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Posts Tagged ‘Rentrée littéraire 2017’

Lu dans le cadre du challenge 1 pavé par mois :

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Un matin d’octobre 1941, dans un château sinistre au fin fond du Périgord, Henri Girard appelle au secours : dans la nuit, son père, sa tante et la bonne ont été massacrés à coups de serpe. Il est le seul survivant. Toutes les portes étaient fermées, aucune effraction n’est constatée. Dépensier, arrogant, violent, le jeune homme est l’unique héritier des victimes. Deux jours plus tôt, il a emprunté l’arme du crime aux voisins. Pourtant, au terme d’un procès retentissant (et trouble par certains aspects), il est acquitté et l’enquête abandonnée. Alors que l’opinion publique reste convaincue de sa culpabilité, Henri s’exile au Venezuela. Il rentre en France en 1950 avec le manuscrit du Salaire de la peur, écrit sous le pseudonyme de Georges Arnaud.
Jamais le mystère du triple assassinat du château d’Escoire ne sera élucidé, laissant planer autour d’Henri Girard, jusqu’à la fin de sa vie (qui fut complexe, bouillonnante, exemplaire à bien des égards), un halo noir et sulfureux. Jamais, jusqu’à ce qu’un écrivain têtu et minutieux s’en mêle…

Avant d’ouvrir ce roman, je n’avais jamais entendu parler de Henri Girard : sa vie son œuvre comme on dit m’étaient totalement inconnues. Mais j’avais adoré Sulak lu pour le prix ELLE des lectrices 2014, année où j’étais jurée, et surtout le style de Philippe Jaenada.

J’étais donc emballée à l’idée de retrouver ce romancier dont La petite femelle est aussi dans ma PAL et je dois dire que ces retrouvailles ont été à la hauteur de mes espérances.

Philippe Jaenada reprend un fait divers retentissant à l’époque mais totalement oublié de nos jours : celui du massacre à la serpe en pleine nuit de Georges Girard, sa sœur Amélie et de Louise, leur bonne, dans leur château d’Escoire, dans le Périgord en octobre 1941, soit en pleine période trouble de l’Occupation.

Un seul survivant à ce massacre pendant lequel il ne s’est même pas réveillé : Henri Girard, le fils de Georges et neveu d’Amélie. Le jeune homme âgé de 24 ans a tout à gagner dans cette affaire puisqu’il se retrouve l’unique héritier d’une immense fortune.

L’homme n’a pas bonne réputation et vit aux crochets de sa famille. Dans les environs, on n’aime pas ces châtelains et en particulier le jeune Henri que l’on sait noceur, arrogant et assez violent.

C’est lui qui découvre les corps sans vie et des victimes et qui alerte les métayers du domaine. Les gendarmes arrivent et le mobile des crimes semble évident : l’argent. Amélie avait retiré une forte somme à la banque la veille, somme qui a disparu.

Henri Girard est aussitôt arrêté et écroué. Il attendra près de deux ans son procès et sera défendu par un ténor du barreau : maître Maurice Garçon. Contre toute attente, il sera acquitté mais reste aux yeux de tous, le meurtrier.

Jamais il n’évoquera l’affaire, pas même à ses proches mais ressortira de cette épreuve brisé. Il connaîtra son heure de gloire quelques années plus tard lorsque son roman, Le salaire de la peur, sera porté à l’écran par Henri-Georges Clouzot.

Comment Jaenada en est-il venu à s’intéresser à cette affaire ? Grâce à Emmanuel Girard, le petit-fils de Henri Girard, père d’un camarade de classe de Ernest, le fils de Philippe Jaenada. Il croit en l’innocence de son grand-père et il se montre persuasif : l’affaire ferait un bon sujet pour lui, le romancier se laisse convaincre.

