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Posts Tagged ‘guerre 14-18’

Gilles Marchand est né en 1976 à Bordeaux. Ses romans, échos de ses lectures de Vian, Gary ou Pérec, sont des mélanges de réalisme magique et de poésie. Le soldat désaccordé est son quatrième roman solo.

Paris, années 20, un ancien combattant est chargé par sa mère de retrouver Émile Joplain, un soldat disparu en 1917. Elle est persuadée que son fils est toujours vivant et notre ancien poilu a bien besoin de son argent, il accepte donc cette mission même si, lui, pense que Joplain est mort.

Arpentant les champs de bataille, interrogeant témoins et soldats, il va découvrir, au milieu de mille histoires plus incroyables les unes que les autres, la folle histoire d’amour que le jeune homme a vécue au milieu de l’Enfer.

Alors que l’enquête progresse, la France se rapproche d’une nouvelle guerre et notre héros se jette à corps perdu dans cette mission désespérée, devenue sa seule source d’espoir dans un monde qui s’effondre…

J’avais repéré Le soldat désaccordé grâce à Vleel sur Instagram. Les avis étaient unanimes sur la qualité de ce court roman sur la première guerre mondiale et je rejoins la cohorte de ces avis dythirambiques, ce roman est d’une puissance, d’une poésie telle, qu’il faut le lire absolument !

Ce récit est tout d’abord magnifiquement écrit et très bien documenté. Même si nous sommes dans une fiction, Gilles Marchand insère à son roman des anecdotes véridiques sur la Grande Guerre : les fusillés pour l’exemple de Souain heureusement réhabilités sous la ression de leurs veuves, le soldat amnésique Anthelme Mangin que toutes les familles voulaient récupérer et qui retrouvera les siens qu’en 1938, l’obusite ou les code talkers indiens, le rabbin que l’on prenait pour un curé, le sous-lieutenant Herduin et sa fin tragique…

Gilles Marchand n’omet rien des horreurs de celle que l’on appela la Der des der : les tranchées, les blessures (amputations, gueules cassées…), les assauts pour rien, le no man’s land, les exécutions sommaires, les fusillés pour l’exemple…

Notre héros, dont on ne connait pas le nom, figure désincarnée de tous les combattants, après avoir perdu une main dans la Somme dès l’automne 1914, va traverser la guerre en étant toujours actif, et se retrouve enquêteur après-guerre pour aider à retrouver les soldats portés disparus. Mais l’histoire d’Emile et de son amoureuse Lucie va rapidement prendre toute la place dans son existence solitaire.

Et l’auteur s’en va nous raconter une histoire légendaire, tellement belle, bouleversante, celle de la Fille de la Lune. Une histoire d’amour qui vient transcender la terrible réalité de cette guerre épouvantable, inimaginable. De la boue croupissante et sanglante des tranchées, va surgir un amour empli de poésie et un récit qui m’a époustouflée.

Ce roman n’est pas qu’un récit de guerre, c’est surtout un magnifique roman d’amour entre un jeune bourgeois, français et surprotégé par sa mère et une jeune paysanne Alsacienne alors que sa région fait partie de l’Allemagne, le pays ennemi.

En alliant récit de guerre des tranchées à une incroyable histoire d’amour, Gilles Marchand dévoile un immense talent de conteur qui a su me toucher en plein coeur. Il nous parle du contexte politique de l’époque, des causes, des effets mais aussi des conséquences que ce conflit représente.

Cet ancien combattant devenu détective, lui-même estropié pendant la guerre, s’interroge sur l’utilité de ce conflit, sur la férocité des chefs et sur la chair à canons que sont les hommes envoyés au front. Le roman se termine alors que la France est occupée par les nazis et qu’une nouvelle guerre bat son plein.

Je ne peux que vous recommander ce grand roman, puissant, réaliste mais aussi très poétique !

Un grand merci à Babelio et aux éditions Aux forges de Vulcain pour cette pépite, j’ai adoré.

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Agrégée d’histoire-géographie et mère de famille nombreuse, Anne Riolet a déjà publié plusieurs romans jeunesse dont les aventures d’Evguenia (Les îles Valaam et Les îles Solovki) aux Éditions du Rocher..

Août 1914. Juliette Marsay, jeune fille malicieuse et pleine de vie, est pourvue d’une forte personnalité que la respectable institution du couvent des Oiseaux n’arrive pas à dompter. Émile, son ami d’enfance, termine péniblement sa licence en droit mais rêve d’explorations lointaines…

La guerre interrompt brutalement le cours insouciant de leurs vacances sur les rives de la Meuse. Pris dans le tourbillon du conflit mondial, Émile se porte volontaire pour combattre. Pour Juliette, pas question d’attendre passivement la fin de la guerre !

