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Posts Tagged ‘dystopie’

Lu dans le cadre du challenge 1 pavé par mois  :

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Margaret Atwood, née à Ottawa en 1939, est l’auteure d’une quarantaine de livres – fiction, poésie et essais critiques. Traduite dans plus de cinquante langues, elle est l’une des plus grandes romancières de notre temps. Sont notamment parus chez Robert Laffont Le Tueur aveugle ( » Pavillons « , 2002), La Servante écarlate ( » Pavillons Poche « , 2017), un classique qui ne cesse d’être redécouvert et aujourd’hui une série TV unanimement saluée, ainsi que Captive ( » Pavillons « , 2017), également porté au petit écran.

Quinze ans après les événements de La Servante écarlate, le régime théocratique de la République de Galaad a toujours la mainmise sur le pouvoir, mais des signes ne trompent pas : il est en train de pourrir de l’intérieur.

À cet instant crucial, les vies de trois femmes radicalement différentes convergent, avec des conséquences potentiellement explosives. Deux d’entre elles ont grandi de part et d’autre de la frontière : l’une à Galaad, comme la fille privilégiée d’un Commandant de haut rang, et l’autre au Canada, où elle participe à des manifestations contre Galaad tout en suivant sur le petit écran les horreurs dont le régime se rend coupable.

Aux voix de ces deux jeunes femmes appartenant à la première génération à avoir grandi sous cet ordre nouveau se mêle une troisième, celle d’un des bourreaux du régime, dont le pouvoir repose sur les secrets qu’elle a recueillis sans scrupules pour un usage impitoyable.

Et ce sont ces secrets depuis longtemps enfouis qui vont réunir ces trois femmes, forçant chacune à s’accepter et à accepter de défendre ses convictions profondes…

Deux ans après ma lecture de La servante écarlate, le roman dystopique de Margaret Atwood, devenu un classique contemporain, je renoue avec l’univers de Galaad avec Les testaments.

Plus de trente ans après son chef d’œuvre qui connaît un certain retentissement depuis qu’il a été adapté en série télévisée, la romancière canadienne nous donne à lire sa conclusion (définitive ?), en tout cas une suite toute aussi prenante que le premier opus.

J’avoue, que mise à part des réserves sur les cinquante dernières pages, comme dans La servante écarlate, j’ai adoré cette lecture que j’ai trouvé passionnante et particulièrement glaçante.

Contrairement à La servante écarlate dans laquelle nous ne suivions que Defred, Les testaments est un roman à trois voix. Margaret Atwood donne tour à tour la parole à Agnès, fille d’un commandant qui refuse le mariage qu’on lui destine, Daisy, fille de militants canadiens anti-Galaad et tante Lydia, l’une des fondatrices du régime. Cette dernière est à mon sens la plus intéressante à suivre puisqu’elle revient sur tout son parcours au sein de Galaad et l’évolution de cette dictature religieuse.

Cette ancienne juge a échappé de peu à la mort lors des purges menées par le nouveau pouvoir en place et s’est vu confié au fil des années de plus en plus de responsabilités jusqu’à devenir la responsable des Tantes, les seules femmes qui ont le droit de lire et détiennent des miettes de pouvoir que les hommes, tout-puissants dans cette société ultra religieuse, veulent bien leur laisser.

Il y a beaucoup à dire sur ce roman anxiogène car au-delà de la place des femmes dans la société de Galaad, il s’agit d’un roman sur la privation des droits et des libertés pour la très grande majorité de la population qui vit dans la crainte car les Oeils, nom donné aux espions, sont légion. Et malheur à ceux qui fuient le pays ou les traitres à la cause qui sont exécutés par pendaison ou déchiquetation.

Les femmes sont au premier rang des victimes de Galaad. Condamnées à trois types de rôles : celui d’épouse, de domestique ou d’esclave sexuelle. Au point que les jeunes filles qui ne veulent endosser aucun de ces rôles préfèrent simuler un appel de Dieu à rejoindre les Tantes dans leur sanctuaire interdit aux hommes.

