Comme le disaient Mozart et Shakespeare : » Il est très agréable de jouir d’un don exceptionnel, mais il ne faut pas oublier que c’est une source inépuisable d’embêtements. » Lou est bien de cet avis.
Avec Gare à Lou !, Jean Teulé revient à la veine fantastique qui avait fait le succès du Magasin des suicides et laisse libre cours à un imaginaire plus débridé que jamais.
À 12 ans, Lou Moaï-Seigneur habite avec sa mère Roberte au 276è étage de la tour de l’incendie dans la capitale. Le pays est dirigé depuis la Boule à neige par un président hypocondriaque, Hannibal Zhan Shu.
L’adolescente est la risée du collège à cause de ses dents de lapin. Un jour, où elle en avait assez des réflexions et des quolibets de ses camarades, elle leur souhaite bien du malheur.
Et contre toute attente, ses souhaits se réalisent. Au prétexte qu’elle est en mesure de faire tomber immédiatement les pires calamités sur la tête de tous ceux qui la contrarient, on l’enferme dans un endroit secret en compagnie de militaires haut gradés pour qu’elle devienne une arme absolue capable de mettre en échec les plans malveillants des ennemis du pays ou, pire, d’ourdir de méchantes et sournoises manœuvres afin de causer des torts effroyables à d’autres nations.
De telles occupations n’offrent pas à une adolescente les satisfactions que la vie aurait pu lui promettre. D’autant que son super pouvoir, aussi extraordinaire soit-il, ne fonctionne pas toujours comme prévu…
Jean Teulé est un conteur de talent, j’aime beaucoup sa verve, sa gouille, sa plume enlevée. Jusqu’ici, je connaissais surtout le Jean Teulé romancier historique, je le découvre ici avec Gare à Lou ! dans un registre fantastique totalement loufoque.
L’histoire est surréaliste, on aime ou pas… j’appartiens à la deuxième catégorie hélas. J’ai eu le sentiment que Jean Teulé s’est offert une récréation littéraire, loin de ces romans qui collent si bien à notre Histoire, à laquelle hélas je n’ai pas accroché.
Si il y a de bonnes idées et une loufoquerie qui m’ont plutôt plu : une petite fille qui se révèle être une arme de destruction massive, des noms à coucher dehors, trois chefs de guerre plutôt bien dessinés (le chef des guerres au sol, le chef de guerre dans l’eau, le chef des guerres en l’air), des propos intéressants sur la suprématie de certaines multinationales, j’ai trouvé l’histoire de fond finalement sans grand intérêt et surtout elle s’essouffle bien trop rapidement.
L’aspect futuriste n’est pas assez développé mais seulement esquissé alors qu’il y avait du potentiel pour en faire une fable intéressante.
Je ressors assez déçue de cette lecture qui manque clairement d’épaisseur mais je serai au rendez-vous du prochain Teulé, l’homme est sympathique et sa plume me plaît toujours autant.
Merci aux Editions Julliard pour leur confiance.