Christine Féret-Fleury est autrice et anime en parallèle des ateliers d’écriture. Elle a publié plus d’une cinquantaine de romans pour la jeunesse. Charlotte Bousquet est philosophe de formation. Editrice et autrice, elle a notamment publié Là où tombent les anges, Prix du Jury du Livre numérique. Fabien Fernandez est auteur, illustrateur, graphiste et travaille sur des jeux de rôles. Il a scénarisé des bandes dessinées publie des romans.
Mars 2020, la France entre en confinement et le personnel médical est sur la brèche. Lorsque son père médecin hospitalier l’envoie chez Arlette, une ancienne infirmière de 93 ans à l’internet vacillant, Nina est persuadée qu’elle va vivre le pire des confinements.
Mais bientôt, alors qu’elle fouille dans la cave pour tromper son ennui, la jeune fille découvre dans une malle la photo jaunie d’un garçon… qu’elle a déjà croisé dans l’escalier.
Ce portrait replonge Arlette dans un douloureux passé, celui de la guerre, d’un amour interdit et d’une blessure jamais refermée.
Nina a-t-elle vraiment pu rencontrer Natan, cet adolescent juif qui a vécu caché dans l’immeuble pendant la Seconde Guerre mondiale ?
Sauront-ils tous les deux dénouer les fils des sombres événements qui se sont déroulés 78 ans plus tôt ?
L’étrange garçon qui vivait sous les toits est un roman à trois voix, Nina – Arlette – Natan, écrit à six mains par trois auteurs spécialisés en jeunesse Charlotte Bousquet, Christine Féret-Fleury et Fabien Fernandez.
Dans ce très court roman qui questionne sur l’enfermement, les auteurs proposent à leurs lecteurs à partir de 12 ans, un roman très actuel mais aussi tourné vers le passé, à une époque où les juifs ont du se cacher pour ne pas se faire rafler.
Lorsqu’on lit les pensées de Natan, on ne peut que penser à Anne Franck. L’adolescent et sa soeur jumelle, recueillis par leur tante, doivent se cacher de tous car en cet été 42, les dénonciations vont bon train et la rafle du Vel d’Hiv s’organise. Ils ne doivent pas sortir, faire du bruit, etc sous peine d’être découverts.
La situation de ce jeune garçon caché par sa famille en 1942 relative notre confinement comme va le constater Nina, une ado de 2020 qui vit mal le fait d’être coupée de son père, de ses amies et privée de toute vie sociale.
Arlette, l’ancienne infirmière chez qui Nina loge, a toujours mené une vie libre, sans attache et héberge régulièrement des homosexuel.les. chassés de chez leurs parents à cause de leur orientation sexuelle.
Au fil du récit, on comprend pourquoi elle agit ainsi et la raison de son célibat. Elle n’a jamais pu oublier son premier amour né sous les toits de son immeuble au beau milieu de l’été 42.
Deux ados d’époque différente et une vieille dame qui fait le lien entre les deux puisqu’Arlette vivait dans l’immeuble quand Natan et sa soeur jumelle s’y cachaient. Il y a même une petite touche de fantastique pour expliquer comment Natan peut encore être présent dans l’immeuble, 78 ans après les faits.
J’ai trouvé ce roman très bien pensé et intelligent. Les auteurs ont saisi le mot « guerre » prononcé à de nombreuses reprises lors de la prise de parole d’Emmanuel Macron nous annonçant le confinement, pour rapprocher deux époques et faire un parallèle avec la situation des juifs pendant la seconde guerre mondiale.
C’est bien vu et judicieux d’autant que les auteurs en profitent aussi pour mettre le doigt sur des faits vraiment peu glorieux du printemps 2020, lorsque des gens ont exhorté leurs voisins issus du personnel médical de déménager afin qu’ils ne ramènent pas le virus dans leurs immeubles. Comme quoi l’histoire est un éternel recommencement !
J’ai beaucoup aimé suivre les trois protagonistes de ce récit. Chaque narrateur a sa voix, sa personnalité et je suppose qu’un auteur différent se cachait derrière chacun d’eux.
En une centaine de pages, les auteurs abordent des thèmes forts tels que la dénonciation, la condition des juifs pendant la guerre, le marché noir mais aussi des thèmes plus actuels tels que le confinement et l’homosexualité.
Une lecture très intéressante et poignante dont je n’ai fait qu’une bouchée, je ne peux que vous la conseiller si ces thématiques vous intéressent.
Un grand merci aux éditions Slalom pour cette petite pépite, j’ai adoré !