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Posts Tagged ‘littérature belge’

Belge, diplômée en droit et en sciences politiques, Alia Cardyn a été avocate. Aujourd’hui, elle consacre son temps à l’écriture. Elle a publié plusieurs romans aux éditions Charleston : Une vie à t’attendre, lauréat du prix des Lecteurs de la chaîne de magasins belges Club (2016), Le Choix d’une vie (2017) et L’Envol (2019). Mademoiselle Papillon est son quatrième roman, le premier aux Éditions Robert Laffont.

Gabrielle, 30 ans, infirmière, s’occupe de grands prématurés dans un service de néonatologie intensive. Passionnée par son métier, choisi, car elle était une enfant prématurée, l’univers de la jeune femme s’est réduit au fil des ans, aux quelques mètres carrés de sa salle, la salle 79.

Sa vie amoureuse est inexistante et elle n’arrive pas à couper le cordon avec ses petits patients auxquels elle pense, même en repos. Sa mère, romancière, lui remet un jour son nouveau manuscrit où elle raconte l’histoire de Mademoiselle Papillon.

En 1920, dans une France ravagée par la Première Guerre mondiale, Thérèse Papillons est infirmière de la Croix-Rouge qui l’envoie au dispensaire de Vraignes-en-Vermandois. Alors qu’elle tente de mener à bien sa mission, la vision des enfants souffrant de la faim et de la froid suite au décès de leur père dans les tranchées, qui succombent dans la rue dans l’indifférence générale, l’obsède.

Une ambition se forme et prend bientôt toute la place : elle doit bâtir une maison pour les protéger. Lorsqu’elle franchit le seuil de la sublime abbaye de Valloires, Mademoiselle Papillon est convaincue d’approcher son rêve. C’est ici qu’elle va bâtir un préventorium où elle pourra accueillir des enfants, qui, enfin, mangeront à leur faim…

Avec Mademoiselle Papillon Alia Cardyn nous propose un roman nous racontant le destin de deux infirmières, une en 2020 et son aînée un siècle auparavant. La romancière belge rend ici un bel hommage aux infirmières et met en lumière une femme exceptionnelle : Thérèse Papillon, qui a sauvé des milliers d’enfants et a été reconnue Juste parmi les Nations.

Après avoir mené une véritable enquête en néonatologie mais aussi auprès de ceux qui ont connu Thérèse Papillon, Alia Cardyn met en lumière deux femmes qui ont l’audace d’incarner le changement.

Roman à deux voix, on suit tour à tour Gabrielle de nos jours : son quotidien dans la salle 79, les soins qu’elle apporte à ses petits patients, les liens qu’elle tisse avec leurs parents, les joies et les peines qui émaillent chacun de ses services.

Et Thérèse Papillon dans sa mission de bâtir un endroit où les enfants sont nourris, logés, choyés, remis sur pied afin qu’ils aient une vie meilleure. Pendant la seconde guerre mondiale, elle cache au nez et à la barbe des allemands, des enfants juifs qui lui sont confiés par leurs parents.

J’ignorais tout de cette femme hors du commun et j’ai adoré tous les passages nous racontant son parcours. Je suis, hélas, un peu restée sur ma faim car l’autrice rend un bel hommage mais effleure son sujet, j’aurai aimé plus d’approfondissement et en apprendre davantage sur Mademoiselle Papillon.

Je suis aussi un peu restée sur ma faim à la période contemporaine. J’avoue que la vie amoureuse de Gabrielle ne m’a pas intéressée et j’aurai préféré qu’Alia Cardyn s’attarde sur le nidcap que l’infirmière est sur le point de mettre en place lorsque le roman s’achève.

Malgré ces bémols, je suis contente d’avoir fait la connaissance avec ses deux femmes admirables, qui se dévouent pour les enfants. L’autrice rend un bel hommage aux infirmières, une profession que l’on ne met pas assez en avant à mon goût, elles méritent notre considération et notre admiration totale, elles ont la mienne en tout cas.

Les passages dans la salle 79 sont bouleversants : l’engagement des soignants, la souffrance et les espoirs des parents, ces petits corps branchés à des machines pour les aider à vivre… c’est vraiment émouvant.

Si vous aimez la plume d’Alia Cardyn ou que vous aimez les romans où les héroïnes sont fortes et courageuses, je ne peux que vous inviter à découvrir Mademoiselle Papillon, en librairie depuis hier.

Un grand merci aux éditions Robert Laffont pour cette lecture émouvante et lumineuse !

