Virginie Ollagnier-Jouvray travaille pour la première fois sur une bande dessinée avec Olivier Jouvray, son mari, en participant à la série Kia Ora de 2007 à 2009. Publié chez Glénat, ce récit conte l’histoire d’une petite fille maorie devenue « monstre de foire » dans l’Europe du XXe siècle.
Carole Maurel est une dessinatrice, graphiste et animatrice qui a débuté sa carrière dans l’audiovisuel. Elle attire l’attention après avoir remporté un concours de webtoons. Elle réalise la bande dessinée Collaboration Horizontale avec Navie. Dans le même temps sort En attendant Bojangles aux éditions Steinkis sur un scénario d’Ingrid Chabbert. Elle travaille ensuite sur un univers jeunesse d’anticipation avec Eden, édité chez Rue de Sèvres et scénarisé par Fabrice Collin.
New-York, 1887. Nellie Bly est complètement folle. Sans cesse, elle répète vouloir retrouver ses « troncs ». Personne n’arrive à saisir le sens de ses propos, car en réalité, tout cela n’est qu’une vaste supercherie.
Nellie est journaliste free lance et cherche à se faire interner dans l’asile psychiatrique de Blackwell à New York dans le but d’y enquêter sur les conditions de vie de ses résidentes.
Y parvenant avec une facilité déconcertante, elle découvre un univers glacial, sadique et misogyne, où ne pas parfaitement remplir le rôle assigné aux femmes leur suffit à être désignées comme aliénées…
Nellie Bly Dans l’antre de la folie s’inspire du récit de la journaliste parue sous le titre 10 jours dans un asile.
Virginie Ollagnier au scénario nous raconte l’histoire vraie de la pionnière du journalisme d’investigation et du reportage clandestin. Comme dans La salle de bal ou Le bal des folles, l’autrice nous montre comme il était facile pour les hommes de placer les femmes dans les asiles d’aliéniés avec la complicité des soignants.
Ces dames dont beaucoup se trouvaient là pour des raisons qui n’avaient rien de médical : un fils voulant se débarrasser de sa mère pour ne pas avoir à la nourrir malgré qu’elle l’ait élevé ainsi que ses petits-enfants, un mari trouvant sa femme trop encombrante, un fiancé qui rompt ses fiançailles, une pauvre fille malade et sans le sou dont l’hôpital se débarrasse en l’expédiant à l’asile ou tout bêtement une femme qui ne parle pas anglais et qui n’arrive pas à se faire comprendre.
Ce qui révolte davantage ici, ce sont les conditions de vie de ces femmes enfermées sur l’île de Blackwell, dont beaucoup deviennent folles pour de bon sous les coups et les mauvais traitements des médecins et surtout des infirmières qui prennent un malin plaisir à assouvir leur petit pouvoir : humiliations, coups, bains d’eau glacée, drogues…
Mais aussi la nourriture infecte, les matelas pourris, la saleté et l’obligation pour ces femmes de travailler gratuitement en échange du gite et du couvert, la charité a bon dos !
Les dessins, comme toujours très réussis de Carole Maurel, viennent appuyer les propos de la scénariste et montrent la folie qui s’emparent des résidentes de l’asile.
Par des flash-backs, les autrices racontent aussi l’enfance et la jeunesse de Nellie Bly, ses difficultés à trouver une place dans une rédaction…
Un roman graphique réussi tant sur la forme que sur le fond que je vous encourage de découvrir à votre tour si ce n’est déjà fait.