S’engageant auprès des chauffeurs de taxi, elle achemine les soldats sur le front lors de la bataille de la Marne.Mais la terrible nouvelle tombe lors de ce premier hiver de guerre : Émile est porté disparu. Juliette ne se résigne pas à sa perte. Au volant d’une ambulance aménagée par Marie Curie pour soigner les soldats blessés, elle se lance à sa recherche…

Juliette et la grande guerre est la nouvelle saga écrite par Anne Riolet. Ce premier tome, Un ruban dans les tranchées, nous plonge dans les premiers mois de cette guerre qu’on a appelé la der des der.

L’héroïne est une jeune fille âgée de quinze ans très moderne pour son époque au grand dam de sa mère. Elle conduit l’automobile familiale depuis que Marcel, le chauffeur, le lui a appris et elle va particulièrement se distinguer lors de l’opération des Taxis de la Marne.

Très attachante et courageuse, éprise de liberté et d’émancipation, Juliette fait vivre aux jeunes lecteurs dès 13 ans la guerre aussi bien à l’arrière, à Paris, qu’aux abords des tranchées.

Anne Riolet, qui s’est très bien documentée, montre le travail des femmes pendant ce conflit qui a clairsemé les rangs des hommes : les ouvrières dans les usines, les conductrices de tram, les bourgeoises au sein des ouvroirs.

Mais aussi le travail de Marie Curie, de sa fille Irène, et de leurs voitures aménagées qui permettaient de radiographier les membres touchés et d’éviter ainsi bon nombre d’amputations.

L’autrice aborde aussi les désertions et les procès où seule la peine de mort était votée, les blessures des poilus et leurs troubles psychologiques suite aux bombardements.

Pour celles et ceux qui ne connaissent pas encore ce pan de notre histoire, ce récit est diablement intéressant et bien construit. Je le recommande aux adolescents qui vont apprendre une foule de choses en assez peu de pages puisque le récit est court.

Je remercie Babelio et  Les Editions Plein Vent pour cette lecture bien agréable. Je serai pour ma part au rendez-vous du tome 2, très curieuse de voir ce que l’autrice réserve à ses personnages.

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Patrice Quélard est enseignant et directeur d’une école élémentaire. Place aux immortels est son premier roman, paru chez Plon en 2021. Il vit à Saint-Nazaire.

Au printemps 1915, Léon Cognard, lieutenant de gendarmerie bourlingueur et anticonformiste, quitte sa brigade bretonne d’Etel pour rejoindre le front de Picardie et prendre le commandement d’une prévôté de division d’infanterie.

Sa nouvelle position est des plus délicates entre une bureaucratie tatillonne et l’hostilité légendaire des fantassins à l’égard des gendarmes, ces empêcheurs de tourner en rond considérés comme des planqués.

Lorsqu’il est confronté à un suicide suspect au sein de l’unité dont il doit assurer la police, Léon traite l’affaire avec son opiniâtreté habituelle. Mais celle-ci l’entraîne dans un engrenage qui risque bien de faire trembler la Grande Muette sur ses fondements…

Certains crimes ne doivent-ils pas demeurer impunis ? À la guerre, y a-t-il encore de la place pour l’idéalisme ? Et surtout, quelle valeur reste-t-il à la vérité quand seule compte la victoire ?

En ce jour de commémoration de l’armistice, j’avais très envie de vous présenter un roman qui a pour cadre la der des der. J’ai jeté mon dévolu sur Place aux immortels de Patrice Quélard, auréolé du prix du roman de la Gendarmerie nationale 2021. Et j’ai bien fait car j’ai adoré cet excellent roman sur une dimension mal connue de la Grande Guerre : le rôle de la gendarmerie et de la prévôté.

L’histoire, prenante de bout en bout, met en scène Léon Cognard, lieutenant de gendarmerie à Etel, à quelques kilomètres de chez moi. Notre héros est attachant, fort en gueule, droit dans ses bottes et préfère la compagnie de Rossinante, son cheval, et celle des livres à celle des hommes.

A travers lui, on voit le rôle de la gendarmerie pendant la première guerre mondiale, que ce soit à l’arrière avec le rapatriement des prisonniers dans les camps, la recherche des déserteurs… et à quelques encablures du front, où les pandores font office de police.

Leur tâche est difficile car on leur fait bien sentir qu’ils ne font pas partie de l’armée et qu’ils sont des privilégiés et des planqués puisqu’ils ne vont jamais au feu, pas aptes à juger ceux qui bravent les boches au quotidien.

