Feeds:
Articles
Commentaires

Posts Tagged ‘régine detambel’

Platine est l’histoire d’Harlean Carpenter, dite Jean Harlow, l’actrice aux seins parfaits, la « Bombe » à la chevelure sans pareille, l’inspiratrice de Marilyn Monroe, premier sex-symbol du cinéma, qui tourna une vingtaine de films en à peine vingt-six ans d’existence, étoile montante fauchée en pleine gloire par la maladie, et constamment au coeur de scandales. Son emprisonnement, sa vie durant, dans une effrayante relation fusionnelle à sa mère, adepte de la Science chrétienne, les exactions dont elle fut victime de la part d’un beau-père mi-incestueux mi-proxénète ne furent pas les seules aberrations de sa courte existence, ballottée d’affaires de moeurs en coups et blessures, des bras du richissime Howard Hughes à ceux de Clark Gable, son dernier partenaire sur le tournage de Saratoga, en 1937. Une vie de star ou l’effroyable jeunesse d’une belle femme trop convoitée qui voulait tenter de s’aimer et jouir de son propre corps malgré les diktats des maquilleurs et le feu des projecteurs qui lui crevassait la peau. A travers le destin de cette comédienne broyée, comme des centaines d’autres, par les nababs des majors, et dont on ne cessa de dire, durant la cérémonie funéraire, qu’elle était aussi belle morte que vivante, Régine Detambel grave au scalpel l’impitoyable et flamboyant blason de l’oppression des femmes.

Platine c’est l’histoire tragique de la première bombe platine de Hollywood : Jean Harlow. Une comète morte à l’âge de 26 ans, emportée par une crise d’urémie. Sa carrière a été fulgurante, sa vie privée, un désastre.

Régine Detambel nous emmène au cœur des studios de cinéma de 1932 à 1937. Un monde régi par les nababs que sont Louis B. Mayer, Howard Hugues… et où les acteurs et surtout les actrices ne sont rien.

C’est l’ère de la toute-puissance des studios, celle où leurs directeurs dictent à leurs acteurs et actrices qui ils doivent être, comment ils doivent s’habiller, qui ils doivent fréquenter et surtout qui ils doivent épouser.

Née Harlean Harlow Carpenter, le 3 mars 1911 à Kansas City, elle débarque à Los Angeles avec sa mère dont elle empruntera les prénom et nom afin de créer son pseudonyme, et son beau-père Mario Bello, un escroc, qui vivra aux crochets de sa belle-fille, faisant de sa vie un enfer.

Baby Jean, tout au long de sa si courte existence, va être prisonnière. Prisonnière de sa mère d’abord, qui à cause de ses convictions scientistes tuera sa fille chérie, de son beau-père, de Louis B. Mayer, de son second mari Paul Bern dont les coups finiront par la tuer cinq ans plus tard, de ses rôles, de son envie d’être mère, de son image…

Plus de quatre-vingts ans après sa mort, Jean Harlow reste une icône et ce roman remet à nouveau en lumière celle qui irradiait la pellicule. J’avoue qu’avant de commencer ma lecture, je ne savais à peu près rien d’elle, si vous êtes dans mon cas Platine vous apprendra une foule de choses sur sa vie.

Ni biographie, ni essai, ni document, Régine Detamble avec Platine nous propose une biographie romancée qui mêle à la fois la troisième personne et la première personne du singulier. C’est cette multiplicité des points de vue qui m’a, je l’avoue, un peu dérangée, j’aurai préféré que l’auteure écrive en tant que narratrice ou en tant que Jean Harlow, mais pas les deux à la fois.

Ceci mis à part, ce très court roman se dévore, j’ai appris beaucoup de choses sur cette actrice mythique qui a tant inspiré Marilyn Monroe avec qui elle avait beaucoup en commun, outre sa couleur de cheveux, notamment son impuissance à fonder une famille, ce qui va amener Jean dans des situations à la fois pathétiques et tristes.

Au-delà du destin tragique de Jean Harlow, Régine Detambel nous montre le début du cinéma parlant, on y croise les patrons des studios et les stars de l’époque, on mesure les contraintes imposées aux acteurs et actrices, dont la vie privée était encadrée et magnifiée. On assiste aussi à l’effondrement des stars du premier âge d’or d’Hollywood, pour qui l’avènement du parlant a été la fin de leur carrière et parfois celle de leur vie.

Comme le roman est court, on reste malheureusement beaucoup en surface, s’attardant longuement sur la relation complexe qui unit Jean à son mère mais aussi sur les cheveux et le corps de l’actrice. Un corps mis à mal par Paul Bern et les hommes en général mais aussi par les lumières des studios : elle finira, à force de multiplier les teintures à base de javel par perdre ses cheveux et devra arborer des perruques, et sa peau trop fragile et trop fine se couvrira de cloques.

J’ai relevé aussi quelques erreurs à propos de Marilyn et Clark Gable. Gable était l’ami de Jean avec qui il a partagé à plusieurs reprises l’affiche et notamment le dernier film inachevé de la blonde, Saratoga. Il sera le partenaire de Monroe dans Les désaxés, dernier film dans lequel il tournera puisqu’il décédera en 1960 et ne verra donc pas mourir Marilyn deux ans plus tard !

Un roman biographique qui ne manque pas d’intérêt mais pas assez fouillé à mon goût.

Read Full Post »