient les terres pour les défricher.

Lorsqu’un homme chargé d’un message de paix est assassiné, la guerre semble inévitable. Trois femmes s’interposent alors : Lynx, une jeune nomade audacieuse, Paruline, la deuxième épouse d’un riche pêcheur, et La Vivace, une cultivatrice dévouée.

Leur enquête révèle peu à peu des secrets inavouables… Le sort de chaque peuple se jouera lors d’une grande cérémonie rituelle au milieu des menhirs.

Le choc de Carnac est un polar préhistorique qui a pour cadre le territoire breton et les alignements de Carnac, tout près de chez moi. Pour autant pas de longues descriptions, ni de leçons préhistoriques ennuyeuses…

La plume de Sophie Marvaud est fluide, son travail documentaire, abondant, et chaque page est une véritable mine d’informations sur la préhistoire, la géographie de Carnac et de ses environs, les us et coutumes de l’an -5000… Ce qui en fait une lecture absolument passionnante de la première à la dernière page.

Si la toile historique est intéressante, nous sommes aussi dans un polar. Un meurtre est commis dès les premières pages et l’assassin est forcément un cultivateur, un pêcheur ou un nomade. Afin d’éviter que les clans ne se déchirent, une femme de chaque tribu va mener l’enquête.

Nous allons donc suivre La vivace, Paruline et Lynx dans leur enquête conjointe, assister à leurs interrogatoires… Ce qui pourrait sembler simple ne l’est pas car les cultivateurs ne parlent pas la même langue que les pêcheurs et les nomades et les chamanes vont devoir faire office d’interprète.

Le rythme du récit est plutôt lent mais cela ne m’a pas gênée, je me suis laissée portée par l’histoire, les us et coutumes, les rites et le quotidien des tribus et c’est suffisamment intéressant et bien documenté pour me passionner et apprendre une foule de chose car c’est une période que je connais fort mal.

L’enquête, si elle connaît des fausses pistes et des rebondissements, n’est pas très difficile à démêler mais ici l’important est ailleurs puisque ce crime permet la rencontre des cultivateurs, pécheurs et nomades, qui d’habitude, ne se côtoient pas et à l’autrice d’aborder les rapports sociaux à la Préhistoire.

Beaucoup de zones d’ombre demeurent sur cette période d’avant l’Histoire, qui ne connaît pas l’écriture. Impossible de savoir pourquoi les alignements de Carnac ont été créés. L’autrice fait des suggestions, des interprétations crédibles et intéressantes.

Je ressors de cette lecture séduite par ce polar historique et je lirai volontiers La chamane de Lascaux qui se passe environ 15000 ans avant notre ère.

Ma copinaute Belette a bien apprécié cette lecture, séduite par la partie historique mais un peu déçue par l’enquête, vois pouvez lire son avis ici.

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Mo Malø a signé de nombreux best-sellers : ses romans policiers, parus aux éditions de La Martinière, ont déjà conquis plus de 300 000 lecteurs.

Bienvenue au Manoir des Corrigan, maison d’hôte chaleureuse entretenue par trois générations de femmes hautes en couleur : Maggie Corrigan, facétieuse quasi septuagénaire, Louise Corrigan, sa fille, institutrice de métier et mère de la jeune Énora Corrigan, aux allures d’  » elfe rebelle  » à en croire sa grand-mère.

C’est ensemble qu’elles vont ressusciter la Breizh Brigade, une équipe d’enquêtrices hors du commun, autrefois formée pour résoudre un mystère familial, la disparition du patriarche du clan, Constant Corrigan.

Dans la maison d’hôte des ennemis de toujours, le Repaire des Corsaires, une jeune fille découvre avec effroi le corps sans vie de Paul Le Tohic, joueur de cornemuse virtuose du Briac Breizh Bagad. Les circonstances de sa mort écartent la possibilité d’un suicide.

Qui a pu assassiner cet homme ? La police enquête, mais la Breizh Brigade est, elle aussi, sur le coup.

Bienvenue chez les Corrigan est le premier tome d’une nouvelle série de cosy mysteries signé Mo Malo, La Breizh Brigade ! Vous connaissez mon gros faible pour les cosy murders et si en plus, ils se passent chez moi en Bretagne, je n’y résiste pas !

L’auteur nous propose un récit piqué d’humour comme je les aime, dans la même veine qu’Agatha Raisin, avec trois générations de femmes aux caractères bien trempés, résolues à élucider le mystère d’un meurtre au cœur de Saint-Malo. Mo Malo connait bien la cité corsaire et c’est un plaisir de suivre les héroïnes dans ses lieux emblématiques.

