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Posts Tagged ‘roman gothique’

Moins connue par la postérité que son père Théophile, Judith Gautier (1845-1917) côtoie tout au long de sa vie le Paris artistique de la Belle Epoque. Tour à tour poétesse, romancière, journaliste et traductrice, elle est la première femme à être devenue membre de l’académie Goncourt.

Gilbert, lieutenant de marine, est en permission, pour se rétablir après une maladie. Mélancolique, il trouve la vie ennuyeuse et pense que rien ne peut toucher son coeur, lorsqu’il croise le chemin d’Isoline et en tombe amoureux.

De son côté, la jeune fille, qui vit isolée dans un château où son père refuse de lui parler et évite tout rapport avec elle, pense n’avoir plus rien à espérer de la vie.

Sa rencontre avec Gilbert va changer ses perspectives et la relation amicale qu’ils nouent va rapidement se transformer en passion amoureuse. Mais le père d’Isoline ne l’entend pas de cette oreille…

Avec Isoline, Judith Gautier dresse le portrait fascinant d’une héroïne rebelle, qui trouve refuge dans la nature et la lecture.

Ce court roman d’environ 80 pages paru en 1882, fait partie de ces romans gothiques très en vogue au XIXè siècle. Un genre essentiellement féminin et leurs autrices, Ann Radcliffe en tête, sont passées à la postérité sous le terme de Gothiques Females.

Isoline coche en effet toutes les cases du genre : une jeune fille innocente et isolée dans un château perdu dans la campagne, sous le joug d’un père tyrannique qui lui voue une haine féroce depuis sa naissance et où la nature est présente à chaque page.

Cette volonté de se dresser contre le patriarcat va être le moteur d’Isoline, injustement cloitrée depuis le jour de sa naissance et que son père veut maintenir dans sa prison dorée.

Ce texte comme son autrice, fille du prolifique Théophile Gautier (poète, romancier et critique d’art), ne sont pas passés à la postérité et on peut se féliciter que les éditions Librio aient eu la bonne idée d’exhumer quelques courts romans publiés dans leur collection Œuvre du Matrimoine.

Si ce récit reste de facture très classique, la plume de Judith Gautier vaut le détour, ses descriptions du paysage breton sont vraiment belles. Son héroïne Isoline se révèle pugnace et va prendre en main son destin d’une façon très maligne.

Une histoire qui ne me restera pas longtemps en mémoire car l’histoire est trop fugace mais elle fut bien agréable à lire et c’est déjà très bien !

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Malika Ferdjoukh est née à Bougie en Algérie. Ce qui explique le « h » final à son nom (quand on l’oublie, elle a horreur de ça !), et sa collection de chandelles. Elle vit à Paris depuis sa petite enfance. Elle a séché quelques films à la Cinémathèque pour suivre des cours à la Sorbonne. On peut dire qu’elle est incollable sur le cinéma américain, ses dialogues fameux et ses distributions pléthoriques, du western au polar noir, mais son genre adoré reste la comédie musicale dont elle est…

Fin du XIXè siècle. Morgan’s Moore, au nord de l’Angleterre. Ses villageois, ses notables, son unique auberge et ses crimes épouvantables…

Un crime non élucidé reste à ce point mystérieux que Scotland Yard a dépêché sur place le superintendant Tanyblwch et son jeune adjoint, Pitchum Daybright, tout juste diplômé de la Royal School of Studies in Criminology.

Ce dernier voit d’un mauvais oeil les interventions de Flannery, la fille des aubergistes, qui est convaincue de pouvoir les aider dans leur enquête.

Non seulement, Miss-Je-sais-Tout-sur-Tout a la langue bien pendue, mais elle a le chic pour lui faire monter le rouge aux joues. Il faut dire que la demoiselle est une peste fort charmante…

Avec Griffes, Malika Ferdjoukh propose aux adolescents un thriller gothique diablement passionnant et délicieusement frissonnant, dans un petit coin de campagne de l’Angleterre à l’époque victorienne.

J’aime beaucoup la plume de cette autrice, elle a ce talent de conteuse qui m’embarque, peu importe le genre du roman et l’époque à laquelle elle plante son intrigue, j’aime à chaque fois et ce nouveau récit ne fait pas exception, c’est un vrai régal de lecture.

Médium, meurtres, accusés potentiellement innocents, histoires d’amour contrariées, menaces bien présentes, secrets de famille enfouis mais aussi humour, dialogues savoureux et personnages pittoresques, sont les points forts de ce roman à suspens qui tient toutes ses promesses. 

J’ai adoré l’atmosphère gothique que nous propose Malika Ferdjoukh et les petites sueurs froides qu’elle nous occasionne au gré de la lecture. Car mine de rien la tension monte crescendo et on tremble pour nos protagonistes aux prises avec un tueur sans pitié.

