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Posts Tagged ‘fin de vie’

Anna McPartlin, après une carrière dans le stand-up, est devenue romancière. Les Derniers Jours de Rabbit Hayes est son premier roman publié en France.

Neuf jours. C’est ce qu’il reste à vivre à Mia Hayes, surnommée affectueusement  » Rabbit « . Neuf jours, après plusieurs mois de combat – parce que Rabbit est une battante, une Irlandaise bien trempée.

À son chevet, famille et proches se relaient en un joyeux ballet de souvenirs. Entre silences, gaffes et fous rires, toute la vie de Rabbit ressurgit alors : l’enfance, l’adolescence, Johnny son grand amour, et Juliet, sa fille de 12 ans – une certaine idée du bonheur…

Au fil des jours, tous s’interrogent sur leur vie et accompagnent Rabbit dans un voyage émotionnel d’une grande intensité. Quel meilleur bagage pour partir vers la lumière ?

Les derniers jours de Rabbit Hayes tapait l’incruste dans ma PAL depuis plus de trois ans, l’histoire me tentait bien, d’autant que les avis étaient dithyrambiques, mais le sujet me faisait peur, j’avoue. Sous un grand ciel bleu, sa suite, faisant partie des romans sélectionnés pour le Grand prix des lecteurs Pocket, je n’ai pas eu le choix et je me suis lancée.

Avec ce premier roman, Anna McPartlin nous offre le plein d’émotions, avec un tel sujet je n’en doutais pas une seconde. Je ne vous cache pas que j’ai versé quelques larmes mais j’ai ri aussi car l’autrice réussit le tour de force de ne jamais tomber dans le pathos et nous offre une histoire triste mais réaliste, émaillée de moments drôles.

Bien sûr, cette histoire est triste, implacable, injuste même ! Car mourir à quarante ans dans d’atroces souffrances en laissant sa fille de douze ans, c’est atroce. Mais elle m’a rappelé combien j’avais de la chance d’être en vie, en bonne santé et qu’il fallait relativiser tous les petits tracas du quotidien qui sont loin d’être graves.

Ce roman n’est pas qu’une histoire de maladie et de mort, de soins palliatifs et de cancer, c’est l’histoire d’une famille unie dans l’adversité : un père et une mère qui ne veulent pas avoir à survivre à leur plus jeune fille, un frère et une soeur, un beau-frère, des neveux, une fille et des amis qui seront là jusqu’au dernier souffle de Rabbit. Une très belle histoire d’amour et d’amitié sous toutes ses formes.

Anna McPartlin donne tour à tour la parole à chaque protagoniste, nous fait connaître leur état d’esprit, leur ressenti et on se sent proche des personnages, on s’attache à eux. L’autrice montre aussi que quelque soit le lien de parenté ou non d’ailleurs, nous perdons tous un être cher que nous aimons, certes de façon différente, mais que nous aimons et que nous pleureront.

Rabbit souffre tout au long du récit, elle veut croire encore qu’elle va gagner contre son foutu cancer mais elle sait aussi, lorsque l’inéluctable se produit, que sa fille sera aimée, choyée et qu’elle, Rabbit, ne souffrira plus et qu’elle retrouvera dans la mort son grand amour, Johnnie.

Le deuil, la maladie, la souffrance sont les thèmes centraux de ce roman mais même si il est dur et qu’il nous fait pleurer, je comprends son succès et je ne peux que vous le recommander à mon tour.

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 » Papa m’a demandé de l’aider à en finir.  » Je me répète cette phrase, elle sonne bizarrement. Qu’est-ce qui ne colle pas ?  » Papa  » et  » en finir  » ? Fin 2008, à l’âge de 88 ans, le père d’Emmanuèle Bernheim est hospitalisé après un accident vasculaire cérébral. Quand il se réveille, diminué et dépendant, cet homme curieux de tout, aimant passionnément la vie, demande à sa fille de l’aider à mourir.
Comment accepter ? Et puis,  » aider à mourir « , qu’est-ce que ça veut dire ?

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Dernier livre de la sélection de septembre du prix ELLE des lectrices 2014, Tout s’est bien passé d’Emmanuèle Bernheim, est le récit de la fin de vie du père de l’auteure, André Bernheim et de sa décision d’être euthanasié. Un sujet difficile que j’appréhendais, j’ai donc repoussé cette lecture au maximum tant je craignais de pleurer à chaudes larmes, il n’en a rien été, décidément chaque lecture est une surprise !

Dans un style sec et vif, ne manquant pas d’humour malgré la gravité du sujet, Emmanuèle Bernheim signe ici un document touchant sur un sujet tabou : l’euthanasie. Elle le fait avec beaucoup de pudeur, sans jamais tomber dans le pathos, et rend hommage à son père, l’homme de sa vie. André Bernheim a eu de nombreux soucis de santé mais lorsqu’il fait un AVC à l’âge de 88 ans, il pense qu’il est temps pour lui de tirer sa révérence. Figure du Tout-Paris de l’art contemporain, il est habitué à voyager et à mener une vie sans entraves, une vie libre. Il a beau se remettre peu à peu de son attaque, il sait qu’il ne pourra plus mener sa vie comme il l’entend, il sera diminué, un vieillard, ce dont il ne veut à aucun prix. Il demande à sa fille aînée, Nuèle, le droit à mourir dans la dignité. Sous le choc, elle accepte, pensant qu’il changera d’avis.

Cette figure paternelle autoritaire ne s’en laisse pas compter et bien qu’il aille de mieux en mieux, André Bernheim est bien décidé à parvenir à ses fins mais pour cela, il a besoin de l’aide de ses filles, Emmanuèle et Pascale, pour se suicider en Suisse. En effet, n’étant pas atteint d’une maladie mortelle, il ne peut accéder aux services de soins palliatifs français et comme l’euthanasie est interdite en France, il est contraint d’aller jusqu’en Suisse, ce qui n’est pas simple et se révèle très coûteux.

Aider son père à en finir, trouver une date pour sa mort, s’occuper de la logistique et imaginer sa vie sans lui, ses deux filles en sont au début incapables. Véritable figure centrale de la vie de ses filles, enfant gâté à qui elles ne savent rien refuser et que j’ai trouvé particulièrement tyrannique, il ne montrera aucune hésitation et sera plutôt pressé d’en finir avec cette vie dont il ne veut pas. Les deux soeurs, très unies tout au long de cette épreuve, vont finir par céder à sa demande, en prenant moult précautions afin de ne pas finir derrière les barreaux, ce qui donnera lieu à des situations pour le moins cocasses.

Ce témoignage touchant amène de nombreuses réflexions sur la fin de vie et le droit à mourir dans la dignité même si je ne me sens pas concernée pour le moment, mes parents sont encore jeunes, et j’ai aimé la fraternité qui unit Pascale et Emmanuèle. Pour autant, le milieu aisé dans lequel les personnes évoluent, les personnalités influentes qui interviennent dans le récit, laissent à penser que l’euthanasie n’est vraiment pas à la portée de tous et qu’il est réservé à une élite intellectuelle et financière.

Une lecture en demi-teinte pour moi !

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Lu dans le cadre du prix ELLE des lectrices 2014 sélection de septembre et du challenge La plume au féminin édition 2013 :

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