Le cosy mystery est un genre particulièrement à la mode ces dernières années, certains sont ratés, d’autres, réussis, et c’est le cas de celui-ci qui propose un récit enlevé, cosy, plein d’humour, une enquête bien ficelée et une petite touche d’inclusivité, le tout dans un décor breton bien campé.

Le gros point fort de ce premier opus c’est son ambiance bretonne et ses héroïnes attachantes, avec des personnalités très différentes : la flamboyante Maggie, la trop discrète Louise et la sympathique Enora, j’aurai plaisir à les retrouver dans le second opus à paraître en avril prochain.

Les membres principaux du bagad font très vite figure de coupables potentiels d’autant plus que la victime, vedette de l’orchestre folklorique, rêvait de les lâcher au profit d’un prestigieux bagad écossais. Mo Malo explique très bien le rôle et la place de chacun au sein du bagad et cet aspect est très intéressant.

Nos trois héroïnes vont devoir faire preuve d’un bon sens de la déduction et d’une bonne dose d’intelligence pour damer le pion à la police mais aussi au coupable et faire éclater la vérité. On va donc suivre en parallèle l’enquête de la police et celle de la Breizh Brigade et c’était bien rythmé et très divertissant.

L’enquête est plutôt bien ficelée car si on se laisse porter par l’intrigue, on se fait bien berner. La solution finale n’est pas si facile à trouver même si le mobile est assez évident. Il y a des fausses pistes et des rebondissements comme dans tout bon cosy mystery qui se respecte.

Les personnages sont hauts en couleur et j’ai passé un très bon moment à Saint Malo. La plume de l’auteur est fluide, les pages se tournent toutes seules et je ressors vraiment séduite par cette première enquête que je vous conseille si vous aimez le genre et la Bretagne !

Un grand merci aux éditions Les escales pour cette lecture pétillante et breizh à souhait !

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Attirée très jeune par le dessin et l’écriture, Milena commence des études d’art aux Beaux-Arts de Quimper. Après son DNAP, elle part poursuivre ses études à l’école Saint-Luc de Liège pour se spécialiser en bande dessinée. Son diplôme en poche, elle s’installe à Nantes.

Mes petites cités de caractère en Bretagne est le carnet de voyages de Milena à travers les quatre départements bretons. Missionnée avec un auteur pour faire découvrir quelques villages au riche patrimoine, elle passe six semaines dans six villages bretons ayant obtenu le label très prisé des petites cités de caractère.

La jeune illustratrice BD, elle-même bretonne, se met en scène à la découverte de pittoresques villes et villages de Bretagne en les croquant. Elle en tire un récit illustré où l’on apprend beaucoup tout en s’amusant.

L’autrice trouve là une manière originale de présenter le patrimoine des « Petites cités de caractère en Bretagne », label touristique connu et reconnu qui distingue des lieux chargés d’histoire dans des sites d’exception.

On déambule avec elle dans le dédale des ruelles médiévales, au pied de maisons en pan-de-bois ou aux épais murs de granit… On visite les échoppes d’artisans d’art et les grands monuments, en particulier les églises et leurs gargouilles pour lesquelles Milena a une véritable passion.

Six petites cités aux quatre coins de la Bretagne sont passées au crible : Châteaugiron et Bécherel (Ille-et-Vilaine),  le village médiéval de Montcontour (Côtes-d’Armor), Pont-Croix et Le Faou (Finistère), Josselin (Morbihan).

Mis à part Josselin que j’ai connais puisque j’habite dans le Morbihan, les autres cités m’étaient totalement inconnues et ce petit guide m’a donné envie de les découvrir car elles ont l’air pittoresques et charmantes. Objectif rempli donc !

Milena intègre aussi à son guide ses impressions, son humour, la façon dont le projet s’est formé, son quotidien dans les résidences artistiques où elle travaille, ce qui rend l’ouvrage très vivant.

Si j’ai bien aimé son coup de crayon lorsqu’elle croque les monuments, les rues, les gargouilles, les maisons, etc, je n’apprécie guère sa façon de dessiner les personnes et notamment les visages, comme c’est très ponctuel, cela ne m’a pas gênée mais je ne pense pas lire ses autres bandes dessinées pour cette raison.

Néanmoins, j’ai apprécié ce petit guide et me promener dans ces petites cités de caractère et si vous aimez la Bretagne et que vous souhaitez découvrir quelques morceaux de son patrimoine, je vous le recommande.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Locus Solus pour cette lecture !