L’histoire à la fois sombre et mystérieuse est bien construite et nous tient en haleine jusqu’au bout tant les meurtres relatés tout au long du récit sont intrigants. Des assassinats commis de sang-froid et pour les deux premiers d’entre eux dans des endroits clos à l’arrivée de la police.

Comment diable le meurtrier fait-il pour commettre ses méfaits et quitter les scènes de crime sans qu’on ne sache comment il s’y prend ? Il faudra toute la sagacité de Pinch et de Flannery pour découvrir le fin mot de l’histoire.

Bien malin le lecteur qui parviendra à deviner les tenants et aboutissements de cette série de meurtres. Pour ma part, je n’ai deviné qu’une partie de cette intrigue rudement bien ficelée et j’ai été surprise par les dernières révélations mitonnées par Malika Ferdjoukh.

Une petite pépite, voilà ce qu’est Griffes et j’en profite pour remercier L’école des loisirs pour cette lecture haletante, j’ai adoré et je vous la recommande chaudement !

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Journaliste née dans le comté de Lancashire, Stacey Halls est la nouvelle voix du roman historique anglais. En 2019, son premier roman, Les Sorcières de Pendle, se hisse en tête des meilleures ventes en Grande-Bretagne et connaît un succès international.

Angleterre, 1904. Quand la jeune nurse diplômée Ruby May prend sa nouvelle position auprès de la riche famille de Charles et Lilian England, elle espère un nouveau départ.

Mais alors qu’elle peine à s’habituer à ce nouvel environnement et aux règles austères du château de Hardcastle, il devient évident que la belle et mystérieuse Mme England cache quelque chose.

Exclue par les autres employés de la maisonnée et effrayée par l’entourage de cette étrange famille, Ruby n’a d’autres choix que de confronter ses propres démons afin d’empêcher l’histoire de se répéter.

Après tout, la famille parfaite n’existe pas, et elle en sait quelque chose…

Souvenez-vous, il y a deux ans j’avais eu un gros coup de coeur pour Les sorcières de Pendle, le premier roman de l’anglaise Stacey Halls et l’an dernier j’avais beaucoup aimé L’orpheline de Foundling. Aussi, lorsque La nurse du Yorkshire est paru, je n’ai pas été longue à succomber à la tentation, et aussitôt acheté, aussitôt lu !

J’ai beaucoup beaucoup aimé cette lecture qui a pour cadre cette demeure isolée de la région industrielle du Yorkshire du début du XXè siècle. L’histoire est très bien documentée, pleine de suspens et tient toutes ses promesses jusqu’au point final.

Comme dans ses précédents romans, l’histoire repose sur deux femmes très différentes, l’une appartenant au peuple, l’autre à la bonne société et met en lumière la condition féminine de l’époque. Les ressemblances s’arrêtent là car les trois récits portent sur des thématiques fortes mais très dissemblables.

Stacey Halls nous propose donc une fois encore une histoire vraiment prenante, j’ai été happée dès les premières pages, bien ferrée par le style fluide de l’autrice, les péripéties du récit porté par des personnages intéressants et bien dessinés.

Ce dernier roman est nettement moins sombre que les précédents, c’est néanmoins un bon roman gothique avec ce manoir isolé, la forêt environnante et les mystères qui entourent cette famille qui semble si bien sous tous rapports.

L’héroïne est prise entre les rebondissements et les mensonges de cette famille. Stacey Halls fait monter la tension crescendo jusqu’aux révélations des secrets des deux femmes.

Les apparences sont trompeuses, notre héroïne va l’apprendre mais dissimule elle aussi bien des secrets qui m’ont réellement surprise lorsque Stacey Halls nous les dévoilent.

J’ai refermé ce roman totalement séduite par cette histoire, son atmosphère ténébreuse, sa construction, ses personnages, Stacey Halls a un réel talent de conteuse et je n’ai qu’une hâte : découvrir son quatrième roman dès qu’il sera paru !

Si vous aimez les romans historiques bien construits et documentés, les destins de femmes, je ne peux que vous recommander les romans de Stacey Halls !

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Susan Fletcher est née à Birmingham. Un jardin de mensonges est son cinquième roman, après Les Reflets d’argent, Un bûcher sous la neige, Avis de tempête et La Fille de l’Irlandais, succès critique et commercial qui a reçu le très prestigieux prix Whitbread dans son pays d’origine. L’auteure a également reçu le prix Coup de coeur 2013 du festival Saint-Maur en Poche pour l’ensemble de son oeuvre.

