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Posts Tagged ‘mayalen goust’

Née à La Rochelle en 1976, Mayalen Goust est diplômée de l’École d’arts appliqués de Poitiers et a travaillé dans une agence de publicité. Si elle est surtout connue pour ses illustrations d’albums aux éditions du Père Castor, son univers unique est facilement identifiable dans toutes ses œuvres. Depuis 2011, elle s’est lancée dans l’adaptation BD des Colombes du Roi-Soleil, série à succès de romans historiques pour la jeunesse. Elle vit aujourd’hui à Rennes.

Dans les rues de La Havane, entre 1959 et 2011, les vies se croisent et se recroisent. Aujourd’hui celle d’Amanda, jeune ballerine en devenir. Hier, celle de Manuela, mère célibataire, qui n’aura fait qu’effleurer son rêve de danseuse classique.

Et enfin celle d’Alicia Alonso, dont on suit l’ascension vers la gloire jusqu’à devenir prima ballerina assoluta au parcours exceptionnel.

Dans un Cuba castriste où règnent la débrouille et l’entraide, tout autant que la dénonciation et le marché noir, l’histoire de la démocratisation de la danse classique rime singulièrement avec l’avènement du régime révolutionnaire.

Pour Amanda, la compétition est rude pour être parmi les meilleures tandis que pour Alicia, les choix ne sont plus seulement artistiques mais politiques, lorsqu’on voudra faire d’elle un instrument de l’idéologie castriste.

Eileen Hofer nous permet de découvrir avec Alicia Prima Ballerina Absoluta, la danseuse cubaine Alicia Alonso. Avant de commencer ce roman graphique, j’ignorai tout de cette danseuse de légende et j’ai découvert une personnalité hors du commun au destin exceptionnel.

Portrait de l’intrigante danseuse étoile Alicia Alonzo et de Cuba post-révolution où la dictature a fait du ballet national, son meilleur instrument de propagande, l’autrice et la dessinatrice nous plonge au coeur de la vie de cette icone cubaine fêtée dans tout le pays telle une sainte.

Celle qui reste à jamais l’interprète de Giselle a suscité quantité de vocations dans son pays et a joué un rôle plus controversé, celui d’ambassadrice du pouvoir castriste.

Après la révolution de 1959 qui a porté Fidel Castro au pouvoir, elle a fondé sa propre compagnie qui devient Ballet national de Cuba et créé le style dit « école cubaine » reconnaissable entre tous.

Loin d’être une hagiographie, Eileen Hofer nous dresse un portrait honnête de cette danseuse et de la réalité du régime castriste de 1959, de son rôle dans la propagande, de ses liens avec le leader cubain.

En parallèle, nous suivons Amanda, une jeune danseuse promise à un bel avenir et qui rêve de devenir la prochaine prima ballerina absoluta. Et avec elle, nous découvrons le régime actuel cubain fait de marché noir, peur des dénonciations et de débrouillardise pour joindre les deux bouts.

C’est ce que j’ai vraiment apprécié dans ce roman graphique, découvrir Cuba, l’importance de la danse dans ce pays et bien sûr le destin d’Alicia Alonso.

Ce roman graphique est un bel hommage à Alicia Alonso et plus généralement à la danse. Un récit porté par la finesse du dessin et la grâce des couleurs de Mayalen Goust.

La talentueuse illustratrice bretonne apporte, comme toujours, une vraie valeur ajoutée au scénario avec de sublimes dessins de ballets, de scènes de la vie quotidienne…

Une belle réussite que je vous recommande ! Je remercie les éditions Rue de Sèvres pour cette belle découverte.

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Après des études d’ethnologie et de hongrois, Jean-Baptiste Dusséaux part vivre à Budapest pendant trois ans, avant de rentrer en France pour y entamer une carrière de réalisateur de documentaires et de scénariste. En 2011 Benoît Abtey publie Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi chez Flammarion. En 2013, il signe avec Pierre Deschodt, Les Nouveaux exploits d’Arsène Lupin, aux éditions XO. Mayalen Goust est diplômée de l’École d’arts appliqués de Poitiers et a travaillé dans une agence de publicité. Si elle est surtout connue pour ses illustrations d’albums aux éditions du Père Castor, son univers unique est facilement identifiable dans toutes ses œuvres.