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Depuis une thèse consacrée en 1989 à la bande dessinée et parallèlement à sa carrière d’enseignant agrégé de Lettres Modernes, à Poitiers, Didier Quella-Guyot a multiplié les actions en faveur du neuvième art et compte une vingtaine d’albums à son actif. Manu Cassier est titulaire d’un baccalauréat A3 et d’un Deug d’Arts plastiques. En 2000, il devient facteur et, deux ans plus tard, peu après la naissance de sa première fille, une mutation permet à la petite famille d’emménager dans le Lot, à  Figeac. Ce changement de vie géographique s’accompagne d’une remise en question personnelle, et marque un retour au dessin.


À son retour d’Australie, en 1958, Linette est loin d’avoir tout appris… et tout compris ! Elle sait désormais qui est son vrai père et ce qu’il a obtenu des femmes jusqu’à sa mort « accidentelle ».

Mais ce qui s’est passé sur l’île après la guerre et ce que sont devenues les «femmes du facteur» présentes au cimetière, évidemment elle l’ignore !

Pourtant, peu après la guerre, un autre drame, encore plus inavouable, a plombé la vie de ces iliennes, un drame cruel dont il vaudrait mieux qu’il ne revienne jamais à la surface…

A la fin du premier tome, on croyait tout savoir sur Maël, le jeune facteur fou de désir pour ces bretonnes qui lui ont tout appris du corps, jusqu’au vertige. Alors que leurs maris, leurs amants, leurs fils sont sur le front, elles ont laissé libre court avec lui aux exigences de la chair.

Pourtant, les femmes du facteur ont très vite compris qu’après la guerre, avec le retour des hommes, rien ne serait plus comme avant, et qu’il leur faudrait rester soudées pour ne pas se trahir.

Avec Facteurs pour femmes 2, on replonge au coeur de cette petite île du Morbihan en cette année 1918 qui voit la mort de Maël et le retour des hommes partis au front quatre ans auparavant.

Sait-on finalement tout de ce petit monde féminin qui a découvert l’émancipation, la liberté de choisir, la force de vivre rien que pour soi ? Et sauront-elles, après-guerre, vivre en paix, solidaires comme avant ?

Le scénario de Didier Quella-Guyot reprend l’histoire où on l’avait laissé dans Facteur pour femmes. La guerre est dorénavant terminée, et le retour des hommes va bousculer nos bretonnes dans l’existence qu’elles s’étaient construites.

L’occasion pour l’auteur d’aborder les conséquences directes de la guerre sur les hommes et les femmes. Les premiers comptent bien reprendre leur vie d’avant tandis que les secondes ne le veulent pas. Après avoir goûté à la liberté et à l’indépendence, le retour à la vie conjugale ne se fait pas sans heurt.

Et il y a bien évidemment les ragots qui vont bon train : les hommes ont tôt fait d’entendre parler des femmes du facteur, cet infirme qu’il prenait pour un benêt et à qui ils menaient la vie dure, aurait-il frayer avec leurs femmes ?

Alors que certaines langues se délient et commencent à remettre en cause la thèse officielle de la mort accidentelle du facteur, la solidarité féminine va-t-elle tenir bon ? Là est tout l’enjeu de cette suite.

Si le scénario m’a beaucoup plu une fois encore, les planches ne m’ont, en revanche, pas séduite. Sébastien Morice travaillant sur un autre projet, c’est Manu Cassier qui a repris les personnages. Où sont passées les couleurs lumineuses ? Les jolis visages des protagonistes ? Leurs silhouettes aux courbes douces ?

Dans ce volume, les teintes sont ternes et tristes, en accord avec le côté dramatique de l’histoire, mais j’ai trouvé cela dommage. Quant aux femmes, leurs traits sont rudes, les anatomies anguleuses, à certains moments, elles passeraient presque pour des hommes et surtout elles se ressemblent tant que j’ai pas su les différencier. 

Une duologie que je vous conseille si vous aimez la Bretagne et les thèmes abordés !

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Margot et Jean Le Moal est un pseudonyme choisi par ce couple qui écrit à quatre mains. Elle est Alsacienne et lui Breton, Le Moal est d’ailleurs le nom de sa grand-mère. C’est en s’amusant des différences d’habitudes entre leurs régions qu’ils ont donné vie à cette héroïne alsaco-bretonne hyper attachante.

Mais qui est le nouveau propriétaire mystère de la plus belle maison de Locmaria, celle de la pointe de Kerbrat ? Tout Locmaria, un paisible village du Finistère, le guette depuis des semaines et voilà que débarque, en pleine tempête, Cathie Wald, une pimpante Strasbourgeoise.

