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Posts Tagged ‘l’œil du tsar rouge sam eastland’

1929, Sibérie. Le jeune commissaire Kirov vient chercher un homme pour le sortir du goulag. L’ordre en a été donné par le camarade Staline en personne : le prisonnier 4745-P doit être immédiatement « réactivé ». Alors qu’il extirpe de l’enfer un homme à moitié mort, Kirov ne se doute pas qu’il vient de rendre à la vie une légende : l’inspecteur Pekkala, que toute la Russie connaissait sous le surnom de « l’Oeil d’émeraude », était le plus grand policier du tsar Nicolas II. Un homme au-dessus de tous les pouvoirs, ne répondant qu’au tsar et dont sa loyauté à la Couronne a entraîné la perte. Si Staline rappelle son pire ennemi à son côté, c’est qu’il a besoin de ses talents exceptionnels pour résoudre une énigme dont la réponse pourrait constituer une véritable bombe politique : que sont devenues les dépouilles des Romanov ? L’un des enfants du tsar n’aurait-il pas échappé à la colère rouge ?

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auteur-éditeur-pagesPetite pause dans mes lectures de Noël pour vous parler d’un gros coup de coeur, comme ça ne m’était pas arrivé depuis longtemps pour un polar (excepté les Agatha Christie ça va sans dire !). Ce roman policier historique, qui a pour toile de fond la Russie tsariste et les premières années du stalinisme, voilà qui est alléchant ! En tout cas pour moi qui suis totalement fascinée par cet immense territoire qu’est la Russie et par sa littérature. Vous vous souvenez peut-être que j’avais lu cet été Le complot Romanov qui avait pour toile de fond cette période, mais qui m’avait aussi hélas laissé sur ma faim.

Ce n’est pas le cas ici. Ce roman palpitant met en scène l’inspecteur Pekkala, un héros hanté et terriblement attachant, monarchiste et admirateur de Nicolas II, dont il était le zélé agent, extrait du goulag où il croupit depuis 1918, et son jeune frère, bolchévique de la première heure. L’inspecteur Pekkala, qui était au temps du tsar, l’homme le plus puissant de l’Empire, avait toute la confiance de Nicolas II qui lui avait confié les pleins pouvoirs de la police et lui était directement rattaché. Il était connu sous le nom de l’Oeil d’Emeraude, dénomination tirée de cet insigne unique et effrayant que le Tsar lui avait offert pour qu’il soit identifié de tous.

Tout le livre repose sur la personnalité et le destin de ­Pekkala, qui est appelé à vivre d’autres aventures dans les tomes suivants. Finlandais, il a bénéficié, alors qu’il venait de s’engager dans l’armée, d’une fabuleuse ascension sociale grâce à une rencontre fortuite avec le tsar. ­Sam Eastland imagine alors une grande amitié entre les deux, ce sont ces chapitres-là que j’ai préféré, ils sont toute en finesse et en émotion, et sont de mon point de vue, très réussis.

C’est au moment où Staline prend les rennes de l’URSS, alors déchirée entre bolcheviks et russes blancs, que Pekkala, exilé et oublié de tous dans un goulag aux confins de l’humanité, est libéré, sous la garde de son frère Anton, qui lui avait déserté l’armée tsariste, et d’un jeune officier de l’armée, Kirov. Les deux hommes sont chargés de le ramener à la maison Ipatiev, dernier lieu de détention du tsar et de sa famille, et lieu d’exécution des Romanov. Pourquoi retourner sur les lieux du drame ? Afin de retrouver les restes du dernier tsar de toutes les russies et surtout ceux du tsarévitch Alexis, et de s’assurer ainsi que les russes blancs ne pourront pas restaurer la monarchie. Staline veut asseoir son pouvoir absolu et craint en effet que les Romanov ne soient pas morts. Les deux frères ont donc pour tâcher de s’assurer que tous sont bien morts mais pour cela, ils doivent retrouver la fosse dans laquelle ils gisent.

L’auteur réussit le tour de passe-passe de nous faire douter de la réalité historique : le dernier tsar de toutes les russies et sa famille ont-ils bien été éliminés à Ekaterinbourg le 17 juillet 1918 ? Le tsarévitch Alexis n’a-t-il pas pu survivre ? Où est passé le trésor des Romanov ? Bien sûr vous savez que tout est faux dans ce livre, mais ça n’empêche pas l’auteur d’arriver à nous faire croire que tout est vrai le temps de la lecture. On a beau savoir que Nicolas II est mort, on y croit quand même, on a beau savoir que le tsarévitch, on y croit quand même, on a beau savoir qu’il n’y a pas de trésor, on y croit quand même !

On ne s’ennuie pas une seconde, notamment grâce aux multiples allers/retours entre le temps d’avant la révolution et le présent (1929) qui rythment l’ouvrage de façon dynamique. Un livre génial, efficace et bien ficelé que je vous recommande chaudement si vous êtes passionnée par la Russie et par la tragédie des Romanov, à lire absolument (je sais je le dis souvent en ce moment mais c’est pas de ma faute si je tombe que sur des livres excellents en ce moment !).

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Lu dans le cadre des challenges Polars Historiques et Challenge ABC Babelio 2012-2013 

  

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