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Guy Goffette est un poète et écrivain belge. Il a été tour à tour enseignant, libraire, éditeur des cahiers de poésie Triangle et de L’Apprentypographe. Il a parcouru nombre de pays d’Europe avant de poser ses valises à Paris où il vit actuellement. Il est lecteur chez Gallimard, où sont édités la plupart de ses ouvrages.

Paris, décembre 1893. La jeune Maria Boursin manque de se faire écraser par un tramway, sauvée de justesse par un jeune peintre qui a le coup de foudre : Pierre Bonnard.

Cette rencontre va être décisive : Maria rebaptisée Marthe de Méligny, c’est le nom d’emprunt qu’elle a endossé en fuyant le Berry, va devenir la muse et le modèle préféré de Bonnard. Et son épouse quelques décennies plus tard.

Pierre Bonnard va inlassablement peindre Marthe nue et dans la splendeur de sa jeunesse même lorsque celle-ci sera depuis longtemps éteinte. Si parmi ses amis les nabis, il n’est pas le plus connu, lui qui a vénéré les impressionnistes, va tracer son chemin personnel à l’écart des avant-gardes qui suivront : fauvisme, cubisme, surréalisme.

Il produit énormément et connaît le succès dès le tournant du siècle. Pour autant, il va peu à peu se couper de ses amis proches tels que Vuillard, Marthe ayant de l’emprise sur lui. La muse est très jalouse et vit volontiers en ermite avec son homme et Bonnard l’accepte même si il a des périodes de voyages qui l’emmène loin de Paris.

Avec Elle, par bonheur et toujours nue et en une centaine de pages, Guy Goffette, de son écriture belle et éminemment poétique, nous raconte Pierre et Marthe Bonnard. Plus volontiers Pierre car Marthe reste un mystère plus de quatre-vingt ans après sa mort, nous ne savons d’elle que bien peu de choses.

J’ai beaucoup aimé ce court récit, petit bijou ciselé, qui nous fait entrer dans l’intimité du peintre que je ne connaissais que de nom. Loin de la biographie classique, Guy Goffette nous donne à lire une évocation toute en finesse, en subtilités, de la vie d’artiste de Bonnard.

On y rencontre ses amis et Marthe, représentée plus de 150 fois dans les oeuvres de son mari. Par petites touches, telles un peintre, l’auteur nous fait entrer dans l’atmosphère feutrée du couple tantôt sur les boulevards parisiens, tantôt dans l’atelier du peintre, dans leur maison normande ou dans leur retraite ensoleillée du Cannet.

J’ai été immédiatement happée par ce récit qui donne une irrépressible envie de revoir toute l’oeuvre de Bonnard. J’ai adoré m’immerger dans le paris bohème de la Belle Epoque, côtoyer les Nabis et Toulouse-Lautrec, me glisser dans cette belle histoire d’amour et de fidélité entre le peintre et sa femme.

Une biographie romancée délicate et poétique que je ne peux que vous conseiller si vous vous intéressez à la peinture !

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« Vint le moment où la souffrance des autres ne leur suffit plus : il leur en fallut le spectacle. »

La mort en direct : c’est ainsi que les concepteurs d’une émission de télé-réalité nommée « Concentration » veulent atteindre l’audimat absolu. Mais parmi les participants bien involontaires à cette émission, une étudiante à la beauté sidérante, Pannonique, devenue CKZ 114 une fois entrée dans le camp de concentration télévisé, va tenter de déjouer les règles.

Dans ce camp quelque part en Europe centrale, les prisonniers sont affamés, déshumanisés, réduits à un numéro de matricule tatoué dans leur peau, roués de coups par les kapos, sous l’œil bienveillant des organisateurs et des téléspectateurs qui se délectent du spectacle.

Pannonique, portée par son courage et ses valeurs morales, va tout tenter pour sortir ses compagnons d’infortune de cet enfer…

A chaque rentrée, Amélie Nothomb nous propose un court roman de son cru, le petit dernier vient de paraître, il y a de bonnes années et d’autres nettement moins. Mes dernières lectures de cette romancière prolifique, Riquet à la houppe (cuvée 2016), Frappe-toi le cœur (cuvée 2017) et Les prénoms épicènes (cuvée 2018) m’ayant convaincue, j’ai jeté mon dévolu sur un roman paru en 2005 : Acide sulfurique.

L’autrice belge aborde avec ce titre la télé-réalité dont elle nous livre ici une féroce critique. Avec comme toujours une économie de mots, ce qui ne le rend pas moins fort bien au contraire, ce texte dénonce la cruauté d’une forme de télé-réalité poussée à l’extrême et jette un éclairage cru sur certains travers de notre époque.