La cinquantaine, divorcée, caractère bien trempé, elle a décidé de prendre un nouveau départ en Bretagne, et d’ouvrir à Locmaria un restaurant de spécialités alsaciennes.

La plupart des habitants l’accueillent à bras ouverts, ravis de ce petit vent de changement. Mais certains voient son installation d’un mauvais oeil. Et ne tardent pas à lancer les hostilités. Après une soirée choucroute, un notable du village s’effondre, et Cathie est accusée de l’avoir empoisonné.

Une tentative de faire plier bagages à l’étrangère ? Quoi qu’il en soit, Cathie n’est pas du genre à se laisser intimider. Et rien ne l’arrêtera pour prouver l’innocence de sa choucroute traditionnelle, quitte à se lancer elle-même sur les traces du coupable !

Une enquête à Locmaria est le premier tome d’une nouvelle série de cosy mysteries made in France, que dis-je made in Breizh ! Un cosy crime qui a pour cadre un village breton, certes fictif, mais situé à quelques kilomètres de chez moi, ça ne pouvait qu’attiser ma curiosité.

Comme vous le savez, j’aime beaucoup ce genre dont je vous ai parlé ici et le duo d’auteurs, Jean et Margot Le Moal, respectent bien les codes des cosy murders : une enquête douillette dans un petit village avec une héroïne qui n’est pas enquêtrice professionnelle, une communauté réduite où les ragots vont bon train, un peu d’humour, un soupçon de romance et une intrigue policière plutôt bien ficelée.

Comme dans Agatha Raisin, Cathie change de vie et de région après un mariage malheureux et une vie professionnelle guère épanouissante, notre alsacienne prend ses quartiers dans une propriété sise en bord de mer, ce qui va faire grincer bien des dents.

L’histoire est sympathique, les chapitres sont courts et bien rythmés, la plume fluide et enlevée des auteurs font que je n’ai fait qu’une bouchée de ce premier volume.

Certes, l’intrigue met du temps à se mettre en place, normal pour un premier tome qui doit poser les bases de la série et certains personnages sont trop caricaturaux mais j’ai passé un chouette moment à Locmaria.

Une nouvelle série qui ne révolutionne pas le genre mais qui se révèle une lecture légère assez idéale pour l’été. Je compte bien lire le second tome, déjà dans ma PAL, dans les prochains jours.

Et vous, aimez-vous les cosy mysteries ? Avez-vous lu Bretzel et beurré salé ?

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Avant de se consacrer à l’écriture, Lorraine Fouchet a été urgentiste. Elle est l’auteur de vingt-et-un romans et d’une lettre ouverte à son père, J’ai rendez-vous avec toi. Ses derniers succès, Entre ciel et Lou (prix Bretagne, prix Ouest et prix Système U), Tout ce que tu vas vivre et J’ai failli te manquer ont paru chez EHO. Elle vit entre les Yvelines et l’île de Groix.

En devenant romancière, Prune ignorait qu’elle serait aussi marieuse. Pourtant, grâce à l’un de ses livres, Face à la mer immense, Merlin et Fleur qui habitent Rouen, vont s’unir à Groix, décor de son roman. Et elle est conviée à la noce.

Elle qui s’était juré de ne plus jamais remettre les pieds sur l’île accepte. Il est peut-être temps de cesser de fuir. Sur place, fuir sera de toute façon impossible : une tempête retient les bateaux à quai. Les invités vont devoir se supporter plus longtemps que prévu… advienne que pourra !

Que serait un mariage sans imprévus, petites vengeances familiales et rencontres sentimentales ? Certains sont là par affection, par politesse, ou pour ne pas dormir seuls. Mais cerné par la mer immense, chacun repartira transformé.

Avec Face à la mer immense, Lorraine Fouchet nous invite à un mariage groisillon. Le temps de notre lecture, nous rejoignons l’île de Groix, chère au coeur de la romancière et des morbihannais.

Roman choral, nous suivons tour à tour Prune l’autrice, les mariés Fleur et Merlin, leurs enfants respectifs Eric et Coline, Charlie l’ex-mari de Fleur, Bon-papa, le grand-père, Luigi, Pascal et Anne, les beaux-parents, et Julien le frère.

Dans ce climat morose, si il y a un roman qui offre une parenthèse enchantée et iodée, c’est bien celui-ci ! J’avais déjà lu et beaucoup aimé certains romans de Lorraine Fouchet mais là dès les premières pages, j’ai senti le coup de coeur poindre et j’ai dévoré en quelques heures cette histoire si bien racontée par l’autrice bretonne d’adoption comme moi !

