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Posts Tagged ‘la porteuse de mots’

« A l’eau ! A l’eau ! Qui veut de ma bonne eau ? » Du matin au soir, Pernelle arpente les rues de Paris. Sur ses épaules, deux lourds seaux remplis de l’eau qu’elle propose aux passants. Dans sa poche, un papier froissé couvert de mots qu’elle s’acharne à déchiffrer. Car la petite porteuse d’eau caresse un rêve secret : apprendre à lire. Ce n’est qu’un espoir inaccessible… jusqu’au jour où elle fait la connaissance d’Enzo, un jeune étudiant italien prêt à lui donner des leçons.

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Paris, 1499. Alors que le royaume de France célèbre l’accession au trône d’un nouveau souverain, Louis XII, la jeune Pernelle, modeste porteuse d’eau, rêve d’une autre vie. Lorsque commence le récit son père a été victime d’un accident au port de la Grenouillère et tombe gravement malade. Il va prendre la chambre pour ne plus la quitter. Pernelle reste seule avec sa mère Richarde, experte en potion, et son frère Séraphin, déchireur de nefs.

Fascinée par la lecture et l’écriture, ces savoirs alors en plein essor avec le développement de l’imprimerie et la diffusion des livres, elle se met en tête d’en faire l’apprentissage, confortée dans ce projet par sa rencontre avec Enzo, un jeune étudiant italien qui lui propose de les lui enseigner.

Anne Pouget est une spécialiste du Moyen-Age, j’avais déjà pu le constater avec Quelle épique époque opaque ! et ça se confirme dans La porteuse de mots. L’auteure campe son récit dans une période en pleine mutation : l’époque médiévale est révolue et la France entre peu à peu dans la Renaissance.

En cette fin du XVè siècle, le courant humaniste est à son apogée et apporte de grands bouleversements au niveau de la foi, avec la percée du protestantisme, le perfectionnement de l’imprimerie et l’évolution de la chirurgie. L’influence de l’Italie et des Pays-Bas n’est pas pour rien dans toutes ces transformations, Anne Pouget le démontre très bien.

Le contexte historique choisi par Anne Pouget est passionnant et son héroïne Pernelle plaira sans nul doute au public visé : les préadolescents. L’histoire, romancée à souhait, leur permettra de se familiariser avec les us et coutumes des imprimeurs, leur fera connaître les petits métiers du Paris médiéval qui ont presque tous disparus, leur fera découvrir la dureté de la vie des étudiants, la vie judiciaire de l’époque et les conditions de détention.

L’auteure va également faire voyager ses personnages jusqu’à Venise, leur faire rencontrer bon nombre de personnages ayant réellement existés comme le théologien Erasme, l’avocat Barthélémy de Chassanée, le libraire Antoine Vérard, l’imprimeur Aldo Manuzio qui créa l’italique et les premiers livres de poche ! Anne Pouget ajoute d’ailleurs à la fin du roman une notice biographique sur tous ces personnages qui traversent le récit, sur les métiers exercés par Pernelle et les différents protagonistes ainsi que sur le mouvement Humaniste.

Tout ce contexte historique très documenté est vraiment intéressant et riche d’enseignements notamment sur les procès et l’imprimerie. Mais une jeune porteuse d’eau comme Pernelle aurait-elle pu ainsi voir la réalisation de tous ses espoirs ? Aurait-elle pu rencontrer tous ces gens importants, elle de condition si modeste ? Je l’espère mais j’en doute fort, les clivages étaient trop importants et rares étaient les riches préoccupés du sort des moins bien lotis qu’eux.

Il n’empêche que La porteuse de mots est un bon roman historique, agréable à lire, qui m’a permis d’apprendre une foule de choses, même si l’adulte que je suis, regrette que l’histoire soit trop romancée. Je ne doute pas en revanche que le public visé sera comblé.

Merci aux Editions Casterman pour cette lecture riche d’enseignements !

heart_3Lu dans le cadre d’une lecture commune avec Claire

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