Le corps émasculé d’un médecin d’apparence respectable est retrouvé dans le quartier mal famé de Devil’s Acre. Thomas Pitt, appelé pour mener l’enquête, découvre que ce crime abominable est semblable au meurtre d’un autre homme découvert quelques jours auparavant. Mais le lien entre les deux hommes semble inexistant. Les choses ne s’arrangent pas quand le corps d’un Lord est retrouvé à son tour.
On se retrouve comme chaque début de mois avec une nouvelle enquête signée Anne Perry. Après le très bon cadavre de Bluegate Field lu en août, place au septième opus de la série Thomas et Charlotte Pitt, Mort à Devil’s Acre. L’enquête cette fois-ci a pour décor le quartier mal famé de Devil’s Acre, arpent du diable in french in the text, haut lieu de la prostitution londonienne. Comme dans Resurrection Row, Le mystère de Callander Square, Le cadavre de Bluegate Fields et Le crime de Paragon Walk, cette nouvelle enquête démarre sur les chapeaux de roue avec la découverte du cadavre d’un homme émasculé à l’entrée d’un abattoir. La victime n’est pas un pauvre hère vivant dans le quartier, mais un homme soigné, docteur de son état et bien loin de son domicile londonien. Lorsque Thomas Pitt est appelé sur les lieux du meurtre, il apprend qu’il s’agit de la seconde victime poignardée et émasculée en une semaine. Il pense alors que l’enquête va échoir au policier chargé du premier meurtre, celui de Max Burton, l’ancien valet des Ballantyne, reconverti en tenancier de maisons closes réservées à une clientèle particulièrement huppée. Il n’en sera rien et il se retrouvera rapidement avec d’autres meurtres avec le même mode opératoire sur les bras. Comme toujours, son divisionnaire Athelstan, le presse de trouver le responsable, d’autant que cette série d’homicides fait les gros titres des journaux.
L’autopsie révèle qu’Hubert Pinchin, comme les autres victimes, était sans doute vivant lors de l’émasculation, ce qui ajoute à l’horreur de la situation. Il sera beaucoup question de prostitution féminine, masculine et de pédophilie dans ce 7è tome, pratiques scandaleuses voire fermement condamnées (pour les deux dernières) par la société victorienne, l’homosexualité est même interdite et passible de prison. Pitt découvre rapidement que les victimes fréquentent les lupanars de Devil’s Acre et que certaines femmes de la grande bourgeoisie, se prostituent par ennui et par galanterie ! Je regrette que le thème de la prostitution, déjà sujet central du volume précédent, tienne aussi la vedette ici. J’ai trouvé ce thème redondant et j’avoue qu’il m’a un peu lassée.
Comme toujours, ce 7è tome est l’occasion de retrouver Thomas, Charlotte, sa soeur Emily, qui comme toujours se mêleront de l’enquête au grand dam de Pitt, mais aussi lord Ashworth, le mari d’Emiliy, et Grace, la petite bonne des Pitt qui n’aime pas que sa maitresse mène l’enquête. D’autres personnages, croisés dans Le meurtre de Callander Square, font aussi leur retour : Alan Ross, désormais mal marié à Christine Ballantyne, qui s’ennuient dans leur mariage, mais aussi le Général Ballantyne et sa femme Lady Augusta. Anne Perry en profite pour aborder une nouvelle fois les travers de la haute société britannique, la position sociale des femmes bourgeoises et aristocrates, qui n’ont droit à aucun divertissement et doivent consacrer leur temps aux bonnes œuvres et aux visites, la misère épouvantable des femmes et des enfants des quartiers pauvres, contraints à la prostitution pour survivre.
J’ai trouvé, contrairement aux autres enquêtes, que Thomas et Charlotte étaient plus en retrait, ce que je regrette, le général Ballantyne et ses sentiments pour Charlotte prennent beaucoup de place dans le récit et je préfère nettement lorsque c’est Pitt qui tient la vedette. De plus, je n’ai pas aimé le rôle joué par Charlotte, que j’ai trouvé loin de son personnage. Ce septième opus n’est pas le meilleur mais heureusement Anne Perry sait comme toujours ménager les fausses pistes pour conserver son suspens jusqu’au bout. Vivement le tome 8 !
Lu dans le cadre d’une lecture commune avec Fanny, Claire, Sybille, Mad Cat et Céline, et des challenges La plume au féminin édition 2013, God save the livre édition 2013, Anne Perry, Challenge Victorien 2013, British mysteries et Polars Historiques :