Un fait divers aussi diabolique, un personnage aussi ambigu qu’Henri Girard ne pouvaient en effet laisser Philippe Jaenada indifférent. Enfilant le costume de l’inspecteur amateur (complètement loufoque, mais plus sagace qu’il n’y paraît), il s’est plongé dans les archives, a reconstitué l’enquête et déniché les indices les plus ténus pour nous livrer ce récit haletant dont l’issue pourrait bien résoudre une énigme vieille de soixante-quinze ans.

Pendant plus de 600 pages, Jaenada retrace la vie de Girard de son enfance à sa mort. Puis, il revient sur l’affaire proprement dite et parvient à certaines conclusions que je vous tairai ici. Il mène sur place à Périgueux et au château, lieu du drame, une enquête particulièrement fouillée et rigoureuse.

Au-delà du fait divers, j’adore l’aspect enquête du roman, Jaenada ne nous cache rien de ses recherches et nous régale de ses habituelles parenthèses et digressions sur sa vie avec son épouse et son fils, son quotidien à Périgueux le temps de ses recherches. Il a beaucoup d’humour, d’auto-dérision et sa plume est vraiment très agréable à lire.

Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé ma lecture car ce roman se révèle de bout en bout passionnant ! Certes il faut s’intéresser un tant soi peu aux faits divers et aimer les pavés mais je vous garantis que ce livre en vaut la peine.

Un grand merci à Filippa et aux éditions Julliard pour cette lecture, j’ai adoré.

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À la mort de Muriel, sa mère, Maxime se rend au Pays basque pour les funérailles. Il assiste à la crémation en état de choc et, quand on lui donne les cendres, ne sait pas quoi en faire. Il dépose donc l’urne dans le panier à commissions de sa mère pour emmener celle-ci une dernière fois faire ses courses au marché. Une initiative en forme d’hommage épicurien qui devient embarrassante lorsque, entre les étals de fruits et de poissons, apparaît Maylis, la jolie infirmière qui s’est occupée de Muriel jusqu’à son dernier souffle… Comment lui avouer que celle-ci est au fond du cabas ?

Saint Jean de Luz, Muriel, une journaliste de 60 ans vient de rendre son dernier soupir à l’hôpital, succombant à une maladie en stade terminal, contre laquelle elle luttait depuis un an.

A Paris, Maxime, son fils, chercheur, apprend la nouvelle. Sonné par le décès de sa mère, il contacte les pompes funèbres locales pour organiser les obsèques qu’il programme pour le lendemain.

Il s’y rend seul, malgré la proposition de sa maîtresse qui souhaitait l’accompagner dans ce dur moment. Sur place, il se rend au crématorium à bord du corbillard, avec pour seul compagnon, le maître de cérémonie.

Deux heures plus tard, il récupère l’urne funéraire de Muriel et ne sachant qu’en faire, la glisse dans son panier, l’emmenant pour la dernière fois, faire son marché…

La couverture résume parfaitement la teneur de ce roman. On va suivre, le temps d’une journée, Maxime, qui se rend au pays basque pour l’enterrement de sa mère. Fils unique, n’ayant jamais connu son père, il affronte seul cette situation et doit prendre toutes les décisions attenantes, lui posant un certain nombre d’interrogations sur ce que sa mère aurait voulu.

Tout au long du récit, on suit donc tous ses faits et gestes du moment où il apprend le décès de sa mère à la fin de la journée de funérailles, avec en parallèle, les interventions de Muriel depuis l’au-delà, qui nous raconte sa vie, son fils et son ressenti par rapport aux décisions de Maxime au fil de la journée.

Je m’attendais à un roman déjanté mais il n’en est rien. Il y a bien des moments cocasses avec la directrice des pompes funèbres notamment mais Laurent Bénégui nous raconte surtout une histoire toute simple encensant la vie.

Ecrire sur le deuil n’est pas chose aisée sans tomber dans le pathos. L’auteur relève le défi en nous faisant d’un côté l’éloge d’une mère trop tôt disparue et de l’autre, il nous relate une histoire d’amour naissante, à la fois légère et facétieuse.

