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Posts Tagged ‘roman policier français’

Benoît Séverac est auteur de littérature noire et policière, adulte et jeunesse. Ses enquêtes reposent sur un contexte social décortiqué. Certains de ses romans ont été traduits aux États-Unis ou adaptés au théâtre. Il collabore à divers projets mêlant littérature et arts plastiques, photographie…

Toulouse, 1920. La Grande Guerre est achevée depuis deux ans déjà et chacun reprend sa place comme il peut dans une société qui s’étourdit pour oublier. Pourtant, les douleurs et les blessures rejaillissent de façon bien étrange.

Lorsque deux meurtres perturbent l’équilibre de la ville, un seul homme, un inspecteur, traumatisé de guerre qui n’est plus apte aux sentiments, ose affronter la situation. Revenu traumatisé des tranchées, seul survivant de son unité, il survit plus qu’il ne vit depuis l’armistice.

Il ressemble davantage à un clochard qu’à un flic, passe ses nuits au bordel, s’enivrant dans l’alcool et les paradis artificiels pour oublier le jour où tous ses amis sont morts.

Mais ces deux décès vont lui donner un but car il en est persuadé : la mort à priori naturelle du notaire et le suicide du professeur de pathologie ont un point commun : l’École vétérinaire de Toulouse.

Seulement, la grande école connaît ses propres codes, ses propres règles. Parviendra-t-il à briser la chape de silence et à faire éclater la vérité ?

Vous le savez, les polars historiques sont mes péchés mignons et lorsqu’ils nous proposent une intrigue autour des rescapés des tranchées, je ne boude pas mon plaisir. C’est ainsi que Rendez-vous au 10 avril a fait son entrée dans ma PAL et en est rapidement ressorti tant j’étais curieuse de le découvrir.

Et autant vous le dire d’emblée, ce roman signé Benoit Séverac m’a beaucoup plu et ce, pour plusieurs raisons.

Tout d’abord son héros, dont on n’apprend l’identité qu’à la toute fin du roman. Rescapé de la Grande Guerre mais définitivement brisé par les combats et les actions qu’il a menée pour survivre.

Depuis la fin du conflit, il ne sait que faire de son existence, il n’a plus le goût de vivre. La guerre lui a tout pris : sa fiancée et sa vie d’avant à Alger et il est incapable de se reconstruire.

La guerre ne l’a pas tué alors il s’autodétruit en buvant du matin au soir et en s’injectant de la morphine dans les veines, le soir venu.

Un tel héros affligé du syndrome post traumatique comme on le dit depuis, est l’occasion pour l’auteur d’aborder les séquelles de la guerre et la difficulté pour les poilus de se réadapter à une vie normale après avoir passé pour certains d’entre eux, quatre ans à tuer.

Benoit Séverac met également en lumière ceux qui ont profité de la guerre pour s’enrichir et gravir les échelons de l’échelle sociale, en l’absence de rivaux potentiels, occupés à faire la guerre, certains ont amassé un bon pécule, occupant un poste qu’ils n’auraient jamais obtenu en temps de paix.

L’auteur nous montre également l’état d’esprit au lendemain de la première guerre mondiale : les vivants pleurent volontiers les morts mais n’ont que faire des rescapés inadaptés à toute vie sociale.

Le héros, détruit par le conflit, n’est à aucun moment pris en pitié par ceux qui sont restés à l’arrière pendant quatre longues années, il fait plutôt l’objet de moqueries et de mépris de la part de ses collègues et subalternes.

Benoit Séverac nous montre sans fard l’hypocrisie de la bonne société toulousaine, prête à tout pour garder ses petits secrets, surtout si ils sont inavouables.

L’intrigue policière se révèle classique et plutôt simple mais bien bâtie, j’ai eu plaisir à découvrir en même temps que l’inspecteur les tenants et les aboutissements de cette histoire. Quant au dénouement final, il m’a totalement surprise !

Si, comme moi, vous aimez les polars historiques et que vous vous intéressez à la première guerre mondiale et notamment à ses vétérans, je vous conseille ce titre.

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Peu avant le voyage inaugural du Titanic, le couturier Paul Poiret donne une réception à la splendeur inégalée pour lancer sa ligne de parfums. Placée sous le signe de l’Orient, c’est « La Mille et Deuxième Nuit ». Parmi les invités, la fantasque comtesse russe Svetlana Slavskaïa, accompagnée de son secrétaire et confident Dimitri Ostrov, un jeune Juif qui a fui les Bolcheviks. La comtesse porte ses plus beaux atours, dont une extraordinaire rivière de diamants offerte par un admirateur. Mais au cours de la soirée, elle est retrouvée sans vie, probablement étranglée. Et le collier disparaît, presque sous les yeux de l’assistance…

Avril 1912. Paul Poiret, au fait de sa gloire, est sur le point de commercialiser sa ligne de parfum lovée dans de précieux flacons signés Lalique. Son lancement est prévu lors d’une des fameuses soirées qu’il sait si bien organiser : La mille et deuxième nuit.

