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Posts Tagged ‘roman guerre 39/45’

Lu dans le cadre du challenge 1 pavé par mois  :

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L’éblouissante lumière des deux étoiles muges a conduit Davide Morosinotto jusqu’en Russie, un pays si grand que les voyages qu’on y entreprend ne finissent jamais…

Septembre 1941. Hitler décide d’envahir l’Union soviétique. Les chars allemands progressent sur l’immense territoire russe vers le Nord en direction de Leningrad. Dans la précipitation, avant que la ville ne soit encerclée, le parti ordonne l’évacuation des milliers d’enfants via la voie ferroviaire.

Viktor et Nadia âgés de douze ans doivent quitter leur appartement communautaire et leurs parents, conservateurs au musée. Le père, qui vient de s’engager dans la Milice, enjoint à Viktor de ne jamais quitter sa sœur.

Mais, pour la première fois de leur vie, les voilà séparés. Nadia monte dans le train 76 et Viktor dans le convoi suivant, le 77. Le garçon se retrouve dans un kolkhoze à Kazan, pendant que Nadia se retrouve bloquée à proximité du front des combats.

Désormais, Viktor n’a plus qu’une idée en tête : traverser le pays dévasté par la guerre, les bombardements et la faim, pour retrouver sa sœur. Et pour cela il doit être prêt à tout. Car dans un pays en guerre, nécessité fait loi.

Comme vous le savez peut-être, je suis passionnée par l’histoire de la Russie, L’éblouissante lumière des deux étoiles rouges L’affaire des cahiers de Viktor et Nadia ne pouvait donc qu’éveiller ma curiosité et je dois dire que je n’ai pas été déçue par cette lecture, bien au contraire.

Davide Morosinotto qui s’est fait connaître en France avec Le Célèbre Catalogue Walker & Dawn (paru en 2018 à l’école des loisirs), nous propose ici un formidable périple dans l’U.R.S.S tenue d’une main de fer par le camarade Staline !

Tout d’abord, je salue le travail éditorial de l’Ecole des loisirs qui propose une très belle couverture à rabat et un magnifique objet livre que l’on a plaisir à feuilleter, une idée cadeau idéale pour intéresser les adolescents à l’histoire !

Pendant plus de 500 pages, on suit alternativement Nadia et Viktor pris dans la tourmente de la guerre, grâce à leurs cahiers dans lesquels ils livrent leur quotidien, leurs sentiments, leurs peurs… à l’encre bleue pour Nadia et rouge (la couleur du communisme) pour Viktor.

Régulièrement, sont insérés des photos, des affiches, des cartes postales, que les enfants sont censés avoir trouvés dans leur périple.

Nous avons également les annotations manuscrites dans les marges du colonel Smirnov du Commissariat du peuple aux affaires intérieures qui a ces cahiers entre ses mains au lendemain de la fin du conflit, en 1946. Il est chargé de mener une instruction contre nos deux héros qui ont commis bien des infractions pendant la guerre.

L’originalité du roman tient dans le fait qu’il s’agit du rapport de police du colonel Smirnov, composé des écrits des deux frères et sœurs que l’on nous donne à lire. Ces journaux sont commentés et annotés par Smirnov qui souligne consciencieusement chaque infraction commise au regard de la loi par les enfants.

Autant dire que leur débrouillardise et leurs initiatives sont perçues par l’officier comme de graves manquements : vol de matériel, sabotage, complicité d’évasion, espionnage anti-soviétique, j’en passe et des meilleurs, tout cela passible de nombreuses années de prison ou de goulag voire du peloton d’exécution.

Une façon pour l’auteur de montrer aux jeunes lecteurs toute la brutalité du régime stalinien, adepte de méthodes arbitraires c’est le moins que le puisse dire.

Car si Nadia et Viktor ont enfreint la loi à de multiples reprises, c’est que l’auteur ne les a pas malmenés : ils vont être confrontés à l’ennemi nazi, connaître la faim, côtoyer de près la mort mais aussi nouer de solides amitiés.

Au-delà de l’aspect historique, Davide Morosinotto revisite brillamment le journal intime et permet aux lecteurs de se rendre mieux compte du quotidien des soviétiques durant la seconde guerre mondiale qui ont, eux aussi, beaucoup souffert des privations.

