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Posts Tagged ‘jules verne’

«Eh bien, Ygène, eh bien ! s’écriait le docteur Ox en se frottant les mains. Vous les avez vus, hier, à notre réception, ces bons Quendoniens à sang-froid qui tiennent, pour la vivacité des passions, le milieu entre les éponges et les excroissances coralligènes ! Vous les avez vus, se disputant, se provo-quant de la voix et du geste ! Déjà métamorphosés moralement et physiquement ! Et cela ne fait que commencer ! Attendez-les au moment où nous les traiterons à haute dose ! »

Quiquendone est une paisible bourgade des Flandres. Les habitants y mènent une vie que rien ne trouble, jusqu’à ce que le savant Ox, aidé de son assistant Ygène, décide d’y installer gracieusement l’éclairage public selon un procédé révolutionnaire.

Plus les tests de son gaz oxy-hydrique progressent, plus la population devient agressive. La folie s’empare peu à peu des esprits au point que le bourgmestre Van Tricasse et son fidèle conseiller Niklausse souhaitent même déclarer la guerre à la bourgade voisine !

Mais qu’arrivent-ils aux Quiquendoniens d’habitude si tranquilles et pacifiques ? Serait-ce la faute du docteur Ox et de son gaz révolutionnaire ?

Paru en 1874, Une fantaisie du docteur Ox est un court récit d’un peu plus de cent pages. Les différents protagonistes ont l’air tout droit sortis d’un conte de fées, ils sont fortement typés et réduits à un trait de caractère essentiel : la lenteur.

Une qualité érigée en principe par le bourgmestre qui ne prend jamais aucune décision et ses administrés font de même : personne n’éteint les incendies, ne consolide la grande tour qui menace de s’effondrer, ne répare les fuites… et cette inertie s’étend aussi à la vie domestique : il leur faut des années pour prendre une décision, une demi-heure pour échanger une réplique dans une conversation, une dizaine d’années sont nécessaires entre une demande en mariage et l’union proprement dite, etc.

Et à l’autre bout de l’échiquier, on trouve le docteur Ox, tout en énervement, qui est au comble du bonheur à l’idée d’expérimenter son gaz sur la population qui en ignore tout. Il se délecte de voir peu à peu ses sujets d’expérimentation passer d’apathiques à querelleurs au fil des jours sans que ces pauvres Quiquendoniens ne comprennent pourquoi.

Son assistant Ygène tout à fait dévoué à son maître a bien du mal à calmer le docteur et à l’alerter sur les dangers de cette expérience sur la population.

Car si cette fable pleine de drôlerie, de fantaisie et de causticité, critique de la bourgeoisie du XIXè siècle est très amusante, elle alerte aussi sur les possibles dérives de la science. Jules Verne nous alerte ici sir les dangers de celle-ci, l’ivresse pour le scientifique de se croire tout-puissant et le risque d’oublier l’humain.

De part cette thématique, elle se révèle très moderne et si elle se lit en une bonne heure, elle nous permet de nous interroger bien au-delà de cette lecture.

Un classique savoureux qui n’a pas pris une ride, je me suis vraiment prise au jeu de ce conte burlesque qui m’a divertie mais aussi interpellée, une bonne pioche que je vous recommande !

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Une île déserte, en plein océan Pacifique. Cinq naufragés américains organisent leur survie, accompagnés de leur chien Top. Bientôt, phénomènes inexplicables et coïncidences troublantes se multiplient, comme si quelqu’un ou quelque chose tentait de les aider. à distance. Quel est donc le secret de l’île ?

Au cours de la guerre de Sécession, cinq Nordistes : l’ingénieur Cyrus Smith et son chien Top, le reporter Gédéon Spilett, le Noir Nab, le marin Pencroff et le jeune Harbert, prisonniers des troupes sudistes, s’enfuient enfuis en ballon pour échapper au siège de Richmond.

Pris dans la tempête, ils échouent sur une île déserte, en plein océan Pacifique. Après avoir mené une exploration de l’île, ils s’y installent en colons et commencent à la civiliser.

Ingénieux, persévérants, les cinq compagnons, pourtant privés de tout, ne tardent pas à s’organiser, à vivre presque normalement. D’ailleurs, l’île, qu’ils baptisent du nom de Lincoln, offre des ressources admirables et tout à fait inattendues.