Londres, 1914. Atteinte de la maladie des os de verre, Clara vit recluse depuis toujours, choyée par une mère qui lui raconte le monde. À sa mort, la jeune femme prend son destin en main et s’initie clandestinement à la botanique aux Kew garden.

Elle est bientôt engagée par Mr Fox pour créer sur son domaine une serre de plantes exotiques. Mais, à peine arrivée à Shadowbrook, elle ressent un étrange malaise. Le mystérieux maître des lieux brille par son absence, la gouvernante est terrifiée, et une présence semble hanter les couloirs de la demeure, où les fleurs fanent en quelques heures, les parquets craquent et les tableaux volent des murs…

Il y a quelques années de cela, j’avais découvert Susan Fletcher lors de ma lecture d’Un bûcher sous la neige, un roman singulier qui m’a beaucoup marquée, et comme j’affectionne les romans gothiques, je ne me suis pas fait prier longtemps avant de découvrir son dernier titre : Un jardin de mensonges.

Avec ce roman, brillant hommage aux romans gothiques, Susan Fletcher nous montre que si certains fantômes hantent les demeures, d’autres préfèrent les cœurs. C’est aussi le récit de l’émancipation de son étrange héroïne à la peau diaphane, une femme qui tente de reprendre possession de sa vie et de son corps.

Une grande demeure, une héroïne atypique, de l’émancipation, des fantômes et des secrets de famille : voilà le combo gagnant que nous propose Susan Fletcher.

J’ai beaucoup aimé cette histoire qui m’a occasionné pas mal de surprises car je ne m’attendais pas au tournant qu’a pris l’histoire. Clara, atteinte de la maladie des os de verre, est très intéressante : elle est vive et intelligente, très instruite, possède un franc parler et détonne en cette année 1914, dans cette société anglaise encore corsetée car elle est athée, travaille, voyage seule…

Les personnages qui la côtoient sont intéressants même si je les trouve pas assez approfondis, ils sont bien dessinés et ont tous leur importance dans cette histoire pleine de rebondissements.

Nous suivons donc Clara dans son enquête sur les manifestations nocturnes qui terrifient les bonnes et la gouvernante. Je me suis rapidement doutée de l’origine des incidents et des troubles qui les entourent mais je ne me suis jamais doutée du mobile, bien joué Mrs Fletcher !

Mon bémol, cependant, et qui justifie que bien que j’ai beaucoup aimé, ce ne soit pas un coup de cœur, tient à la narration, trop longue et descriptive à mon goût, et bourrée de répétition.

J’ai malgré tout aimé cette immersion dans ce domaine anglais et découvrir ses extérieurs. Les parties botaniques de ce roman sont très intéressantes et très bien écrites mais un peu trop longues à mon goût. Le dénouement, si il m’a surpris, m’a aussi laissé perplexe.

Je ressors néanmoins plutôt séduite par l’ambiance, l’histoire générale et les personnages et je vous conseille cette lecture si vous aimez les romans gothiques !

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Originaire de Clermont-Ferrand, Cécile Coulon publie son premier livre à seize ans. Depuis, elle ne cesse de nous surprendre, de nous émerveiller. En quelques années, elle a publié sept romans dont Une bête au paradis, un grand succès de librairie, récompensé par le prix littéraire du Monde, et deux recueils de poèmes dont l’un a reçu le prix Apollinaire en 2018. Cécile Coulon est également éditrice à l’Iconopop, une collection de textes brefs et poétiques à l’Iconoclaste.

« Le domaine Marchère lui apparaîtrait comme un paysage après la brume. Jamais elle n’aurait vu un lieu pareil, jamais elle n’aurait pensé y vivre. »

C’est un mariage arrangé comme il en existait tant au XIXe siècle. À dix-huit ans, Aimée se plie au charme froid d’un riche propriétaire du Jura.

Mais très vite, elle se heurte à ses silences et découvre avec effroi que sa première épouse est morte peu de temps après les noces. Tout devient menaçant, les murs hantés, les cris d’oiseaux la nuit, l’emprise d’Henria la servante.

Jusqu’au jour où apparaît Émeline. Le domaine se transforme alors en un théâtre de non-dits, de désirs et de secrets enchâssés « car ici les âmes enterrent leurs fautes sous les feuilles et les branches, dans la terre et les ronces, et cela pour des siècles ».

J’avais quelques appréhensions avant d’attaquer Seule en sa demeure de Cécile Coulon, échaudée par les avis mitigés voire négatifs que j’avais parcouru, mais heureusement pour moi, je ressors agréablement surprise de cette lecture.

L’histoire n’est pas sans rappeler Rebecca, sans le brio de Daphne du Maurier, avec cette jeune héroïne naïve qui épouse un veuf dont elle ne sait rien, à la tête d’un domaine, personnage à part entière du récit, doté d’une gouvernante qui veille farouchement sur la famille.