L’amour tient en effet une place importante dans ce récit mais aussi les plaisirs de la table. Avec Maxime, on sillonne le marché de cette petite ville basque, fleurant bon le foie gras, la charcuterie, le fromage et le piment locaux, on en a plus d’une fois l’eau à la bouche.

La part des anges est un roman singulier mettant en scène un héros qui l’est tout autant, avec un rapport décomplexé par rapport aux cendres de sa mère. Une ode à la vie agréable à lire et que je vous recommande si le sujet vous intéresse.

Un grand merci à Filippa et aux éditions Julliard pour cette lecture touchante et farfelue.

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Les anges gardiens n’existent pas qu’en rêve, le saviez-vous ? Lorsque Julie plonge dans le sommeil, son monde bascule. L’adolescente se retrouve dans la forêt de l’île japonaise d’Hokkaido, reliée physiquement à un petit garçon de sept ans. Abandonné par ses parents, il erre seul, terrifié, et risque de mourir de froid, de soif et de faim. Quel est le lien entre Julie et l’enfant perdu ?

Mai 2016. Lorsque Julie plonge dans le sommeil, elle semble connectée à un petit garçon, seul en forêt.

Au fil de ses rêves, elle côtoie ce garçonnet terrorisé, qui a été abandonné par sa famille sur une île japonaise. Il a faim. Il a froid. Il est terrorisé. Comment Julie peut-elle l’aider ?

Mais ses rêves perturbent Julie qui perd le fil entre virtuel et réel et s’épuise de plus en plus au point d’inquiéter sérieusement ses parents…

Vous vous souvenez sûrement d’un fait divers qui avait fait le tour de la planète en mai 2016. Un jeune garçon de 7 ans, apparemment insupportable, avait été laissé par ses parents dans la forêt de Hokkaido, une île inhabitée, peuplée de créatures sauvages comme des ours.

Pendant six jours, les autorités japonaises avaient cherché Yamoto qui avait trouvé refuge dans une base militaire désaffectée. Eric Pessan s’est servi de ce fait divers tragique qui heureusement s’est bien terminé pour son dernier roman intitulé Dans la forêt Hokkaido.

On va suivre pendant une centaine de pages ce petit garçon japonais qui ne comprend pas comment ses parents ont pu l’abandonner et Julie, une adolescente française, qui mène une vie tranquille avec ses parents et son grand frère. Son père, conseiller municipal dans l’opposition, se préoccupe beaucoup d’humanitaire, allant jusqu’à accueillir trois jeunes migrants qui ont fui la dictature érythréenne.

Ce court roman destiné aux 14 ans et plus aborde donc plusieurs thématiques très intéressantes comme la maltraitance parentale car notre jeune héroïne n’arrive pas à comprendre, nous non plus, comment des parents en arrivent, pour donner une bonne leçon à leur enfant, à le laisser même quelques minutes, seul au beau milieu d’une forêt, au risque qu’il serve de déjeuner aux animaux sauvages.

Eric Pessan aborde également le sujet ô combien d’actualité des migrants à travers les personnages de Ghirmay, Nahom et Natnael qui ont fui leur pays d’origine où ils n’avaient aucune liberté pour le pays des droits de l’homme.

Des thématiques bien abordées, qui nourrissent un certain nombre de réflexions et que j’ai trouvé habilement introduites par l’auteur, des thèmes nécessaires et actuels qu’il est important d’expliquer aux jeunes lecteurs, une initiative que l’on ne peut que saluer.

J’ai en revanche eu du mal avec le côté surnaturel du roman qui donne une touche mystérieuse et intrigante au récit mais que j’ai trouvé trop brouillon et qui n’a pas su m’émouvoir.