Le récit de Patrice Quélard est immersif et fort bien documenté, il ne fait aucun doute qu’il a fait d’abondantes recherches pour coller au plus près de la vérité historique et c’est véritablement passionnant lorsque l’on s’intéresse, comme moi, à ce conflit. Son écriture est précise, exigeante, minutieuse et pointilleuse.

Si Cognard est attachant, ses hommes le sont tout autant que ce soit Bellec, son greffier, le maréchal des logis ou les autres gendarmes et on a d’autant plus plaisir à les suivre tout au long de l’enquête qu’ils vont mener sur les morts de deux militaires de la 62è compagnie, bien suspectes à leurs yeux.

Mais il y a la loi, et il y a la guerre. Il y a la loi et il y a la loyauté. L’auteur ne tombe jamais dans le manichéisme et si l’enquête est d’une simplicité biblique, les mobiles, eux, le sont nettement moins. Plus on avance dans le récit, plus celui-ci gagne en densité, en complexité, plus le doute s’installe jusqu’à s’immiscer dans notre esprit et celui de ce lieutenant assez peu conventionnel pour l’époque et le contexte, et qui aime pourtant tellement avoir raison.

L’histoire est prenante et réaliste, les dialogues ciselés et bourrés d’humour, le quotidien des hommes brillamment narré, voilà une pépite que je vous recommande chaudement ! Quant à moi, je me réjouis de retrouver Léon dans Les incorrigibles, déjà dans ma pal !

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Née en région parisienne d’un père alsacien et d’une mère béarnaise, Martine Marie Muller est docteur de l’Université. Elle enseigne en lycée dans le Val-d’Oise. Elle est mariée à un ethnologue spécialiste de l’Afrique, où elle a vécu, ainsi qu’au Mexique. Elle a notamment publié aux éditions Robert Laffont La Porte, 1999 (prix Mémoire d’Oc), Le Dernier des pénitents, 2003 (prix Maupassant), la trilogie des servantes : Mademoiselle des Palissages, 2010, La Servante de Monsieur Vincent, 2010, La Servante noire, 2011, et La vie était belle, 2013.

3 août 1914. Le premier mort français de la guerre ne fut pas le fait d’un Allemand… mais d’une femme qui repoussait les assauts de son mari ! Sous le nom de Colline La Chance, celle-ci se réfugie à Amiens.

Et elle sera la chance de la Citadelle, village abandonné que vont peupler deux cents femmes rejetées, filles mères, veuves…

Là, sous la direction du peintre Scévola, chef de la toute nouvelle section Caméléon, et de ses décorateurs de théâtre, elles vont devenir expertes dans l’art naissant du camouflage qui doit épargner la vie des soldats, en fabriquant faux arbres, fausses vaches, faux chevaux, vestes « caméléon ».

Avec Les filles de la section Caméléon, Martine Marie Muller nous fait découvrir tout un pan méconnu de la première guerre mondiale : le camouflage des engins et des hommes rendu possible grâce à des artistes et un bataillon de femmes.

Vous le savez, j’ai un intérêt certain pour la guerre 14 18 et je suis toujours à la recherche de romans ayant pour cadre le premier conflit mondial, surtout, si comme ici, il met en valeur les femmes et le travail réalisé à l’arrière pour la sauvegarde des pioupious dans les tranchées.

Ce récit permet de faire sortir de l’ombre une communauté d’ouvrières solidaires, gouailleuses, émouvantes que l’on découvre autour de Colline. Elles réapprennent à aimer, à survivre, à retrouver l’estime d’elles-mêmes au milieu des surprises de l’existence… Comme l’arrivée d’un chien, un certain Rintintin…

Ce qui est intéressant ici, outre l’accent mis sur la sororité entre toutes ces femmes veuves, mariées, célibataires, leurs enfants… c’est que l’on voit la guerre de 14 vécue à travers le quotidien d’ouvrières, la Section Caméléon, expertes dans l’art du camouflage.

Grâce à ce roman, Martine Marie Muller ouvre une page méconnue de notre Histoire et rend un hommage vivant, vibrant, puissant, à une communauté de femmes solidaires et hautes en couleur. Une histoire vraie, magnifique, qui célèbre des oubliées de l’Histoire.

J’ai beaucoup aimé les personnages fictifs et réels de cette histoire, découvrir les coulisses de la section, comment étaient réalisés les trucages, les matériaux utilisés… j’ignorais tout de cette section, des peintres et dessinateurs qui en ont pris la tête, notamment Joseph Pinchon, le créateur de Bécassine !

On voit comment Lucien-Victor Guirand de Scévola a eu l’idée de recouvrir les pièces d’artillerie de toiles peintes se fondant dans le paysage pour éviter leur repérage par l’ennemi. Homme influent à Paris, il va utiliser ses relations pour faire la promotion du camouflage, jusqu’à réussir à convaincre Joffre, pourtant très réticent au départ.