Je vous rassure la ressemblance s’arrête là, Cécile Coulon développe une intrigue tout à fait différente, à la manière d’un conte de fées cruel.

Au fil des pages, nous suivons le destin d’Aimée, jeune femme intrépide et timide à la fois, déterminée à découvrir les secrets que son mari lui cache. Peu à peu, elle explore ce domaine qui l’ensorcelle et l’intrigue.

Entre la gouvernante, le fils qui ne parle pas, son époux taciturne, les ouvriers et Emeline, sa professeure de flûte qui éveille ses sens, Aimée aura fort à faire pour trouver sa place, sa raison et ses envies, mais aussi pour percer tous les secrets de ce domaine décidément bien secret.

Cécile Coulon nous propose ici un roman historique à l’ambiance gothique plutôt réussi, porté par une plume poétique et travaillée. Le mystère s’installe peu à peu, la tension monte crescendo au fur et à mesure que l’intrigue avance, l’ambiance oppressante imprime le récit et, au final, je l’ai dévoré tant j’avais envie de connaître le fin mot de l’histoire.

C’est clairement un roman d’ambiance, l’action est peu présente et l’autrice prend son temps pour dérouler son intrigue, le rythme est donc assez lent, alors si vous aimez les histoires qui vont à cent à l’heure, ce roman n’est clairement pas pour vous, d’autant qu’il recèle de longues pages de descriptions et que les dialogues sont peu présents.

J’ai aimé les personnages intrigants et déroutants, bien dessinés et les descriptions de tout l’environnement : les paysages, la forêt, le domaine aux allures féroces… qui concourent à donner une ambiance gothique au récit.

La condition féminine de l’époque, très bien rendue, dans cette bourgeoisie de campagne où la religion est très présente, les unions arrangées, les apparences sauvegardées à tout prix et où les femmes devaient s’en tenir à ce qu’on attendait d’elle : perpétuer la lignée, obéir à son mari et tenir sa maison sans faillir, est aussi l’un des aspects qui m’a le plus emballée.

Un roman idéal à lire en automne, bien au chaud sous le plaid et avec une bonne tasse de thé à portée de main !

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Adam Snow, un libraire de livres anciens se perd dans la campagne anglaise et se retrouve dans le jardin d’une propriété qui semble abandonnée. Là, il ressent cette présence, menaçante… Roman fantastique, histoire de fantômes…

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Sur la route qui le ramène à Londres, Adam Snow fait une halte pour demander son chemin et se retrouve sur un sentier qui débouche non loin d’une maison.

Il décide d’en franchir le portail et se retrouve, dans l’obscurité, au milieu d’un jardin laissé à l’abandon, envahi d’herbes hautes, de lierre grimpant, de broussailles et de ronces.

Adam est irrémédiablement attiré par cette maison blanche, propriété de Denisa Parsons qui semble être à l’abandon depuis plusieurs décennies, d’autant qu’un étrange phénomène se produit, Adam sent une main d’enfant au creux de la sienne…

Grâce à ses clients Lord et Lady Merriman qui l’ont engagé pour acheter un folio de William Shakespear, il découvre que cette bâtisse et ce jardin ont une histoire.

Adam tente alors de reconstituer à travers des témoignages et des coupures de presse, l’histoire de cette maison et de ses habitants et veut coûte que coûte percer le mystère de cette apparition bien étrange qui ne cesse de le hanter.

J’avais découvert Susan Hill à la lecture de son premier roman, La dame en noir, qui m’avait plu dans l’ensemble mais qui ne m’avait pas glacée d’effroi, j’espérais donc que La main dans la nuit se révèlerait plus angoissante, il n’en fut rien.

Ce roman, plus court que le précédent, se lit bien, la plume de Susan Hill est fluide et les phénomènes étranges, crises d’angoisse, cauchemars récurrents, visions qui hantent Adam nous laisse peu de temps mort.

Pour autant, ce roman gothique, certes captivant, n’est pour autant pas angoissant, on est bien loin de Rebecca de Daphne du Maurier, un modèle du genre !

La montée du suspens est assez lente et attendue, quant à la fin elle est un peu trop prévisible à mon goût.

Si vous êtes à la recherche d’un petit roman gothique qui ne vous infligera pas de terreurs nocturnes, La main de la nuit est pour vous, sinon passez votre chemin car ce titre est aussi vite lu et qu’oublié.

