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Posts Tagged ‘roman biographique’

Lu dans le cadre du challenge 1 pavé par mois

Christine Kerdellant est journaliste. Directrice de la rédaction de L’Usine nouvelle après avoir été directrice adjointe de la rédaction de L’Express et directrice de la rédaction du Figaro Magazine, elle participe régulièrement à des débats télévisés et notamment à C dans l’air. Elle a écrit une quinzaine d’essais et de romans, dont Alexis, biographie romancée d’Alexis de Tocqueville.

Ingénieur et inventeur de génie, Gustave Eiffel a bâti des édifices sur toute la planète, de la statue de la Liberté au viaduc de Garabit, de la gare de Budapest au pont de Porto. Il a connu la gloire et la descente aux enfers, les têtes couronnées et la prison.

La construction de la Tour, clou de l’Exposition universelle de 1889, a constitué une incroyable aventure humaine et Gustave a dû se battre pendant vingt ans pour que son œuvre ne soit pas démolie.

Patron social avant l’heure, capable de risquer sa vie pour sauver un ouvrier de la noyade, il est devenu à soixante-dix ans un pionnier de la météorologie et de l’aéronautique, au point que ses découvertes lui ont valu l’équivalent du prix Nobel.

Veuf à quarante-cinq ans, il vouait un culte à sa fille Claire, mais n’a jamais oublié son amour de jeunesse, Adrienne Bourgès, retrouvée sur le tard.

Tout le monde connaît la tour Eiffel, mais personne ne connaît vraiment Gustave Eiffel, sa vie, son oeuvre car la tour a éclipsé l’homme, mondialement connu et reconnu de son vivant.

Avec La vraie vie de Gustave Eiffel, Christine Kerdellant, nous retrace le destin d’un homme hors du commun par son intelligence et son charisme, qui a marqué son époque.

Cette biographie romancée dévoile un personnage fascinant et pourtant méconnu, dont la créativité et les exploits industriels ont fait rayonner l’image de la France dans le monde entier.

En cinq cents pages, l’autrice qui s’est formidablement bien documentée, retrace l’existence de l’ingénieur Gustave Bönickhausen dit Eiffel depuis la cellule de sa prison où l’a conduit le scandale de Panama et où il commence la rédaction de ses mémoires.

On découvre Eiffel à différentes étapes de sa vie, de son enfance à ses études d’ingénieur, de sa rencontre avec sa femme et mère de ses cinq enfants, à la construction de sa grande oeuvre : la Tour inaugurée lors de l’exposition universelle de 1889.

Tout au long du récit, nous sommes aux côtés d’Eiffel, assistons à ses différentes réalisations, à sa bataille pour imposer et sauvegarder sa Tour qui devait être détruite sitôt les portes de l’exposition universelle refermées. On découvre sa modernité, sa poigne de fer mais aussi son humanisme, son engagement social envers ses employés.

L’autrice nous dit aussi tout des relations uniques qu’a noué Gustave Eiffel avec les femmes de sa vie : ses amours de jeunesse, son épouse Marguerite trop tôt disparue, sa soeur Marie et sa fille ainée Claire qui va régenter la maisonnée de son père jusqu’à son dernier souffle, sans doute la personne la plus importante de sa vie.

Christine Kerdellant qui connaît bien l’industrie nous offre ici une biographie romancée qui n’occulte jamais les détails techniques par ailleurs passionnants et qui reste agréable, facile à lire tout en étant riche d’enseignements. Si vous souhaitez découvrir la vie de Gustave Eiffel, je ne peux que vous la conseiller.

Un grand merci aux éditions Robert Laffont pour cette lecture passionnante !

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Évelyne Brisou-Pellen est née en Bretagne et, hormis un petit détour par le Maroc, elle y a passé le plus clair de son existence. Elle a écrit beaucoup de contes et de romans, publiés chez divers éditeurs (Gallimard, Bayard, Hachette, Rageot, Nathan, Pocket, Milan, Casterman, Flammarion, Millefeuille, Belin…) Elle est notamment l’autrice de la série « Le Manoir’ chez Bayard Jeunesse, dont les six tomes de la première saison se sont vendus à plus de 184 000 exemplaires à ce jour.

Sacré phénomène, Isadora Duncan ! À six ans, elle improvise une petite école de danse, à onze, elle donne de vrais cours, inventant ce qui deviendra la danse moderne.

En attendant le succès, malgré son jeune âge, elle doit faire des prouesses pour trouver de quoi manger à sa famille (tous des originaux, qu’elle adore !) et de quoi payer le loyer, sous peine qu’ils se retrouvent tous les cinq à la rue…

Isadora Duncan fait partie des icones de la Belle-Epoque qui me fascinent. Il y a plusieurs années de cela, j’avais lu une biographie très complète et découvert une femme libre et indépendante marquée par les deuils, qui connut une fin tragique.

Avec Danse, Isadora ! Evelyne Brisou-Pellen revient sur l’enfance de la danseuse américaine, de sa découverte de la danse à son départ pour l’Europe où elle va connaître la gloire.