Les français se battaient alors encore en pantalon garance et capote bleue, les canons astiqués comme des sous neufs faisaient des poilus de vraies cibles ambulantes ! L’Etat Major clame haut et fort que se camoufler c’est faire preuve de lâcheté, c’est dire si Scévola n’a pas eu partie facile pour convaincre les généraux.

A travers Colline, Vovonne, Jeanne et toutes les autres, on découvre le quotidien de ces femmes qui travaillent dur du matin au soir, dans de bien mauvaises conditions au départ, pour se nourrir, se chauffer, avoir un toit…

Au-delà de l’aspect historique, c’est bien sûr la condition féminine qui est le thème central du roman : la place de la femme dans toutes les couches de la société, les violences conjugales, le divorce, l’éducation des filles, le militantisme mais aussi l’amour bien sûr….

Un roman passionnant à plus d’un titre que je vous recommande vivement ! J’en profite pour remercier les éditions Presses de la cité pour cette belle et enrichissante lecture, j’ai adoré.

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Né en 1953, Patrick Pécherot est notamment l’auteur de Soleil noir et de la trilogie composée des Brouillards de la Butte (Grand Prix de littérature policière 2002), de Belleville-Barcelone et de Boulevard des Branques. Il est, dans la lignée de Didier Daeninckx ou de Jean Amila, un raconteur engagé d’histoires nécessaires.

Chemin des Dames, 1917, l’offensive du général Nivelle tourne à l’hécatombe. Dans l’enfer des combats, un conseil de guerre s’apprête à juger le soldat Antoine Jonas, accusé d’avoir assassiné son lieutenant, au motif que ce dernier aurait voulu lui faire enfiler le pantalon d’un mort.

Devant le capitaine Duparc, l’officier chargé de le défendre, défilent, comme des fantômes, les témoins harassés d’un drame qui les dépasse. Coupable ? Innocent ?

Jonas est-il un simulateur ou un esprit simple ? Le capitaine Duparc n’a que quelques jours pour établir la vérité. Et découvrir qui est réellement celui que ses camarades ont surnommé Tranchecaille. 

Vous le savez, j’ai un intérêt tout particulier pour la première guerre mondiale et lorsqu’il y a en plus une enquête policière sur le meurtre d’un lieutenant au sein même des tranchées, mon intérêt s’accroit encore.

C’est ainsi que Tranchecaille a atterri dans ma PAL malgré ma déception pour un autre roman de Patrick Pécherot. Plus qu’une enquête, l’auteur nous propose un vrai roman noir sur la première guerre mondiale, car le sort de Jonas, on le connaît dès le prologue : il est passé par les armes.

Coupable ou non, il faut faire un exemple et malgré les efforts de Duparc et de son greffier, le caporal Bohmann, notre héros ne va pas en réchapper. Pour autant, ce roman s’est révélé totalement passionnant car dès l’exécution de Jonas, l’auteur nous donne à lire l’enquête de Duparc pour faire toute la lumière sur cette affaire.

J’ai adoré l’atmosphère de ce roman où se mêlent scènes dans les zones de combat, le no man’s land, l’arrière avec les civils qui trouvent que les poilus mènent la belle vie, les interrogatoires, les dépositions, les discutions avec les officiers…

Patrick Pécherot s’est remarquablement documenté et nous restitue la brutalité de cette guerre avec une gouaille qui donne beaucoup de vivacité au récit. Non seulement la description de la vie dans les tranchées est rendue avec toute son horreur mais l’attitude des officiers supérieurs révèle bien l’incompétence de toute une époque.

L’accent est mis sur les problèmes de ravitaillement, d’uniformes, d’armes… mais aussi sur les mutineries qui font rage en cette année 1917, l’importance des marraines de guerre, du vin dont on abreuve les hommes pour qu’ils montent aux combats dans l’ivresse…

L’auteur fait la part belle aux dialogues et à l’action, avec des chapitres courts et bon nombre de rebondissements qui relancent sans cesse l’intérêt du lecteur. Il met en lumière la bêtise humaine qui tient ici du grand art et qui ne peut que révolter cent ans après les faits.

Une très bonne lecture que je vous recommande si la première guerre mondiale vous intéresse, vous le trouverez tout aussi passionnant que moi. Ma copine Belette l’a bien apprécié aussi, filez lire son avis ici !

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Cadre dans une grande entreprise de services, passionnée d’histoire et de développement personnel, Carine Pitocchi a longtemps rédigé des articles pour des associations avant de se lancer dans l’écriture de romans. Elle a remporté en 2019 le  » Prix Romancière  » du concours de la collection &moi chez JC Lattès avec son roman Toi seul.