Je suis plutôt restée en marge de cette histoire en partie à cause des réactions de Julie qui ne m’a pas touchée et de cette dose de surnaturel qui avec moi n’a pas fonctionné mais qui peut je pense plaire aux adolescents.

Vous l’aurez compris, malgré mes bémols, Dans la forêt de Hokkaido est un bon roman qu’il est important de mettre entre toutes les mains afin de familiariser jeunes et moins jeunes avec le problème des migrants et celui de la maltraitance parentale.

Un grand merci à Coline et aux éditions Ecole des Loisirs pour cette lecture singulière et pleine d’intérêt.

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« Frappe-toi le coeur, c’est là qu’est le génie », Alfred de Musset.

1971. Quelque part en province, Marie a 19 ans. Blonde et élancée, Elle est jolie, elle fait des envieuses et elle en est ravie. Elle a toute la vie devant elle et pour l’heure, elle étudie le secrétariat.

Les garçons de la ville lui font une cour assidue et elle jette son dévolu sur le plus beau d’entre eux, Olivier, étudiant en pharmacie. Elle ne l’aime pas mais qu’importe, il lui assure qu’un jour elle finira par l’aimer.

Elle succombe à ses avances, histoire de faire comme tout le monde et tombe enceinte. Olivier est ravi, les deux familles aussi et les voilà mariés un mois plus tard.

Si tout son entourage est heureux, ce n’est pas le cas de Marie, qui vit très mal cette grossesse et fait d’ailleurs comme si son ventre n’abritait aucun petit être. Après un douloureux accouchement, elle ne ressent que de la froideur envers sa fille Diane.

Olivier est au comble du bonheur, les parents de Marie aussi et tous de s’extasier devant la beauté de ce cher ange. Mais Marie reste de marbre et n’accorde pas un regard à sa fille. Pire, elle la jalouse atrocement…

A chaque rentrée, Amélie Nothomb nous propose un court roman de son cru, il y a de bonnes années et d’autres nettement moins. Ma dernière lecture de cette romancière prolifique, Riquet à la houppe, sa cuvée 2016, m’avait convaincue, j’ai donc été ravie de recevoir Frappe-toi le cœur, que j’ai trouvé très réussi.

L’autrice belge aborde avec ce titre la difficile et délicate relation mère/fille mais aussi et surtout la beauté, la jalousie et la convoitise de la beauté physique à travers le personnage de Diane, rejeté par sa mère et qui se construit avec ce rejet pour devenir une enfant puis une adulte incroyablement mature.

Amélie Nothomb, met en tout premier lieu l’accent sur le problème de l’indifférence maternelle, Marie fait clairement un post-partum et aurait eu besoin d’un suivi, à une époque où l’on méconnait cette difficulté qu’ont certaines femmes à devenir mère. Marie rejette son aînée mais accueille avec beaucoup d’amour son second enfant, puis avec démesure son autre fille, qui étouffe sous l’amour maternel.

Autant de thématiques très intéressantes bien servies par la plume intelligente d’Amélie Nothomb toujours aussi vive, avec des phrases courtes comme écrites au scalpel et non dénuées d’humour.

L’histoire aurait pu tourner en rond mais heureusement arrive une amie dans la vie adolescente de Diane, Elisabeth Deux et surtout un personnage capital dans la vie de Diane étudiante : Madame Aubusson, l’un de ses professeurs à la fac de médecine, chercheur en cardiologie.

Et à ce moment-là, on ne peut plus lâcher le livre jusqu’à la chute finale, totalement inattendue.

Un roman noir, glaçant, incisif et machiavélique qui m’a tenu en haleine du début à la fin. Un quasi coup de cœur.

Vous l’aurez compris, le nouveau Nothomb est un très bon cru et je ne peux que vous recommander Frappe-toi le coeur, que vous aimiez Amélie Nothomb ou pas, il est excellent !

Un grand merci à Ophélie et aux éditions Albin Michel pour cette très belle lecture !

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