Mais une série de faits inexplicables, des coïncidences troublantes les obligent à croire à la présence d’une puissance mystérieuse qui les épie sans cesse et conduit leur destinée, leur imposant sa volonté par des voies détournées, intervenant pour les sauver aux moments critiques…

Après avoir beaucoup aimé Le tour du monde en 80 jours, et un peu moins apprécié Michel Strogoff, je me réjouissais pourtant de découvrir L’île mystérieuse et force est de constater que je suis totalement passée à côté de ce roman.

L’Île mystérieuse est l’un des romans les plus connus du très prolifique Jules Verne, il rencontre d’ailleurs un grand succès lors de sa parution en 1875. Il constitue une suite à Vingt mille lieues sous les mers ainsi qu’à Les Enfants du capitaine Grant, auxquels il est rattaché par des éléments narratifs. N’ayant lu ni l’un ni l’autre, je me demande si ce n’est pas pour cette raison que L’île mystérieuse m’ait totalement tombé des mains ?

Même si je ne suis pas spécialement férue de roman d’aventures, je pensais que cette robinsonnade me plairait mais c’était sans compter l’aspect assez moralisateur du roman, des scènes de chasse en veux-tu en voilà à croire que l’île est giboyeuse à souhait mais totalement dépourvue de fruits et de légumes, des personnages qui savent tout faire, un ancien esclave tellement attaché à son ancien maître qu’il préfère mourir plutôt que lui survivre et j’en passe et des meilleurs, bref tout m’a franchement déplu.

Est-ce aussi parce que ce titre n’est porté que par des hommes qui se révèlent particulièrement ingénieux, qui se sortent de toutes les situations comme par magie ?

Dans ce roman, on retrouve tout l’intérêt que porte Jules Verne à la science et aux techniques de son époque, des centres d’intérêt qui sont également ceux de deux de ses héros : Cyrus Smith et le jeune Harbert. Ce qui aurait pu être pour moi un point positif m’a également passablement énervée !

Cyrus sait à merveille : allumer un feu sans allumette, ni silex, mesurer des hauteurs, déterminer des longitudes et des latitudes, construire un four à poterie, élaborer de la nitroglycérine et du pyroxyle, s’initier à la métallurgie en raffinant et travaillant du minerai de fer, fabriquer des bougies, construire un ascenseur hydraulique, alimenter en électricité un télégraphe par une pile rudimentaire, fabriquer des vitres, etc.

Quant au jeune Harbert, ses connaissances en botanique et sciences naturelles sont presque encyclopédiques pour un si jeune âge et permettent à la petite colonie de survivre, ce qui semble tout de même très peu crédible vous l’avouerez, comme sont tout à fait horripilantes les interventions toujours opportunes du mystérieux protecteur de l’île qui sauve la mise à notre quintet dans toutes circonstances.

Vous l’aurez compris, un roman qui m’a ennuyé et fait levé les yeux au ciel en permanence, que j’ai fini par lire en diagonale, je ne peux donc pas vous cacher qu’il ne m’a pas plu du tout.

Mais ce n’est pas parce que moi je n’y ai pas trouvé mon compte que ce récit est mauvais loin de là, je pense tout simplement que ce roman n’est pas fait pour moi.

Un roman que je mettrais peut-être dans les mains des garçons qui goûtent davantage les romans d’aventures.

Belette n’a pas plus apprécié que moi cette robinsonnade, je vous laisse voir son avis ici.

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Michel Strogoff est courrier du tsar de Russie. Il a pour mission d’avertir le frère de ce dernier de l’arrivée imminente de hordes tartares, menées par le traître Ivan Ogareff.
Durant son périple jalonné d’obstacles à travers la Sibérie, il rencontrera la belle Nadia, ainsi que deux journalistes européens avec lesquels il partagera une partie de cette aventure.

Les provinces sibériennes de la Russie sont envahies par des hordes tartares dont Ivan Ogareff est l’âme. Ce traître, poussé par une ambition insensée autant que par la haine, projette de conquérir l’empire moscovite !

Le frère du tsar est en péril à Irkoutsk, à plusieurs milliers de kilomètres de Moscou et les communications sont coupées. Comment le prévenir ?