Le roman aborde de manière particulièrement accessible, la notion d’éthique en résonnance avec la seconde guerre mondiale car les parallèles sont nombreux et Amélie Nothomb les énonce bien volontiers.

Le récit se déroule de nos jours, on ne connaît pas la localisation si ce n’est que ce camp doit avoir pris ses quartiers dans un camp de concentration nazi. Le titre de l’émission est Concentration, les participants à la téléréalité ont fait l’objet de rafles et sont arrivés à bord de wagons bondés.

Les personnes jugées aptes au travail se sont vus dépossédés de leur identité au profit d’un matricule tatoué dans leur chair, les autres (vieillards, enfants, bébés) ont été immédiatement gazés.

Et comme si l’horreur ne suffisait pas, tout se passe devant les caméras de télévision et le programme bat tous les records d’audience. Chaque jour, les téléspectateurs se repaissent des scènes de schlagues et des mises à mort tandis que les malheureux prisonniers se demandent comment le monde a pu devenir fou à ce point, comment les politiques peuvent-ils laisser faire jour après jour de telles exactions ?

Et en refermant ce roman, je comprends pourquoi ce titre est choisi par les professeurs de français car il y a beaucoup à dire et matière à discuter avec les adolescents autour de cette émission télé-réalité poussée à son extrême, là où l’homme atteint des sommets de barbarisme, la presse des sommets de complaisance, où l’odieux sert de divertissement aux masses laborieuses, qui en redemande tout en n’oubliant pas de s’indigner au passage.

Au-delà de la critique de la télé-réalité et des nombreux parallèles avec l’horreur des camps de concentration nazis, l’autrice aborde aussi l’importance du prénom, du langage et même de Dieu.

L’histoire, machiavélique, horrible, aurait pu tourner en rond mais il n’en est rien car Amélie Nothomb sait habilement tisser sa toile et une fois prise dans l’histoire, j’ai lu ce roman d’une traite, happée jusqu’à la chute finale que j’ai trouvé très simple mais aurait-il pu en être autrement je ne saurai le dire.

Le style un peu décalé d’Amélie Nothomb, son humour empêche le récit de tomber dans le pathos alors qu’elle nous donne à lire l’horreur absolue. Un livre provocateur, dérangeant que j’ai trouvé habile et que je compte bien faire lire à mes garçons d’ici quelque temps.

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« La personne qui aime est toujours la plus forte. »

1970, quelque part en province. Claude se fait plaquer par Reine qui lui préfère Jean-Louis. Il jure alors de se venger par tous les moyens.

Dominique a 25 ans. Elle est secrétaire, choyée par ses parents dont elle est l’enfant unique, et contente de son célibat. Alors qu’elle prend un verre en terrasse, elle est abordée par Claude, visiblement sous son charme.

Il a beau depuis lors lui faire une cour assidue, Dominique n’est pas amoureuse jusqu’au jour où Claude lui offre un flacon de Chanel N°5. La jeune femme accepte alors sa demande en mariage.

Ils partent pour Paris où Claude a fondé sa société. Dominique ne travaille plus mais son mari lui met la pression pour avoir un enfant. Au bout de trois ans, leurs efforts sont récompensés : Dominique est enfin enceinte.

Prenant conscience qu’ils portent des prénoms épicènes (qui ne sont d’aucun genre), ils baptisent leur fille Epicène. Tout pourrait aller pour le mieux mais Claude n’aime pas l’enfant, laquelle ne va pas tarder à lui rendre son mépris…

A chaque rentrée, Amélie Nothomb nous propose un court roman de son cru, il y a de bonnes années et d’autres nettement moins. Mes dernières lectures de cette romancière prolifique, Riquet à la houppe (cuvée 2016) et Frappe-toi le cœur (cuvée 2017) m’ayant convaincue, j’ai jeté mon dévolu sur Les prénoms épicènes (cuvée 2018) que j’ai trouvé très réussi aussi.

L’autrice belge aborde avec ce titre une nouvelle fois les difficiles relations parents / enfants. Alors que Claude veut à tout prix avoir une descendance, il se désintéresse de sa fille dès le jour de sa naissance, la trouvant décevante.

Dominique est désemparée par cette attitude d’autant que son mari lui fait part de son désir d’avant d’autres enfants, ce qu’elle refuse. La petite Epicène, enfant jolie, précoce et particulièrement brillante va souffrir de l’attitude de son père avant de lui vouer une haine féroce, n’attendant qu’une chose : sa mort.