Les hommes ne sont pas mieux lotis, les dirigeants mis à part, puisque eux seuls ont accès au pouvoir mais ils vivent aussi dans la peur des dénonciations si ils ne respectent pas à la lettre la doctrine de Galaad.

En dévoilant l’histoire des femmes des Testaments, Margaret Atwood nous donne à voir les rouages internes de Galaad dans un savant mélange de suspense haletant, de vivacité d’esprit et de virtuosité créatrice.

Difficile de revenir sur chaque point marquant de ce grand roman, il y en a beaucoup et je ne souhaite pas trop en dévoiler ici afin de ne pas gâcher la lecture de celles et ceux qui n’ont pas encore lu cette dystopie.

En refermant ce roman, je ne peux que vous conseiller de vous y plonger à votre tour, c’est une lecture importante qui me restera longtemps en mémoire. La situation décrite par Margaret Atwood est hélas crédible.

Un grand merci à Filippa et aux éditions Robert Laffont pour cette lecture passionnante et à Belette pour m’avoir accompagné, vous pouvez retrouver son avis ici ! Nous sommes une fois de plus sur la même longueur d’ondes.

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Les grands discours ne servent à rien. Nous avons perdu trop de temps à parler. Les écrits, les paroles, c’est ce qui nous asservit. Le jour est venu d’en finir avec tout ça.

Phoenice, anciennement San Francisco, n’est plus qu’un état à part entière divisé en deux zones depuis le tremblement de terre qui l’a partiellement détruite au 21ème siècle : les quadrants, quartiers où vit la majeure partie de la population, et Le coeur, ville dans la ville, juchée sur une colline et protégée par un mur.

Les élus, classe dominante et éduquée, vivent à l’abri du mur et détiennent tous les pouvoirs y compris militaires. Les autres habitants sont répartis selon un système de castes : ouvriers, soldats, nourrisseurs et déclassés.

Jonas, 14 ans, vit avec une mère dépressive, un père révolutionnaire. Sa soeur aînée, Helix 15 ans, a réussi l’Ascension, concours d’entrée pour intégrer les « élus ». Un concours très difficile à réussir pour les non initiés. A présent, intronisée, et passée de l’autre côté, elle est coupée de sa famille.

Les tensions entre le peuple et le pouvoir ont atteint un point de non-retour. La ville se consume, ravagée par les flammes des combats qui s’étendent jusqu’à l’Apex. Au milieu de cette révolte, les masques tombent et les vérités éclatent. Helix, Jonas et Circeon devront faire face à de douloureuses révélations les unissant bien malgré eux au destin de la cité.

L’âme des inspirés est le second et dernier tome de la duologie Eden, après Le visage des sans-noms paru il y a quelques mois. Au scénario, on retrouve Fabrice Colin et aux illustrations, la talentueuse Carole Maurel dont j’aime beaucoup le travail.

Vous le savez d’ores et déjà si vous êtes un(e) habitué(e) de ce blog : la science-fiction et la dystopie ne sont pas mes genres de prédilection loin de là et pourtant je dois admettre que cette bande dessinée jeunesse se lit formidablement bien et que je ne me suis pas ennuyée une seconde !

Si le premier volet plantait le décor et l’ambiance dans lesquels nous voyons évoluer les protagonistes de ce récit, ce second opus nous fait rentrer dans le feu de l’action. Pas de temps mort, des révélations en cascade et un constat post apocalyptique de Phoenice sont au menu de ce volume.

L’ouvrage, si il montre quelques scènes violentes, sont tout à fait abordables pour les adolescents qui comprendront, je l’espère, qu’il est important de garder son sens critique pour tenter d’échapper aux manipulations, de lire et d’apprendre car dans cette ville, le savoir et les livres ont été consciencieusement éradiqués, comme dans toutes les tyrannies.

