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Posts Tagged ‘N.M. Zimmermann’

D’aussi loin que les souvenirs d’Isabella remontent, Andrew a été là. La présence d’Andrew à ses côtés est aussi naturelle que l’air qui entre dans ses poumons lorsqu’elle respire. Elle n’y a jamais vraiment réfléchi. Pourquoi le ferait-elle ? Andrew, héritier de la famille Chapel, lui appartient puisqu’elle est l’héritière de la famille White. C’est ainsi que les choses se passent dans son minuscule univers, limité à ce qui se trouve entre les quatre murs de l’appartement de Ludgate Hill, dans les Londres de 1939. Mais le monde extérieur finit toujours par pénétrer chez vous. Parfois il se glisse discrètement sous la porte, passant presque inaperçu. Dans le pire des cas, il engloutit votre maison dans un nuage de bombes incendiaires, d’obus, et de hurlements de sirènes.

Depuis toujours, Isabelle White est à l’abri de tout. Fille d’un avocat prospère, elle vit dans les beaux quartiers de Londres. Surtout, elle a Andrew Chapel, le fils de l’assistant de son père, qui la protège et qui la sert, qui veille auprès d’elle en toutes circonstances.

Qu’ils le veuillent ou non, un lien ancien et mystérieux unit les White et les Chapel face à tous les obstacles de la vie. Un lien que rien, jusqu’à présent, n’a pu dissoudre. Un lien qui les tient comme enchaînés. Et cela pourrait bien durer toujours.

Mais c’est 1939, la guerre arrive et les bombardements allemands menacent Londres. Isabella et Andrew doivent fuir, alors que le monde qu’ils connaissent, s’effondre peu à peu.

J’avais beaucoup aimé il y a près de trois ans de cela le précédent roman de N.M. Zimmermann, par ailleurs sœur de Lorris Murail et Marie-Aude Murail, Les ombres de Kerohan, qui était déjà un roman historique aux accents fantastiques. Changement d’époque et de lieu pour Dix battements de cœur puisqu’on délaisse la Bretagne pour la capitale anglaise et le 19è siècle pour le 20è.

Ce roman destiné aux adolescents m’a beaucoup plu pour son aspect historique que je trouve très bien documenté et développé ici. On tremble avec nos deux héros pendant le Blitz où à chaque attaque, c’est la ruée vers les abris, et dans leur exil à la campagne chez Mrs Cole, la tante de Isabella, qui recueille les enfants contre monnaie sonnante et trébuchante.

Pris dans la tourmente de la guerre, ils doivent faire face à des situations très dures, entrer de plein fouet dans le monde des adultes et c’est très bien développé. Isabella, qui a une véritable affection pour Andrew, va aussi voir leur complicité vaciller. Andrew connaît mal les tenants et les aboutissants qui unissent les White et les Chapel et vit très mal le fait de devoir obéir à la jeune fille et de ne pouvoir mener sa vie comme il l’entend puisque si il lui désobéit ou s’éloigne d’elle plus de vingt-quatre heures, il est en danger de mort.

Isabella veut de toutes ses forces que ce pacte s’arrête mais son père l’a prévenu, c’est impossible. C’est cet aspect fantastique que j’ai trouvé le moins réussi. Ce pacte n’est pas sans rappeler Le portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde mais ici ce n’est pas un tableau qui vieillit mais les membres de la famille Chapel qui accusent les ans prématurément et collectionnent les maladies, les blessures alors que les White sont resplendissants de santé.

Ce volet fantastique m’a laissé sur ma faim car je l’ai trouvé mal exploité : le pacte est expliqué de façon très succincte et aurait mérité d’être davantage creusé. Et surtout, les problématiques de ce pacte sont sans cesse ressassées par nos héros qui voudraient s’en détacher mais ne savent pas comment, ce que j’ai trouvé trop répétitif.

Les personnages de Andrew et Isabelle sont plutôt attachants, les autres enfants qui traversent le récit nous font prendre conscience des difficultés auxquelles ils sont confrontés tout au long de la guerre.

Un roman d’apprentissage intéressant et passionnant d’un point de vue historique avec un suspens qui monte crescendo au fil des pages sur l’avenir de nos héros et sur le pacte qui les unit mais dont l’aspect fantastique, vous l’aurez compris, ne m’a pas convaincue.

Une lecture néanmoins addictive que j’ai dévoré en deux après-midis et dont je remercie Manon et L’école des Loisirs !