Le récit est passionnant, bien documenté, j’ai adoré suivre Nadia et Viktor, des personnages attachants et courageux dans l’adversité. Ce roman destiné aux adolescents ne manquera pas de faire mouche auprès de ce lectorat mais aussi auprès des adultes car on ne peut qu’être ému par ce duo de héros pris dans la tourmente de la guerre. Un roman à découvrir et à mettre entre toutes les mains absolument !

Un grand merci aux éditions L’école des Loisirs pour cette lecture passionnante !

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D’aussi loin que les souvenirs d’Isabella remontent, Andrew a été là. La présence d’Andrew à ses côtés est aussi naturelle que l’air qui entre dans ses poumons lorsqu’elle respire. Elle n’y a jamais vraiment réfléchi. Pourquoi le ferait-elle ? Andrew, héritier de la famille Chapel, lui appartient puisqu’elle est l’héritière de la famille White. C’est ainsi que les choses se passent dans son minuscule univers, limité à ce qui se trouve entre les quatre murs de l’appartement de Ludgate Hill, dans les Londres de 1939. Mais le monde extérieur finit toujours par pénétrer chez vous. Parfois il se glisse discrètement sous la porte, passant presque inaperçu. Dans le pire des cas, il engloutit votre maison dans un nuage de bombes incendiaires, d’obus, et de hurlements de sirènes.

Depuis toujours, Isabelle White est à l’abri de tout. Fille d’un avocat prospère, elle vit dans les beaux quartiers de Londres. Surtout, elle a Andrew Chapel, le fils de l’assistant de son père, qui la protège et qui la sert, qui veille auprès d’elle en toutes circonstances.

Qu’ils le veuillent ou non, un lien ancien et mystérieux unit les White et les Chapel face à tous les obstacles de la vie. Un lien que rien, jusqu’à présent, n’a pu dissoudre. Un lien qui les tient comme enchaînés. Et cela pourrait bien durer toujours.

Mais c’est 1939, la guerre arrive et les bombardements allemands menacent Londres. Isabella et Andrew doivent fuir, alors que le monde qu’ils connaissent, s’effondre peu à peu.

J’avais beaucoup aimé il y a près de trois ans de cela le précédent roman de N.M. Zimmermann, par ailleurs sœur de Lorris Murail et Marie-Aude Murail, Les ombres de Kerohan, qui était déjà un roman historique aux accents fantastiques. Changement d’époque et de lieu pour Dix battements de cœur puisqu’on délaisse la Bretagne pour la capitale anglaise et le 19è siècle pour le 20è.

Ce roman destiné aux adolescents m’a beaucoup plu pour son aspect historique que je trouve très bien documenté et développé ici. On tremble avec nos deux héros pendant le Blitz où à chaque attaque, c’est la ruée vers les abris, et dans leur exil à la campagne chez Mrs Cole, la tante de Isabella, qui recueille les enfants contre monnaie sonnante et trébuchante.

Pris dans la tourmente de la guerre, ils doivent faire face à des situations très dures, entrer de plein fouet dans le monde des adultes et c’est très bien développé. Isabella, qui a une véritable affection pour Andrew, va aussi voir leur complicité vaciller. Andrew connaît mal les tenants et les aboutissants qui unissent les White et les Chapel et vit très mal le fait de devoir obéir à la jeune fille et de ne pouvoir mener sa vie comme il l’entend puisque si il lui désobéit ou s’éloigne d’elle plus de vingt-quatre heures, il est en danger de mort.

Isabella veut de toutes ses forces que ce pacte s’arrête mais son père l’a prévenu, c’est impossible. C’est cet aspect fantastique que j’ai trouvé le moins réussi. Ce pacte n’est pas sans rappeler Le portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde mais ici ce n’est pas un tableau qui vieillit mais les membres de la famille Chapel qui accusent les ans prématurément et collectionnent les maladies, les blessures alors que les White sont resplendissants de santé.

Ce volet fantastique m’a laissé sur ma faim car je l’ai trouvé mal exploité : le pacte est expliqué de façon très succincte et aurait mérité d’être davantage creusé. Et surtout, les problématiques de ce pacte sont sans cesse ressassées par nos héros qui voudraient s’en détacher mais ne savent pas comment, ce que j’ai trouvé trop répétitif.