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Londres, 1888. Amber et Luna Wilcox sortent du cercueil où elles ont été enterrées vivantes. Leur maison a brûlé, leur père a disparu. Recueillies par Sherlock Holmes et Watson, les deux orphelines découvrent alors qu’elles sont vampires. Elles décident de mettre leurs pouvoirs au service des Invisibles, un groupe occulte qui tente de lutter contre l’emprise grandissante du très puissant clan des Drakull, descendants de Dracula. Leur lutte va les confronter à celui qui sème la terreur dans les bas-fonds de la capitale : Jack l’Eventreur en personne…

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Londres, fin du 19è siècle. Amber et sa soeur cadette Luna se réveillent d’un lourd sommeil, dans des cercueils. Elles s’en extraient et décident, en pleine nuit et dans un épais fog, de regagner leur domicile. Hélas pour elles, elles ne trouvent qu’une maison en ruines, brûlée depuis les fondations jusqu’à la pointe du toit, il ne reste plus rien. Leur père a disparu, leur belle-mère et leur domestique Henry, aussi. Le jour pointe alors et les demoiselles s’évanouissent.

C’est un gentil docteur qui viendra à leur secours, un certain John Watson accompagné de son ami et associé Sherlock Holmes ! Amber et Luna Wilcox découvrent à leur réveil qu’elles sont désormais dotées d’une force et de capacités incroyables et surtout qu’elles sont désormais des vampires.

Elles vont être aussitôt recrutées par une société secrète, les Invisibles, dont était issu leur père, ce qu’elles ignoraient. Ces vampires inoffensifs ont besoin des deux sœurs pour éradiquer les Dracul qui font peser de lourdes menaces sur l’espace humaine et sur tout l’empire britannique. Elles croiseront aussi sur leur chemin un certain Jack L’éventreur qui terrorise le quartier de Whitechapel, des goules, des Nosferatu et le romancier irlandais Bram Stoker.

Comme dans Douze minutes avant minuit, le très bon roman de Christopher Edge, Fabrice Colin nous plonge dans la nuit et le gothique victorien avec ce premier volume de la série Les étranges sœurs Wilcox, Les vampires de Londres, et en profite pour faire découvrir à son jeune lectorat, la littérature de cette époque avec le duo Sherlock Holmes et Watson mais aussi le créateur de Dracula, Bram Stoker.

Mélange de faits historiques et de fiction, ce roman est plutôt bien construit et les sœurs Wilcox sont assez attachantes, bien qu’elles manquent de profondeur et soient un peu trop proches de la caricature. L’histoire se lit très facilement et ne manque pas de rebondissements, mais je la trouve moins réussie que Douze minutes avant minuit et ce pour plusieurs raisons.

Tout d’abord le Sherlock Holmes qui apparaît ici ne me semble pas très crédible, il est étonnement tendre et affectif envers les jeunes sœurs, ce qui ne colle pas du tout avec l’image que je mets du détective créé par sir Arthur Conan Doyle. Ensuite, j’ai trouvé l’atmosphère gothique un peu légère, Londres et ses quartiers sont peu évoqués, l’ambiance pêche un peu. Enfin, j’ai eu l’impression à certains moments qu’il manquait des passages, l’auteur saute parfois un peu vite les étapes, au point que je me demandais si je n’avais pas moi sauté des pages !

Ces petits bémols mis à part, Fabrice Colin signe un premier volume prometteur et qui plaira au jeune public, notamment par ses petites pointes d’humour british réussies.

Deux autres tomes sont disponibles à la médiathèque, je compte bien les emprunter pour connaître la suite des aventures d’Amber et Luna !

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Lu dans le cadre des challenges British mysteries et Challenge Victorien 2013 :

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En expédition vers le pôle Nord, Robert Walton adresse à sa sœur des lettres où il évoque l’étrange spectacle dont il vient d’être le témoin depuis son bateau : la découverte, sur un iceberg, d’un homme en perdition dans son traîneau. Invité à monter à bord, Victor Frankenstein raconte qu’il n’est venu s’aventurer ici que pour rattraper quelqu’un – qui n’est autre que la créature monstrueuse qu’il créa naguère, et qui s’est montrée redoutablement criminelle. Paru en 1818, Frankenstein est né deux ans plus tôt sur les bords du Léman, un jour où Lord Byron proposait à quelques amis, dont le poète Shelley et son épouse Mary, que chacun écrivît une histoire de spectre. Ce roman fantastique annonce la science-fiction et, depuis près de deux siècles, n’a cessé de susciter un sublime effroi – de terrifier, donc, mais surtout de séduire.

Frankenstein-Mary-Shelleyauteur-éditeur-pagesEn ce jour d’Halloween, je ne pouvais pas faire autrement que de vous présenter un roman gothique, et quel roman ! Un roman culte en fait, publié en 1818 mais qui reste envoûtant près de deux siècles après : Frankenstein ou le Prométhée moderne. Aussi incroyable que cela puisse vous paraitre, je ne connaissais absolument pas l’histoire de Victor Frankenstein et de sa créature, ce fut donc une totale découverte et un vrai bonheur de lecture, d’autant qu’il était partagé avec ma copinaute Céline.