Août 1914. Aux quatre coins de l’Europe, la guerre éclate, séparant familles et amants. Lorsque leurs fiancés sont envoyés au front, Lady Julia et Lady Emily, malgré leur inquiétude grandissante, décident de s’engager elles aussi.

Julia rejoint la Croix Rouge à Genève, tandis qu’Emily se rend en Belgique pour aider la population sous occupation allemande.

En France, à quelques kilomètres des tranchées où se battent les hommes, Florine, jeune institutrice, apporte soutien et réconfort aux enfants de son école, alors qu’à Londres, la famille Murphy prospère grâce à une nouvelle activité : la fabrication d’obus.

À l’autre bout du continent, la princesse russe Elena Demidov renie sa famille et son titre pour se joindre à la révolte du peuple.

Avec Les cendres sous les coquelicots, nous retrouvons les héros des Rêves de nos mères là où nous les avions laissés. Dans ce second opus qui couvre tout le premier conflit mondial, Carine Pitocchi met en scène aristocrates et domestiques, soldats et civils, hommes et femmes pris dans la tourmente de la guerre.

De l’arrière aux tranchées, de l’Angleterre à la France en passant par la Russie, la Grande Guerre n’épargne personne et va voir s’effondrer les Empires que l’on croyait éternels.

Vous le savez j’adore les romans historiques et la première guerre mondiale est une thématique que j’aime retrouver dans mes lectures et avec ce roman choral palpitant, vibrant d’espoir et de fureur de vivre, je me suis régalée.

Carine Pittochi s’est très bien documentée et parsème son récit de personnages et de faits historiques avec habileté, tout se fond incroyablement bien et l’autrice ne tombe jamais dans la leçon d’histoire tant le souffle romanesque est présent de la première à la dernière page.

Tout au long de ce roman fleuve sans longueurs, un exploit !, on tremble pour nos héros, notamment Archie et Will, tantôt dans les tranchées sous le feu des balles, tantôt à bord de leurs aéroplanes. Avec eux, on suit le quotidien des hommes au front, leur condition de vie, les traumatismes, les blessures…

A l’arrière, on suit l’engagement des femmes, mis brillamment en lumière. Celui des ladies en tant qu’infirmières ou œuvrant pour la croix rouge mais aussi les espionnes. Celui des femmes du peuple qui font tourner le pays en l’absence des hommes.

Et bien sûr, avec Elena et Marina, on assiste à la révolution russe : les premières décisions des soviets, la fuite des aristocrates, la tuerie des Romanov…

Le récit de Carine Pitocchi est riche d’anecdotes, de faits réels. Elle nous offre un récit immersif et addictif : on est avec les personnages, on s’émeut, on rit, on vibre. Tous les personnages (assez nombreux), sont en plein coeur de cette horreur, on les voit évoluer, se battre et on s’attache à eux.

Leurs histoires s’entremêlent au fil des chapitres. Nous partageons leurs doutes, leurs joies, leurs souffrances, leurs douleurs physiques et morales. Bien sûr, certains sont davantage exploités que d’autres mais comme nous sommes dans une saga, nul doute que des personnages esquissés ici prendront plus d’importance dans les prochains volumes.

Si vous aimez les romans historiques et les saga familiales, vous devez absolument découvrir les romans de Carine Pitocchi. Quant à moi, j’attends désormais la parution du tome 3 avec impatience.

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Écrivain-voyageur, romancier, pilote pendant la Grande Guerre, résistant, journaliste, JOSEPH KESSEL est l’un des plus grands reporters de l’entre-deux-guerres. Il est l’auteur de près de quatre-vingts romans. Il reçoit de nombreux prix et récompenses et entre à l’Académie française en 1962. Il meurt en 1979.

« C’était avant la guerre quatre inséparables dont le plus âgé avait 82 ans et le plus jeune 75. Toujours à la même heure, toujours dans la même direction, par tous les temps, ils faisaient leur promenade sur la fine route blanche, ombragée par les charmes, qui passe devant Arras. La guerre vint. Et toujours à la même heure, dans la même direction, sur la fine route blanche, éventrée par les obus, vérolée par la pluie des shrapnells, sous les charmes élancés qui gémissent au vent des balles, quatre silhouettes se profilent, grêles, qui vont de nouveau à pas menus, avec des gestes calmes et lents. »

Première Guerre mondiale est un recueil de chroniques, témoignages et nouvelles, écrits par le jeune Joseph Kessel. Il contient ses premiers textes journalistiques écrits en novembre 1914 alors qu’il n’est encore qu’un adolescent adolescent puis des nouvelles écrites tout au long de la guerre.