Un peu court pour ceux qui souhaitent se familiariser davantage avec la carrière d’Isadora mais idéal pour les jeunes lecteurs à qui est destiné ce texte, qui découvriront une femme hors du commun et un message : croyez en vous et en vos rêves, ils se réaliseront !

L’histoire plaira aux 12 ans et plus qui s’apercevront que l’enfance d’Isadora ressemble un peu à la leur. Née en 1877 à San Francisco, elle est la benjamine de quatre enfants, élevée dans une famille monoparentale éprise d’arts mais pauvre. Elle révolutionne la pratique de la danse par un retour au modèle des figures antiques grecques.

Par sa grande liberté d’expression, qui privilégie la spontanéité, le naturel, elle apporte les premières bases de la danse moderne européenne, à l’origine de la danse contemporaine.

Influencée par son frère Raymond Duncan sur un retour à l’hellénisme et le culte du corps, elle a redonné toute sa place à la beauté, à l’harmonie du corps, osant s’exhiber presque nue, dissimulée seulement par quelques voiles.

Avec cette biographie romancée très bien documentée, Evelyne Brisou-Pellen nous dépeint une enfant puis une jeune fille débrouillarde et courageuse, loin des conventions de son époque.

Pédagogue, elle ouvre, avec sa soeur, une école de danse où les cours sont gratuits, pour populariser son art et se fiche comme d’une guigne de l’argent, elle réinvestit toujours ce qu’elle gagne. L’important pour elle est de se produire, de faire des tournées…

Elle va connaître bien des échecs et des écueils mais saura toujours rebondir. Une figure du début du XXè siècle très intéressante à découvrir et c’est tant mieux qu’Evelyne Brisou-Pellen se soit emparée d’elle pour en faire l’héroïne de ce sympathique roman. J’espère qu’il permettra aux jeunes lecteurs et lectrices, danseurs ou non, de découvrir celle qui a fait entrer la danse dans la modernité.

Un grand merci aux éditions Scrinéo pour cette lecture disponible dès aujourd’hui dans toutes les bonnes librairies.

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Lu dans le cadre du challenge 1 pavé par mois :

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Annabel Abbs s’est imposée comme la nouvelle auteure anglaise de romans biographiques à succès. Son premier titre, The Joyce Girl, a été publié dans huit pays et a reçu le Impress Prize pour les nouveaux auteurs en 2015. Frieda est son deuxième roman.

En 1912, une jeune baronne allemande vivant à Nottingham avec son mari Ernest Weekley, un philologue britannique commet l’irréparable : elle quitte son confortable foyer et ses trois adorables enfants pour vivre son amour.

La décision de Frieda von Richthofen va donner naissance à l’un des plus grands scandales de son temps. Son histoire va inspirer son second mari, D.H Lawrence, son très sulfureux roman L’amant de Lady Chatterley.

Mais qu’est-ce qui peut pousser une femme à quitter ses enfants ? Quel amour peut être plus fort que celui d’une mère ?

A travers la vie de Frieda, Annabel Abbs dépeint avec finesse la condition féminine au début du XXè siècle, époque où la femme avait peu de rôle à jouer. Frieda von Richthofen est la troisième fille du baron Friedrich Ernst Emil Ludwig von Richthofen.

La famille est aisée et évolue dans les meilleurs cercles de Munich jusqu’à ce que le père perde toute leur fortune. Frieda est privée de dot et se marie bien en-dessous de son rang avec un professeur anglais dont le père est pasteur. Elevée dans la foi catholique, elle fait ce que l’on attend d’elle : tenir sa maison et mettre au monde des enfants.

Jusqu’à la visite d’une de ses soeurs qui lui apprend qu’elle mène une vie libre avec son mari, chacun s’épanouissant dans une vie sexuelle débridée avec d’autres partenaires mais aussi dans une vie intellectuelle brillante.

Frieda se rend compte alors combien sa vie est étriquée, coincée entre ses devoirs domestiques et son mari, très prude, qui ne la touche quasiment jamais. Son séjour à Munich va être le déclencheur de sa vie future. Une vie qu’elle veut libre, sans entrave.

Je n’ai jamais lu L’amant de Lady Chatterley et je ne connaissais absolument pas la vie de Frieda et ce personnage m’a séduite. Cette personnalité hors norme est mise en lumière par Annabel Abbs et on découvre une femme exceptionnelle et une histoire d’amour devenue symbole de libération sexuelle.

L’autrice aborde aussi les tourments de l’amour maternel, de la rivalité entre soeurs et d’une vie sacrifiée sur l’autel du génie littéraire. Plus encore qu’une biographie parfaitement documentée, c’est un page-turner bouleversant.

L’histoire s’étend de 1907 à 1914 et si j’ai globalement beaucoup apprécié cette lecture et son héroïne pour laquelle j’ai eu beaucoup d’empathie, j’ai passablement détesté D.H Lawrence, son égoïsme envers Frieda qui contraint sa muse à abandonner ses enfants et qui ne doit aimer que lui, quel horrible personnage et quel sacrifice inhumain à exiger d’une mère !