Tout commence, comme souvent en littérature fantastique classique, par une lettre, celle de Robert Walton à soeur. L’homme est en pleine expédition maritime vers le Pôle Nord lorsqu’il recueille Victor Frankenstein, qui désespéré et à bout de forces, lui raconte ensuite l’histoire de sa vie. Se succèdent ensuite plusieurs récits dans le récit jusqu’au point final. Tout d’abord, celui de Frankenstein qui revient sur son enfance, ses parents, ses études en médecine naturelle qui l’amènent, passionné par son sujet, à tenter une expérience totalement folle : créer une nouvelle espèce d’homme.

Sa créature enfin crée, Frankenstein, épouvanté par le résultat et prenant conscience de la folie de son expérience, tombe gravement malade. Terrassé par la maladie, il est soigné par son ami Clerval, mais à la fin de sa convalescence qui dure plusieurs mois, il apprend l’assassinat de son jeune frère William et l’identité de son meurtrier, Justine Moritz, une jeune fille recueillie par ses parents qui sera condamnée à mort et exécutée. Frankenstein, persuadé que ce meurtre a été perpétré par le monstre, ne peut sauver la jeune fille sans révéler son expérience et préfère fuir Genève. Il part à Chamonix où il rencontre son monstre qui lui fait à son tour le récit de sa vie depuis qu’il a quitté son créateur. Ce dernier livré à lui-même, a du apprendre à survivre seul. Son apparence, effrayante et repoussante, lui voue la haine et le rejet des hommes et celle de son créateur, et fera naitre des envies de vengeance de la part du monstre. Je ne vous en dis pas plus, le reste à découvrir sous la plume élégante de Mary Shelley.

L’auteure délaisse ce qui a fait le succès de ses prédécesseurs, le fantastique, pour construire un récit terrifiant et bien ancré dans le réel. Ici, pas de manichéisme avec un gentil Frankenstein et un vilain monstre, Mary Shelley donne à ses personnages une teinte plutôt grise. Le monstre, de nature bienveillante mais horrible à voir, devient conforme à son physique, terrifiant. Son récit est celui que j’ai trouvé le plus émouvant et le plus intéressant, ce monstre qui a des aspirations d’homme est au fond très attendrissant. Frankenstein m’est apparu à l’inverse, comme un homme arrogant et lâche, qui ne prend pas ses responsabilités et qui donnent de l’Homme une vision peu glorieuse.

On ne peut que saluer l’audace de Mary Shelley d’avoir écrit ce livre et mis au cœur du récit, un thème très intéressant, celui d’un homme se prenant pour Dieu et qui se retrouve dépassé par sa création. Un sujet encore d’actualité puisque certains apprentis sorciers se targuent de pouvoir recréer des hommes préhistoriques ou des dinosaures, espérons qu’ils n’y arrivent jamais.

Un grand roman et une référence à mettre entre toutes les mains !

heart_4Lu dans le cadre d’une lecture commune avec Céline et des challenges La plume au féminin édition 2013, Les 100 livres à avoir lu au moins une foisBritish mysteriesGod save the livre édition 2013 et Halloween :

    challenge-des-100-livres-chez-bianca    2168108069.2       halloween

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Londres, 1899. Tous les soirs, douze minutes avant minuit, un phénomène inquiétant frappe un hôpital psychiatrique : les patients se mettent à écrire frénétiquement d’étranges messages sur des papiers, des murs, et même leur peau. Penelope Tredwell, propriétaire à treize ans du célèbre magazine Le Frisson illustré, et auteur d’histoires terrifiantes, décide d’enquêter.

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Le 19è siècle est sur le point de s’achever en cette fin décembre 1899 et le tout Londres n’a qu’un nom en tête : Montgomery Flinch ! L’homme est mystérieux, personne ne le connait ni ne sait à quoi il ressemble, il fait pourtant les beaux jours du Frisson Illustré, un magazine au bord de la banqueroute avant que cet homme providentiel n’arrive. Ses histoires terrifiantes font le bonheur de ses lecteurs au grand dam des autres périodiques. C’est d’ailleurs lui qui ouvre le récit avec sa première apparition publique à l’occasion d’une lecture de son conte de Noël paru bien évidemment dans le Frisson Illustré et qui bat des records d’impression, avec un million d’exemplaires écoulés, un tirage, qui terrasse tous ses adversaires. Mais le célèbre et adulé Montgomery Flinch n’existe pas, c’est un personnage inventé de toutes pièces par Penelope Tredwell, une jeune fille de 13 ans, qui est l’éditrice, la rédactrice en chef et la véritable auteure du Frisson Illustré ! Depuis la mort accidentelle de ses parents, c’est elle et son tuteur M. Wigram, le meilleur ami de son défunt père, qui ont réussi hisser ce magazine de l’ombre à la lumière pour en faire le magazine le plus célèbre de Londres. Alors qui est cet homme sur l’estrade en train de captiver son auditoire ? Monty Maples, un acteur totalement inconnu, rarement à jeun, à qui incombe la délicate charge d’incarner l’auteur à la mode du moment.