En 1914, Joseph Kessel n’a que 16 ans, trop jeune pour partir dans les tranchées, il devient bénévole dans un hôpital niçois accueillant les soldats blessés.

Puis il devient journaliste au Journal des débats où il traduira, lui qui parle le russe couramment, les câbles et messages en provenance du front Russe. Et en 1917, il s’engage dans l’aviation et rejoint la l’escadrille des As des As, l’escadrille S 39.

Vous le savez, je m’intéresse beaucoup à la grande guerre et lorsque je suis tombée sur ce recueil que je ne connaissais pas, je n’ai pas pu m’empêcher de repartir avec !

D’autant que je n’avais jamais lu Joseph Kessel auparavant et ces textes et nouvelles très bien écrits m’ont confirmé mon envie de découvrir son oeuvre romanesque et notamment L’armée des ombres et Le tour du malheur.

Ces souvenirs autobiographiques sont tantôt éminemment politiques tantôt plus humaines où Joseph Kessel s’inspire de ses expériences : il raconte ses débuts d’acteur sur les planches, son bénévolat à l’hôpital, son engagement dans l’aviation, et nous livre des témoignages de Pioupiou parfois assez bouleversants.

Ces trois nouvelles à la fois assez bouleversantes par leurs sujets mais avec des pointes d’humour m’ont beaucoup plu tout comme et elles racontent à leur manière tout ce qui fait la première guerre mondiale.

Le jeune homme est marqué par son expérience à l’hôpital de Nice où affluent les premiers blessés du front, mais aussi par les bouleversements des hommes et du monde en temps de guerre, sur lesquels il porte un regard poignant, tour à tour optimiste et révolté.

Si vous souhaitez découvrir la plume déjà aguerrie de Joseph Kessel ou que vous vous intéressez à la première guerre mondiale, je ne peux que vous conseiller ce court volume.

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Lu dans le cadre du challenge 1 pavé par mois :

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Kate Quinn est née en Californie du Sud. Elle est diplômée de Boston University et passionnée d’Histoire depuis toujours. Ses romans sont traduits dans le monde entier. Plébiscité par les critiques, Le Réseau Alice connaît un succès retentissant dans de nombreux pays.

Un an après le début de la Grande Guerre, Eve Gardiner brûle de prendre part à la lutte contre les Allemands et est recrutée comme espionne.

Envoyée à Lille, dans la France occupée, elle est formée par Lili pour entrer dans le réseau qu’elle dirige, le réseau Alice, un vaste réseau d’agents secrets pour lutter contre l’ennemi.

1947, hantée par la trahison qui a provoqué le démantèlement du réseau Alice, Eve, devenue alcoolique, vit recluse dans sa maison de Londres.

C’est alors que Charlie, une jeune étudiante qui souhaite retrouver sa cousine disparue en France pendant la dernière guerre, déboule chez elle en prononçant un nom qu’elle n’a pas entendu depuis des décennies : Le Léthé, un restaurant dans lequel elle a travaillé pendant la grande guerre.

Leur rencontre les entraînera de Lille à Roubaix, en passant par Limoges et Grasse, à la recherche de Rose et de son bourreau, aidée par l’homme à tout faire d’Eve, Flinn.

Le réseau Alice m’intriguait depuis sa sortie il y a un an déjà. Ecrit par Kate Quinn dont j’avais adoré Les héritières de Rome et L’impératrice des sept collines et j’ai profité des fêtes pour enfin le découvrir.

Vous le savez, j’affectionne les romans historiques et l’une de mes périodes de prédilection est la première guerre mondiale, j’étais donc sûre et certaine que ce roman allait me combler et ce fut bel et bien le cas. Cela aurait même pu être un coup de coeur si je n’avais rien su du réseau Alice.

Etant férue de cette période et de l’histoire des femmes en générale, je connaissais l’existence de ce réseau d’espions, le plus fameux de la grande guerre, et notamment celle qui l’a brillamment dirigé jusqu’à son arrestation : Louise de Bettignies.

Connaissant sa vie, les tenants et aboutissants de sa carrière d’espionne et celle d’Edith Cavell, l’espionne anglaise la plus réputée, j’ai vu venir les rebondissements historiques qui émaillent ce roman, ce qui m’a empêché de savourer l’aspect historique de ce titre à sa juste valeur.

Ce fut tout de même une lecture passionnante puisque le récit, bien que reposant sur des faits historiques, est mené par Eve et Charlie, qui sont des personnages fictifs et ce qui leur arrive tout au long du récit m’a apporté son lot de surprises, me tenant en haleine de bout en bout.