Et comme dans toute dictature, il y a un pouvoir qui détient toutes les manettes et une résistance qui tente de lutter, dans l’ombre, contre les élus et le régime mis en place.

La révolution est en marche et nos héros seront en première ligne pour mettre à bas le cœur de la ville et ils apprendront beaucoup sur leurs origines qui sont loin d’être celles qu’ils croyaient !

Une bonne idée de Fabrice Colin qui nous propose un récit bien rythmé, bien servi par les illustrations réussies Carole Maurel qui croque avec talent ce monde futuriste de Phoenice mais qui met également l’accent sur les visages des acteurs de l’histoire, ce qui rend le tout très vivant.

Une série qui constitue une bonne entrée en matière dans le genre dystopique auprès de la cible visée par Fabrice Colin et Carole Maurel (les pré ados et ados).

Un grand merci à Doriane et aux éditions Rue de Sèvres pour cette lecture, loin de ma zone de confort !

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Lu dans le cadre du challenge 1 pavé par mois  :

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A l’heure de la libération de la parole post #MeToo, Vox rend hommage au pouvoir des mots et du langage.

Jean McClellan est docteure en neurosciences. Elle a passé sa vie dans un laboratoire de recherches, loin des mouvements protestataires qui ont enflammé son pays. Son amie Jackie a tenté à plusieurs reprises de l’intéresser à la vie politique américaine et aux droits des femmes, en vain.

Mais, désormais, même si elle le voulait, impossible de s’exprimer : comme toutes les femmes, elle est condamnée à un silence forcé, limitée à un quota de 100 mots par jour. En effet, le nouveau gouvernement en place, constitué d’un groupe fondamentaliste, a décidé d’abattre la figure de la femme moderne.

Pourtant, quand le frère du Président fait une attaque, Jean est appelée à la rescousse. La récompense ? La possibilité de s’affranchir – et sa fille avec elle – de son quota de mots. Mais ce qu’elle va découvrir alors qu’elle recouvre la parole pourrait bien la laisser définitivement sans voix…

Vox est le premier roman de Christina Dalcher, docteure en linguistique à l’université de Georgetown. Lorsque je l’ai repéré sur le programme des éditions Nil, j’ai tout de suite eu envie de le lire car il me semblait important et je suis ravie de l’avoir choisi car même si je n’ai pas eu de coup de cœur, j’ai adoré ce roman !

Bien sûr, lorsque l’on plonge dans ce récit on ne peut que penser à La servante écarlate de Margaret Atwood. Comme son illustre aînée, Christina Delcher nous propose une dystopie glaçante pour les femmes, qui rend hommage au pouvoir des mots et du langage.

J’avoue, que mise à part des réserves sur le dénouement que j’ai trouvé bien trop expéditif, ce que j’avais déjà reproché à La servante écarlate, j’ai adoré cette lecture que j’ai trouvé passionnante et très originale.

Il y a beaucoup à dire sur ce roman anxiogène car au-delà de la place des femmes dans la société américaine, Christina Dalcher axe son récit sur la privation des droits et des libertés pour la totalité de la population féminine qui vit dans la crainte de son bracelet compteur de mots et des nouvelles lois sorties du cerveau du leader du Mouvement Pur, le révérend Carl Corbin.

L’héroïne, Jean McClellan, est très intéressante. Docteure en neurosciences, elle est comme toutes les femmes américaines presque réduite au silence et au rôle de potiche au sein de son foyer, un rôle pour lequel elle n’est visiblement pas faite. Son mari travaille pour le gouvernement et son fils aîné a totalement basculé du côté des puritains, ce qui fait bouillir cette mère de quatre enfants.

Les femmes n’ont plus le droit d’avorter, les relations sexuelles hors mariage sont proscrites tout comme les unions homosexuelles. Les homosexuels sont envoyés dans des camps chargés de les rééduquer et leurs enfants, confiés à leur plus proche parent masculin.