Amélie Nothomb, met en tout premier lieu l’accent sur le problème de l’indifférence paternelle, qui rejette sa fille autant qu’il a tant voulue. On découvrira le pourquoi de la chose avec une certaine horreur à l’heure où Dominique l’apprend elle-même.

Il y a des similitudes avec Frappe-toi le cœur qui pourrait être le pendant de celui-ci puisqu’Amélie Nothomb y abordait l’indifférence maternelle. Comme toujours avec cette auteur, des thématiques choquantes et très intéressantes bien servies par la plume intelligente d’Amélie Nothomb toujours aussi vive, avec des phrases courtes comme écrites au scalpel et pleines d’humour.

L’histoire, machiavélique, aurait pu tourner en rond mais il n’en est rien car Amélie Nothomb sait habilement tisser sa toile et une fois prise dans l’histoire, j’ai lu ce roman d’une traite, happée jusqu’à la chute finale, plutôt habile même si j’avais deviné où la romancière souhaitait nous entrainer.

Un roman noir, glaçant, incisif et machiavélique qui m’a tenu en haleine du début à la fin, je vous le recommande que vous soyez adepte de la romancière belge ou pas, il se lit formidablement bien.

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Les hommes sont omniprésents dans cet immeuble de femmes… dans leurs nostalgies, leurs blessures, leurs colères et leurs désirs enfouis. Cinq femmes unies par un point commun fort : elles ne veulent plus entendre parler d’amour et ont inventé une autre manière de vivre… Jusqu’au jour où une nouvelle locataire vient bouleverser leur quotidien. Juliette est séduite par leur complicité, leur courage et leurs grains de folie. Mais elle, elle n’a pas du tout renoncé ! Et elle le clame haut et fort. Va-t-elle faire vaciller les belles certitudes de ses voisines ?

Carla, Simone, Guiseppina et Rosalie habitent dans le même immeuble à Paris qui appartient à la Reine, une ancienne ballerine. Elles sont d’âges et d’univers différents mais ont un point commun : elles ont renoncé à l’amour.

Le seul individu masculin de cet immeuble pas comme les autres s’appelle Jean-Pierre et c’est un chat car la Reine a accepté de leur louer un longement à une seule condition : aucun homme, quelqu’il soit, ami, fils, frère… ne doit en franchir le seuil. Même les plombiers, médecins et autres réparateurs doivent être de sexe féminin.

Lorsque Carla part se ressourcer en Inde, elle propose à Juliette de séjourner chez elle. La jeune femme n’a pas renoncé aux hommes, elle, mais est séduite par leur complicité et a plaisir à passer son dimanche en leur compagnie.

Pour autant, elle est toujours en quête de l’âme sœur et tenter d’ouvrir les yeux de ses voisines : quelle folie de renoncer à l’amour !

J’ai découvert la plume de Karine Lambert l’année dernière avec Un arbre, un jour et Eh bien dansons maintenant ! et poursuivi au printemps avec son dernier né, Toutes les couleurs de la nuit.

Il ne manquait plus à mon tableau de chasse que son premier roman L’immeuble des femmes qui ont renoncé aux hommes, bien que les avis que j’avais lus étaient plutôt négatifs mais l’ayant trouvé d’occasion à moins d’un euro, je n’ai pas hésité à le prendre.

Hélas, je dois bien admettre que je rejoins le cohorte des déçu(e)s car je ressors très mitigée de cette lecture. Si le thème est original, il n’est pas assez étoffé et ne comble pas les lacunes de ce roman.

Karine Lambert nous propose ici une somme d’histoires somme toutes très banales, portées par des personnages simplement esquissés. Elle s’attarde surtout sur la Reine et Juliette, fil conducteur du récit.

Le roman se lit facilement et sans déplaisir grâce à la plume fluide de l’auteure, les chapitres sont courts, de ce côté-là rien à redire heureusement car l’histoire se révèle plate et sans intérêt.

Ce récit, loin de servir la cause des femmes, est bourré de clichés et de situations caricaturales. Car les raisons pour lesquelles toutes ces femmes ont renoncé à l’amour semblent bien minces et m’ont laissé sur ma faim.

Je peux comprendre les raisons qui ont poussé la Reine à prendre cette décision, se retirant des hommes et du monde à l’instar d’une Greta Garbo, pour les autres, franchement, je suis étonnée car leurs raisons sont identiques à peu de choses près alors que je pense qu’il y avait matière à faire mieux !

Je ne me suis attachée à aucune de ces femmes, elles sont un peu tête-à-claques pour tout vous dire et leurs histoires personnelles sont tellement répétitives que ça en devient vite lassant. Heureusement, ce roman est très court sinon je l’aurai abandonné.