A travers l’histoire de Frieda, nous suivons la destinée d’une femme moderne à une époque, dans un milieu social et un pays où ce n’était pas acceptable.

Partagée entre son amour de la vie et celui de ses enfants, divisée entre son milieu social d’origine, noble, où les femmes sont également plus libres d’esprit et de corps et celui imposé par son mari, allemande étrangère en Angleterre alors que la guerre approche, Frieda est écartelée face à ses envies et ses choix !

Un portrait passionnant d’une femme moderne et libre, en avance sur son époque et qui en a payé le prix.

Un grand merci aux éditions H.C et à Agnès Chalnot pour cette découverte !

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Guy Goffette est un poète et écrivain belge. Il a été tour à tour enseignant, libraire, éditeur des cahiers de poésie Triangle et de L’Apprentypographe. Il a parcouru nombre de pays d’Europe avant de poser ses valises à Paris où il vit actuellement. Il est lecteur chez Gallimard, où sont édités la plupart de ses ouvrages.

Paris, décembre 1893. La jeune Maria Boursin manque de se faire écraser par un tramway, sauvée de justesse par un jeune peintre qui a le coup de foudre : Pierre Bonnard.

Cette rencontre va être décisive : Maria rebaptisée Marthe de Méligny, c’est le nom d’emprunt qu’elle a endossé en fuyant le Berry, va devenir la muse et le modèle préféré de Bonnard. Et son épouse quelques décennies plus tard.

Pierre Bonnard va inlassablement peindre Marthe nue et dans la splendeur de sa jeunesse même lorsque celle-ci sera depuis longtemps éteinte. Si parmi ses amis les nabis, il n’est pas le plus connu, lui qui a vénéré les impressionnistes, va tracer son chemin personnel à l’écart des avant-gardes qui suivront : fauvisme, cubisme, surréalisme.

Il produit énormément et connaît le succès dès le tournant du siècle. Pour autant, il va peu à peu se couper de ses amis proches tels que Vuillard, Marthe ayant de l’emprise sur lui. La muse est très jalouse et vit volontiers en ermite avec son homme et Bonnard l’accepte même si il a des périodes de voyages qui l’emmène loin de Paris.

Avec Elle, par bonheur et toujours nue et en une centaine de pages, Guy Goffette, de son écriture belle et éminemment poétique, nous raconte Pierre et Marthe Bonnard. Plus volontiers Pierre car Marthe reste un mystère plus de quatre-vingt ans après sa mort, nous ne savons d’elle que bien peu de choses.

J’ai beaucoup aimé ce court récit, petit bijou ciselé, qui nous fait entrer dans l’intimité du peintre que je ne connaissais que de nom. Loin de la biographie classique, Guy Goffette nous donne à lire une évocation toute en finesse, en subtilités, de la vie d’artiste de Bonnard.

On y rencontre ses amis et Marthe, représentée plus de 150 fois dans les oeuvres de son mari. Par petites touches, telles un peintre, l’auteur nous fait entrer dans l’atmosphère feutrée du couple tantôt sur les boulevards parisiens, tantôt dans l’atelier du peintre, dans leur maison normande ou dans leur retraite ensoleillée du Cannet.

J’ai été immédiatement happée par ce récit qui donne une irrépressible envie de revoir toute l’oeuvre de Bonnard. J’ai adoré m’immerger dans le paris bohème de la Belle Epoque, côtoyer les Nabis et Toulouse-Lautrec, me glisser dans cette belle histoire d’amour et de fidélité entre le peintre et sa femme.

Une biographie romancée délicate et poétique que je ne peux que vous conseiller si vous vous intéressez à la peinture !

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De sa vocation de journaliste, Sylvie Dodeller conserve une inaltérable curiosité pour les choses nouvelles. Insatiable arpenteuse des rues du vieux Paris, dévoreuse de romans historiques et de biographies, elle allie dans son écriture la rigueur de l’enquête livresque au travail de terrain. Dans un style accessible et précis, Sylvie Dodeller redonne vie au quotidien d’autrefois, comme cette traversée de Paris tout en senteurs et en éclats de voix dans les rues crottées et gouailleuses du XVIIe siècle et parvient à nous rendre Molière, Léonard de Vinci ou La Fontaine aussi familiers que de vieux copains de collège.

Sophie Germain nait à Paris en 1776 au sein d’une famille bourgeoise. Comme toutes les jeunes filles de sa condition, son éducation se limite aux arts et à la tenue du foyer. Mais Sophie n’a pas l’intention de se marier et voue une passion pour les mathématiques dès l’âge de treize ans, en pleine révolution française, lorsqu’elle découvre dans la bibliothèque paternelle, les écrits de Jean-Etienne Montucla et Etienne Bézout.

Cette discipline, vous vous en doutez, est alors strictement réservée aux hommes, et Sophie Germain va tout apprendre par elle-même. Et cerise sur le gâteau, cette autodidacte va, en dépit de sa condition féminine, se frayer un chemin dans le monde scientifique grâce à sa détermination et son culot.