Pur moment de bonheur, j’ai refermé ce livre boostée à bloc, le sourire aux lèvres, des étoiles plein les yeux. C’est bien simple, j’ai tout adoré : l’ambiance groisillonne, les personnages qui traversent ce roman, l’histoire en partie autobiographique, la très belle histoire d’amour de Merlin et Fleur, les thèmes abordés très bien traités, importants et graves, sans jamais tomber dans le pathos, sans jamais plomber l’ambiance.

Lorraine Fouchet parvient à rester sur le fil, entre larmes et rires, entre émotion et moments plus cocasses, elle nous tricote une histoire dans laquelle chacun peut se reconnaître et s’identifier.

Tout au long du roman, on assiste à ce mariage breton, l’occasion pour les différents protagonistes d’avouer des secrets bien trop longtemps tus, de renouer avec le passé ou d’en finir, afin de renaître à la vie. Il y a quelques péripéties truculentes qui nous font bien rire, d’autres sont plus émouvantes et serrent le coeur.

Lorraine Fouchet va aborder le deuil qui touche tous les personnages de ce livre, le suicide, le veuvage, la parentalité, l’homosexualité, la maladie, l’infidélité… Chacun a ses secrets, ses joies, ses peines, ses souffrances, ses angoisses, ses regrets, ses non-dits et ses bonheurs.

Une pépite que cette noce mouvementée et un roman qui m’a touchée en plein coeur. Je vous le conseille plus que vivement, par les temps qui courent, il est même indispensable !

Un grand merci à Babelio et aux éditions Héloïse d’Ormesson pour ce joli coup de coeur !

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Lu dans le cadre du Pumpkin Automne Challenge

M.T Anderson publie surtout des albums jeunesse et des romans pour jeunes adultes. Jo (Joséphine) Rioux est une autrice et illustratrice de livres pour enfants. Diplômée du Collège Sheridan, elle illustre des livres pour la littérature jeunesse et jeune adulte, mais sa plus grande passion reste la bande dessinée.

Pour ériger les remparts qui protègent Ys des flots tumultueux, la reine Malgven, épouse du roi Gradlon, a eu recours à la magie. Sa mort brutale et mystérieuse laisse ses deux filles inconsolables et les éloigne l’une de l’autre.

Rozenn, héritière du trône, a reçu de sa mère son amour de la nature sauvage et de la solitude. Elle goûte peu la vie de cour et préfère vivre en parfaite harmonie avec la nature. Elle aime parcourir les landes et partager les joies simples de son peuple.

Dahut, la cadette, tient de sa mère sa magie, se délecte de la vie fastueuse de la cour et se compromet dans ses intrigues. Le roi Gradlon, quant à lui, a délaissé la politique et se réfugie dans les bras de ses nombreuses maitresse, laissant Dahut aux commandes d’Ys.

Mais derrière les murs immenses de la cité se cache un passé lourd de sombres secrets. Le jour où le lien entre les soeurs se rompt définitivement, elles entraînent dans leur chute le destin d’Ys, et les monstres tapis dans l’ombre surgissent alors en pleine lumière…

Avec Soeurs d’Ys, Martin Tobias Anderson revisite le mythe de la cité engloutie d’Ys, censée se trouver au large de Douardenez, la plus fameuse légende bretonne apparue pour la première fois au Moyen-Age sous la plume de Pierre de Baud et largement popularisée au XIXè siècle par Anatole Le Braz et au XXè siècle par Charles Guyot.

Comme il n’a jamais été fixé, ce récit légendaire autour de la cité engloutie a donné lieu à bon nombre d’interprétations et de versions. Le scénariste part donc du point de départ communément présent dans un certain nombre de versions et adjoint aux personnages du saint (Corentin ou Guénolé) qui incarne le Bien, Dahut qui incarne le mal, et le roi Gradlon placé face à un choix, Rozenn qui, elle, est de son cru et j’ai trouvé l’ajout bienvenu.

On suit donc tour à tour, jusqu’à l’engloutissement d’Ys, Rozenn qui incarne la lumière et Dahut, la noirceur. Cette dualité est bien construite et j’ai aimé suivre les jumelles en parallèle.

L’intrigue proposée par M.T Anderson qui s’appuie à la fois sur la version la plus connue de la légende en y mettant son grain de sel est bien tissée et addictive. Je pensais, au départ, lire ce gros roman graphique en plusieurs fois et j’ai été incapable d’arrêter ma lecture avant le point final.