Tous ceux qui enfreignent les règles sont sommairement exécutés ou montrés à la télévision lors de cérémonies où ils sont voués aux gémonies avant d’être emmené dans un camp où ils sont réduits à l’état d’esclavage, sans possibilité de prononcer le moindre mot.

Les femmes ne peuvent quasiment plus parler mais elles n’ont aussi aucun accès aux moyens de communication (internet, téléphone, courrier…), ne peuvent posséder de livres, n’ont plus le droit de travailler… Dès leur naissance, les petites filles se retrouvent avec un compteur au poignet et en matière de scolarité, elles n’ont que le droit d’apprendre des choses qui pourront les servir en tant que mère de famille (cuisine, budget familial, couture, ménage…).

Mais, suite à une attaque cérébrale, le frère du Président a besoin de l’aide d’experts, et Jean va intégrer l’équipe de spécialistes affectée à sa guérison, en échange, on lui ôte, ainsi qu’à sa fille Sonia, le fameux bracelet.

Et au fil des jours passés au labo, elle va se demander si le gouvernement n’a pas d’autres projets en tête et si ce n’est pas un prétexte pour mener à bien d’autres funestes expériences.

Comme dans la société de Gilead, vous l’aurez compris, les femmes sont au premier rang les victimes de ce nouveau pouvoir, et leur bracelet chargé de compter leurs mots, est une véritable arme, leur envoyant des décharges électriques de plus en plus fortes si elles ne respectent pas le quota.

Difficile de revenir sur chaque point marquant de ce roman, il y en a beaucoup et je ne souhaite pas trop en dévoiler ici afin de ne pas gâcher la lecture de celles et ceux qui n’ont pas encore lu Vox.

En refermant ce roman, je ne peux que vous conseiller de vous y plonger à votre tour, c’est une lecture importante qui me restera longtemps en mémoire. La situation décrite par Christina Dalcher est hélas crédible, c’est bien ça le pire.

Un grand merci à Filippa et aux éditions Nil pour cette lecture passionnante !

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La seconde insurrection. J’imagine que tu n’en as jamais entendu parler ? Nous voulons tout changer. Nous voulons changer la vie, nous voulons changer les gens, ici et maintenant. J’aimerais que tu rejoignes notre cause…

Phoenice, anciennement San Francisco, n’est plus qu’un état à part entière divisé en deux zones depuis le tremblement de terre qui l’a partiellement détruite au 21ème siècle : les quadrants, quartiers où vit la majeure partie de la population, et le coeur, ville dans la ville, juchée sur une colline et protégée par un mur.

Les élus, classe dominante et éduquée, vivent à l’abri du mur et détiennent tous les pouvoirs y compris militaires. Les autres habitants sont répartis selon un système de castes : ouvriers, soldats, nourrisseurs et déclassés.

Jonas, 14 ans, vit avec une mère dépressive, un père révolutionnaire. Sa soeur aînée, Helix 15 ans, a réussir l’Ascension, concours d’entrée pour intégrer les « élus ». Un concours très difficile à réussir pour les non initiés.

A présent, intronisée, et passée de l’autre côté, elle est coupée de sa famille. Jonas, pour échapper à sa condition modeste n’a qu’une issue : réussir également le concours même si il doute de réussir et qu’il n’arrive pas à se résoudre à laisser sa mère…

Le visage des sans-noms est le premier tome de la série Eden écrite par Fabrice Colin et illustrée par la talentueuse Carole Maurel dont j’avais beaucoup aimé le travail qu’elle avait réalisé pour Collaboration horizontale et En attendant Bojangles, raison pour laquelle cette bande dessinée m’intéressait car comme vous le savez déjà, la science-fiction et la dystopie ne sont pas mes genres de prédilection, loin de là !

Ce premier volet plante efficacement le décor et l’ambiance dans lesquels nous allons évoluer et où nous suivons à la fois Jonas dans la ville du bas et Helix dans la ville du haut. Dans cette ville coupée en deux depuis le tremblement de terre, coexistent deux catégories de population : les élus et les autres.