Un homme qui rencontre de tels succès a un lectorat forcément nombreux et fidèle qui l’abreuve de lettres et parmi celles-ci, l’une retient l’attention de Penelope, celle du docteur Morris, le directeur sanitaire de Bedlam, le célèbre asile de fous. Ce dernier requiert l’aide du grand Montgomery Flinch car il se passe de bien étranges choses chaque nuit, douze minutes avant minuit : tous les patients se réveillent et sont pris d’une frénésie d’écriture impossible à contenir et à tarir, ils sont comme possédés, comme victimes d’un enchantement. Ils écrivent sur tout ce qu’il leur tombe sous la main, sur le papier bien sûr mais aussi sur les murs, les cuvettes et sur eux-mêmes, lorsque c’est le seul support à leur disposition. Ces écrits de minuit que Penelope brûle de lire, ressemblent un peu aux prophéties de Nostradamus (je vous rassure en langage très clair) puisqu’ils traitent de faits qui n’auront lieu qu’au 20è siècle, voire au 21è. Malheureusement pour notre héroïne, tous les écrits se sont volatilisés comme par magie et elle va devoir les retrouver d’urgence. Le peureux Monty Maples n’a qu’une hâte, partir au plus vite et retrouver son club et son verre de whiskie mais Penelope ne l’entend pas de cette oreille et compte bien percer ce mystère, pour en faire une histoire à sensation et glacer une nouvelle fois ses lecteurs de peur.

Douze minutes avant minuit est une véritable plongée dans un Londres victorien très mystérieux et dont l’atmosphère, gothique à souhait, est très réussie. L’auteur connait bien la période et nous offre des balades nocturnes plutôt angoissantes, entre les bas fonds, la maison de la Veuve Noire, le muséum d’histoire naturelle et l’asile de Bedlam. C’est une lecture étonnante et singulière, destinée à un jeune public à partir de 12 ans, qui m’a pourtant beaucoup plu et que j’ai dévoré, je compte d’ailleur la faire lire aux garçons lorsqu’ils auront l’âge, car bien que le héros de cette histoire soit une fille, elle n’en est pas moins une figure forte, indépendante et intelligente, qui pourra leur plaire. Christopher Edge nous livre un récit créatif, mélange de polar, d’horreur et de fantastique, idéal pour la période d’Halloween et une bonne introduction pour faire découvrir aux jeunes lecteurs ces différents genres littéraires. L’auteur en profite aussi pour mettre en scène deux grandes plumes de cette fin de siècle : H.G Wells et sir Arthur Conan Doyle, une bonne façon là aussi de présenter de grands auteurs sous un jour plus familier et abordable et qui donnent envie de les lire à leur tour.

Comme Anne Perry, Christophe Edge nous décrit de façon précise l’Angleterre victorienne et revient sur l’importance des journaux à cette époque, importance qui doit faire rêver les patrons de presse d’aujourd’hui, et la place des femmes à cette époque qui, rappelons-le, n’avaient notamment pas le droit de lire les journaux, alors être journaliste, n’y pensons même pas ! Son âge et sa condition féminine ne seront d’ailleurs pas sans poser de problème à Pénélope tout au long du roman, heureusement pour elle la demoiselle n’a pas froid au yeux et elle est secondée efficacement par Alfie, un jeune garçon gentil et débrouillard qui va l’aider dans sa quête de la vérité. J’ai trouvé ce premier volet des aventures de Penelope réussi, le style fluide de l’auteur est idéal pour le public visé et la typographie utilisée très agréable à lire, ce qui ne gâte rien. J’espère pouvoir lire le deuxième tome en 2014, si toutefois une publication en français est à l’ordre du jour chez Flammarion. En attendant, j’espère découvrir Penelope Green de Béatrice Bottet et Enola Holmes de Nancy Springer, deux jeunes héroïnes dont j’ai lu beaucoup de bien, et qui m’ont l’air de n’avoir pas froid aux yeux elles non plus.