Le récit est en effet plein de secrets, de magie, de péripéties et de rebondissements qui relancent sans cesse l’intérêt du lecteur, l’histoire de ces deux soeurs qui tentent d’imposer leur voix nous interroge sur les choix que l’on peut faire, sur l’attrait au pouvoir, les luttes intestines, les rivalités fraternelles…

Les planches de Jo Rioux m’ont charmée même si, au départ, j’ai eu un peu de mal avec son style, elles servent parfaitement le scénario et concourrent à instaurer une ambiance magique et légendaire. Les couleurs choisies sont fondamentalement automnales avec du vert, du marron, de l’orange et de l’ocre et là encore c’est bien vu, cela cadre bien avec la Bretagne sauvage que je connais et aime.

L’auteur a également laissé une grande latitude à l’illustratrice puisqu’elle a pu laisser libre court à son talent avec des pages entières sans le moindre texte qui retranscrivent très bien l’état d’esprit des personnages.

En bref, un roman graphique réussi tant sur le fond que sur la forme et que je vous recommande si les thématiques abordées vous intéresse.

Un grand merci aux éditions Rue de Sèvres pour cette lecture magique !

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Après des études de lettres puis aux Beaux-Arts, Fanny André a décidé de se consacrer à l’écriture. Jeune romancière, elle a remporté plusieurs prix littéraires, et est l’auteur de plusieurs romans (romance, fantastique, young adult) parus aux éditions Milady et Marabout : A jamais, Premier rôle, Camping dating…

A Trouville, lors de l’enterrement de son fils Arnaud mort d’un AVC, Camille Chardin, quatre-vingts ans, guette l’arrivée de son ex-belle-fille, Isabelle, la quarantaine, avec laquelle elle s’entendait très bien.

Les deux femmes restent ensemble après l’enterrement et leur complicité passée resurgit. Isabelle ne va pas bien : triste et amaigrie, elle a fait un burn-out et quitté son cabinet d’avocats.

Camille est aussi à une étape clé de sa vie. Veuve depuis de nombreuses années, plus rien ne la retient en Normandie alors elle décide de mettre en vente sa maison de Trouville où elle vit depuis soixante ans, pour retourner dans sa Bretagne natale.

Au cours de leur conversation, elles font le projet de réaliser un ancien rêve : un voyage ensemble. Chacune montrerait à l’autre les beautés de son terroir : Isabelle, la Normandie et Camille, la Bretagne, afin de mettre un terme à la gentille rivalité qu’elles ont toujours entretenue autour de la plus jolie région d’origine.

C’est surtout l’occasion pour Camille de fuir le deuil qu’elle vient de vivre et pour Isabelle de reprendre pied et d’arrêter de se morfondre chez elle…

Avec Pour le sourire d’Isabelle, Fanny André met en scène Camille et Isabelle, chacune à un tournant de leur vie. Deux héroïnes attachantes liée par une touchante relation quasi filiale en dépit du divorce d’Arnaud et Isabelle.

Les deux femmes qui s’étaient perdues depuis quelques années entreprennent un voyage à travers la Bretagne et la Normandie pour prouver à l’autre, la beauté de sa région.

De Honfleur à Giverny, de Locronan à Douardenez, de maisons d’hôtes en restaurants ou salons de thé, nous suivons l’itinéraire de ces deux gourmandes qui se livrent peu à peu.

Vous connaissez mon attrait pour la gourmandise et les romans ayant pour cadre ma région, la Bretagne, ce roman ne pouvait qu’aiguiser ma curiosité et atterrir dans ma PAL, d’autant que sa jolie couverture est un vrai plus (oui parfois je peux être très superficielle !).

Au-delà du dépaysement que procure cette lecture qui m’a beaucoup plu et donné envie de revoir ces lieux emblématiques bretons et normands, car l’autrice plante très bien ses décors et franchement on s’y croirait !

J’ai aimé le cheminement de ces deux femmes, leurs caractères et leurs conversations. L’autrice aborde une foule de thématiques très intéressantes comme la famille, le désir de non maternité, le deuil, le veuvage, la solitude, le déracinement, le burn-out, et plus généralement la place des femmes.

C’est un roman à deux voix où chaque héroïne se raconte et raconte le voyage de son point de vue. Tout au long du roman, on fait le plein d’émotion, il y a des moments graves et d’autres joyeux et comme dans tous les feel-good books, il va être question de changement de vie et de nouveau départ, d’amitié et d’amour aussi.

J’ai été touchée par les deux femmes, spécialement Camille qui m’a beaucoup attendrie, et la jolie relation qu’elles entretiennent, l’amour qu’elles se portent.

