1920 : Frankie Pratt a 18 ans lorsqu’elle commence à écrire son Journal. Elève prometteuse. Lectrice avertie, la jeune fille rêve de devenir écrivain. Avec une machine à écrire Corona et une fantaisie d’archiviste, elle se lance dans le récit de ses aventures sous forme de scrapbook. Tour à tour étudiante boursière au Vassar College, danseuse de charleston amateur à Greenwich Village, rédactrice de potins à grand tirage, secrétaire d’édition auprès de James Joyce, amoureuse éperdue de mauvais garçons, elle nous entraîne clans un périple qui la conduira du New York de la Prohibition au Paris des Années folles.
Cartes postales, articles et dessins de presse, gravures de mode, tickets de train, de cinéma ou de paquebot, étiquettes, échantillons de tissus, réclames, photos d’acteurs et d’actrices, etc, ont été nécessaires pour composer ce livre qui est une œuvre littéraire à part entière ! Présenté par son auteure comme un roman graphique, il regroupe pas moins de six cents pièces d’époque, glanées chez les antiquaires ou sur Internet, qui s’emboitent comme par magie les uns aux autres pour former une véritable histoire et une prouesse qui m’a éblouie.
Vous connaissez mon goût pour cette période que sont les Années Folles, je vous en parle souvent, et lorsque ce livre est sorti, j’ai immédiatement eu envie de le lire, d’autant plus que deux de mes copinautes, Claire et Fanny, emballées elles aussi, n’ont pas tiédi cette envie, bien au contraire. Aussi, lorsque ma chère Laure me l’a offert pour mon anniversaire, j’ai poussé de grands cris de joie (je suis une fille très démonstrative, qui ne fait pas dans la demi-mesure !) et j’ai profité de ce début d’été pour le lire et je dois dire que je n’ai pas été déçue
L’auteure, qui n’en est pas à son premier roman graphique, s’est inspiré de sa grand-mère et de son amitié qui la lia à Sylvia Beach, la libraire et éditrice de Shakespeare&Co, dans les années 20. C’est aussi un roman d’apprentissage qui m’a fait pensé à Rien n’est trop beau de Rona Jaffe, toute proportion gardée car l’histoire de Frankie Pratt est très différente et sa forme aussi. Le journal de Frankie Pratt est, comme son nom l’indique, le journal intime de Frankie Pratt, une jeune américaine, qui nous raconte ici son quotidien de jeune étudiante à Vassar, l’université féminine si renommée, ses premières années de journaliste et d’éditrice, et of course ses amours ! Fille d’un médecin et d’une infirmière, Frances (elle déteste son prénom) vit à Cornish, une petite ville du New Hampshire, lorsque nous faisons sa connaissance en 1920. Frankie n’est pas une oisive, c’est une bonne élève mais elle doit travailler tout l’été comme garde malade afin de s’acquitter de ses frais de scolarité. Son père, décédé d’une maladie de poitrine, contractée pendant la première guerre mondiale, a contraint sa mère à reprendre son métier d’infirmière garde-malade.
Découpé en 6 chapitres (Cornish, Université de Vassar, Greenwich Village, L’Atlantique, Paris et de nouveau, le point de départ, Cornish), Frankie nous immerge dans les années 20, son atmosphère si particulière avec sa prohibition, son cinéma, ses magazines comme Vanity Faire ou The New Yorker, sa littérature avec James Joyce, sa musique, ses danses, ses appareils électroménagers, etc. Frankie est une jeune fille très attachante que l’on découvre à travers son parcours initiatique depuis Cornish à Vassar, en passant par New-York et Paris. Ses amours, sa difficulté de percer comme journaliste faute de pouvoir devenir écrivain, malgré un prix littéraire qu’elle revendique fièrement, son évolution de jeune fille à jeune femme, sa traversée de l’Atlantique à bord du paquebot Cunard le Mauretania, ses rêves, ses espoirs et ses déceptions en font une héroïne terriblement touchante.
J’ai littéralement adoré cette véritable œuvre littéraire à part entière, certes légère mais que je trouve vraiment réussie dans sa forme et je ne peux que vous inciter à lire ou à parcourir ce trésor si bien mis en page, que vous soyez fan de scrapbooking, des années 20 ou tout simplement de beaux livres, vous ne pourrez que l’aimer vous aussi. Et voici la petite vidéo faite par l’auteure qui vous présente son livre :
Lu dans le cadre du challenge La plume au féminin édition 2013 :