Dans ce roman, Kate Quinn met donc en lumière l’histoire oubliée du plus grand réseau d’espionnes de la Première Guerre mondiale et sa figure de proue, Louise de Bettignies.

Une femme courageuse, pugnace et téméraire qui lui a valu l’admiration du camp ennemi et donné envie à d’autres femmes de devenir agents secrets dans son sillage.

Mélange fascinant de roman historique, de mystère et de romance, cette intrigue bien construite, foisonnante et palpitante ravira les passionné.e.s d’Histoire.

Très bien documenté, fourmillant de détails, il relate avec précision les faits et s’attache au plus près de la réalité historique, permettant à chacun et chacune d’y trouver son compte.

L’autrice aborde aussi la condition féminine de l’époque à travers ses héroïnes qui prennent en main leur destin et leur vie malgré les obstacles et les préjugés de l’époque, un aspect qui m’a beaucoup plu également.

Un roman véritablement passionnant, porté par des héroïnes attachantes et courageuses, avec un certain suspens. Une lecture que j’ai adoré et que je vous invite vivement à découvrir à votre tour si la première guerre mondiale vous intéressent !

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Lu dans le cadre du Pumpkin Automne Challenge

Catherine Cuenca est née en 1982. Son premier roman publié en 2001, elle se lance dans le métier d’écrivain à temps plein en 2010. Elle est l’autrice d’une quarantaine de romans historiques pour la jeunesse.

31 janvier 1916, les hommes sont mobilisés sur le front. À l’arrière, les femmes prennent la relève dans tous les secteurs de l’économie. Dans les campagnes, elles sont aux champs. En ville, elles sont dans les usines, les hôpitaux, les bureaux et même les transports !

Parmi elles, Agnès est embauchée comme conductrice de tramway. Elle qui peinait à payer ses factures et les colis pour son mari, au front, a quitté l’usine pour entrer à la régie des transports lyonnais, un travail moins pénible et plus rémunérateur.

Lorsque son mari, Célestin, rentre blessé de la guerre, il supporte mal qu’elle gagne plus que lui. Il lui somme de retourner à l’usine, ce qu’Agnès refuse d’autant qu’elle peine à reconnaître l’homme dont elle était amoureuse en 1914.

Célestin est devenu aigri et alcoolique, les disputes éclatent de plus en plus jusqu’au jour où la guerre s’achève. Agnès est alors renvoyée car les hommes doivent retrouver leur place, pour le plus grand plaisir de son époux.

Révoltée par cette injustice, elle s’engage dans le mouvement des suffragettes. C’en est trop pour Célestin…

Celle qui voulait conduire le tram signe mes retrouvailles avec Catherine Cuenca dont j’avais déjà apprécié Le choix d’Adélie, L’assassin du Marais et La marraine de guerre.

Comme toujours avec cette autrice, un roman court et percutant, solidement documenté, porté par une héroïne forte et attachante, abordant des thèmes importants de façon juste et pertinente.

Vous connaissez mon intérêt pour le mouvement suffragiste et la première guerre mondiale, j’ai été servie avec ce roman pour adolescents qui aborde avec justesse l’un et l’autre.

Catherine Cuenca s’attache à nous dépeindre la condition féminine pendant le premier conflit mondial : appelées à remplacer les hommes, les femmes ont répondu présentes, mettant pour certaines leur vie en péril.

Elles ont découvert ainsi qu’elles pouvaient être fortes et indépendantes, capables de travailler comme les hommes, à des postes d’hommes, ce qui leur était refusé en temps de paix.

Of course, aussitôt la guerre achevée, elles ont été priées de rentrer dans leur foyer, reléguées aux rôles d’épouses et de mères.

D’où la révolte de notre héroïne qui va militer pour le droit des femmes en dépit de l’opposition de son mari et du refus de ses collègues à se battre pour leurs droits car il ne faut pas l’oublier, toutes les femmes n’étaient pas féministes, et se rangaient aux cotés de leurs époux, fustigeant tout autant qu’eux les suffragettes !

L’autrice s’attache aussi à démontrer les ravages de la guerre sur les hommes revenus du front. Certains étaient devenus alcooliques, d’autres traumatisés par ce qu’ils avaient vécu dans les tranchées ou aigris de voir les femmes aux manettes.

L’histoire est dure et triste mais nécessaire, je vous la recommande vivement. Les adolescents, cible visée par l’autrice, se rendront compte du dur combat qu’ont mené les féministes pour le droit de vote et pourront juger de la réalité de la guerre.

Je découvre grâce à ce très bon roman les éditions Talents Hauts et leur collection Les héroïques et j’ai bien envie de découvrir les autres titres déjà parus !

