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Posts Tagged ‘grande guerre’

Gilles Marchand est né en 1976 à Bordeaux. Ses romans, échos de ses lectures de Vian, Gary ou Pérec, sont des mélanges de réalisme magique et de poésie. Le soldat désaccordé est son quatrième roman solo.

Paris, années 20, un ancien combattant est chargé par sa mère de retrouver Émile Joplain, un soldat disparu en 1917. Elle est persuadée que son fils est toujours vivant et notre ancien poilu a bien besoin de son argent, il accepte donc cette mission même si, lui, pense que Joplain est mort.

Arpentant les champs de bataille, interrogeant témoins et soldats, il va découvrir, au milieu de mille histoires plus incroyables les unes que les autres, la folle histoire d’amour que le jeune homme a vécue au milieu de l’Enfer.

Alors que l’enquête progresse, la France se rapproche d’une nouvelle guerre et notre héros se jette à corps perdu dans cette mission désespérée, devenue sa seule source d’espoir dans un monde qui s’effondre…

J’avais repéré Le soldat désaccordé grâce à Vleel sur Instagram. Les avis étaient unanimes sur la qualité de ce court roman sur la première guerre mondiale et je rejoins la cohorte de ces avis dythirambiques, ce roman est d’une puissance, d’une poésie telle, qu’il faut le lire absolument !

Ce récit est tout d’abord magnifiquement écrit et très bien documenté. Même si nous sommes dans une fiction, Gilles Marchand insère à son roman des anecdotes véridiques sur la Grande Guerre : les fusillés pour l’exemple de Souain heureusement réhabilités sous la ression de leurs veuves, le soldat amnésique Anthelme Mangin que toutes les familles voulaient récupérer et qui retrouvera les siens qu’en 1938, l’obusite ou les code talkers indiens, le rabbin que l’on prenait pour un curé, le sous-lieutenant Herduin et sa fin tragique…

Gilles Marchand n’omet rien des horreurs de celle que l’on appela la Der des der : les tranchées, les blessures (amputations, gueules cassées…), les assauts pour rien, le no man’s land, les exécutions sommaires, les fusillés pour l’exemple…

Notre héros, dont on ne connait pas le nom, figure désincarnée de tous les combattants, après avoir perdu une main dans la Somme dès l’automne 1914, va traverser la guerre en étant toujours actif, et se retrouve enquêteur après-guerre pour aider à retrouver les soldats portés disparus. Mais l’histoire d’Emile et de son amoureuse Lucie va rapidement prendre toute la place dans son existence solitaire.

Et l’auteur s’en va nous raconter une histoire légendaire, tellement belle, bouleversante, celle de la Fille de la Lune. Une histoire d’amour qui vient transcender la terrible réalité de cette guerre épouvantable, inimaginable. De la boue croupissante et sanglante des tranchées, va surgir un amour empli de poésie et un récit qui m’a époustouflée.

Ce roman n’est pas qu’un récit de guerre, c’est surtout un magnifique roman d’amour entre un jeune bourgeois, français et surprotégé par sa mère et une jeune paysanne Alsacienne alors que sa région fait partie de l’Allemagne, le pays ennemi.

En alliant récit de guerre des tranchées à une incroyable histoire d’amour, Gilles Marchand dévoile un immense talent de conteur qui a su me toucher en plein coeur. Il nous parle du contexte politique de l’époque, des causes, des effets mais aussi des conséquences que ce conflit représente.

Cet ancien combattant devenu détective, lui-même estropié pendant la guerre, s’interroge sur l’utilité de ce conflit, sur la férocité des chefs et sur la chair à canons que sont les hommes envoyés au front. Le roman se termine alors que la France est occupée par les nazis et qu’une nouvelle guerre bat son plein.

Je ne peux que vous recommander ce grand roman, puissant, réaliste mais aussi très poétique !

Un grand merci à Babelio et aux éditions Aux forges de Vulcain pour cette pépite, j’ai adoré.

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Cadre dans une grande entreprise de services, passionnée d’histoire et de développement personnel, Carine Pitocchi a longtemps rédigé des articles pour des associations avant de se lancer dans l’écriture de romans. Elle a remporté en 2019 le  » Prix Romancière  » du concours de la collection &moi chez JC Lattès avec son roman Toi seul.

Août 1914. Aux quatre coins de l’Europe, la guerre éclate, séparant familles et amants. Lorsque leurs fiancés sont envoyés au front, Lady Julia et Lady Emily, malgré leur inquiétude grandissante, décident de s’engager elles aussi.

Julia rejoint la Croix Rouge à Genève, tandis qu’Emily se rend en Belgique pour aider la population sous occupation allemande.

En France, à quelques kilomètres des tranchées où se battent les hommes, Florine, jeune institutrice, apporte soutien et réconfort aux enfants de son école, alors qu’à Londres, la famille Murphy prospère grâce à une nouvelle activité : la fabrication d’obus.

À l’autre bout du continent, la princesse russe Elena Demidov renie sa famille et son titre pour se joindre à la révolte du peuple.

Avec Les cendres sous les coquelicots, nous retrouvons les héros des Rêves de nos mères là où nous les avions laissés. Dans ce second opus qui couvre tout le premier conflit mondial, Carine Pitocchi met en scène aristocrates et domestiques, soldats et civils, hommes et femmes pris dans la tourmente de la guerre.