Mais lorsque nous découvrons cet univers et les personnages qui l’habitent, on prend conscience de la difficulté d’appartenir à la caste des non-élus. Seule solution pour les pauvres de prendre l’ascenseur social : la sélection à quinze ans permettant de passer d’une caste à l’autre, du moins en théorie, car la réalité est toute autre.

On découvre également qu’une résistance s’est organisée, ce qui nous promet de chouettes évolutions pour la suite car Le visage des sans-noms est typiquement un tome d’introduction nous familiarisant avec les protagonistes et le sujet développé par l’auteur : une société où le déséquilibre entre un peuple et ses élites atteint son point de rupture. La révolution est en marche et il me tarde de découvrir ce qu’il va advenir de Jonas et de Helix dans le second volume.

Une formidable entrée en matière qui fera mouche auprès de la cible visée par Fabrice Colin et Carole Maurel (les pré ados et ados) qui pourront apprivoiser avec cette série le genre dystopique.

Une bonne idée de départ de Fabrice Colin qui nous propose un récit bien rythmé, bien servi par les illustrations réussies Carole Maurel qui croque avec talent ce monde futuriste de Phoenice mais qui met également l’accent sur les visages des acteurs de l’histoire, ce qui rend le tout très vivant.

Un grand merci à Doriane et aux éditions Rue de Sèvres pour cette découverte !

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Une jeune femme, Lila K., fragile et volontaire, raconte son histoire. Un jour, des hommes en noir l’ont brutalement arrachée à sa mère, et conduite dans un Centre, mi-pensionnat mi-prison, où on l’a prise en charge. Surdouée, asociale, Lila a tout oublié de sa vie antérieure. Son obsession : retrouver sa mère, recouvrer sa mémoire perdue. Commence alors pour elle un chaotique apprentissage, au sein d’un univers étrangement décalé, aseptisé, où les livres n’ont plus droit de cité…

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Enfin j’ai lu La ballade de Lila K, un roman recommandé par plusieurs d’entre vous, je comprends pourquoi maintenant que j’ai refermé ce livre, un peu sonnée je dois dire. La SF et moi, on n’est pas copines du tout. Par conséquent la fantaisy, le steampunk et la dystopie, sont des genres que je boude volontairement mais je m’y mets doucement depuis quelques temps, et si j’ai du mal à rentrer dans ces univers très éloignés de mes lectures habituelles, je ne m’y noie pas c’est déjà ça !

Le roman s’ouvre dans un avenir proche, en 2100, sur une petite fille qu’on arrache à sa mère pour la placer dans un centre qui tient plus de l’univers carcéral que du pensionnat. Elle est traumatisée et a manifestement été maltraitée mais elle n’en a plus aucun souvenir. Elle doit subir plusieurs opérations pour séparer ses doigts collés par des brûlures de cigarettes, réapprendre à parler et marcher car elle ne sait plus.

Blandine Le Callet va nous raconter la vie de Lila K. de ses quatre ans à ses vingt et un ans. Lila n’a qu’un seul but : sortir du centre et retrouver sa mère, c’est la seule chose qui la fait tenir. Ses souvenirs sont vagues (un placard, la nourriture pour chat, le corps chaud de sa mère) mais elle ne peut pas croire que sa mère, déchue de ses droits parentaux, a pu la battre alors que c’est un être aimant et doux qui peuple ses rêves.

La ballade de Lila K. est un roman d’apprentissage mais aussi d’anticipation particulièrement angoissant. Paris est devenu une ville intra-muros où tous ses habitants sont épiés, sous vidéo surveillance permanente, sous contrôle laboratoire. L’Etat contrôle les naissances (autorise ou non les grossesses), surveille les moindres faits et gestes de la population. Et au-delà de cet intra-muros, c’est la Zone, l’extra-muros rebelle et dangereux, où les gens vivent sans confort et dans la violence. C’est de là que viennent Lila et sa mère.

