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Posts Tagged ‘colm toibin’

Années 1950. New York, terre d’exil et terre promise, s’étend à l’horizon. Alors qu’elle quitte l’Irlande pour travailler à Brooklyn, la jeune Eilis se perd dans cette ville anonyme. Mais bientôt, un drame la rappelle à son pays natal. Déchirée entre deux mondes, entre l’enfance et l’avenir, quels choix fera-t-elle pour imposer sa voie ?

Enniscorthy, sud-est de l’Irlande, années 1950. Comme de nombreux jeunes de sa génération, Eilis Lacey, diplômée en comptabilité, ne parvient pas à trouver de travail.

Ses trois frères ont rejoint l’Angleterre et Ellis parvient à se faire embaucher comme vendeuse dans une épicerie le dimanche, son avenir est donc loin d’être assuré.

Par l’entremise du Père Flood, sa soeur Rose obtient pour elle un emploi de vendeuse aux États-Unis. En poussant sa jeune soeur à partir, Rose se sacrifie : elle sera seule désormais pour s’occuper de leur mère veuve et aura peu de chance de se marier.

Terrorisée à l’idée de quitter le cocon familial, mais contrainte de se plier à la décision de Rose, Eilis quitte l’Irlande. À Brooklyn, elle loue une chambre dans une pension de famille irlandaise tenue par Mme Kehoe.

Au début, le mal du pays la submerge, la laissant triste et solitaire. Puis, peu à peu, elle s’attache à la nouveauté de son existence. Dans ce rythme entre monotonie rassurante et nouveautés excitantes, Eilis trouve une sorte de liberté assez proche du bonheur.

Et quand Tony, un Italien tendre, sérieux et très amoureux, entre dans sa vie, elle est convaincue que son avenir est tout tracé : elle deviendra américaine. Mais un drame familial l’oblige à retraverser l’Atlantique pour un séjour de quelques semaines en Irlande…

Voilà un roman qui croupissait dans ma PAL depuis sa parution au printemps 2016 et c’est grâce à Belette, qui m’accompagne dans cette lecture, que je l’en ai enfin sorti.

Avec Brookyn, Colm Toibin nous propose un roman d’apprentissage, celui d’une fille particulièrement effacée, qui laisse les autres tenir les rênes de sa vie. On n’a qu’une envie : la secouer afin qu’elle se prenne en main ! Tout au long du récit, notre héroïne subit son destin et je trouve dommage qu’à aucun moment, elle n’ait le pouvoir de décider de sa vie.

L’auteur nous propose une peinture intéressante de l’Irlande et des Etats-Unis des années 50 et une réflexion intéressante sur tous les déracinés irlandais qui ont du fuir leur mère patrie afin de travailler. Depuis les immigrations massives du XIXe siècle, New York possède un fort pouvoir d’attraction et attiré une large population venue d’Irlande.

Colm Toibin le démontre ici très bien car Brooklyn est cosmopolite (irlandais, italiens, communauté juive) et avec Ellis, on découvre les structures spécifiques pour les Irlandais (logements, paroisse, bals…) dans la grosse pomme de cette époque.

Pour autant, je n’ai pas réussi à m’attacher à Ellis qui demeure fade, effacée et mièvre, c’est pourtant une jeune fille courageuse, qui se retrouve seule à des milliers de kilomètres de sa famille, qui souffre de solitude et prend des cours du soir afin d’avoir une meilleure vie.

Je trouve aussi que ce roman souffre de longueurs, il ne se passe pas grand chose au fil des 300 pages et il aurait gagné à mon sens à être plus ramassé, d’autant que la quatrième de couverture dévoile toute l’intrigue et que celle-ci ne commence réellement qu’à la moitié du roman.

Une lecture en demi-teinte en ce qui me concerne mais ma copinaute Belette l’a plus apprécié que moi et je vous invite à lire son avis ici.

Un grand merci aux éditions Robert Laffont pour leur confiance.

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Lu dans le cadre du challenges 1 pavé par mois  :

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Irlande, fin des années 1960. Nora, qui élève seule ses quatre enfants depuis la mort de son mari, tente de refaire sa vie sous l’oeil critique des habitants de la petite ville où elle vit depuis toujours. Opiniâtre et indocile, elle s’affranchit peu à peu des cancans et s’autorise de menues libertés : prendre des cours de chant, s’acheter une chaîne stéréo… La profondeur des émotions que soulève en elle la musique s’accorde au réveil de sa sensibilité et de sa personnalité.heart_3nora-webster-colm-toibin

Enniscorthy, petite ville au sud-est de l’Irlande, fin des années 60. Maurice Webster, professeur réputé, vient de perdre son combat contre une grave maladie, laissant son épouse Nora particulièrement démunie.

A quarante-six ans, cette mère au foyer au caractère très difficile, se retrouve vite à cours d’argent et va devoir profondément bouleverser son quotidien et celui de ses enfants : tout d’abord en vendant leur maison de vacances puis en acceptant un emploi dans la firme pour laquelle elle travaillait avant son mariage, en se teignant les cheveux, en prenant des cours de chant et en affrontant les problèmes un à un.

Nora est une femme courageuse mais elle doit sans cesse justifier la moindre de ses décisions auprès de ses enfants et de sa famille, elle reconnaît d’ailleurs que celui que tout le monde aimait c’était Maurice et qu’elle entretient avec son entourage, ses enfants compris, des relations particulièrement complexes et difficiles.

J’avais découvert Colm Toibin avec son précèdent opus pour lequel j’avais eu un quasi coup de cœur : Le testament de Marie, j’avais donc l’espoir d’apprécier tout autant son nouveau titre, ce ne fut malheureusement pas le cas.

