Charles Dickens (1812-1870) est marqué à jamais par la pauvreté soudaine de ses années d’enfance. Cet immense écrivain et journaliste est un acerbe critique de son époque et de la société anglaise sous la révolution industrielle.
Charles Dickens et moi vivons une histoire d’amour compliquée. Si j’aime les thèmes qu’il aborde et les combats qu’il a mené, j’ai beaucoup plus de mal avec les longueurs et les morales chrétiennes dont il abreuve son œuvre.
Dans ces cinq contes, Dickens, dans un style exigeant, célèbre l’esprit de Noël, le partage et la charité, et dénonce l’injustice sociale qui exclut les pauvres de cette fête. C’est un portrait de la vie quotidienne du peuple londonien et une condamnation sans appel de l’exploitation et de la misère.
La condamnation sans appel de l’exploitation de la misère, l’obsession de la faim et de la pauvreté, la nostalgie de l’enfance sont au coeur de ces cinq contes avec humour, tendresse et intelligence tout en préservant l’atmosphère de Noël. Même si chacun des contes est moralisateur, j’ai globalement apprécié ce recueil.
Pas de surprise, j’ai adoré relire Un chant de Noël, le conte le plus célèbre et à mon avis le meilleur qui a valu à Dickens le surnom de l’homme qui a créé Noël. J’ai un sentiment plus mitigé pour Le Carillon et La bataille de la vie qui m’ont ennuyée mais j’ai beaucoup aimé Le grillon du foyer et L’homme hanté et le marché du fantôme.
Le chant de Noël est sans doute le plus célèbre des cinq contes et le plus abouti. Adapté de nombreuses fois à l’écran comme à la scène, il raconte comment un vieux commerçant et usurier, avare, acariâtre, misanthrope et profondément seul, Scrooge, se change en homme généreux après la visite de quatre fantômes. Une apologie d’un bonheur simple et une condamnation des injustices sociales sans oublier, à chaque fois, l’esprit de Noël, les notions de charité et de partage, l’envie de gentillesse.
Le carillon, met en scène un pauvre vieil homme commissionnaire, Tobie, père d’une douce et aimable jeune fille, Margot, fiancée à un forgeron vaillant, Richard. La venue de deux fonctionnaires et leur façon de considérer les pauvres gens, sèment le doute dans l’esprit de Tobie qui finit par se sentir mauvais et de peu d’estime. Mais l’esprit du carillon saura lui montrer l’avenir sordide qu’il se prépare s’il persiste à se sentir comme un bon à rien et lui redonnera une dignité humaine par le respect et l’estime de soi-même.
Le grillon du foyer. Ici l’intervention fantastique prend l’allure d’un grillon, « le génie du foyer domestique »., qui saura empêcher le mariage du vieux Tackleton avec la jeune May Fielding et met en valeur le bonheur des plus pauvres à travers le fabricant de jouets, Caleb et sa jeune fille aveugle, Bertha. Peut être un peu trop évident pour convaincre absolument mais la jeune Dot est un personnage attachant, enthousiaste et sincère, lumineuse, à l’image de la féérie de Noël.
La bataille de la vie. Dans ce conte de Noël, Dickens se passe d’une intervention surnaturelle pour transformer l’attitude de ses personnages et les rendre meilleurs. Un conte très sensible qui met scène deux sœurs dont l’une, Marion, sacrifie son amour pour celui de sa sœur. Un récit larmoyant à souhait qui m’a passablement ennuyée.
L’homme hanté et le marché du fantôme. Un professeur de chimie hanté par le souvenir de la mort de sa sœur tant aimée se voit proposer par un fantôme, la possibilité d’effacer tous ses souvenirs douloureux puis de passer ce don, s’il le souhaite, à des proches. Mais en perdant le souvenir de ses souffrances, l’homme perd aussi sa sensibilité et sa compassion. Telle une amorce aux futures découvertes de la psychanalyse, Dickens met en avant le rôle essentiel de l’inconscient et des souvenirs refoulés dans la construction de l’être humain.
Avec ces histoires, Dickens veut rendre l’homme meilleur. L’ambiance légèrement surannée de Noël a une séduction indéniable et donne envie d’être généreux et bienveillant, de savourer au mieux la période des fêtes face à la morosité et à la noirceur de notre société actuelle.
A réserver toutefois aux amateurs.trices de Dickens et des classiques victoriens !