En 1797, elle se fait passer pour Le Blanc, un étudiant, afin d’obtenir les cours de

Polytechnique. Elle utilise le même pseudo pour correspondre avec les plus grands mathématiciens de son temps et en 1816 devient la première femme récompensée par l’Académie des sciences.

Elle va même laisser son nom à un théorème de mathématiques. Et si de son temps, elle va connaître un joli succès, Sophie Germain va vite retomber dans l’oubli une fois passée de vie à trépas.

Ni biographie à proprement parler, ni essai, ni document, Sylvie Dodeller avec Sophie Germain La femme cachée des mathématiques propose un roman biographique très bien documenté et facile d’accès pour les 12 ans et plus.

Le nom de cette mathématicienne de la fin du XVIIIè / début XIXè ne vous dit probablement rien puisqu’elle fait partie des très nombreuses femmes invisibilisées par les hommes.

Pour ma part, je l’ai découverte lors de mes lectures du très bon document Les insoumises, de la bande dessinée Les découvreuses et de Ni vues ni connues et j’étais vraiment curieuse d’en apprendre davantage sur cette personnalité des Lumières.

Avec un style fluide, l’autrice nous raconte le destin de cette femme hors du commun et réussit même l’exploit à nous divertir avec les mathématiques, ce qui était loin d’être gagné pour moi, vu que je n’aime pas du tout cette matière.

Ce très court roman se dévore, j’ai appris beaucoup de chose sur cette très brillante mathématicienne, sur les débuts de l’école polytechnique et sur les mathématiciens de son époque.

Bien qu’étant du sexe faible comme on disait alors, elle a été reconnue de son temps et a pu s’adonner à sa passion des mathématiques grâce à quelques hommes qui vont l’aider et l’encourager : son père, Antoine Auguste Leblanc qui lui prête son nom et lui donne ses cours de polytechnique, Joseph-Louis Lagrange, professeur à Polytechnique qui va devenir son mentor et quelques autres qui vont l’accueillir dans le cercle très fermé des scientifiques.

Au-delà de la vie de Sophie Germain, Sylvie Dodeller interpelle les lecteurs et lectrices d’aujourd’hui en dévoilant la place des femmes de l’Ancien Régime à celles et ceux qui ne la connaissent pas encore.

Une condition féminine révoltante comme vous le savez probablement puisque la femme était considérée comme une mineure toute sa vie, soumise à l’autorité masculine d’un père, d’un frère, d’un mari ou d’un fils et que cette condition va encore se dégrader avec l’instauration du code Napoléon.

Un roman biographique très intéressant et facile à lire qui a le mérite de mettre en lumière une personnalité méconnue et qui donnera peut-être envie aux jeunes lectrices d’intégrer les filières mathématiques dans lesquelles elles sont encore trop peu nombreuses.

Un grand merci à L’école des Loisirs pour cette lecture de vulgarisation mathématique très intéressante.

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Deux époques entrelacées, deux histoires d’amour qui se confondent en une chasse au trésor fiévreuse et romantique dans les rues de Londres.

1793. Le jeune Chateaubriand s’est exilé à Londres pour échapper à la Terreur. Sans argent, l’estomac vide, il tente de survivre tout en poursuivant son rêve de devenir écrivain.

Un soir, tandis qu’il visite l’abbaye de Westminster, il se retrouve enfermé parmi les sépultures royales. Il y fera une rencontre inattendue : une jeune fille venue sonner les cloches de l’abbaye.

L’inconnue, qui remplace son père souffrant, va lui donner un baiser. Des décennies plus tard, dans ses Mémoires d’outre-tombe, il évoquera le tintement d’un baiser.

De nos jours, le vénérable professeur de littérature française Joe J. Stockholm travaille à l’écriture d’un livre sur les amours de l’écrivain. Quand il meurt, il laisse en friche un chapitre consacré à cette petite sonneuse de cloches.

Joachim, son fils, décide alors de partir à Londres afin de poursuivre ses investigations : qui est la petite sonneuse de cloches ? A-t-elle laissé dans la vie du grand homme une empreinte plus profonde que les quelques lignes énigmatiques qu’il lui a consacrées ? Quelles amours plus fortes que tout se terrent dans les livres, qui brûlent d’un feu inextinguible le coeur de ceux qui les écrivent ?

La petite sonneuse de cloches signe mes retrouvailles avec la jolie plume de Jérôme Attal que j’avais découvert avec L’appel de Portobello Road. Dans son nouveau roman, l’auteur nous propose deux histoires et temporalités en parallèle qui semblent tout d’abord ne rien avoir en commun mais qui finalement, vont se rejoindre sur bien des points.

A notre époque, nous suivons Joachim, un homme sensible et romantique, qui part sur les traces de Chateaubriand pour terminer l’œuvre entreprise par son père. Et en 1793, nous mettons nos pas dans ceux du célèbre auteur romantique François-René de Chateaubriand.

