Héloïse Guay de Bellissen a été libraire avant de se consacrer à l’écriture. Elle publie aujourd’hui son cinquième roman.
Simon Coencas, le dernier des quatre inventeurs de la grotte de Lascaux s’est éteint le 2 février 2020 à l’âge de 92 ans. Né à Montreuil en 1927, Simon Coencas trouve refuge avec sa famille à Montignac, alors situé en zone libre, en juin 1940.
C’est aux côtés de ses camardes George Agniel, Jacques Marsal et Marcel Ravidat qu’il découvre la grotte de Lascaux, le 12 septembre 1940. Emerveillé par ce qu’il voit, il sera tout au long de sa vie habité par la beauté et la puissance de ces peintures.
L’ordonnance allemande du 27 septembre 1940 obligeant tout juif à se faire recenser, contraint Simon Coencas à rentrer à Paris. Arrêté en 1942 avec sa famille, il est interné au camp de la Muette à Drancy. Son jeune âge permit à la Croix-Rouge de le faire sortir du camp avec sa sœur Éliette, contrairement aux autres membres de sa famille, déportés et exterminés à Auschwitz.
« Aujourd’hui, c’est le dernier des quatre copains de Montignac encore en vie. Le dernier inventeur, Simon.Quand je quitte son appartement, sur le palier, il me dit « la grotte elle est là’ en me désignant son crâne, « elle est dans ma tête’.
Dans l’ascenseur, je prends conscience que je viens de rencontrer une autre grotte. La grotte intérieure d’un petit garçon de quatre-vingt-onze piges qui vient de se rouvrir. Je ne sais toujours pas pourquoi Lascaux m’a emmenée vers une autre cavité, mais au fond c’est cette découverte-là que j’attendais.
La vie de Simon Coencas sur une paroi, que j’allais calquer comme l’avaient fait avant moi les préhistoriens avec les dessins de Lascaux. »
Le Dernier Inventeur est une œuvre singulière d’Héloïse Guay de Bellissen qui a rencontré à plusieurs reprises Simon Coencas et son épouse et s’est prise d’affection pour eux. Elle nous propose dans ce récit à la fois de fiction et de non-fiction une plongée dans l’Histoire et dans l’âme d’un homme.
A travers leurs conversations, nous découvrons un homme joyeux que la vie n’a pourtant pas épargné. Au fil des dialogues, on imagine un vieux monsieur au sourire espiègle et au regard pétillant lorsqu’il évoque la grotte.
Au-delà du portrait de Simon Coencas, l’autrice nous livre aussi ses réflexions sur le mystère de l’art préhistorique, sur l’enfance, la beauté, le mal et met en parallèle la beauté de la grotte et l’horreur des camps.
Roman à deux voix, Héloïse Guay de Bellissen superpose celle de Simon à travers la retranscription de leurs rencontres et celle imaginaire de la grotte de Lascaux qui devient un personnage à part entière du roman, ce qui m’a peu intéressé.
Si j’ai beaucoup aimé la voix de Simon, celle de la grotte m’a laissé de marbre. De même, je trouve dommage que la découverte de la grotte soit vite balayée au profit de la guerre et des passages philosophiques de la grotte.
Une lecture en demi-teinte pour moi car j’aurais aimé en apprendre davantage sur la découverte de la grotte et son retentissement dans la vie de son inventeur mais cela fut tout de même une lecture agréable et riche d’enseignements.
Un grand merci aux éditions Robert Laffont pour cette lecture !