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À douze ans, Viola a déjà traversé bien des épreuves. Lorsqu’elle est envoyée chez son oncle en Bretagne, avec son frère Sebastian, on lui dit que l’air marin lui fera du bien. Il paraît que son oncle est très riche, qu’il habite un manoir, à Kerohan, et que l’on peut s’y reposer. Se reposer, vraiment ? Certes, le parc est immense, et Viola et Sebastian ont chacun une chambre, mais il n’y a pas grand monde pour prendre soin d’eux. Et qu’est devenue la prétendue fortune de leur oncle ? Le manoir est bien vide et, à Kerohan, Viola et son frère sont des proies faciles pour l’ennui et la solitude. Encore que… Peut-on parler de solitude quand d’étranges silhouettes parcourent les couloirs à la nuit tombée ? Quand Sebastian prétend avoir vu un korrigan ? Quand la salle de musique déserte résonne de la musique d’un piano ? Et que veille sur eux tous l’inquiétant docteur Vesper…heart_4les-ombres-de-kerohan-zimmermann

Paris, sous le Second Empire, Viola et Sebastian Kerohan, respectivement âgés de 12 et 7 ans, viennent de perdre leur maman chéri qui a succombé au terme d’une longue maladie. Leur père, à Londres au moment du décès de son épouse, les envoie chez son frère dans la demeure familiale des Kerohan située en Bretagne, pour une durée indéterminée.

Les enfants, accompagnés de leur gouvernante Marie, prennent pour la première fois le train. A mi-parcours, Marie les laisse comme convenu afin de rejoindre ses nouveaux employeurs et c’est seuls que les enfants font le reste du voyage.

Arrivés à destination, Viola et Sebastian attendent sur le quai la voiture de leur oncle qui ne vient pas, leur parent aurait-il changé d’avis ? Mais heureusement, une voiture arrive enfin pour les emmener jusqu’au manoir. Le bras droit de leur oncle Kerohan, le docteur Vesper, est chargé de les conduire jusqu’à leurs appartements.

L’homme leur paraît inquiétant, tout comme Madame Lebrun, la femme de charge, qui leur apporte leur repas et un vin chaud qu’ils ont ordre de boire avant de dormir. Ils ont aussi interdiction de sortir de leurs chambres jusqu’au lendemain matin.

Après le petit-déjeuner, ils font enfin la connaissance de leur hôte, un vieil homme aux cheveux déjà blanchis et apprennent que leur tante et leur cousine, dont ils ignoraient l’existence, sont malades et qu’ils ne doivent surtout pas aller les voir.

Les jours passent, très monotones, sans voir apparaître leurs parentes. Ont-elles une maladie contagieuse qui les oblige à garder la chambre ?

Mais les enfants restent des enfants, et malgré la peur qui les étreint, ils se mettent en quête de visiter l’immense demeure ainsi que le parc. Le soir venu pourtant, les lieux leur semblent inhospitaliers, d’autant que Sebastian est persuadé qu’un Korrigan vit en-dessous de son lit et qu’il dit voir des fantômes dès la nuit tombée…

Voilà une histoire que j’avais très envie de lire depuis sa parution en début d’année : un récit fantastique en Bretagne et au 19è siècle, voilà qui avait tout pour me plaire.

Avec Les ombres de Kerohan, N.M. Zimmermann que je découvre ici, nous propose un roman angoissant dans la droite lignée des romans gothiques anglais du 19è siècle mais à la sauce bretonne puisqu’il est ici question de légendes celtiques, mystères made in Breizh avec korrigan et ankou à la clé !

L’histoire est assez simple et abordable pour les enfants à partir de 12 ans mais suffisamment rythmée et efficace pour plaire aux adolescents et même aux adultes. Le récit est en effet loin d’être gentillet et sait donner des frissons aux petits comme aux grands.

L’auteure insuffle en effet un vent de mystères à son roman et on se laisse prendre au jeu car tous les éléments sont là pour nous permettre de passer un excellent moment et l’angoisse, bien dosée, monte crescendo pour notre plus grand plaisir.

Manoir isolé, spectres et apparitions, portes qui claquent, personnages on ne peut plus inquiétants, orage et pluie battante, N.M. Zimmermann nous donne à lire un roman gothique convaincant, doublé de réflexions sur le deuil que traversent les jeunes héros que sont Viola et Sebastian, très éprouvés par la mort de leur mère et l’éloignement de leur père, qui se retrouvent isolés dans ce manoir inquiétant.

A l’approche d’Halloween, je vous conseille vivement Les ombres de Kerohan, un roman d’ambiance réussi !

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