Alors qu’il a déjà séjourné aux Amériques, Chateaubriand s’exile à Londres pour fuir la Terreur qui règne à Paris et qui conduit les royalistes à l’échafaud. Il échappe certes à la guillotine mais pas à la misère.

Jérôme Attal s’attache à nous montrer le quotidien misérable de l’auteur et des exilés qui connaissent alors le froid et la faim. Le futur auteur de La vie de Rancé, Attala et René a alors vingt-cinq ans, promène une silhouette cadavérique dans les rues et venelles infâmes de la capitale anglaise et souffre d’une rage de dents lorsqu’il fait une rencontre qui va le bouleverser, celle d’une sonneuse de cloches.

Joachim, muni du manuscrit de son daddy, va embarquer dans l’Eurostar, partir sur les traces de cet amour fugace et faire lui aussi, une séduisante rencontre.

Ce narrateur a beaucoup d’amour et d’admiration pour son père et nous livre un portrait touchant de celui-ci. Il tient à honorer son travail et va tout faire pour découvrir l’identité de la mystérieuse sonneuse de cloches dont il ne sait pas si elle a réellement existé ou si elle sort tout droit de l’imagination de Chateaubriand.

Sur son chemin, Joachim va rencontrer Damien, un des sonneurs de cloches qui va lui permettre d’accéder à Miss Silsburn, la gardienne des trésors de la bibliothèque de Westminster.

Le récit se teinte alors de suspens et d’un mystère supplémentaire lorsque la bibliothécaire s’aperçoit que le registre de 1793 à 1795 recensant les sonneurs de cloches de Westminster a disparu, vraisemblablement emporté par Mirabel, la bibliothécaire de Marylebone, venue le consulter.

Joachim va se lancer à la poursuite de la voleuse et hanter les lieux fréquentés par Chateaubriand deux siècles auparavant.

Le récit proposé par Jérôme Attal se révèle très agréable à lire, à la fois romantique, poétique, touchant et drôle. Si j’ai aimé la partie contemporaine, les réflexions du narrateur sur l’amour, j’ai cependant préféré la partie historique que j’ai trouvé passionnante et bien trop courte, je serai volontiers restée plus longtemps en compagnie de Chateaubriand.

Un grand merci aux éditions Robert Laffont pour cette lecture romantique, j’ai adoré.

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Après la publication du très remarqué L’Embaumeur, lauréat de deux prix, Isabelle Duquesnoy revient avec un nouveau roman érudit et jubilatoire. Fascinée par la figure de Constanze Mozart, elle y a travaillé vingt ans.

5 décembre 1791, Wolfgang Mozart meurt. Accablée de tristesse mais surtout de dettes, Constanze Mozart reste avec ses deux fils mais ne se laisse pas abattre pour autant et décide de travailler à la postérité de l’œuvre de l’artiste.

Elle se révèle alors une femme de poigne et, dans cette quête de reconnaissance et d’argent, rien ne semble l’arrêter. Pour rembourser les créanciers, Constanze va vendre, à la hâte, les compositions de Mozart et réquisitionne un des anciens élèves de feu son époux pour terminer le Requiem inachevé, empochant au passage l’argent de la commande.

Elle rebaptise son plus jeune fils Wolfgang Amadeus II et le force à monter sur scène. L’enfant n’est pas aussi doué que son père, mais qu’importe ! Il se ridiculise, vit mal l’entêtement de sa mère.

Enfin, pour s’assurer une situation, elle se remarie avec un diplomate danois qui ne partage jamais son lit et risque la peine de mort pour ses mœurs sexuelles. Elle vécut ainsi toutes ces années après la mort du compositeur, pendant lesquels elle inventa le système de propriété intellectuelle, créa un festival dédié à Mozart, érigea des monuments et remit la musique de son défunt mari au goût du jour.

Isabelle Duquesnoy nous propose avec La redoutable veuve Mozart un formidable roman historique qui nous dresse le portrait de Constanze Mozart du jour où le compositeur autrichien succombe à la fièvre jusqu’au seuil de sa propre mort.

Je ne connaissais Constanze Mozart qu’à travers le film de Milos Forman, Amadeus. Autant dire que je ne savais rien et j’ai découvert sous la plume de la romancière, une femme d’une très grande modernité, bien éloignée du personnage frivole du film.

Frivole, elle l’était un peu, elle le confesse volontiers car elle adorait la mode et les colifichets français, elle était dépensière également mais elle s’est surtout révélée une remarquable femme d’affaires, d’une grande intelligence, qui s’est démenée tout au long des cinquante et un ans pendant lesquels elle a survécu à son époux, pour faire vivre son œuvre, pour qu’il continue à être joué, loué à Vienne et à Salzbourg.

L’ouvrage est un long monologue de Constanze, veuve de Mozart adressé à son fils ainé Carl, en aucun cas une biographie du génie qu’était son mari. Le rythme est donc assez lent, il y a beaucoup d’introspection et peu de dialogues mais cela ne m’a gênée.