De la sororité et une belle complicité féminine et intergénérationnelle face au deuil, une échappée savoureuse à deux voix entre Normandie et Bretagne, voilà ce qu’est ce roman.

Un road-trip pas comme les autres que je vous conseille en cette fin d’été / début d’automne, vous serez certainement aussi touché.e que moi par ces deux femmes fortes et indépendantes que je l’ai été.

Un grand merci aux éditions Presses de la cité pour cette lecture sensible et dépaysante !

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Maude Mihami est l’auteure des Dix Voeux d’Alfréd (NiL, 2018 ; Pocket, 2019) et des Amours d’Alfréd (NiL, 2019 ; Pocket, 2020). Du rififi au Camboudin est son troisième roman.

1974. Le Camboudin est un petit village breton bien tranquille. Mais l’arrivée de Désiré Diallo, un jeune médecin noir, va venir tout bouleverser.

Entre le patois local qu’il ne comprend pas, une biquette en chaleur qui bêle toutes les nuits et une vieille ivrogne solitaire, il aura fort à faire pour trouver sa place !

Heureusement, il rencontrera Alfréd, un jeune garçon pas comme les autres, pourvu d’une imagination débordante et d’un courage sans bornes.

Pour l’élève de CM2, cette dernière année scolaire au Camboudin signe celle des retrouvailles avec son père, ce héros au regard si doux…

Du rififi au Camoudin met un point final à la trilogie autour d’Alfréd et Alfred initiée avec Les Dix Voeux d’Alfréd et poursuivie avec Les amours d’Alfréd. Pour le troisième été consécutif, je me suis donc rendue au Camboudin et comme toujours la magie a opéré !

C’est avec regret que j’ai dit adieu à ce petit bourg breton, à ses habitants, à sa trouspignôle et aux années 70, celles de mon enfance. Que vous dire à part de vous précipiter sur cette histoire drôle et pétillante qui ne manque pas de toupet ?

Maude Mihami sait merveilleusement tricoter ses récits, dessiner ses personnages, imprégner une atmosphère pleine d’authenticité et de nostalgie et loin de s’essouffler, cette trilogie s’est au contraire bonifiée tome après tome et je suis très curieuse de découvrir les prochaines histoires de l’autrice.

Quel bonheur de retrouver une fois encore Alfréd et son vénérable papy Alfred, les habitués du bistrot : Tophile, Nénétte, Thérèse, Eugène… de faire la connaissance de Rémi, son père et de mieux comprendre sa mère Agnès, avec l’oeil neuf du nouveau venu au village : le docteur Désiré Diallo, venu de Paris après avoir perdu ses parents.

Grâce à lui, on va en apprendre encore davantage sur le passé des protagonistes de la saga, découvrir leur quotidien et celui de ces personnages âgées qui ont traversé le XXè siècle en continuant à vivre, pour certains, à la manière de leurs ancêtres, dans l’insalubrité la plus totale.

Tout le village va faire bon accueil au médecin, qui loin d’être en but au racisme, va au contraire être adopté par les habitants et notamment des piliers de comptoir du café, véritable Q.G d’Alfred et ses amis, qui vont l’initier à l’alcool local : le fameux Trouspignôle. On pourrait les trouver frustres au premier abord mais ils se révèlent tous bienveillants, généreux et attentifs au bonheur et au bien-être de chacun.

Dans cet ultime opus, j’ai été plus particulièrement touchée par Agnès, cette mère tombée dans la bouteille depuis bien trop longtemps, aigrie par son travail à l’usine de viande, négligente envers son fils et pourtant tellement pleine d’amour et de fierté pour son bonhomme de dix ans, qui décide d’enfin combattre son alcoolisme, on la découvre vraiment dans ce tome et on se réjouit du dénouement mitonné par l’autrice.

L’écriture de Maude Mihami est vraiment savoureuse, elle arrive à nous embarquer totalement, à nous immerger au coeur de cette petite communauté rurale des années 70. Son récit est à la fois drôle et émouvant et on s’y sent tellement bien qu’on arrive à regret au point final.

Un grand merci aux éditions Nil pour cette merveilleuse lecture, j’ai adoré !

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Lu dans le cadre des 12 pavés que j’aimerai sortir de ma pal et du challenge 1 pavé par mois :

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Jean-Luc Bannalec est le pseudonyme d’un écrivain allemand qui a trouvé sa seconde patrie dans le Finistère sud. Après Un été à Pont‑Aven (2014), il écrit la suite des aventures du commissaire Dupin dans Étrange printemps aux Glénan (2015), Les Marais sanglants de Guérande (2016) puis L’Inconnu de Port Bélon (2017) et Péril en mer d’Iroise (2018). Tous ses romans ont été publiés aux Presses de la Cité et repris chez Pocket. En 2019 paraît Les Disparus de Trégastel, chez le même éditeur.

