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Posts Tagged ‘Jean-Christophe Duchon-Doris’

En 1856, la comtesse de Castiglione, beauté fatale d’origine italienne, s’apprête à faire une entrée spectaculaire au grand bal des Tuileries, devant le couple impérial. Depuis son arrivée à Paris, elle est réputée pour faire et défaire la mode féminine au gré des caprices vestimentaires les plus extravagants. Mais ce soir-là l’enjeu est capital, car elle a pour mission de conquérir le cœur de Napoléon III. Ebloui par la plus audacieuse robe à crinoline qu’on ait jamais vue, l’empereur succombera en effet aux charmes de cette déesse vivante. Sept ans plus tard, un jeune officier de police, Dragan Vladeski, découvre sur un chantier le corps d’une femme égorgée, portant une robe identique à celle de la comtesse le soir de son triomphe. Bientôt, d’autres cadavres, vêtus de façon similaire, surgissent aux quatre coins de la ville. Aidé par la délicieuse Eglantine, une des  » petites mains  » ayant participé à la fabrication du modèle original, Dragan tente de percer le mystère de ces assassinats. Une robe, aussi mythique soit-elle, peut-elle être à l’origine d’une série de meurtres effroyables ?

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Les lectrices les plus fidèles d’entre vous se souviennent peut-être que j’ai déjà eu l’occasion de vous présenter les romans policiers historiques de Jean-Christophe Duchon-Doris : Les nuits du chat botté et L’embouchure du Mississipy  qui avaient pour décor la fin du siècle de Louis XIV. Changement d’époque cette fois-ci avec le dernier roman de l’auteur qui vient tout juste de paraître et que j’ai eu le plaisir de recevoir.

Une série de meurtres a lieu dans la capitale. Des jeunes femmes au teint diaphane sont retrouvées nues et égorgées. Seule l’une d’elles est vêtue d’une crinoline bleu de ciel en gaze de Chine que le meurtrier n’a pas eu le temps de lui ôter. Elles se ressemblent toutes étrangement et surtout elles ressemblent à la belle Comtesse de Castiglione. Cette italienne, éphémère maitresse de l’Empereur, prend grand soin de sa beauté et ne se cesse de se faire photographier, nue ou habillée, par Pierre-Louis Pierson, le photographe attitré de la cour. En veut-on réellement à la vie de la comtesse tombée en disgrâce et honnie ? Et pire encore l’Empereur lui-même est-il menacé ? Dragan Vladeski, jeune officier de police fraichement débarqué à Paris en direct de Boston où il réside depuis sa jeunesse, devra le découvrir.

Au-delà du volet policier qui ne manque pas d’intérêt, c’est l’évocation historique qui m’a intéressée. Jean-Christophe Duchon-Doris nous convie à une véritable immersion au cœur de la seconde moitié du 19è siècle. Comme pour ses précédents ouvrages, il ne fait aucun doute que l’auteur a fait un remarquable travail de documentation pour reconstituer aussi bien et aussi fidèlement le Second Empire et ses diverses transformations.

L’empereur Napoléon III règne alors en maitre absolu depuis plusieurs années déjà et les parisiens assistent à la transformation de Paris avec un certain bonheur ou un effarement tout aussi certain. L’auteur montre bien ces grands bouleversements dans la vie des parisiens sous le second Empire comme l’avait très bien fait Tatiana de Rosnay dans Rose.

Mais il n’y a pas qu’en matière d’hygiène et d’immobilier que le Second Empire apporte du neuf mais aussi en matière de mode, n’oublions pas que c’est à cette époque que naissent les premiers grands magasins qui serviront de modèle à Zola pour écrire Au bonheur des dames ! Mais avant que le Bon Marché n’ouvre, la mode était une affaire de couturières aux ordres et à la merci de leurs clientes qu’elles devaient voir à leur domicile. Un homme a alors révolutionné la mode : Charles Frederick Worth qui fait figure de précurseur. C’est lui qui a inventé la haute couture comme on la connaît encore maintenant avec des défilés, des collections et des sosies qu’on appelle désormais mannequins.

Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé cette intrigue qui s’inspire de faits et de personnages réels, comme la comtesse de Castiglione, Worth et le photographe Pierson. L’auteur rend un bel hommage à la couture, aux petites mains et aux différents corps de métiers qui œuvrent toujours dans l’ombre comme les plumassiers par exemple. Si vous aimez cette époque ou tout simplement la mode, je ne peux que vous conseiller La mort s’habille en crinoline.

Un grand merci aux Editions Julliard et à Jean-Christophe Duchon-Doris pour cette belle lecture, j’espère qu’une suite est prévue car je retrouverai Eglantine et Dragan Valdeski avec grand plaisir !

heart_4Lu en lecture commune avec Syl et Fanny

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En cette année 1701, Guillaume de Lautaret a rejoint Paris, en compagnie de sa fiancée, l’indomptable Delphine d’Orbelet. Il brigue en effet le poste de procureur de la capitale. Mais tandis que la promotion tarde à venir, Madame d’Orbelet mère est mise aux fers sur ordre du roi, sans aucune explication. Mettant tout en oeuvre pour la libérer, les deux fiancés découvrent ainsi que d’Orbelet père, qui abandonna femme et enfant pour suivre Cavelier de La Salle sur les rives du Mississippi quinze ans plus tôt, est maintenant accusé d’avoir tué Cavelier lors de cette mission. Objets lointains des pires convoitises, le fleuve et ses bayous détiennent le secret de cet assassinat et Guillaume n’a d’autres choix que de s’embarquer pour les Amériques.

Deuxième volet des aventures de Guillaume de Lautaret, L’embouchure du Mississipy, se déroule quelques mois après Les nuits du chat botté. Le jeune procureur attend sa prochaine affectation et continue de filer le parfait amour avec Delphine d’Orbelet, tout du moins jusqu’à l’embastillement de Madame d’Orbelet, sur ordre express du roi, sans motif. Guillaume de Lautaret comprend vite que la raison de cette mise aux fers est liée au père de la jeune femme, disparu en Amérique, lors d’une expédition, une quinzaine d’années auparavant.

Si le premier volet m’avait laissé un goût mitigé, cette histoire-ci est un régal d’aventures et de cape et d’épée, qui nous entraine dans un passionnant voyage vers l’Amérique, et plus précisément la Louisiane.

Nous sommes embarqués avec ces colons à la recherche d’une vie meilleure de l’autre côté de l’Atlantique. On côtoie les tribus indiennes des Bayogoulans des Oumas, des Natchez et des Taensas. De la traversée – épique – à l’escale à Saint Domingue, en passant par le Canada et enfin le Mississipy, on ne s’ennuie nullement durant les 300 pages, tant le récit est mené tambour battant.

Il y a du mystère, des intrigues et des complots, un trésor convoité par les jésuites : rien de ce qui fait le sel du roman d’aventure n’est oublié. L’auteur s’est très bien documenté sur ces premiers canadiens, sur les indiens et les descriptions narratives des paysages portent littéralement le récit. C’est un roman divertissant et intelligent, j’y ai pour ma part appris beaucoup de choses.

L’autre bon point est l’écriture de Duchon-Doris qui m’a cette fois bien plu, est-ce parce que je me suis habituée au style de l’auteur ou parce que ce récit-ci est meilleur, je ne saurais vous le dire, mais j’ai trouvé L’embouchure du Mississipy d’une meilleure facture que Les nuits blanches du chat botté, même si ici, l’intrigue policière passe au second plan.

Je le conseille donc aux amateurs de romans d’aventures qui devraient être vivement intéressés par cette lecture.