1917, la guerre bat son plein et la Révolution est en marche. Au coeur de ce chaos militaire et politique, Volodia, un jeune soldat cosaque, a choisi son camp : celui des bolcheviks, aux côtés de Staline. Ce qui n’empêche pas Volodia de tomber fou amoureux d’Ania, la dernière fille du Tsar Nicolas II, ce qu’il ignore.

La Révolution fait ensuite place à la guerre civile. Armée rouge et armée blanche se lancent dans un combat sans merci qui déchire la Russie. La victoire est incertaine. Héroïsme, massacres, trahisons, angoisse, voilà le pain quotidien des soldats rouges et blancs.

Bientôt l’armée révolutionnaire gagne la Pologne et menace l’Europe tout entière. En France, le répit de la famille Roumanov tourne court, Volodia et Ania ne semblent point devoir connaître de paix et se lancent une nouvelle fois dans la bataille, au risque de retomber dans les griffes de Staline…

Réunis en un seul volume, les trois tomes de Kamarades nous entrainent au coeur de la Russie pendant et après la Révolution russe, de la chute des Romanov à l’avènement de Lénine et la création de l’U.R.S.S.

La révolution russe déchaîne les passions et offre aux auteurs mille et une opportunités dont ils vont se saisir. Vous connaissez mon intérêt pour la Russie et notamment le règne de Nicolas II, cette intégrale qui réunit les trois albums parus sous les titres La fin des Romanov, Tuez-les tous et Terre promise ne pouvait qu’attérir dans ma PAL.

Mêlant faits réels et fiction, personnages historiques et inventés, ce roman graphique est une uchronie que j’ai trouvé réussie et absolument passionnante avec des scènes très fortes en action et en émotion.

Le scénario mitonné par Benoit Abtey et Jean-Baptiste Dusséaux est audacieux et crédible, leur réécriture de l’Histoire est intéressante et m’a beaucoup plu, je ne peux vous dire plus de crainte de vous spoiler une intrigue qui mérite d’être découverte.

Tout au long de l’histoire, nous suivons Volodia, héros des premiers jours de la Révolution, Anastasia, la plus jeune fille du Tsar et Koba, futur Staline, pris dans la tourmente de l’histoire entre amour, drame et bras de fer diplomatique. Avec eux, nous assistons à l’Histoire qui se met en marche, la vraie, et celle qui aurait pu être.

Les dessins de Mayalen Goust sont, comme toujours, sublimes, je suis vraiment admiratrice de son talent. Que ce soient les décors ou les personnages, tout est très fin et élégant, comme j’aime. Elle utilise à merveille la palette graphique avec des tonalités précises suivant les évènements racontés : du noir, du blanc, du rouge, du vert, du bleu…

Si l’histoire de la Russie vous intéresse et que vous êtres curieux de découvrir ce qu’en ont fait Benoit Abtey et Jean-Baptiste Dusséaux, je vous invite à découvrir à votre tour Kamarades, vous ne devriez pas être déçu(e).

Un grand merci aux éditions Rue de Sèvres pour cette lecture, j’ai adoré !

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De 1976 à 1983, la dictature militaire qui régit l’Argentine fait disparaître près de 30 000 opposants politiques, pour la plupart assassinés. Parmi eux, des jeunes femmes enceintes auxquelles leurs enfants seront arrachés à la naissance. Depuis 1977, leurs grands-mères recherchent ces 500 bébés volés…

Buenos Aires, 1998. Santiago et Mario sont étudiants et les meilleurs amis du monde. Le premier collectionne les conquêtes, le second se passionne pour Adolfo Bioy Casares.

Les mères de la place de mai continuent de manifester et de rechercher les 500 bébés volés à leurs parents par la dictature argentine de Pinochet et appellent celles et ceux qui doutent de leur identité à faire un test ADN.

Mario, qui ne ressemble pas à ses parents et s’interroge beaucoup, décide de faire ce test. Santiago l’accompagne et va tomber fou amoureux de Victoria, l’infirmière. La jeune femme a appris il y a quelques années seulement qu’elle faisait partie de ces bébés volés à leurs familles et cherche depuis ses parents, en vain.

Alors qu’il n’a aucun doute sur ses géniteurs, Santiago décide de faire le test dont les résultats vont bouleverser la vie…

Vies volées : Buenos Aires, Place de mai met en scène des héros fictifs mais inspirés de la réalité. A travers ces personnages, Matz et Mayalen Goust ont voulu évoquer les différentes trajectoires et situations dans lesquelles ont pu se trouver les véritables victimes de la dictature argentine.