De l’arrière aux tranchées, de l’Angleterre à la France en passant par la Russie, la Grande Guerre n’épargne personne et va voir s’effondrer les Empires que l’on croyait éternels.

Vous le savez j’adore les romans historiques et la première guerre mondiale est une thématique que j’aime retrouver dans mes lectures et avec ce roman choral palpitant, vibrant d’espoir et de fureur de vivre, je me suis régalée.

Carine Pittochi s’est très bien documentée et parsème son récit de personnages et de faits historiques avec habileté, tout se fond incroyablement bien et l’autrice ne tombe jamais dans la leçon d’histoire tant le souffle romanesque est présent de la première à la dernière page.

Tout au long de ce roman fleuve sans longueurs, un exploit !, on tremble pour nos héros, notamment Archie et Will, tantôt dans les tranchées sous le feu des balles, tantôt à bord de leurs aéroplanes. Avec eux, on suit le quotidien des hommes au front, leur condition de vie, les traumatismes, les blessures…

A l’arrière, on suit l’engagement des femmes, mis brillamment en lumière. Celui des ladies en tant qu’infirmières ou œuvrant pour la croix rouge mais aussi les espionnes. Celui des femmes du peuple qui font tourner le pays en l’absence des hommes.

Et bien sûr, avec Elena et Marina, on assiste à la révolution russe : les premières décisions des soviets, la fuite des aristocrates, la tuerie des Romanov…

Le récit de Carine Pitocchi est riche d’anecdotes, de faits réels. Elle nous offre un récit immersif et addictif : on est avec les personnages, on s’émeut, on rit, on vibre. Tous les personnages (assez nombreux), sont en plein coeur de cette horreur, on les voit évoluer, se battre et on s’attache à eux.

Leurs histoires s’entremêlent au fil des chapitres. Nous partageons leurs doutes, leurs joies, leurs souffrances, leurs douleurs physiques et morales. Bien sûr, certains sont davantage exploités que d’autres mais comme nous sommes dans une saga, nul doute que des personnages esquissés ici prendront plus d’importance dans les prochains volumes.

Si vous aimez les romans historiques et les saga familiales, vous devez absolument découvrir les romans de Carine Pitocchi. Quant à moi, j’attends désormais la parution du tome 3 avec impatience.

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Écrivain-voyageur, romancier, pilote pendant la Grande Guerre, résistant, journaliste, JOSEPH KESSEL est l’un des plus grands reporters de l’entre-deux-guerres. Il est l’auteur de près de quatre-vingts romans. Il reçoit de nombreux prix et récompenses et entre à l’Académie française en 1962. Il meurt en 1979.

« C’était avant la guerre quatre inséparables dont le plus âgé avait 82 ans et le plus jeune 75. Toujours à la même heure, toujours dans la même direction, par tous les temps, ils faisaient leur promenade sur la fine route blanche, ombragée par les charmes, qui passe devant Arras. La guerre vint. Et toujours à la même heure, dans la même direction, sur la fine route blanche, éventrée par les obus, vérolée par la pluie des shrapnells, sous les charmes élancés qui gémissent au vent des balles, quatre silhouettes se profilent, grêles, qui vont de nouveau à pas menus, avec des gestes calmes et lents. »

Première Guerre mondiale est un recueil de chroniques, témoignages et nouvelles, écrits par le jeune Joseph Kessel. Il contient ses premiers textes journalistiques écrits en novembre 1914 alors qu’il n’est encore qu’un adolescent adolescent puis des nouvelles écrites tout au long de la guerre.

En 1914, Joseph Kessel n’a que 16 ans, trop jeune pour partir dans les tranchées, il devient bénévole dans un hôpital niçois accueillant les soldats blessés.

Puis il devient journaliste au Journal des débats où il traduira, lui qui parle le russe couramment, les câbles et messages en provenance du front Russe. Et en 1917, il s’engage dans l’aviation et rejoint la l’escadrille des As des As, l’escadrille S 39.

Vous le savez, je m’intéresse beaucoup à la grande guerre et lorsque je suis tombée sur ce recueil que je ne connaissais pas, je n’ai pas pu m’empêcher de repartir avec !

D’autant que je n’avais jamais lu Joseph Kessel auparavant et ces textes et nouvelles très bien écrits m’ont confirmé mon envie de découvrir son oeuvre romanesque et notamment L’armée des ombres et Le tour du malheur.

Ces souvenirs autobiographiques sont tantôt éminemment politiques tantôt plus humaines où Joseph Kessel s’inspire de ses expériences : il raconte ses débuts d’acteur sur les planches, son bénévolat à l’hôpital, son engagement dans l’aviation, et nous livre des témoignages de Pioupiou parfois assez bouleversants.

Ces trois nouvelles à la fois assez bouleversantes par leurs sujets mais avec des pointes d’humour m’ont beaucoup plu tout comme et elles racontent à leur manière tout ce qui fait la première guerre mondiale.

Le jeune homme est marqué par son expérience à l’hôpital de Nice où affluent les premiers blessés du front, mais aussi par les bouleversements des hommes et du monde en temps de guerre, sur lesquels il porte un regard poignant, tour à tour optimiste et révolté.

Si vous souhaitez découvrir la plume déjà aguerrie de Joseph Kessel ou que vous vous intéressez à la première guerre mondiale, je ne peux que vous conseiller ce court volume.

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