Les personnages de Andrew et Isabelle sont plutôt attachants, les autres enfants qui traversent le récit nous font prendre conscience des difficultés auxquelles ils sont confrontés tout au long de la guerre.

Un roman d’apprentissage intéressant et passionnant d’un point de vue historique avec un suspens qui monte crescendo au fil des pages sur l’avenir de nos héros et sur le pacte qui les unit mais dont l’aspect fantastique, vous l’aurez compris, ne m’a pas convaincue.

Une lecture néanmoins addictive que j’ai dévoré en deux après-midis et dont je remercie Manon et L’école des Loisirs !

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Lu dans le cadre du challenge 1 pavé par mois  :

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Juillet 1942. Elle s’appelle Esther, elle a vingt ans, elle est juive.
Ses parents ont été arrêtés, elle erre dans les rues de Paris, perdue et terrifiée. Alors qu’elle se repose sur un banc, son regard croise celui d’une femme élégante, plus âgée qu’elle, qui fume de longues cigarettes à la terrasse d’un café.
Esther ne le sait pas encore mais sa rencontre prochaine avec Thérèse Dorval, l’épouse d’un homme cynique et violent qui collabore avec les Allemands, va bouleverser sa vie.
Naissance d’un désir irrésistible, en pleine tragédie. Amour interdit de deux femmes emportées par le feu de la passion.
À Dinard, où elles se réfugient, elles devront, sous la pluie des bombes alliées, décider de leur destin : se séparer pour tenter de survivre ou accepter de mourir par amour.

Juillet 1942. Esther a vingt ans et vit avec ses parents dans un appartement parisien lorsque le jour de son anniversaire, la police française frappe à la porte. Sa mère lui ordonne de se cacher dans l’armoire et de n’en sortir sous aucun prétexte. Ses parents sont aussitôt arrêtés et la jeune fille attend plusieurs heures dans sa cachette avant d’oser s’en extirper.

Elle a faim et décide d’aller acheter des provisions avec la carte de rationnement familial. Sur place, elle prend peur et retourne chez elle. Mais alors qu’elle arrive sur le palier, elle se rend compte que des personnes fouillent l’appartement en vue de l’occuper. Avec quelques francs en poche, elle arpente Paris et tombe sur une femme d’une beauté stupéfiante qui fume une cigarette dans un salon de thé.

Les jours qui suivent, elle se plante devant le salon de thé pour l’admirer, c’est alors que Thérèse Dorval, l’objet de toutes ses attentions, vient à sa rencontre. Elles font connaissance autour d’une tasse de thé et Mme Dorval lui propose de devenir sa bonne. Elle n’ignore pas qu’Esther est juive mais irrésistiblement attirée par sa beauté, elle l’emmène chez elle…

Libre d’aimer raconte l’histoire d’amour entre Esther et Thérèse sous l’Occupation. Un amour interdit, tabou, dans la France de Vichy où les femmes doivent enfanter pour le bien de la patrie. Tout sépare pourtant les deux femmes : leurs origines, leurs conditions sociales, leurs religions…

Esther est juive, issue d’une famille modeste, qui jusqu’à ce que les lois de Vichy l’en empêchent, menait une brillante scolarité au lycée Louis-le-Grand.

Thérèse est issue d’une vieille famille de la noblesse française qui a uni son destin à l’homme qui avait été choisi par son père. Dorval est brutal et Thérèse va vite se rendre compte que seules les femmes l’attirent. Jusqu’à sa rencontre avec Esther, elle mène une vie libre : elle fume, côtoie le milieu interlope, au grand dam de son époux auquel elle se refuse et de ses parents, scandalisés par la vie que mène leur fille d’autant plus que Thérèse va se mettre en tête de divorcer.

Au-delà de l’histoire d’amour pleine de sensualité entre Esther et Thérèse pour lesquelles on se prend très vite d’affection, Olivier Merle revient sur le contexte historique et sociologique dans lequel évoluent ses personnages, celle de la France de Vichy, une France patriarcale où les hommes décident de tout à la place de leurs femmes.