Très bien documenté et immersif, ce roman s’attache à nous dévoiler la femme qu’était Constanze, une femme pas réellement attachante, dure et distante avec ses fils, l’époque est très différente d’aujourd’hui, et il était difficile pour une femme d’élever seule ses enfants, tant la peur d’en faire des invertis était grande.

Si Constanze a beaucoup d’amour pour son mari tout au long de son existence, elle ne porte pas dans son cœur les compositeurs, notamment Salieri et Beethoven et affichera une grande animosité envers sa belle-sœur Nannerl jusqu’au décès de celle-ci.

Très bien écrit, cette histoire romancée mais où tout est vrai, se révèle passionnante de bout en bout. J’y ai découvert une femme forte et intransigeante, moderne mais surtout une femme terriblement amoureuse, inconsolable par la perte de son mari et qui va remuer ciel et terre pour que son homme ne sombre pas dans l’oubli. Un destin extraordinaire et romanesque d’une femme d’une grande modernité pour son époque qu’Isabelle Duquesnoy a mis vingt ans à écrire.

Pour conclure, un roman érudit que je vous conseille vivement, que vous aimiez Mozart ou non, la plume d’Isabelle Duquesnoy vaut à elle seule le détour !

Un grand merci aux éditions La Martinière pour cette très belle lecture, j’ai adoré.

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On n’aura jamais été aussi proche de Gustave Courbet que dans ce roman où il est saisi dans les yeux d’une femme. Comme par enchantement, ses toiles les plus célèbres s’éclairent soudain d’un jour nouveau, passionnant.

Que reste-t-il du premier grand amour de Gustave Courbet, Virginie Binet, une douce Dieppoise qui l’accompagna vers la gloire pendant plus de dix ans, et du fils qu’elle lui donna ?

Rien, presque aucune trace, à l’exception de quelques tableaux où la compagne et la muse pose pour son grand homme. Toute la correspondance amoureuse de Courbet a été détruite.

Il faut aller chercher sous les couches de peinture, comme dans L’Homme blessé où Gustave effaça l’aimée, scruter les détails des tableaux pour distinguer, parfois, une silhouette perdue…

Virginie, modèle abandonné, et le petit Émile Binet, le fils de Courbet qu’il n’a jamais reconnu, ressuscitent entre ces pages. Des appartements parisiens où ils vivent avec Courbet, taraudé par sa quête du succès, on entend le vacarme du XIXe siècle, celui des barricades, coups d’État, émeutes, répressions, débats où résonnent les voix de l’ami Baudelaire, de Flaubert, Proudhon, Champfleury, Gautier ou Victor Hugo, vibrant aux funérailles de Balzac.

Lorsque j’ai repéré Le modèle oublié parmi les nouveautés de l’excellente collection Les passe-murailles chez Robert Laffont, je n’ai eu qu’une envie : le lire. Vous savez combien j’aime les romans historiques, les peintres du 19è siècle et comme de Gustave Courbet, je ne savais rien, je pensais en apprendre beaucoup grâce à ce roman.

Ce fut effectivement le cas car Pierre Perrin connaît fort bien son sujet que l’on côtoie de près à travers ses œuvres, ses expositions mais aussi dans ses amitiés avec les artistes de son temps et notamment Baudelaire et Champfleury.

On le suit pas à pas à Paris, à Ornans (sa ville de naissance et de cœur), à Dieppe et dans ses nombreux voyages et pérégrinations car l’homme à la bougeotte !

Très bien documenté, on apprend une foule de choses sur Courbet et sur son époque car l’auteur nous entraine au cœur des bouleversements politiques de ce siècle : la fuite de Louis-Philippe, les barricades, l’avènement de la seconde république puis de l’Empire et enfin la Commune.

Et si Courbet est la figure centrale du roman, Pierre Perrin s’attache surtout à nous dévoiler et à mettre en lumière une femme de l’ombre totalement oubliée : Virginie Binet. De dix ans l’aînée du peintre, cette grande lectrice fut sa plus fidèle alliée, sa muse, sa compagne et la mère de son fils unique.

Si Virginie Binet apparaît comme une femme lettrée, humble, douce et généreuse, toute dévouée à son grand homme, Gustave Courbet ne nous est pas présenté sous un jour favorable. L’homme se révèle colérique, lâche, méprisant égocentrique…

Peu importe, j’ai apprécié découvrir la naissance de plusieurs de ses toiles et notamment Un enterrement à Ornans, Les casseurs de pierre ou L’Après-dînée à Ornans. Pierre Perrin revient également sur les différents scandales qui ont émaillé la carrière de ce peintre réaliste et les commandes qui ont été confiées, notamment L’origine du monde.

Deux bémols toutefois : j’aurai préféré que l’auteur s’attarde davantage sur l’intimité du couple, ce qui doit être compliqué je le conçois vu le peu de matériel à sa disposition et moins sur les évènements politiques qui prennent parfois un peu trop de place.