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Lu dans le cadre des challenges Polars Historiques et Le règne de Louis XIV

    

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En octobre 1700, d’étranges crimes ensanglantent la région si paisible des Alpes provençales. A quelques jours d’intervalle, on a retrouvé le cadavre d’une jeune fille curieusement vêtue d’une cape rouge, puis un mari et sa femme étranglés dans leur lit, la bouche emplie de petits cailloux blancs, enfin un marchand et sa fillette eux aussi étranglés. L’enquête est confiée au procureur Guillaume de Lautaret. Jeune homme à l’esprit vif, aussi habile à tirer l’épée qu’à trousser les filles, il s’ennuie mortellement dans cette place forte où rien ne se passe et rêve d’une brillante carrière à Versailles. Non loin de là, Delphine d’Orbelet s’ennuie tout autant dans les salons du château de sa mère. L’affaire va passionner et rapprocher les deux jeunes gens. Ils ne pourront cependant comprendre le sens de ces meurtres sauvages sans la découverte faite par Delphine à la lecture des fameux Contes de ma mère l’Oye…

En cette fin de règne de Louis XIV, un loup sème la mort parmi les jeunes bergères et servantes d’un coin perdu de Haute-Provence, qui sont retrouvées déchiquetées. Mais pourquoi diantre le loup s’approche-t-il autant des habitations ? Voilà qui laisse perplexe le tout nouveau procureur, Guilaume de Lautaret, et lorsqu’un couple de personnes âgées est retrouvé mort dans un fossé, des cailloux blancs dans la bouche, le doute n’est plus permis, voilà une mort qui n’est pas l’oeuvre d’une bête mais bien celle d’un homme. Les meurtres s’enchaînent alors et Delphine d’Orbelet qui s’ennuie ferme dans son château et dans son statut de jeune fille naïve, commence à comprendre une partie du mystère et va mettre le procureur sur la piste du vrai tueur.

J’ai bien aimé ce roman en dépit de scènes franchement érotiques qui cadrent mal avec le reste du roman et qui m’ont un peu surprises je l’avoue, non que je sois particulièrement prude mais tout simplement parce que je ne les attendais pas. L’intrigue en elle-même est bien construite et agréable à suivre, elle m’a replongée avec délice dans le monde merveilleux des contes de fées, un genre littéraire naissant à l’époque du roman, et que j’affectionne tout particulièrement. Un genre essentiellement féminin, né sous le plume de Madame d’Aulnoy, la première à introduire un conte de fée en 1690 dans L’Histoire d’Hypolite, comte de Duglas. Mademoiselle de La Force, Mademoiselle L’Héritier ou Catherine Bernard ont comme Madame d’Aulnoy rencontré le succès avec leurs recueils de contes, mais c’est pourtant un homme qui va passer à la postérité avec ces Contes de ma mère l’oye : Charles Perrault. L’œuvre est même devenue un classique de la littérature enfantine alors qu’ils étaient destinés et lus uniquement par des adultes lors de leur publication ! Charles Perrault n’invente pas les contes qu’il écrit, mais il s’inspire des contes populaires issus de la tradition orale.

Ce qui est également savoureux dans Les Nuits blanches du Chat Botté, c’est que le lecteur a une longueur d’avance sur les protagonistes. Les contes de Perrault sont en effet essentiellement connus du sérail parisien et versaillais, et là où nous reconnaissons tout de suite le petit chaperon rouge ou le petit poucet, le procureur, lui, patauge dans la boue provençale.

Un roman divertissant, à l’intrigue intéressante et originale. L’auteur ne brille cependant pas par un style éblouissant mais on passe un bon moment de lecture. Si vous aimez les aventures de Nicolas Le Floch, vous serez sans doute séduites par les aventures de Guillaume de Lautaret, même si le talent de Jean-François Parot est de loin supérieur à celui de Jean-Christophe Duchon-Doris.

Les Nuits blanches du Chat Botté sont le premier opus d’une trilogie, je lirais donc prochainement les deux autres romans.

Lu dans le cadre des challenges Polars Historiques, Le règne de Louis XIV et Animaux du monde

         

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