Une France qui exile les juifs vers les camps de la mort, refuse l’homosexualité, le divorce et prône avant tout la fertilité et la famille. Si Esther vit dans la peur permanente d’être reconnue comme une juive, Thérèse a aussi beaucoup à perdre : le simple fait de quitter le domicile conjugal peut l’amener tout droit en prison !

Pour autant, ce contexte historique n’est jamais au premier plan, l’auteur privilégie l’histoire d’amour passionnée et sensuelle entre ses héroïnes et le risque qu’elles encourent si leur homosexualité était révélée. Et il abuse parfois de certaines facilités : les deux jeunes femmes trouvent toujours des solutions comme par enchantement à tous leurs problèmes, ce que j’ai trouvé peu crédible, tout comme j’ai été surprise qu’Esther ne tente à aucun moment de savoir ce qu’étaient devenus ses parents.

Malgré ces petits bémols, j’ai été emportée par l’histoire, tremblant pour Esther et Thérèse, craignant un dénouement dramatique à chaque fois qu’un grain de sable se mettait sur leur route. Un très bon moment de lecture que cette histoire très touchante !

Si vous êtes à la recherche d’une romance qui sort des sentiers battus, Libre d’aimer pourrait vous plaire.

Un grand merci à Babelio et à X.O éditions pour cette lecture romanesque !

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«J’ignorerai toujours à quoi elle passait ses journées, où elle se cachait, en compagnie de qui elle se trouvait pendant les mois d’hiver de sa première fugue et au cours des quelques semaines de printemps où elle s’est échappée à nouveau. C’est là son secret. Un pauvre et précieux secret que les bourreaux, les ordonnances, les autorités dites d’occupation, le Dépôt, les casernes, les camps, l’Histoire, le temps – tout ce qui vous souille et vous détruit – n’auront pas pu lui voler.»

Patrick Modiano, ayant retrouvé un avis de recherche dans un numéro de Paris-Soir du 31 décembre 1941, décide d’enquêter sur la jeune Dora Bruder, née le 25 février 1926 à l’hôpital Rothschild dans le 12e arrondissement de Paris et domiciliée au 41, boulevard Ornano, qui a disparu à l’âge de 15 ans à la suite de fugues répétées puis d’arrestations par la police française.

Cherchant à retracer le plus d’éléments possibles de la vie de cette jeune fille — à laquelle Modiano s’identifie de plus en plus intimement — l’auteur analyse toutes les données retrouvées (souvent sous forme d’extraits de documents officiels de la période 1941-1942), entrecoupées de passages de sa propre existence et de celle de son père, mises en relation avec celle de Dora.

Dora Bruder et son père, juif d’origine autrichienne, furent à quelques mois d’intervalle arrêtés, emprisonnés à la caserne des Tourelles du boulevard Mortier, puis internés au Camp de Drancy avant d’être déportés à Auschwitz le 18 septembre 1942, date du convoi qui les emporta vers les camps de la mort.

Parallèlement à cette tentative de reconstitution de la vie de la jeune fille, Patrick Modiano livre ses propres souvenirs de jeunesse, on chemine avec lui dans Paris sur les lieux de vie de la jeune fille et dans les différents services d’archives où il se rend.

Si Dora Bruder emprunte au genre romanesque, Patrick Modiano nous donne essentiellement à lire un récit d’enquête. L’auteur a peu d’éléments et dispose de quelques matériaux sur les circonstances et les épreuves de l’objet d’enquête qui est la fugue de Dora d’où les ellipses et les hypothèses nombreuses.

On devine que l’adolescente était de tempérament vif et indépendant mais pourquoi a-t-elle fugué à de nombreuses reprises et qu’a-t-elle pu faire pendant ces périodes où l’on a aucune trace d’elle !

Patrick Modiano replace Dora dans son contexte historique, celle de l’épuration, des lois anti-juives, des rafles et des camps de concentration. A travers ce fait divers tragique, une jeune fille fugueuse de 16 ans, dont la fugue est déclarée à la police par son père, on voit ici tout l’engrenage d’une France collaboratrice et indifférente à l’inhumanité des lois de Vichy.