Ce roman ne laisse pas indemne, il m’a même beaucoup ému. L’ambiance créée par Blandine Le Callet est très réussie : angoissante, écrasante. J’ai aussi été très sensible au style brillant de l’auteure et à son habileté à tisser une histoire plus que convaincante.

Cet univers futuriste aseptisé, contrôlé, ordonné, où chaque chose et personne doivent être à leur place, où les livres sont numériques et dument contrôlés, fait peur bien sûr mais fait surtout réfléchir car ce monde où tout ce qui n’est pas conforme est rejeté, où la liberté est si maltraitée, la société sécurisée et l’information ultra contrôlée, pourrait bien être le nôtre un jour si nous n’y prendrons garde.

Ce roman est aussi une belle histoire d’amour entre une fille et sa mère que je ne peux que vous inviter à lire à votre tour. Un roman bluffant que j’ai adoré même s’il m’a manqué un petit quelque chose pour en faire un coup de coeur !

 

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Lu dans le cadre d’une lecture commune avec Yuko et Claire, du challenge A tous prix (Prix des lecteurs du livre de poche 2012) et du Plan Orsec 2014 pour PAL en danger :

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La fille chérie du défunt parrain du chocolat n’a que faire de son héritage. Pour elle, la vie doit être une routine absolue. Aller au lycée, prendre soin de son frère adoré et de sa grand-mère mourante. Et surtout, éviter Gable, parfait loser et ex-petit ami. Oui, tout allait bien jusqu’à ce que cet imbécile de Gable soit empoisonné par le chocolat issu de la fabrique illégale des Balanchine. Que la police la croie coupable, passe encore. Qu’elle se retrouve à la une des journaux télévisés, inévitable. Qu’on la harcèle au lycée en la traitant de criminelle, d’accord. Mais voir revenir dans sa vie sa famille mafieuse au complet est le pire des châtiments. Anya se demande si elle ne va pas devoir renoncer aux cours et sortir son revolver, histoire de mettre de l’ordre dans les affaires…

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Jusqu’où mes bonnes résolutions vont-elles me mener, on se le demande ! L’une d’elles était de lire des romans jeunesse, et j’avoue qu’à force d’en lire, j’y prends goût, au point de lire une dystopie, La mafia du chocolat, moi qui ai en horreur la SF et l’anticipation, il faut le faire, et une trilogie qui plus est, alors que je n’en lis jamais. Il faut dire que le sujet a forcément éveillé ma curiosité, moi qui suis une grande gourmande devant l’éternel et une croqueuse de chocolat invétérée.

En 2083, le chocolat et le café sont illégaux, le papier est difficile à trouver, l’eau est précieusement rationnée, et la ville de New York est dominée par le crime et la pauvreté. Anya est la fille du défunt criminel le plus célèbre de la ville, Leonyd Balanchine, à la tête des chocolats Balanchine et de la mafia locale. Assassiné dans son bureau, il laisse trois enfants : Léo, 19 ans, l’ainé de la fratrie, qui accuse un retard mental depuis un grave accident de la route alors qu’il avait 9 ans, dans lequel sa mère a été tuée. Ils avaient été pris pour cible par des tueurs voulant éliminer le parrain, depuis Léo est resté bloqué en enfance. Anya, 16 ans, sa fille ainée, qui a en réalité la charge de son frère et de sa jeune sœur Natalia, 12 ans. Vivent également avec eux, Galina (Nana), la mère du parrain défunt, gravement malade depuis des années et branchée en permanence à des machines qui lui permettent de survivre et Imogen Goodfellows, sa garde-malade, par ailleurs lectrice infatigable de romans victoriens.