Je n’ai pas ressenti autant de plaisir à cette lecture que je m’y attendais, sans doute parce qu’il manque un souffle romanesque pour moi et que j’ai besoin d’être happée par l’histoire pour ressortir conquise de ma lecture. J’ai eu parfois l’impression que l’auteur étalait un peu trop ses connaissances (name dropping notamment) et qu’il n’a pas su choisir entre biographie pure et roman, ce qui est son droit bien sûr.

Un titre intéressant néanmoins pour celles et ceux qui souhaitent approfondir leurs connaissances sur Gustave Courbet, je leur conseille de le découvrir peu à peu et non d’une traite pour éviter l’indigestion.

Je remercie Les éditions Robert Laffont pour leur confiance.

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Jeanne Hébuterne est une jeune fille quand, en 1916, elle rencontre Amedeo Modigliani. De quinze ans son aîné, il est un artiste « maudit », vivant dans la misère, à Montparnasse. Elle veut s’émanciper de ses parents et de son frère, et devenir peintre elle aussi. Ils tombent fous amoureux. De Paris à Nice – où ils fuient les combats de la Première Guerre mondiale –, ils bravent les bonnes mœurs et les interdits familiaux. Mais leur amour incandescent les conduit aux confins de la folie.

Décembre 1916. Dans la pénombre d’un escalier, Jeanne Hébuterne tombe amoureuse d’Amedeo Modigliani. C’est le coup de foudre immédiat.

Fille d’un mercier catholique, la jeune fille âgée de 17 ans suit des cours à l’Académie Colarossi et peint modestement. De quinze ans son aîné, le juif italien est un artiste maudit.

Elle vit encore dans l’appartement familial au 5è étage d’un immeuble bourgeois, il mène une existence dissolue entre son atelier, les cafés parisiens, ses amis et les prostituées.

Elle abandonne tout pour le suivre. La passion les emporte, destructrice jusqu’à la folie et la mort…

Je suis Jeanne Hébuterne c’est l’histoire de la folle passion entre Jeanne Hébuterne et Amedeo Modigliani. Si j’aime beaucoup ce peintre de l’Ecole de Paris, je ne sais rien de sa vie ni de celle qui fut sa muse et la mère de sa fille Jeanne.

Olivia Elkaim nous propose ici de lire le journal intime fictif de la jeune fille surnommée « Noix de coco » en raison de son teint blanc laiteux et de ses cheveux châtain aux reflets roux. Et si elle réalisa quelques tableaux avant de mettre fin à ses jours au surlendemain de la mort de Modigliani, enceinte de neuf mois, elle est surtout connue, de nos jours, en raison de sa relation amoureuse avec Amedeo Modigliani.

Sous la plume de la romancière, Jeanne nous livre son quotidien et raconte sa passion pour Modigliani. Sur le papier, ce roman avait tout pour me plaire : j’adore cette période historique, les romans biographiques et j’étais curieuse de découvrir cette folle histoire d’amour qui a conduit Jeanne au désespoir.

Malheureusement, je ressors de cette lecture déçue en dépit de ses atouts. L’auteure s’est indéniablement documentée sur le couple, le replace dans son époque, dans la société violemment antisémite, nous fait rencontrer les artistes de Montmartre et de Montparnasse, que Modigliani a côtoyé notamment Soutine, Brancusi, Cendrars, Picasso…

La jeune fille si sage, abandonne sa vie bourgeoise pour mener une vie de bohème misérable car les toiles de Modigliani font scandale mais ne se vendent pas et l’argent que la mère du peintre envoie repart en drogues, boissons et prostituées.

Jeanne accepte tout, s’accroche à l’artiste maudit qui brûle la chandelle par les deux bouts se sachant condamné à court terme par la tuberculose. Ce qui ne l’empêche pas d’être tiraillée entre sa famille, notamment son cher Brother André, et l’homme qu’elle aime, qui lui reproche d’être une bourgeoise alors qu’il n’aime que les femmes libres.

Je m’attendais à un texte évidemment romancé mais avec une colonne vertébrale, présenté de façon fluide et linéaire, ici il n’en est rien. Nous sommes dans la tête, dans les pensées confuses de Jeanne Hébuterne, faites de phrases courtes mises à la suite les unes des autres, et je n’ai pas aimé cette construction.

Je comprends le choix de l’auteure qui part sur un territoire presque vierge car l’on ne connaît pas grand chose de Jeanne qui n’a laissé qu’une poignée de toiles derrière elle, découvertes par hasard dans l’atelier de son frère André, peintre lui aussi.

Quelle est la part du réel et du romanesque dans ce récit ? Je ne le sais pas mais je suis passée à côté de Je suis Jeanne Hébuterne, j’ai buté contre le style d’Olivia Elkaim qui ne m’a pas séduite et le schéma narratif trop confus pour moi. Ce portrait de femme, cette quête de l’indépendance, deux thèmes qui me sont pourtant chers, ne m’ont pas emporté mais ennuyé.