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Lu dans le cadre des challenges God save the livre édition 2013, Challenge Victorien 2013British mysteries et Challenge Halloween :

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Lorsqu’un soir brumeux de 1898, le jeune artiste Samuel Godwin pousse les grilles de la propriété de Fourwinds, il est immédiatement envoûté. Engagé pour enseigner l’art aux jeunes filles de Mr. Farrow, il ignore encore que cette luxueuse demeure sera pour lui le décor de ses plus belles peintures. Intrigué par la personnalité ombrageuse du maître des lieux, séduit par ses filles, Marianne et Juliana, désarçonné par Charlotte Agnew, leur gouvernante et dame de compagnie, le peintre comprend vite que le raffinement du décor et des personnages dissimule les plus sombres mystères. Que le vent souffle pour balayer les cendres d’un passé pour le moins scandaleux et les secrets abrités par les pierres. Entre désirs de possession, obsessions et illusions, les deux demoiselles, leur père, l’ombre de leur mère décédée et leur gouvernante entament devant Samuel une subtile danse aussi fascinante que macabre…

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Mensonges, duplicité, romance, brouillard et demeure anglaise… tous les ingrédients d’un roman à suspense tels que les affectionnaient les Victoriens sont réunis ici et pourtant je n’y ai pas pris autant de plaisir que je m’y attendais. Tout commence un peu comme dans La maison du Marais, Samuel Godwin, jeune peintre tout juste sorti de l’académie de peinture, répond à une petite annonce. Mr Farrow, veuf et père de deux jeunes filles, cherche un précepteur pour enseigner l’art à ses deux filles, Marianne, la cadette et Julianne, l’ainée. Il rencontre son futur employeur dans un hôtel londonien et est aussitôt engagé. Il rejoint alors la lande anglaise et le domaine de Fourwinds, sis au milieu de nulle part, construit sur les plans de son propriétaire, féru d’art et d’architecture. Il fait le soir même de son arrivée la connaissance de ses deux élèves et de leur gouvernante, Charlotte Agnew. Juliana est effacée et de tempérament mélancolique, elle traine un spleen depuis le décès brutal de sa mère. Marianne est fantasque et visiblement perturbée, atteinte semble-t-il de somnambulisme.

Samuel est totalement subjugué par cette jeune femme qu’il rencontre à la grille de la propriété alors qu’elle est à la recherche du Vent de l’Ouest. Ses propos en apparence incohérents font référence à un mystère attaché à Fourwinds et dont il va comprendre le sens dès le lendemain, en visitant le parc de la propriété. La demeure, qui porte le nom de quatre vents, est entourée de 3 statues : vent du nord, vent du sud et vent de l’est. Le vent d’ouest est manquant et son auteur a été congédié, du jour au lendemain, par Mr Farrow. Très vite Samuel va se rendre compte que cette demeure cache de lourds secrets, qu’il va s’efforcer de découvrir.

Roman à deux voix, entrecoupé de correspondances, De pierre et de cendre, a donc deux narrateurs et deux protagonistes principaux, Samuel et Charlotte, qui racontent tour à tour le récit des jours passés à Fourwinds et des secrets qui y sont enfouis. Samuel est totalement désarmant de naïveté et de bonté, les deux jeunes filles troublantes et perturbées, notamment par la fin tragique de leur une mère, un père énigmatique et une gouvernante intelligente, soucieuse du bien-être des jeunes filles, mais qui cache un lourd passé, voilà les ingrédients de ce roman sombre et romantique. Les personnages principaux sont attachants, l’histoire agréable à lire, servie par un style un peu désuet que j’ai trouvé plutôt charmant. Ajoutons à cela, les leçons données par Samuel, l’ambiance gothique de la maison avec son lac et les promenades au clair de la lune dans le brouillard, le tout est vraiment séduisant.

L’auteur y aborde aussi d’autres thématiques intéressantes comme la filiation, à travers les personnages de Charlotte et de Julianne mais aussi l’inceste, tabou ultime, qui plonge ce roman dans une certaine gravité et dans la compassion pour la victime qui le subit. Oui mais voilà le hic, j’ai trouvé les débuts prometteurs, l’histoire bien ficelée et riche en rebondissements mais aussi que l’auteure manque de souffle par moments. Je n’ai pas été transportée, c’est donc une petite déception, peut-être parce que j’en espérais trop. J’avais lu que ce chemin était un hommage aux soeurs Brontë et à Wilkie Collins mais n’ayant lu aucun d’eux, je ne peux me prononcer. J’espère juste que Jane Eyre que je vais lire la semaine prochaine me séduira davantage.

Reste que c’est un bon roman à recommander aux habituées du genre même si pour ma part je n’ai pas été totalement convaincue.

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Lu dans le cadre des challenges God save the livre édition 2013, Au service de, Cartable et tableau noirLa plume au féminin édition 2013, British Mysteries et Challenge Victorien

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