On fait connaissance d’Anya, à la veille de la rentrée scolaire. La jeune fille va entamer sa première dans la très catholique école de la Sainte Trinité. Elle a fait vœu de rester vierge pour son mariage et son petit ami, Gable Arsley, devient trop pressant et tente de la violer. Heureusement Léo intervient et chasse l’adolescent, début des ennuis. Car dès le lendemain, il commence à répondre des calomnies sur le dos d’Anya et finit avec un plat de lasagnes sur la tête. Elle est bien sûr punie, car on ne rigole pas avec la discipline à Sainte Trinité, et c’est ensuite que tout va réellement démarrer. Anya, qui déjà n’a pas bonne réputation, est la meilleure amie de Scarlett, une apprentie comédienne, qui n’a pas elle non plus la meilleure réputation. Elles sont un peu mises au banc par les élèves et par les professeurs mais vont faire la connaissance de Win, le fils de l’adjoint du procureur, new-yorkais de fraiche date, qui suit le même cours de français que Scarlett et qui devient le binôme d’Anya en cours de science médico-légale. Un soir, en rentrant du lycée, son cousin Jacks sonne à la porte. La famille souhaite que Léo les rejoigne et travaille à la piscine, le Q.G des Balanchine, la jeune fille voit cela d’un très mauvais oeil mais fini par accepter sur les conseils de sa grand-mère même si elle n’a aucune confiance dans son cousin. Celui-ci laisse en partant un carton empli de chocolat (denrée interdite vous vous souvenez ?) pour Nana. La vieille dame offre deux tablettes d’extra-noir, le préféré d’Anya, afin qu’elle le partage avec quelqu’un qu’elle aime. Elle n’aura pas l’occasion de les savourer car Gable débarque pour soi-disant faire la paix et s’excuser, mais surtout pour se faire offrir du chocolat, puisqu’il sait qu’il y en a toujours chez les Balanchine. Elle veut se débarrasser de lui au plus vite et lui offre les deux tablettes, malheureusement pour lui, le chocolat est empoisonné et va l’envoyer tout droit à l’hôpital, et Anya, tout droit en prison, à Liberty, une maison de correction construite dans les fondements mêmes de la statue de la liberté, qui elle a disparu.

Dans ce New-York de 2083, beaucoup de choses ont disparu : les musées, les bibliothèques, les fêtes foraines et les ménages, les cafés, tous ces lieux de connaissance et de réjouissance n’existent plus. Le rationnement fait partie du quotidien et l’argent n’a plus cours : les protagonistes paient la moindre de leurs dépenses en coupons (coiffeur, eau, nourriture…). On ne fabrique plus ni livres ni vêtements, on lit sur tablette et on s’habille avec les habits de ses parents. Bien qu’ancrée dans le futur, cette histoire nous rappelle le temps de la Prohibition américaine sur les interdictions (alcool, tabac, café, chocolat), sinon elle reprend tous les codes de l’anticipation : les restrictions d’eau, de papier, de bois, d’électricité, de tissus et de matériaux. La criminalité fait rage, les autorités sont toutes puissantes, les rues ressemblent à des coupe-gorge, il y a des couvre-feu, le monde de 2083 apparait bien sombre et inquiétant.

Heureusement, il y a aussi une lueur d’espoir, avec l’histoire d’amour en Anya et Win, véritables Roméo et Juliette du futur, qui plairont davantage aux adolescents, pour qui le livre est destiné qu’aux adultes. Reste que ce roman se lit très facilement, les personnages sont attachants, surtout Anya, l’héroïne, une jeune fille bien courageuse. Ce premier tome sert surtout à planter le décor et à faire connaissance avec le personnage et le monde de 2083, il faudra attendre les tome 2 et 3 pour entrer vraiment dans le vif du sujet. Je retrouverais avec grand plaisir Anya dans le tome 2, La fille du parrain car j’ai eu beaucoup de plaisir à tourner les pages de ce roman que j’ai dévoré comme une tablette de chocolat !

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Lu dans le cadre des challenges Cartable et tableau noir et La plume au féminin édition 2013 :

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