Assurément, Thomas Pitt n’avait jamais eu affaire à cadavre plus élégant ! Mais une fleur à la boutonnière fait pâle figure quand on a la gorge tranchée… À Westminster, les membres du Parlement sont la proie d’un égorgeur sans pitié. Et même avec l’inspecteur Pitt et son épouse lancés à ses trousses, le tueur ne semble pas prêt à suspendre son œuvre sanguinaire.
Déjà le 10è tome de la série et une nouvelle enquête de Thomas et Charlotte Pitt, notre couple victorien préféré, comme chaque début de mois ! Après le palpitant Meurtres à Cardington Crescent lu en octobre et l’excellent Silence à Hanover Close, en novembre, qui est à mon sens le meilleur de la série pour l’instant, place à L’égorgeur de Westminster Bridge. Un roman que j’ai trouvé un peu fade et moins bon que les deux précédents avec un dénouement comme toujours très surprenant mais qui n’a pas été à mon goût.
Mais commençons par le début, un député est assassiné à la sortie de la Chambre, alors qu’il se rendait à son domicile. L’homme est retrouvé égorgé et pendu à un réverbère du Westminster Bridge. L’affaire fait immédiatement les gros titres des journaux, d’autant plus que le député en question se révèle être le secrétaire parlementaire du ministre de l’intérieur. L’inspecteur Thomas Pitt se retrouve chargé d’enquêter sur cette délicate affaire et il va rapidement être dans une impasse, suivant plusieurs pistes, sans qu’aucune n’aboutisse. L’enquête s’épaissit encore davantage lorsque deux autres députés, anciens secrétaires parlementaires du ministre de l’intérieur eux aussi, sont à leur tour égorgés à la sortie de la chambre des députés et retrouvés sur le Westminster Bridge. Les anarchistes et les Fenians irlandais sont un temps soupçonnés mais Pitt et Micah Drummond, son supérieur, se rendent compte qu’il ne s’agit pas d’assassinats politiques.
Pitt a beau se creuser les méninges, deux solutions lui semblent plausibles sans toutefois vraiment le contenter : l’œuvre d’un malade qui n’a aucun mobile à part celui de tuer ; et la vengeance, celle de Florence Ivory, une féministe divorcée qui a perdu la garde de sa fille au profit de son ex-mari, grâce à l’appui d’un des députés assassinés. Les autres meurtres ne seraient alors que des leurres chargés de brouiller des pistes. La jeune femme est hébergée par la nièce d’une des meilleures amies de Lady Vespasia et celle-ci va alors demander de l’aide à Charlotte.
Comme toujours, ce 10è tome est l’occasion de retrouver Thomas, Charlotte, sa soeur Emily que l’on retrouve en filigrane puisqu’elle est lune de miel en France et en Italie après son mariage avec Jack Radley, découvert dans les deux précédents volumes. Vespasia Cumming-Gould est également présente et un nouveau personnage fait son entrée : Micah Drummond, le supérieur de Pitt, un homme sur qui notre inspecteur pourra compter.
L’égorgeur de Westminster Bridge donne l’occasion à Anne Perry de revenir sur la question du droit de vote des femmes et le combat que mènent les suffragettes pour l’obtenir et la condition de la femme victorienne en règle générale, qui est fille, épouse et mère, mais qui n’a pas droit de disposer d’elle-même : aucune liberté de conscience politique ou religieuse, aucun droit sur les enfants ni sur l’argent, y compris celui de sa dot ou de son héritage. A travers le personnage de Florence Ivory, on découvre toute la détresse d’une mère qui, en divorçant de son mari, a perdu ses enfants et l’ensemble de ses biens et qui est contrainte de vivre avec une amie pour avoir un toit sur sa tête et à manger dans son assiette.
L’auteure sait comme toujours ménager les fausses pistes pour conserver son suspens mais ici le dénouement est frustrant car le meurtrier ne figure pas sur la liste des suspects, il sort de nulle part, ce que je trouve un peu dommage, et surtout ce sont les innocents qui paient un lourd tribu à cause de l’opiniâtreté d’un seul homme. Un peu déçue par cette enquête mais je retrouverai avec grand plaisir les Pitt dans le tome 11 !
Lu dans le cadre d’une lecture commune avec Fanny, Claire, Sybille, Soie et Céline, et des challenges La plume au féminin édition 2013, God save the livre édition 2013, Anne Perry, Challenge Victorien 2013 et British mysteries :