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Lu dans le cadre du challenge 1 pavé par mois  :

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1980, un château au nord de la Catalogne. Une vieille femme s’apprête à mourir, les miroirs de sa chambre recouverts de voiles. Car Gala, née en Russie en 1894, n’est pas prête à affronter l’outrage du temps. Elle préfère revisiter sa vie : son enfance solitaire dans la haute société russe, son séjour dans un sanatorium et sa rencontre fulgurante avec le jeune Paul Éluard, leur correspondance enflammée, la grossesse chaotique, les amours débridées, le cercle des surréalistes, les fêtes, les premiers orages, la décision qu’elle prendra de rendre à Paul sa liberté. Et Salvador Dalí, celui qu’elle pressent comme le plus grand peintre du siècle, qu’elle épousera en 1952 et pour qui elle sera tout – son agent, son épouse et sa source intarissable d’inspiration.

1980 château de Pubol. Cécile Eluard attend devant les grilles de la propriété, elle souhaite voir sa mère Gala, mais celle-ci, qui n’a jamais eu l’instinct maternel, l’a rayé de sa vie bien des années auparavant. Elle refusera une fois de plus de croiser le regard de sa fille.

1912 Elena Ivanovna Diakonova a quitté Kazan pour le sanatorium de Clavadel à Davos afin d’y soigner sa tuberculose. Ce séjour va bouleverser sa vie car son chemin va croiser celui de Paul Eluard, venu soigner sa tuberculose lui aussi.

Au moment de se quitter, ils se jurent un amour éternel et une fois rentrée en Russie, la future Gala n’aura de cesse d’entretenir la flamme à travers ses lettres car elle n’a qu’une idée en tête, se faire épouser par le futur poète.

Passionnée d’astrologie, elle sait que son avenir sera grand et bien loin de sa Russie natale. Elle finit par l’épouser en 1917 et tentera de le propulser à la tête du courant des surréalistes, en vain.

Au bout de quelques années, la jeune femme est lasse du poète et finit par jeter son dévolu sur Max Ernst puis sur Salvador Dali…

Comme vous le savez peut-être, j’ai une fascination certaine pour la figure de la muse, qui, par son tempérament, sa beauté, son talent, son magnétisme, a subjugué des génies, et permis, favorisé, accompagné la création de très grandes œuvres picturales et photographiques notamment.

J’avais beaucoup aimé l’an dernier La vie rêve de Gabrielle consacrée à Gabrielle Renard, muse des Renoir père et fils, deux artistes que j’affectionne. Bien que n’ayant pas d’intérêt particulier pour Paul Eluard et Salvador Dali, j’étais néanmoins intriguée par Gala, leur épouse respective, et j’ai donc plongé tête baissée dans Gala-Dali.

Cette biographie romancée signée Carmen Domingo se penche sur l’une des femmes les plus charismatiques, les plus importantes et pourtant les plus mystérieuses de l’aventure culturelle du XXe siècle.

Gala était avant tout une femme libre, cet aspect-là de sa personnalité m’a beaucoup plu. Affranchie des codes et convenances de son époque, elle n’aura jamais peur de choquer pour mener la vie qu’elle souhaite, multipliant les amants qu’elle jettera après usage.

Ceci mis à part, cette femme est un concentré de tout ce que je n’aime pas : totalement égocentrique, elle ne va pas hésiter à se servir de l’amour que Paul Eluard lui porte pour le plumer à son profit et à celui de Max Ernst et Salvador Dali.

Narcissique, elle ne cessera d’être amoureuse d’elle-même, de se vouer un culte et refusera de se voir vieillir.

Ayant manqué d’argent pendant une grande partie de sa vie, elle se révèle pingre et toujours prête à vivre aux crochets des autres même lorsqu’elle aura connu la fortune avec Salvador Dali.

Quant à sa haine pour sa fille, j’avoue qu’il m’est impossible de la concevoir même si je peux comprendre qu’on ne puisse avoir l’instinct maternel et que l’époque ne permettait pas de contrôler sa fécondité comme on peut le faire aujourd’hui.

Au-delà de Gala (que je n’ai pas aimé vous l’aurez compris), j’ai apprécié le contexte et notamment toute la période où elle est aux côtés de Paul Eluard que j’ai trouvé très attachant et à l’exact opposé de celle qui restera le grand amour de sa vie, acceptant les ménages à trois avec Ernst et Dali, par crainte de la perdre, en vain.

Gala, femme de tête vénale, va finir par quitter le poète pour Dali, encore inconnu. Elle sera à la fois sa femme, sa mère, son attachée de presse, son mentor, son agent. Dali apparaît ici comme un enfant, incapable de prendre une décision seule, de se confronter au réel, et pendant plusieurs décennies, incapable de vivre sans sa muse.

Ce drôle de mariage, apparemment jamais consommé, conviendra à Gala, femme glaçante et calculatrice, qui lui permettra d’obtenir un certain statut international.

Si vous vous intéressez à Paul Eluard, à Salvador Dali ou à Gala, je ne peux que vous recommander Gala-Dali, une biographie romancée absolument passionnante.

Un grand merci à Anne et aux Editions Presse de la Cité pour ce portrait de femme !

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