Printemps 1892. John Adinett, un membre respecté de la haute société londonienne, est jugé pour le meurtre d’un de ses meilleurs amis. Le commissaire Thomas Pitt, chargé de l’enquête, est appelé à témoigner. Mais à l’issue de ce bien étrange procès, le voilà traîné dans la boue, démis de ses fonctions et exilé dans un des quartiers les plus sordides de Londres. Seule sa femme, l’intrépide Charlotte, sera capable de reprendre l’enquête de son cher mari afin de sauver sa carrière et sa vie des griffes du mystérieux et puissant Cercle Intérieur… Des somptueux salons de l’aristocratie aux taudis de l’East End, Anne Perry n’a pas son pareil pour faire le portrait d’une société victorienne gangrenée par l’injustice sociale et au bord du chaos.
Après Bedford Square et Half Moon Street, très décevants par rapport au reste de la série et dont les enquêtes policières n’étaient vraiment pas à la hauteur, j’avais hâte de retrouver mon couple d’enquêteurs victoriens préféré dans le tome 21 de la série Thomas et Charlotte Pitt, mais crainte aussi d’être une nouvelle fois désappointée. Heureusement, Anne Perry s’est bien reprise dans ce nouvel opus où le Cercle Intérieur revient en force.
Le roman s’ouvre cette fois-ci non pas sur un meurtre mais sur le procès pour meurtre de John Adinett, accusé d’avoir tué l’un de ses meilleurs amis, un républicain notoire et un fin connaisseur de la Grèce Antique, Martin Fetters. Thomas Pitt est appelé à la barre car c’est suite à son enquête qu’Adinett se retrouve sur le banc des accusés, et si ses amis ne peuvent le sauver de la potence, ils vont faire payer chèrement sa mort à Pitt.
Quelques jours après la condamnation d’Adinett, notre commissaire de Bow Street est démis de ses fonctions et envoyé dans le East End, à Whitechapel, le quartier encore meurtri par les assassinats sanglants de Jack l’éventreur.
Pitt intègre bien malgré lui la Special Branche dirigée par Victor Narraway qui a la charge de surveiller les anarchistes, les Fenians et tous ceux qui complotent contre le trône. La reine Victoria n’est pas populaire et son fils le prince de Galles, futur Edouard VII, mène une vie de fête et de faste qui en font grogner plus d’un. La monarchie est en danger et l’opportunité d’un scandale éclaboussant la couronne bienvenu, en tout cas pour les tenants de la révolution qui rêve d’un 1789 anglais.
Notre commissaire perd non seulement son poste mais se retrouve obligé de vivre dans ce quartier et de se mêler à la population pour mieux la surveiller. A cette fin, il est hébergé par Isaac et Leah Karansky, qui ont fui les pogroms de l’est de l’Europe.
Comme je vous le disais plus haut, cette nouvelle intrigue tient toutes ses promesses. Il n’y a d’ailleurs pas qu’une enquête mais plusieurs : celle sur Adinett / Fetters dont on ignore le mobile du meurtre mais aussi celle sur Jack l’éventreur sur laquelle Anne Perry revient en s’appuyant sur l’une des théories les plus fameuses : le prince Albert aurait contracté un mariage avec Annie Crook dont il aurait eu une fille, la dernière victime de Jack l’éventreur, et le chirurgien de la reine se serait mis en tête de supprimer l’encombrante épouse mais aussi toutes celles qui auraient eu connaissance de ce mariage.
Une théorie parmi tant d’autres me direz-vous, sauf que dans le contexte du roman, elle tient formidablement bien la route d’autant qu’Anne Perry est comme toujours une formidable conteuse et que ce tome se dévore littéralement.
Non seulement Charlotte, absente du tome précédent revient en force, mais Gracie et Tellman que l’on découvre de plus en plus amoureux, vont agir de concert pour aider Pitt à retrouver sa place à Bow Street et au sein de son foyer. Vespasia sera elle aussi très utile au dénouement de l’histoire et apportera une aide précieuse à Thomas par sa connaissance du prince de Galles et de la vie politique de son époque.
Un volume passionnant avec un Thomas pris dans la tourmente et des complots en veux-tu en voilà. Vous l’aurez compris, un très bon cru qui me donne envie de retrouver les Pitt dans le tome 22, Southampton Row !
Lu dans le cadre d’une lecture commune avec Claire, Fanny, Sybille, Soie, Belette et Céline et des challenges Anne Perry et British mysteries :