Pendant plus de 400 pages, Colm Tóibín nous livre pourtant un très beau portrait de femme, celui d’une veuve.

L’auteur nous donne en effet à lire la renaissance de cette femme qui doit faire le deuil de son époux, trouver un travail, continuer d’élever ses deux fils tout en accompagnant ses filles dans l’entrée dans l’âge adulte.

L’émancipation de cette femme au moment où l’Irlande vit aussi de grands bouleversements ne m’a pas vraiment intéressé, je n’ai ressenti aucune empathie ou affinité avec Nora et je déplore de grandes longueurs et surtout un manque de liaison entre les différents chapitres.

L’auteur fait en effet sans cesse des sauts de puce, passant d’un sujet à l’autre, il dresse un portrait sensible de son héroïne qui se révèle très forte et faisant preuve de pugnacité mais trop de passages m’ont ennuyée par leur immobilisme, l’atermoiement de Nora et des digressions à n’en plus finir.

Vous l’aurez compris Nora Webster est un joli roman, tout en pudeur, mais qui n’a pas su totalement séduire malgré le talent indéniable de Colm Tóibín.

Un grand merci à Cécile et aux éditions Robert Laffont pour leur confiance.

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 Ils sont deux à la surveiller, à l’interroger pour lui faire dire ce qu’elle n’a pas vu. Ils dressent de son fils un portrait dans lequel elle ne le reconnaît pas et veulent bâtir autour de sa crucifixion une légende qu’elle refuse. Seule, à l’écart du monde, dans un lieu protégé, elle tente de s’opposer au mythe que les anciens compagnons de son fils sont en train de forger. Lentement, elle extirpe de sa mémoire le souvenir de cet enfant qu’elle a vu changer. En cette époque agitée, prompte aux enthousiasmes comme aux sévères rejets, son fils s’est entouré d’une cour de jeunes fauteurs de trouble infligeant leur morgue et leurs mauvaises manières partout où ils passent. Peu à peu, ils manipulent le plus charismatique d’entre eux, érigent autour de lui la fable d’un être exceptionnel, capable de rappeler Lazare du monde des morts et de changer l’eau en vin. Et quand, politiquement, le moment est venu d’imposer leur pouvoir, ils abattent leur dernière carte : ils envoient leur jeune chef à la crucifixion et le proclament fils de Dieu. Puis ils traquent ceux qui pourraient s’opposer à leur version de la vérité. Notamment Marie, sa mère. Mais elle, elle a fui devant cette image détestable de son fils, elle n’a pas assisté à son supplice, ne l’a pas recueilli à sa descente de croix. À aucun moment elle n’a souscrit à cette vérité qui n’en est pas une.

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De Jesus de Nazareth, on ne sait que ce que les évangiles de Jean, Marc, Mathieu et Luc ont bien voulu nous raconter. Mais de Marie, sa mère, on n’en sait encore moins. Qui était cette femme ? Que pensait-elle de son fils et de ses disciples ? Mystère et boule de gommes…

L’église catholique comme l’église orthodoxe accordent une grande place à Marie : celle de la Mère de Dieu, celle qui a enfanté le sauveur grâce au Saint-Esprit, celle qui assiste au supplice de son enfant devenu homme, couronné d’épines et cloué sur une croix, celle qui vient récupérer à la nuit tombée le corps de ce fils sacrifié avant de le rejoindre au Paradis.

Loin des textes et de l’image que l’on peut avoir de Marie, Colm Toibin nous propose de voir cette mère autrement et nous donne à lire ici son testament, ses pensés intimes.

Ephèse, vingt années ont passé depuis la crucifixion de Jésus. Marie vit depuis cet évènement seule, cloitrée dans sa petite maison. Mise au banc des siens, elle vit la peur au ventre et survit grâce à l’aide de deux hommes qui prennent soin d’elle, sans doute deux des apôtres de Jésus.

Ces deux hommes sont venus recueillir le témoignage de Marie. Un témoignage destiné à accréditer la divinité de Jésus, sa prédestination à mourir sur la croix pour racheter les péchés des hommes.

Ce qu’ils veulent, ce sont des éléments qui abondent en leur sens et viendront alimenter la rédaction d’ouvrages destinés à évangéliser le monde pour des siècles et des siècles.

Mais Marie ne veut pas leur donner ce qu’ils sont venus chercher. Elle souffre dans son coeur, dans sa chair de femme, de mère. Alors, elle se souvient de Jésus, bébé puis enfant, un garçon timoré qui restait dans l’ombre.

Elle se souvient, quelques semaines avant sa mort, de l’avoir entendu proférer des propos aussi obscurs qu’incompréhensibles. De l’avoir vu changer au point qu’elle ne le reconnaisse plus, au point qu’il ne voit plus en elle sa mère mais une simple femme.

De sa surprise, qu’il se prenne pour le fils de Dieu. Des noces de Cana où il change l’eau en vin. De la résurrection de Lazare. Marie ne comprend pas ce qui arrive à son fils, elle ne croit pas à ses miracles.

Colm Tóibín livre ici un texte habité, très fort, qui ne se lit pas aisément mais qui vous prend vraiment aux tripes. La douleur de cette mère, qui pourrait être n’importe quelle mère, vous, moi, ne peut que nous émouvoir et nous bousculer, nous chambouler.

Un récit qui propose une vision, une interprétation de Marie totalement éloignée des textes sacrés et des dogmes qui en fait une femme terriblement moderne et proche de nous. J’aime beaucoup cette vision de Marie que porte Toibin.

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