Pour passer, en dépit des difficultés sans nombre et presque insurmontables, il faudrait un courrier d’une intelligence et d’un courage quasi surhumains. Le capitaine Michel Strogoff est choisi et part, porteur d’une lettre du tsar, en même temps qu’une jeune Livonienne, la belle Nadia, et que deux journalistes, l’Anglais Harry Blount et le Français Alcide Jolivet.

A eux quatre, ils vont parcourir la steppe et tenter d’empêcher Irkoutsk de tomber aux mains du traitre et des troupes tartares…

Comme vous le savez peut-être, j’ai une fascination certaine pour la Russie et comme j’avais beaucoup aimé Le tour du monde en 80 jours, je me réjouissais de lire Michel Strogoff qui promettait d’être une belle épopée au cœur de l’empire russe.

Si j’ai pris plaisir à suivre Michel et Nadia dans leur traversée de la Sibérie et de l’Oural, j’ai butté sur un certain nombre d’écueils : les personnages sont typiques des héros du 19è siècle, très stéréotypés !

Michel Strogoff est le héros loyal à son tsar, sans peur et sans reproche, Nadia est une jeune fille exemplaire au coeur pur, les moujiks sont accueillants et gentils, tandis que les tartares sont d’affreux tueurs sanglants…

Les seuls qui échappent un peu aux stéréotypes et que j’ai trouvé diablement sympathiques sont les deux journalistes Blount et Jolivet aux allures de Dupont et Dupond : leurs saillies sont drôles et il leur arrive toujours de drôles d’aventures.

Malgré tout Jules Verne est un formidable conteur et il nous propose une aventure menée tambour battant, pleine de rebondissements, même si je regrette des longueurs, dans un décor qui a très peu été exploité : la Russie tsariste en pleine invasion tartare.

Je ressors toutefois un peu déçue de ce roman qui se résume à une course contre la montre afin que le héros, aidé de la belle Nadia, sauve le grand duc d’une mort certaine. J’attendais plus d’émotions et plus de surprises car ici on ne doute pas une seconde d’une fin heureuse pour le tsar et pour nos héros : l’histoire se révèle pour moi trop convenue !

Un roman que je mettrais peut-être dans les mains des garçons même si quelques ficelles et stéréotypes peuvent apparaitre grossiers pour l’adulte que je suis, les enfants eux, n’y verront sans doute que du feu et prendront peut-être plus de plaisir que moi à lire ce roman d’aventures.

Belette a plus apprécié que moi cette épopée russe, je vous laisse voir son avis ici.

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En 1872, un riche gentleman londonien, Phileas Fogg, parie vingt mille livres qu’il fera le tour du monde en quatre-vingts jours. Accompagné de son valet de chambre, le dévoué Passepartout, il quitte Londres pour une formidable course contre la montre. Et au prix de mille aventures, il va s’employer à gagner ce pari.

le-tour-du-monde-en-80-jours-jules-verneauteur-éditeur-pagesJusqu’à présent je ne m’étais jamais intéressée à l’œuvre de Jules Verne. Petite fille, je préférais La comtesse de Ségur ou Fantômette, mais désormais maman de deux garçons, j’élargis le cercle de mes lectures afin de pouvoir, le moment venu, leur proposer des romans qu’ils seront susceptibles d’aimer. C’est ainsi que Le tour du monde en 80 jours, l’un des romans le plus célèbre de cet auteur, a atterri dans ma PAL. Tout le monde ou presque connait dans les grandes lignes la trame de ce roman, adapté au cinéma et aussi en dessin animé. Aussi vous allez sûrement être étonnées d’apprendre que je n’avais jamais vu ni le film ne le dessin animé ! Ce roman fut donc une totale découverte et je l’ai littéralement dévoré, emportée par le rythme si vif de ce récit d’aventures.

Tout commence par un pari le mercredi 2 octobre 1872, celui de boucler un tour du monde en 80 jours. Philéas Fogg est un homme mystérieux : il vit seul avec un domestique dans sa maison du 7 de Saville-row à Burlington Gardens, il est fortuné et ne travaille pas, personne ne sait rien sur lui et sa fortune, et ses journées s’égrènent toutes de la même façon, entre son home sweet home et son club, comme tout bon gentleman anglais qui se respecte. Mr Fogg est un homme sédentaire, qui ne voyage pas, et il va se transformer en un intrépide aventurier tout au long du récit dynamique et enlevé de Jules Verne. Avec son domestique Passe Partout, un français ayant eu mille vies avant et qui ne rêve que du confort d’une maison, il va se lancer dans une incroyable épopée autour du monde, sautant d’un moyen de transport à un autre, permettant à l’auteur de présenter toutes les possibilités de locomotion qui s’offrent alors aux voyageurs : du train à l’éléphant, du steamer au vapeur à aubes et j’en passe !