Un roman, vous l’aurez compris, que je ne vous conseille pas mais les autres titres de Karine Lambert, oui !

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Rien de plus paisible que la Maison Borj, boulangerie d’une petite ville de province belge à la fin des années 1950. Un foyer sans histoire, deux adolescents charmants, un commerce florissant : les Borj ont tout pour être heureux. Avec générosité, ils acceptent de prendre Josée, une orpheline de guerre, en apprentissage. Une drôle de fille, cette Josée. Épileptique, pratiquement illettrée, mais pourvue d’un don d’autant plus émouvant qu’elle n’en a aucune conscience : elle chante divinement.
Comment imaginer qu’une jeune fille aussi innocente puisse devenir celle par qui le malheur et la ruine vont s’abattre, telle une tornade, sur cette famille en apparence si harmonieuse ?

13 septembre 1958, Marfort. Léopoldine Vandelamalle pousse la porte de la boulangerie Borj. Elle ne vient pour acheter du pain ou des gâteaux mais pour représenter l’œuvre nationale des orphelins de guerre.

Gilda Borj, la patronne, pense qu’elle vient demander l’aumône mais à son grand étonnement, c’et une apprentie qu’elle leur propose. Josée, sa protégée a seize ans, l’âge de leur fille Ingrid, elle souffre d’une légère déficience mentale due aux bombardements qui ont causé la mort de toute sa famille.

Madame Vandelamalle parvient à convaincre les Borj, et surtout Gilda, qui ne serait pas contre d’un peu de temps libre pour vaquer à d’autres occupations. Ruben, le boulanger n’est pas enthousiaste à cette idée mais veut faire plaisir à sa femme.

Josée arrive un beau matin, promet d’être bien sage, mais contre toute attente, l’arrivée de l’adolescente va mettre Marfort en ébullition et fissurer la belle entente qui unit le couple Borj…

Armel Job est l’auteur de plusieurs romans psychologiques qui cumulent de bons avis, j’ai donc eu envie de le découvrir avec Une drôle de fille et j’ai bien fait car j’ai beaucoup aimé cette histoire, les personnages qui la jalonnent et les thématiques que l’auteur explore.

Dans cette petite bourgade puritaine de la fin des années 50 encore marquée par la seconde guerre mondiale, on suit donc Josée, orpheline un peu simplette mais douée pour le chant, qui va bouleverser la tranquille famille Borj et toute la communauté.

Avec sa plume fluide et addictive, Armel Job nous propose un récit où l’amour maternel, la jalousie, les ragots, la méchanceté tiennent une grande place mais les relents de la guerre sont aussi très présents.

Le père de Ruben, grande figure de la résistance locale mais aussi amateur de jeunes filles, plane comme une ombre sur le récit et permet de mieux cerner le couple Gilda / Ruben, leur état d’esprit et les décisions qu’ils prennent.

On sent également dès les premières pages que l’histoire va mal tourner, comme dans un thriller psychologique, les pièces du puzzle se mettent peu à peu en place, la tension monte crescendo et les révélations pleuvent sur le passé des différents protagonistes de l’histoire jusqu’au point final.

Vous savez combien j’affectionne les histoires de famille bourrées de secrets, plus ou moins honteux, avec Une drôle de famille, j’ai été bien servie. Si l’hisotire peut paraître simple au premier abord, il n’en est finalement rien, la construction du récit est bien pensée, complexe, et Josée est le grain de sable qui va faire tout vaciller sous son passage.

Les rumeurs, les mensonges, tout est bien ficelé dans cette histoire douce-amère, tendrement nostalgique que je vous recommande si vous aimez les secrets de famille.

Un grand merci à Filipa et aux éditions Robert Laffont pour cette lecture passionnante !

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Le diagnostic est irrévocable. D’ici trois semaines, Vincent aura perdu la vue. Confronté à son destin, ce prof de tennis de trente-cinq ans qui avait tout pour être heureux expérimente le déni, la colère et le désespoir. Comment se préparer à vivre dans l’obscurité ? Sur qui compter ? Alors que le monde s’éteint petit à petit autour de lui et que chaque minute devient un parcours d’obstacles, il se réfugie à la campagne où il renoue avec ses souvenirs d’enfance. Les mains plongées dans la terre, Vincent se connecte à ses sens, à l’instant présent et aux autres. Il tente de gagner le match de sa nouvelle vie.

Vincent est un professeur de tennis de 35 ans qui file le parfait amour avec Emilie, ensemble, ils ont de grands projets : acheter un appartement et faire un bébé. Mais depuis quelques temps, il voit trouble.