Ce massacre organisé, tracé, tragique est brillamment dépeint par l’auteur à travers des rues et des lieux disparus, des archives tronquées, des quartiers recréés comme pour effacer des mémoires l’indicible horreur de cette guerre.

Je ne savais pas à quoi m’attendre avec ce titre, j’avoue qu’il m’a bouleversée par sa dureté et sa sobriété. En une centaine de pages, il a fait revivre Dora et avec elle, les victimes de l’Holocauste.

Certes les digressions de Patrick Modiano peuvent en rebuter certains, cela ne m’a en aucun cas gêné mais je préfère vous prévenir que ce récit est loin d’être linéaire.

Un texte sur l’importance de la mémoire que je vous recommande si le sujet vous intéresse ! Pour ma part, Dora me restera longtemps en tête…

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Paris, mars 1942. Dans la capitale occupée, Eulalie Fontanel tente de survivre. En acceptant de devenir danseuse aux Folies Bergères pour nourrir sa fille Beata, elle a l’impression de trahir son mari qui a été envoyé au front. La jeune femme se sent prisonnière de ce Paris occupé où elle côtoie les lieux les plus huppés et les bureaux clandestins qui organisent le marché noir.
Le pire, c’est d’avoir attiré l’attention de Lubin Von Baden, un mystérieux officier de l’armée allemande qui la poursuit de ses assiduités. Alors, pour son bien et celui de sa fille, elle décide de fuir et se réfugie chez des cousins en Charente. Mais cela ne suffit pas à éloigner l’officier allemand qui s’est transformé en dangereux prédateur.

Paris, mars 1942. Sans nouvelle de son mari Lazare fait prisonnier lors de la drôle de guerre, Eulalie Fontanel tente de survivre comme elle peut avec sa petite fille Beata.

Ancienne danseuse classique, son physique avantageux, tape dans l’œil de André Dolitor, le régisseur des Folies Bergères qui lui propose de rejoindre la revue. Bien que trouvant cet emploi dégradant, Eulalie, qui n’a pour toute fortune qu’une maison à Boulogne-Billancourt, non loin des usines Renault, accepte la proposition.

C’est alors qu’elle va faire la rencontre du séduisant colonel Lubin Von Baden, du service de renseignements et de contre-espionnage de l’Abwehr, hostile à Hitler. Contrainte par son patron de répondre aux avances de Van Lubin, elle fuit Paris lorsqu’elle comprend qu’il ne la laissera jamais en paix.

Une décennie après la fin de la guerre, Beata part sur la trace de sa mère et tente de découvrir les secrets de cette époque troublée ou sa mère tentait d’échapper aux orages de la guerre…

Première guerre mondiale hier, seconde guerre mondiale aujourd’hui ! Ce n’est pas fait exprès mais le hasard de mes lectures. Un été d’orage nous emmène entre Paris et la Charente, dans le sillage d’une femme et de sa fille, prises dans les tourments de la guerre.

D’un point de vue historique, ce roman est réussi. Corinne Javelaud a potassé son sujet et nous propose une intrigue crédible, très bien documentée, qui nous donne à lire un condensé du second conflit mondial. En un peu moins de 300 pages, l’auteure revient sur la collaboration, la résistance, l’exode, la rafle du Vel d’Hiv, les restrictions alimentaires et vestimentaires, les folles soirées du Tout-Paris, etc.

Les événements s’enchaînent sans temps mort et Eulalie, jeune femme fragile et naïve, est prise aux pièges de la guerre, sans avoir la cuirasse pour supporter toutes les épreuves qui lui tombent dessus. Bien que la trouvant sympathique, je n’ai pas réussi à m’attacher à elle et toute cette première partie qui lui est consacrée est celle qui m’a le moins convaincue.

Je lui ai largement préféré sa fille Beata et l’enquête qu’elle mène pour comprendre ce qui a pu advenir à sa mère pendant cette époque troublée. Cette seconde partie m’a beaucoup plu. Avec Beata, jeune femme forte bien que marquée par ses années d’orphelinat, on revient aux événements de l’année 1942.

Cette enquête visant à éclaircir les zones d’ombre persistantes sur la vie de sa mère, se révèle passionnante et bien que l’on revienne sur les mêmes événements déjà vus précédemment, je ne me suis pas ennuyée une seconde, ni trouvé cela redondant.