Car le contexte historique est bien réel : de 1976 à 1983, l’Argentine a vécu sous le joug de la dictature militaire qui a fait périr près de 30 000 opposants politiques, en général des étudiants, dont la grande majorité a été torturée puis exécutée dans des conditions épouvantables, notamment les femmes jetées vivantes d’un avion ou d’un hélicoptère !

Parmi ces victimes, plusieurs centaines de femmes enceintes dont les bébés sont nés en captivité avant d’être arrachés à leur mère afin d’être confiés à des familles de policiers, militaires, des proches du régime ou de familles estimées « sûres ».

Dès 1977, les mères de ces « desaparecidos » ont fait preuve d’un grand courage en bravant le régime totalitaire et leur combat a trouvé un écho mondial. Depuis lors, les « Abuelas de Plaza de Mayo », les grands-mères de la Place de Mai, défilent chaque semaine en face de la Casa Rosada, la maison Rose, demeure du chef de l’état argentin, pour réclamer le retour de leurs petits-enfants.

Après la fin de la dictature, la justice donne raison à ces femmes et ont permis, grâce aux tests ADN, à plus de 125 enfants de retrouver leurs familles. C’est un sujet qui me touche beaucoup et comment ne pas l’être face à ces horreurs qu’ont vécu ces étudiants massacrés et le calvaire de leurs mères, privées de leurs enfants et de leurs petits-enfants ?

A travers les destins de Mario, Santiago et Victoria, Matz dont j’avais apprécié le travail dans Le travailleur de la nuit, nous propose ici de revivre les heures sombres de l’histoire contemporaine argentine avec ce récit qui fait la part belle aux recherches des origines de ses héros, le tout sans tomber dans le pathos.

Son scénario, même si il est un peu prévisible, a le mérite de nous faire connaître ou d’étoffer nos connaissances sur le sujet et les planches de Mayalen Goust, une illustratrice que j’aime beaucoup, sont comme toujours sublimes. Son trait fin et élégant sert à merveille le scénario touchant et tout en délicatesse de Matz.

Je ne peux que vous conseiller ce roman graphique très réussi, que vous connaissiez bien l’histoire des Folles de la place de mai, comme les surnommait le régime, ou non, vous ne pourrez qu’être touché(e)s par ce récit tout en sobriété et en émotion.

Un grand merci à Doriane et aux Rue de Sèvres pour cette belle lecture !

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Arlequin, le meilleur accordeur de Venise. Guitares, pianos, luths et violons, aucun instrument n’a de secret pour lui. Son ouïe est aussi fine que ses oreilles sont grandes : ce qui lui vaut bien des moqueries. Un jour, un musicien très particulier lui confie son bien le plus précieux…

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Encore une très belle découverte au rayon album jeunesse de la médiathèque grâce à Claire qui a vraiment le don de dénicher des merveilles !

Arlequin, accordeur dans la ville de Venise, entend tout. Il a l’oreille absolue, l’ouïe la plus fine de la ville grâce à ses immenses oreilles qui lui permettent de trouver les défauts des instruments qu’il doit réparer. Ses attributs particuliers lui sont donc très utiles mais sont aussi une source de moqueries.

Un jour, il est appelé dans le palais de Don Marco qui souhaite lui confier son instrument le plus précieux. Un instrument particulier puisqu’il s’agit de Colombine, sa fille bien aimée.

J’aime beaucoup la ville de Venise, ses monuments et ses canaux, son carnaval et les personnages de la commedia dell’arte, en particulier Arlequin que l’on retrouve dans de nombreuses pièces de théâtre de Molière à Marivaux en passant par Goldoni. Cet album avait donc de grandes chances de me plaire et ce fut le cas car aussi bien l’histoire tricotée par Hubert Ben Kemoun, pleine de poésie, et les illustrations de Mayalen Goust toutes en délicatesse, tout m’a plu dans ce très bel album.

Hubert Ben Kemoun revisite avec brio les personnages d’Arlequin et de Colombine pour leur donner de nouvelles personnalités, toutes en retenues. La ville de Venise est elle aussi revisitée par Mayalen Goust qui lui donne des allures andalouses et qui fait ici un travail remarquable sur les couleurs, ses dessins sont d’une finesse exceptionnelle.

Je ne peux que vous conseiller ce merveilleux album, tout en finesse et en subtilité, un gros coup de cœur ! A mettre entre toutes les mains dès 8 ans.

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