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Jean-Michel Payet est né un 1er mai à Paris, en 1955. Après des études d’architecture, il a illustré une trentaine de romans, d’albums et de documentaires avant de se tourner vers l’écriture en 2004. Depuis, il a publié des romans pour la jeunesse et les jeunes adultes aux éditions des Grandes Personnes, Milan, Rageot, Bayard… Enfant, il ne se voyait pas devenir « auteur », mais plutôt « héros ». En attendant, il continue à écrire. Et à dessiner.

Paris, décembre 1920. Balto, quatorze ans, vit dans la Zone près de la roulotte de madame Gambette, ancienne gloire du Moulin Rouge, tombée dans la pauvreté, qui l’a pris sous son aile depuis qu’il a été abandonné tout bébé. Elle l’a élevé avec son fils Victor, parti à la guerre en 1914. Héros en 1916 et devenu caporal avant d’être condamné à mort pour avoir giflé son supérieur.

Juste avant le peloton d’exécution, il est parvenu à s’échapper et depuis il s’est évaporé. Balthazar et madame Gambette ont parfois de ses nouvelles et un matin, caché dans un gros pain de campagne déposé devant sa roulotte, Balto découvre un billet de Victor qui l’invite à le retrouver rue des Batignolles à minuit pile.

A l’heure du rendez-vous, en lieu et place de Victor, un macchabée et une journaliste, Émilienne, qui prend Balto pour le meurtrier et lui tire le portrait. L’adolescent parvient à s’enfuir mais son visage fait la une de l’Excelsior ! Qui a tué Timoléon Escartefigue, modeste réparateur de vélos du boulevard des Batignolles à Paris ?

Que s’est-il passé sur le front, en pleine guerre de 14, dans les décombres d’une maison en ruine ? Qu’est devenu Victor, le condamné à mort qui a disparu avant son exécution ?

Quel secret cache Émilienne Robinson, jeune journaliste fraîchement engagée au journal L’Excelsior ? Et pourquoi, dans ce Paris de 1920, alors que la guerre est terminée, d’anciens poilus sont-ils assassinés les uns après les autres ? Et par qui ?

Balto, qui vit dans la Zone, cette bande de misère entourant la capitale, va devoir enquêter afin de prouver l’innocence de son frère Victor.

Pour cela, il lui faudra découvrir qui est le dernier des Valets-de-Cœur… avant qu’il ne soit trop tard.

Balto le dernier des valets de coeur signe mes retrouvailles avec Jean-Michel Payet dont j’avais beaucoup aimé Mademoiselle Scaramouche et Dans la nuit blanche et rouge. Changement de registre et d’ambiance avec ce roman historique pour adolescents qui nous entraîne dans une histoire mêlant aventures, enquête, meurtres, secrets et chasse au trésor dans le Paris de l’après première guerre mondiale.

Comme toujours, l’auteur s’est très bien documenté et nous propose un récit pour les quatorze ans et plus qui sait également séduire les adultes. Balto est le narrateur de cette histoire. Gamin de la Zone, il est resté peu de temps sur les bancs de l’école, fabrique des paniers mais se rend coupable aussi de quelques rapines pour améliorer le quotidien.

Pour coller au plus près de la réalité, Jean-Michel Payet, a fait le choix de l’argot, un très bon choix, qui rend le récit très vivant d’autant qu’il est entrecoupé de nombreux dialogues, de beaucoup de péripéties, de révélations en cascades et de suspens.

Impossible de s’ennuyer avec Balto et les valets de coeur tant l’intrigue, très bien construite, nous happe dès les premières pages. Pour ma part, j’en suis venue à bout en 24 heures tant j’avais envie d’avoir le fin mot de l’histoire.

La gouaille de Balto, le contexte historique très bien développé par l’auteur avec l’émancipation féminine, la vie des puissants qui a continué de mener grand train pendant la guerre, la dureté des combats dans les tranchées, les condamnations à mort, le dur retour à la vie civile des poilus, les gueules cassées… tout y est !

Ajoutez une bonne trame policière avec du suspens, de l’humour et de l’émotion, vous obtenez un roman historique de qualité pour les ados et pour les adultes ! Les personnages sont intéressants et bien dessinés, j’ai aimé les suivre et les découvrir au fil de ma lecture.

Un petit bémol tout de même pour la fin, un peu trop expéditive mais ceci mis à part je vous recommande ce très bon roman, vous ne vous ennuierez pas une seconde avec Balto !

Bravo à L’école des Loisirs pour le très beau travail éditorial : l’objet livre est superbe avec ses dorures et ses décors qui se poursuivent de la couverture à la quatrième en passant par le dos. Je les remercie pour l’envoi de cette lecture, j’ai adoré !

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