Pour savoir ce qu’il en est, il consulte une ophtalmologue qui lui annonce qu’il a une maladie orpheline et que d’ici trois semaines, cinq au plus, il deviendra totalement aveugle. Il n’y a pas de traitement, il va falloir qu’il soit courageux.

Vincent est sonné. Pourquoi faut-il que ça tombe sur lui, qui a toujours eu une vie saine et une vue jusqu’alors parfaite ? Depuis sa plus tendre enfance, alors qu’on lui demandait si il préférerait être sourd ou aveugle, il répondait invariablement : sourd.

Que va-t-il devenir ? La seule chose qu’il sait faire dans la vie c’est jouer au tennis. Et Emilie, peut-il lui demander de passer sa vie aux côtés d’un handicapé ? Un déluge d’autres questions l’assaillent et, cachant à tout son entourage sa terrible maladie, il se réfugie dans la maison de son grand-père adoré…

J’ai découvert la plume de Karine Lambert l’année dernière avec ces deux précédents romans : Un arbre, un jour et Eh bien dansons maintenant !, qui m’avaient beaucoup plu. J’ai donc été ravie de recevoir son tout nouvel opus Toutes les couleurs de la nuit.

Avec sa plume fluide, l’auteure nous embarque dans l’histoire de Vincent et une fois ma lecture entamée, il m’a été bien difficile de la lâcher. Il faut dire que le sujet traité est très intéressant même si il est également difficile mais grâce à Karine Lambert, on ne sombre jamais dans le désespoir.

Ce roman nous offre un autre regard sur le handicap, devenir malvoyant peut effectivement arriver à tout âge de la vie à cause de la maladie, d’un accident ou de la vieillesse.

Un handicap entraine de fait la dépendance et la solitude. Lorsque le diagnostic tombe, notre héros entre dans le déni, ce n’est pas possible qu’une telle chose lui arrive. Il se replie sur lui-même et lorsqu’enfin il l’aborde avec ses proches, c’est encore plus difficile.

Car il faut bien se l’avouer : comment réagirait-on si notre frère, sœur, amie(e), fils, fille… nous annonçait une telle chose ? Et si c’était à nous qu’on l’annonçait ? Je dois bien vous avouer que je ne saurai vous le dire. Comme Vincent, je le vivrai très mal mais j’espère que je saurai rebondir comme il le fait, en refusant tout assistanat et en prenant malgré tout ma vie à bras le corps.

On pourrait reprocher à l’auteure de nous proposer un roman trop lumineux avec un dénouement attendu, pour ma part j’ai beaucoup aimé cette histoire pleine d’espoir et de lumière.

Karine Lambert nous montre qu’avec de la bienveillance, de l’entraide et de l’amour, on peut continuer à avoir une belle vie malgré le handicap, qu’on peut se réinventer, faire à nouveau des projets, aimer…

Une jolie histoire qui met du baume au cœur et que je vous recommande pour passer un joli moment. Il est disponible dès aujourd’hui dans toutes les bonnes librairies, n’hésitez pas à le découvrir !

Un grand merci aux éditions Calmann-Lévy pour cette lecture, j’ai adoré !

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Elle aime Françoise Sagan, les éclairs au chocolat, écouter Radio Bonheur et fleurir les tombes. Il aime la musique chaâbi, les étoiles, les cabanes perchées et un vieux rhinocéros solitaire. Marguerite a toujours vécu dans l’ombre de son mari. Marcel a perdu celle qui était tout pour lui. Leurs routes se croisent, leurs coeurs se réveillent. Oseront-ils l’insouciance, le désir et la joie ?

Marguerite était depuis cinquante-cinq ans et dix-sept jours l’épouse d’Henri Delorme, notaire respecté. Toute sa vie durant, Marguerite a fait ce que l’on attendait d’elle : elle a épousé un bon parti, lui a donné un héritier et a obéi sans broncher à son mari.

Maintenant qu’elle est veuve, c’est son fils qui prend la relève et tire les ficelles de sa vie, lui disant ce qu’elle doit faire ou pas, lui donnant l’argent dont elle a besoin, reprenant scrupuleusement les consignes de son feu père pour laquelle il a la plus grande admiration.

Marguerite a eu peu d’occasions de se réjouir, son mari ne lui témoignait aucune affection, ne voulait pas qu’elle travaille, lui disait comment s’habiller, se coiffer et souhaitait par dessus tout qu’elle garde sa taille de jeune fille.

