Jean Teulé est l’auteur de treize romans. Parmi les plus notables, Je, François Villon a reçu le Prix du récit biographique ; Le Magasin des suicides a été traduit dans dix-neuf pays (best-seller à Taïwan !). Son adaptation en film d’animation par Patrice Leconte est en cours de réalisation et sortira sur les écrans en 2012. Darling a été adapté au cinéma par Christine Carrière, avec Marina Foïs et Guillaume Canet dans les rôles principaux ; Le Montespan, prix Maison de la presse et grand prix Palatine du roman historique, a été élu parmi les vingt meilleurs livres de l’année 2008 par le magazine Le Point.
Si l’oeuvre éblouit, l’homme était détestable. Charles Baudelaire ne respectait rien, ne supportait aucune obligation envers qui que ce soit, déversait sur tous ceux qui l’approchaient les pires insanités.
Drogué jusqu’à la moelle, dandy halluciné, il n’eut jamais d’autre ambition que de saisir cette beauté qui lui ravageait la tête et de la transmettre grâce à la poésie.
Dans ses vers qu’il travaillait sans relâche, il a voulu réunir dans une même musique l’ignoble et le sublime. Il a écrit cent poèmes qu’il a jetés à la face de l’humanité. Cent fleurs du mal qui ont changé le destin de la poésie française.
Jean Teulé, spécialiste des biographies romancées, nous propose avec Crénom, Baudelaire !, celle du grand poète Charles Baudelaire, comme vous l’avez deviné grâce au titre.
Avec sa gouaille que j’apprécie tant, il brosse ici un portrait de Baudelaire, version scandaleuse. En effet, il retrace ici l’existence du poète sur une courte période, celle où il le présente volontiers comme le premier punk de l’histoire.
Ce livre est le fuit d’un long travail et de nombreuses lectures mais ne vous attendez pas à des pages élogieuses vantant le génie de Charles Baudelaire dont on sait qu’il était volontiers détestable, misogyne. Certes, les poèmes issus des Fleurs du Mal parsèment ça et là le récit mais l’auteur s’attarde plutôt sur la vie dissolue de l’homme et son caractère outrancier.
Loin de retracer la vie de Baudelaire de sa naissance à son décès, Jean Teulé préfère nous raconter le débauché, l’odieux, le goujat, le pervers sexuel, tour à tour épris de Marie Daubrun, Apollonie Sabatier et Jeanne Duval.
Syphilitique, celui qui brûle la vie par les deux bouts, drogué jusqu’à la moelle car adepte de la confiture verte dont il abusera, provocateur… voilà la quintessence de ce roman biographique, autant dire que si l’on recherche une biographie plus fouillée du poète, on repassera !
Poète révolutionnaire, Baudelaire choquait son monde et trouvera difficilement un éditeur qui réussira à le convaincre de publier ses Fleurs du Mal. Peu apprécié de son vivant, il a autour de lui un petit cénacle tout de même mais il faudra attendre les générations futures pour que certains deviennent des baudelairiens convaincus.
Dans son sillage, l’auteur nous fait côtoyer les figures célèbres que Baudelaire fréquentait comme Gustave Flaubert, Théophile Gautier, Gustave Doré, les frères Goncourt, Edouard Manet, Gustave Courbet, Nadar ou encore Auguste Poulet-Malassis, dit Coco Mal Perché, cet éditeur qui va oser publier Les Fleurs du mal.
Pour autant, Jean Teulé a fait un vrai travail de recherche comme je le disais plus haut et certaines anecdotes sont vraiment savoureuses. Lorsque l’on ne connait rien à la vie de Baudelaire, on sort de ce roman enrichi. Lorsqu’on le connaît bien, comme moi, rien de bien nouveau sous le soleil mais le plaisir intact de lire la plume de Jean Teulé.
Un roman loin d’être indispensable mais qui se lit fort bien. A vous de voir si vous souhaitez connaître cette face sombre, ce versant peu honorable de la vie de Baudelaire ou pas !