Comme je le disais plus haut, le roman est réussi d’un point de vue historique, Corinne Javelaud nous immerge dans ces années sombres en nous montrant la réalité de la guerre à l’arrière et l’on n’a aucun mal à se mettre dans les pas de son héroïne. Avec une trame aussi concise, on a un inconvénient, celui de rester un peu trop en surface à mon goût, mais aussi un avantage, celui de ne pas s’ennuyer.

Un été d’orage est un roman émouvant, captivant et très bien documenté qui se lit avec plaisir jusqu’à son dénouement. Si vous aimez les romans ayant pour cadre cette époque, il devrait vous plaire.

Un grand merci à Elise des éditions City et Corinne Javelaud pour cette lecture prenante !

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1934, malgré l’hostilité de ses parents, Bérénice, 15 ans, est admise au Conservatoire, dans la classe de Louis Jouvet. Sa vie est désormais rythmée par l’apprentissage des grands rôles du répertoire et par ses rencontres avec des acteurs de renom… Trois ans plus tard, elle entre à la Comédie-Française et prend le nom de Bérénice de Lignières. Rien ne peut entacher son bonheur, ni la montée du fascisme en Europe, ni les rivalités professionnelles ou amoureuses. Mais au tout début de l’Occupation, avant même la promulgation des lois raciales, la maison de Molière exclut les Juifs de sa troupe. Dénoncée par une lettre anonyme, Bérénice – son père est né dans un shtetl russe – est rattrapée par son passé.berenice-34-44-isabelle-stibbeauteur-editeur-pagesBérénice est née le 28 juin 1919, jour de la signature du Traité de Versailles. Son père, Moïshe Kapelouchnik, dit Maurice Capel, a fui la Russie tsarine antisémite et son shtetl après le décès de sa femme. Arrivé en France, il devient fourreur et épouse une jeune fille de sa communauté.

Reconnaissant envers la France et passionné par sa nouvelle patrie, il fera la première guerre mondiale aux côtés des français, et lorsque sa fille nait en ce jour béni, il décide de l’appeler, contre l’avis de sa femme, Bérénice, en hommage à la pièce éponyme de Racine.

Avec un tel prénom, la jeune fille ne peut que se destiner au métier de comédienne, ce que refuse sa famille car actrice, ce n’est pas un métier pour une juive ! Il faut dire que ces dames ont mauvaise réputation, notamment celles d’être entretenues et c’est ce que craint par-dessus tout son père.

Bérénice s’accroche pourtant à ses rêves et parvient à passer le concours d’entrée du conservatoire car elle n’a qu’un but : entrer à la Comédie-Française. Pour cela, elle devra couper les ponts avec sa famille et prendre un nom de scène : Bérénice de Lignères.

Vous savez si vous me lisez régulièrement que la période de la seconde guerre mondiale n’est pas ma préférée mais il y a une telle production littéraire en la matière que j’y viens de temps en temps, parfois avec bonheur et parfois non.

Et bien ici ce fut un bonheur que la lecture de ce premier roman, vraiment très bon. Remarquablement documenté, il nous entraine dans le Paris de ces années 30 de montée du fascisme hitlérien mais surtout dans les coulisses de la Comédie-Française dans cette période troublée.

On y croise les sociétaires et pensionnaires de la grande maison mais aussi les professeurs du conservatoire, Louis Jouvet en tête. Bérénice qui ne vit que pour le théâtre va être rattrapée par l’histoire et par sa judéité qui ne l’avait jusqu’alors pas préoccupée pour deux sous.

L’histoire que nous narre ici Isabelle Stibbe avec beaucoup de sensibilité est tout simplement passionnante à lire. Son style est vif, le récit enlevé et l’intrigue bien menée.

Un roman que je vous conseille si vous vous intéressez à cette période ou au théâtre dans l’entre-deux-guerres, vous allez passer un très bon moment avec Bérénice, un personnage de femme libre flamboyant et attachant et avec les autres protagonistes de l’histoire, notamment son amoureux Nathan, compositeur juif allemand et son ami avocat Alain Béron.

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