Ce pari insensé conclu avec cinq gentlemen du Reform Club, mené avec raison et diligence, Philéas Fogg compte bien le mener à terme : 20 000 livres sont de même en jeu mais c’est sans compter les multiples péripéties qui vont ponctuer le roman et mettre parfois à mal cette course contre la montre. Toutefois Philéas Fogg a grand foi dans son projet et ne se laissera jamais abattre par les retards pris ici et là. Ici pas de longues descriptions, ce qui plaira aux jeunes lecteurs, mais l’envie de donner une soif de découverte, de prendre la route et de faire aussi le tour du monde, pas comme le font nos héros, qui ne voient rien des pays qui le traversent, mais en multipliant les moyens de locomotion pour voir les richesses du monde et les peuples qui le composent.

Notre duo sera bientôt rejoint par Aouda, une jeune femme indienne, qui aura à coeur que Philéas Fogg gagne son pari. De Londres à la France, en passant par l’Inde, la Chine, le Japon, l’Amérique et Londres à nouveau, Jules Vernes ménage son suspens et c’est seulement dans les toutes dernières pages que l’on sait enfin si le pari est gagné ou non.

Un roman que je mettrais sans nul dans les mains des garçons même si quelques ficelles et stéréotypes peuvent apparaitre grossiers pour l’adulte que je suis, les enfants eux, n’y verront que du feu et y prendront beaucoup de plaisir j’en suis sûre à lire ce formidable roman d’aventures.

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Lu dans le cadre des challenges Au service de…Romans Cultes et ABC Babelio 2012-2013 :

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Paris, 15 août 1855. Félix de Montagnon, reporter au Populaire, et son ami Jules Verne, jeune écrivain encore inconnu, assistent à une séance de spiritisme. A la fin de celle-ci, le médium Gordon est assassiné d’une balle dans chaque œil. A ses côtés, une serviette remplie de faux billets et le cache d’un objectif photographique. Bientôt d’autres crimes sont perpétrés. Chaque fois, l’assassin laisse près de ses victimes des indices énigmatiques. Intrigués, les deux compères vont alors se plonger dans une enquête tortueuse qui les conduira du Père-Lachaise à l’Exposition universelle, du laboratoire secret d’un savant fou aux alcôves d’une maison close. Expériences occultes, fausse monnaie, trafic de cadavres se mêlent dans ce drôle de drame, où Jules Verne joue les grands détectives.

Guillaume Prévost nous plonge dans l’atmosphère bouillonnante du Paris du milieu du 19è siècle, au moment de l’Exposition Universelle de Paris. Une époque charnière, en pleine industrialisation, avec les débuts des chemins de fer, l’engouement pour la photographie et l’âge d’or de la presse, qui tirait alors à des millions d’exemplaires chaque jour, tous titres confondus, des chiffres qui feraient rêver les patrons de presse du 21è siècle !

C’est aussi le Paris des Maisons Closes et de la toute puissante des hommes, le clivage Paris/Province. L’atmosphère est bien reconstituée et j’ai trouvé passionnante cette plongée dans l’univers des daguerréotypes, procédé inventé par Louis Daguerre en 1835, uniquement positif et qui ne permet pas la reproduction de l’image. Cet ancêtre de la photographie est constitué d’une plaque, généralement en cuivre, recouverte d’une couche d’argent.

L’intrigue est rondement menée par un jeune Jules Verne, encore complexé par ses origines nantaises, détective le temps d’une enquête, pour venir en aide à son ami, Félix de Montagnon, reporter au Populaire. On le découvre jeune écrivain timide et romantique, admirateur d’Edgar Poe et de Gérard de Nerval, en ballade dans les rues d’un Paris sous Napoléon III, en pleine transformation, sous les coups de pelle du baron Haussmann.

Si vous êtes à la recherche d’un roman policier bien ficelé et érudit, le mystère de la chambre obscure est pour vous !

Lu dans le cadre des challenges Paris et Polars Historiques :

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