Marcel a quitté l’Algérie jeune homme, amoureux de la fille des voisins, Nora, qui va le rejoindre en Métropole pour l’épouser. Toute sa vie, il va travailler au zoo en tant que gardien et à la retraite, il va se passionner pour le scrabble. C’est lors d’une partie à Nice, que Nora se noie. Fou de douleur, il n’a plus goût à rien et sa fille l’inscrit en thalasso.

C’est ainsi qu’il va faire la connaissance de Marguerite à Bagnères-de-Bigorre…

J’ai découvert la plume de Karine Lambert ce printemps en lisant son dernier roman Un arbre, un jour, un court récit qui m’avait beaucoup plu. J’ai donc profité de mes vacances pour découvrir son précédent : Eh bien dansons maintenant ! qui attendait bien sagement dans ma PAL depuis l’an dernier.

Je ressors de ma lecture sous le charme de cette histoire très simple mettant en scène deux septuagénaires récemment veufs mais qui fait du bien, exactement ce que j’attends d’un roman feel-good !

Karine Lambert nous propose ici un roman choral tendre, empli d’espoir et d’émotions. Et nous démontre qu’à soixante-dix ans passés, le cœur peut se remettre à battre la chamade et la vie devenir belle à nouveau.

Grâce à Marcel, Marguerite va enfin oser prendre sa vie en main, et Marcel aimer à nouveau. Ils sont très différents de par leurs caractères et leurs goûts mais vont se compléter merveilleusement.

Avec sa plume fluide et pleine d’humour, l’auteure nous embarque dans son histoire et une fois ma lecture entamée, il m’a été bien difficile de la lâcher. Il faut dire que Marcel et Marguerite sont tellement attendrissants qu’on n’a plus envie de les quitter.

Ce roman nous offre un autre regard sur la vieillesse, la dépendance et la solitude. Avec ses deux personnages si attachants et bien dessinés, Karine Lambert nous montre avec bienveillance, douceur et poésie que vieillir, ce n’est pas mourir à petit feu, c’est goûter la vie jusqu’à son dernier souffle, profiter de chaque instant et que chaque année qui reste en vaut dix.

Une jolie histoire d’amour sans prétention qui met du baume au cœur et que je vous recommande pour passer un joli moment.

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Du haut de mes trente-deux mètres, je les regarde vivre sur la place du village. Depuis cent trois ans, je partage leurs nuits et leurs jours, j’effeuille leurs amours et parfois j’envie leurs cris de joie.

En ce matin du 1er mars, François Lebrun, l’employé municipal zélé cloue un avis d’abattage sur le platane centenaire qui ombrage ce village de Provence. Lorsque Clément Pujol aperçoit le papier en rentrant de l’école, il le déchire et le jette à terre.

Décidé à sauver cet arbre, le jeune garçon particulièrement culotté et effronté, entraine avec lui Suzanne la patronne du bar PMU, Fanny une styliste culinaire, Manu un travailleur saisonnier, Raphaël un dentiste, Adeline et Violette pour mener la fronde contre le maire qui a signé l’arrêté municipal condamnant l’arbre centenaire à l’arrachage le 21 mars, jour du printemps !

Ensemble, ils s’unissent pour combattre cette sentence absurde, tandis que l’arbre les observe et vibre avec humour et philosophie au rythme de leurs émotions et de leurs conflits.

Qui l’emportera ? Le pouvoir ou la solidarité des villageois ?

Un arbre, un jour… est le troisième roman de Karine Lambert qui a déjà connu le succès avec L’immeuble des femmes qui ont renoncé aux hommes et Eh bien dansons maintenant ! (dans ma PAL). C’est pour ma part ma première rencontre avec l’auteure et je ressors de ma lecture sous le charme de cette histoire très simple mais qui fait du bien, exactement ce que j’attends d’un roman feel-good !

Karine Lambert nous propose ici un roman choral tendre et plein d’émotions. Du 1er au 21 mars, nous suivons le quotidien parfois difficile de huit habitants de ce petit village provençal et leur combat pour défendre l’arbre qui les a vus naître et grandir. Tour à tour François, Clément, Suzanne, Adeline, Violette, Manu, Raphaël, prennent la parole et se racontent. Des hommes et des femmes ordinaires avec leurs défauts et leurs qualités, qui, par la force des choses, peuvent se révéler extraordinaires et capables de se battre pour ce en quoi ils croient.

Mais le platane n’est pas en reste et livre lui aussi ses sentiments et les souvenirs qui ont émaillé sa vie depuis le moment où il a été arraché à sa famille jusqu’à aujourd’hui. Il crie son envie de vivre et de continuer à côtoyer les hommes, à être témoin de la grande comme de la petite histoire, comme il a toujours fait depuis cent ans qu’il trône sur la place du village.

