Lu dans le cadre du Mois anglais 2022
Née en 1976, Laura Shepherd-Robinson est diplômée de sciences politiques de l’université de Bristol, spécialisée en philosophie politique au xviiie siècle. Elle a travaillé en politique pendant près de vingt ans avant de reprendre ses études, en écriture créative cette fois. Blood & Sugar, son premier roman, est lauréat du Historical Writers’ Association Debut Crown 2019. Il a paru aux éditions 10/18 en 2021.

Londres, 1782. Par une nuit d’été, Caroline Corsham tombe sur l’une de ses amies mourante, venue agoniser dans ses bras en lui murmurant un énigmatique » Il sait « .
Caroline comprend bientôt que son amie lui avait menti : Lucy Loveless, de son vrai nom, était la prostituée favorite d’un club d’hommes puissants.
Lorsqu’il apparaît que magistrats et notables ont davantage intérêt à étouffer le crime qu’à le résoudre, Caroline engage un attrape-voleur privé, Peregrine Child, pour trouver l’assassin de Lucy. Il fouillera jusqu’aux tréfonds de la société géorgienne, au cœur d’un monde d’artifices, de tromperies et de vies secrètes.
De désillusions en hypocrisies, Caro lèvera le voile sur tout un monde : celui où les hommes peuvent emmener de belles courtisanes au théâtre et coucher leur fils adultérin sur leur testament. Un monde où les femmes, elles, paient de leur honneur tous les désirs dont elles sont l’objet… Jusqu’à y perdre la vie.
Vous connaissez mon goût pour les polars historiques et le XVIIIè siècle, Vies et mort de Lucy Loveless de Laura Shepherd-Robinson ne pouvait qu’atterrir dans ma PAL et, une fois n’est pas coutume, il n’a pas eu le temps d’y croupir.
Et en refermant le livre, je suis époustouflée par la maestria de l’autrice qui m’a bernée de bout en bout. Fausses pistes, rebondissements, faux-semblants, ce roman particulièrement dense, aux nombreux personnages, est un véritable page-turner même si il n’est pas exempt de quelques longueurs hélas !
L’histoire se révèle néanmoins addictive et passionnante, portée par un duo bien attachant, Child et Caro que j’ai adoré suivre de la première à la dernière page, j’ai même eu un coup de coeur pour Caro Corsham, une femme courageuse qui ne va pas hésiter à perdre sa réputation, ce qu’une femme a de plus cher à cette époque, pour faire la lumière sur le meurtre de Lucy Loveless et sur les disparitions de Pamela et de Teresa Agnetti.
L’intrigue policière est véritablement brillante, bien malin celui ou celle qui saura démêlé l’écheveau qu’a su habilement tisser Laura Sheperd-Robinson tout au long de son récit.
Les apparences sont en effet bien trompeuses et l’autrice saura mener son suspens et son intrigue jusqu’au bout sans que je n’arrive à aucun moment à deviner quoique ce soit.
D’un point de vue historique, là aussi c’est très réussi, il ne fait aucun doute que Laura Shepherd-Robinson connaît très bien l’époque à laquelle elle plante ses récits : les images, les sons et les odeurs du Londres géorgien jaillissent de chaque page et concourt à rendre ce roman immersif.
Au-delà de l’intrigue policière, l’autrice fait la part belle aux femmes avec ce récit : son héroïne est badass à souhait, Lucy, Pamela et Teresa sont courageuses et elle fait un portrait vivant d’un monde où les femmes sont achetées, vendues et maltraitées, mais se battent pour conserver leur vigueur et leur dignité.
Il y a une vraie sororité tout au long de son roman et j’ai aimé aussi cet aspect de l’histoire. A l’inverse, les hommes, en particulier ceux qui côtoient le club Priapus, pleutres et forniqueurs, en prennent pour leur grade.
En dépit de ses longueurs, j’ai beaucoup aimé ce polar historique que je vous recommande ! Belette qui m’a accompagné dans cette lecture est sur la même longueur d’ondes, son avis ici.