Trois cadavres en trois lieux différents et le commissaire Dupin est sur le pont ! Le premier corps est retrouvé au petit matin dans un local de la criée de Douarnenez. La victime, Céline Kerkrom, est une pêcheuse professionnelle, venue vendre le produit de sa pêche.

Sur l’île de Sein, Laëtitia Darot, une jeune chercheuse spécialiste des dauphins gît dans le cimetière dit  » des cholériques  » et était amie avec la première victime.

Le troisième cadavre, enfin, sur la presqu’île de Crozon, est celui de Lapointe, un professeur de biologie à la retraite, passionné d’histoire.

Le commissaire Dupin mène l’enquête et apprend bientôt qu’une volumineuse croix en or pur (relique de la cité d’Ys ?), aurait soulevé bien des convoitises, poussant les protagonistes à s’espionner.

Ces trois meurtres sont liés, cela ne fait aucun doute, d’autant que les trois victimes se connaissaient… Mais qui pourrait être le coupable parmi les travailleurs de la mer ? Et quel est son mobile ?

Il y a maintenant trois ans que Péril en mer d’Iroise attendait dans ma pal et je suis bien en peine de vous dire pourquoi tant j’adore cette série policière qui a pour cadre la Bretagne sud, ma région.

Depuis Un été à Pont-Aven, je retrouve avec grand plaisir le commissaire Dupin, sa secrétaire Nolwenn et ses adjoints Le Ber et Labat qui enquêtent dans des lieux emblématiques de la Bretagne.

Et à chaque fois : Étrange printemps aux Glénan, Les marais sanglants de Guérande et L’inconnu de Port Bélon, j’ai pris beaucoup de plaisir à suivre les enquêtes de ce policier parisien exilé en Bretagne, accro à la caféine et à l’entrecôte frites.

Ce cinquième volume ne fait pas exception à la règle et offre une immersion agitée en mer d’Iroise pour le commissaire Dupin, qui, de Douarnenez, à la découverte de l’histoire de la cité sardinière, jusqu’à l’île de Sein, mène l’enquête.

Cette série policière classique ne brille pas par un suspens de fou qui mettrait vos nerfs en pelote, mais l’éditeur allemand Jörg Bong qui a pris pour nom de plume Jean Luc Bannalec, se révèle être un formidable conteur de la Bretagne et il a l’art de nous tricoter des intrigues policières qui tiennent la route et rien que pour ça, ils valent la peine d’être lus.

Lire une enquête du commissaire Dupin, c’est avant tout lire la Bretagne, Bannalec n’a pas son pareil pour raconter la Bretagne et ses légendes ainsi que ses spécialités gastronomiques, Dupin est un épicurien et un fin gourmet dans l’âme, pour moi c’est à chaque fois un réel bonheur de mettre mes pas dans ceux de ce commissaire breton d’adoption (comme moi) et de respirer l’iode à pleins poumons au fil du récit.

Comme je le disais plus haut, c’est un polar classique, l’important est ailleurs, dans l’atmosphère, dans la galerie de personnages, dans les dialogues toujours savoureux avec une pointe d’humour bien dosée. On ne s’ennuie jamais avec Dupin et au contraire ses intrigues se révèlent plutôt passionnantes.

L’auteur se documente très bien sur chaque coin de Bretagne qui sert de décor à l’enquête et nous fait pénétrer ici dans l’île de Sein (qui voit Sein voit sa fin !), ses ruelles, ses maisons, son phare et ses musées et nous entraîne sur le sillage de la fameuse légende d’Ys, cité engloutie.

Au-delà de cette thématique légendaire, Jean-Luc Bannalec met aussi sur la table des thématiques très actuelles comme la contrebande d’alcool et de cigarettes, les quotas de pêche, la pêche d’espèces interdites, les fonds marins en péril, l’identité bretonne, la quête d’un trésor perdu, tous ces thèmes sont au cœur de cette cinquième enquête de Dupin.

L’intrigue policière est comme toujours de qualité, elle se révèle efficace et prenante de bout en bout et je ne peux que vous conseiller cette série si vous aimez les policiers classiques et la Bretagne, précipitez-vous sur les enquêtes du commissaire Georges Dupin !

Merci à Marie-Jeanne et aux Presses de la Cité pour cette carte postale de la Bretagne tellement agréable, j’ai adoré une fois de plus.

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