On pourrait croire en commençant le roman que le récit va être ultra léger mais il n’en est rien. Si il met du baume au coeur en montrant la belle solidarité entre les habitants du village pour sauver leur arbre, cette lutte contre le pouvoir municipal va libérer la parole et faire resurgir des sentiments cachés, des choses tues depuis des décennies et va permettre aussi des réconciliations.

L’auteure nous questionne également sur le végétal et la place des arbres et de la nature dans nos vies, des réflexions intéressantes que l’on ne retrouve pas souvent dans nos lectures et j’ai aussi beaucoup aimé cet aspect-là du roman.

Des thèmes intéressants, des personnages attachants et bien dessinés, un vrai suspens autour de l’abattage de l’arbre (aura-t-il lieu ou sera-t-il sauvé ?), vous l’aurez compris, une lecture doudou que j’ai dévoré, un moment doux et tendre que j’ai beaucoup aimé. Je ne peux que vous encourager à découvrir à votre tour Un arbre, un jour… avec lequel j’en suis sûre vous passerez un délicieux moment.

Un grand merci aux éditions Calmann-Lévy pour cette jolie lecture !

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« Frappe-toi le coeur, c’est là qu’est le génie », Alfred de Musset.

1971. Quelque part en province, Marie a 19 ans. Blonde et élancée, Elle est jolie, elle fait des envieuses et elle en est ravie. Elle a toute la vie devant elle et pour l’heure, elle étudie le secrétariat.

Les garçons de la ville lui font une cour assidue et elle jette son dévolu sur le plus beau d’entre eux, Olivier, étudiant en pharmacie. Elle ne l’aime pas mais qu’importe, il lui assure qu’un jour elle finira par l’aimer.

Elle succombe à ses avances, histoire de faire comme tout le monde et tombe enceinte. Olivier est ravi, les deux familles aussi et les voilà mariés un mois plus tard.

Si tout son entourage est heureux, ce n’est pas le cas de Marie, qui vit très mal cette grossesse et fait d’ailleurs comme si son ventre n’abritait aucun petit être. Après un douloureux accouchement, elle ne ressent que de la froideur envers sa fille Diane.

Olivier est au comble du bonheur, les parents de Marie aussi et tous de s’extasier devant la beauté de ce cher ange. Mais Marie reste de marbre et n’accorde pas un regard à sa fille. Pire, elle la jalouse atrocement…

A chaque rentrée, Amélie Nothomb nous propose un court roman de son cru, il y a de bonnes années et d’autres nettement moins. Ma dernière lecture de cette romancière prolifique, Riquet à la houppe, sa cuvée 2016, m’avait convaincue, j’ai donc été ravie de recevoir Frappe-toi le cœur, que j’ai trouvé très réussi.

L’autrice belge aborde avec ce titre la difficile et délicate relation mère/fille mais aussi et surtout la beauté, la jalousie et la convoitise de la beauté physique à travers le personnage de Diane, rejeté par sa mère et qui se construit avec ce rejet pour devenir une enfant puis une adulte incroyablement mature.

Amélie Nothomb, met en tout premier lieu l’accent sur le problème de l’indifférence maternelle, Marie fait clairement un post-partum et aurait eu besoin d’un suivi, à une époque où l’on méconnait cette difficulté qu’ont certaines femmes à devenir mère. Marie rejette son aînée mais accueille avec beaucoup d’amour son second enfant, puis avec démesure son autre fille, qui étouffe sous l’amour maternel.

Autant de thématiques très intéressantes bien servies par la plume intelligente d’Amélie Nothomb toujours aussi vive, avec des phrases courtes comme écrites au scalpel et non dénuées d’humour.

L’histoire aurait pu tourner en rond mais heureusement arrive une amie dans la vie adolescente de Diane, Elisabeth Deux et surtout un personnage capital dans la vie de Diane étudiante : Madame Aubusson, l’un de ses professeurs à la fac de médecine, chercheur en cardiologie.

Et à ce moment-là, on ne peut plus lâcher le livre jusqu’à la chute finale, totalement inattendue.

Un roman noir, glaçant, incisif et machiavélique qui m’a tenu en haleine du début à la fin. Un quasi coup de cœur.

Vous l’aurez compris, le nouveau Nothomb est un très bon cru et je ne peux que vous recommander Frappe-toi le coeur, que vous aimiez Amélie Nothomb ou pas, il est excellent !

Un grand merci à Ophélie et aux éditions Albin Michel pour cette très belle lecture !

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