Svetlana Slavskaïa, une fantasque comtesse russe, intime du couturier, fait bien sûr partie des invités triés sur le volet. Ce sera l’occasion pour elle de briller une fois de plus et de faire entrer dans le beau monde son cher Dimia, Dimitri Ostrov, son secrétaire et confident.

D’origine russe lui aussi, Dimia, de près de vingt ans son cadet, veille comme sur sa chère comtesse qu’il adule, ce qui n’est pas du goût d’Ivan, le fils de Svetlana. Et ce soir, il fera son entrée dans le costume de Nijinkski porté lors du ballet Shéhérazade. Poiret n’a pas fait dans la dentelle : harem, eunuques, femmes à demi nues, danseuses du ventre attendent ses convives.

Au petit matin, Dimia fait une macabre découverte, celle du corps sans vie de Svetlana, étranglée par sa rivière de diamants. Les suspects ne manquent pas et en premier lieu Dimia…

Passionnée par la Belle Epoque et les Ballets russes, Carole Geneix nous propose avec La Mille et Deuxième Nuit, son premier roman policier. Si l’histoire qu’elle nous raconte est fictive, le contexte historique est bien réel puisque Paul Poiret a bien évidemment existé et en cette année 1912, sa célébrité est à son apogée, il est la coqueluche du Tout-Paris et même des esthètes du monde entier.

Célèbre pour ses créations, Paul Poiret était surnommé « le magnifique » ou « The king of fashion » en Amérique, où ses modèles faisaient fureur, il a marqué l’histoire de la mode en la révolutionnant. Il était également fameux pour son amour des femmes et ses soirées grandioses qu’il donnait dans son hôtel particulier de l’Avenue d’Antin, et l’une des plus décadentes fut justement La mille et deuxième nuit en 1911.

Créateur de costumes pour Colette et pour les Ballets russes de Serge Diaghilev, sa maison connaîtra une fin prématurée en 1929, la crise balayant son luxe flamboyant et il décèdera à la fin des années 30 dans l’oubli et le dénuement.

Carole Geneix a la bonne idée de planter son décor en avril 1912, quelques jours avant le voyage inaugural du Titanic et pour moi qui suis fascinée par la Russie, par cette période de l’histoire, notamment pour sa mode et ses arts, cette lecture fut un réel bonheur.

J’ai adoré le contexte, les personnages et l’histoire que nous raconte l’auteure et même si la résolution de l’affaire ne m’a pas posé de problème, cela n’a en rien gâché le plaisir que j’ai pris à lire ce polar historique.

Il faut dire que sur le parpier, il avit vraiment tout pour me plaire comme je vous l’indiquais plus haut : j’aime beaucoup les créations de Paul Poiret, son goût de la démesure et de la fête, la Russie et les ballets russes, sans oublier le Titanic, qu’on croirait que Carole Geneix l’a écrit rien que pour moi !

D’un point de vue historique, c’est très réussi. L’auteure connaît la Belle Epoque sur le bout des doigts et nous rappelle le contexte dans lequel se situe son récit : une France plutôt antisémite encore marquée par l’affaire Dreyfus, aux prises avec les anarchistes de la bande à Bonnot, traqués par les brigades mobiles, dûment dotées des meilleurs véhicules et armes.

Les personnages, qui paraissent au premier abord quelque peu caricaturaux, sont en fait emblématiques de leur époque : d’un côté, les aristocrates oisifs qui s’adonnent à la vènerie et à l’antisémitisme, la police grandement corrompue et de l’autre, les artistes, forcément excentriques.

Il y a tout d’abord notre héros, Dimia, traumatisé par les pogroms de sa Russie natale, qui a grandi dans une riche propriété de la campagne. Un temps tenté par le bolchévisme qui le conduira dans une cellule du Tsar, il voue un culte à Svetlana, qui apparaît comme excessif mais qui le rend aussi très sympathique.

Svetlana, la victime, femme s’adonnant aux plaisirs artificiels, à la fois écervelée, égoïste et généreuse.

Igor, son fils, l’exact contraire de Dimia, jeune homme cruel et arriviste, détesté par sa mère et qui a bien du mal à trouver sa place au sein de la famille de sa femme, les Lansquenet.

Paul Poiret, le couturier riche et décadent, et sa moitié, Denise, qui ne veut plus de cette vie mais compte bien saigner son mari à blanc en guise de réparation.

Oriane, mannequin principal de Poiret, danseuse trop grande de l’Opéra de Paris, muse insaisissable du couturier.

Sans oublier le commissaire Champlain, aux idées empruntées à l’Action Française et l’inspecteur Bertholet qui cherche la vérité et faire avancer sa carrière.

Vous l’aurez compris, j’ai adoré La mille et deuxième nuit et je vous conseille vivement ce roman noir rétro très réussi.

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Printemps 1920. Un prêtre est retrouvé sauvagement assassiné au Sacré-Coeur, à Montmartre, le coeur arraché, affublé d’une croix et d’une couronne d’épines. Quelques jours plus tard, un deuxième prêtre est tué selon le même rituel macabre à Carcassonne.

Pour démasquer le meurtrier, c’est le secret de sa propre histoire que François-Claudius Simon, l’ancien orphelin devenu l’un des plus brillants policiers de sa génération, va devoir percer. Un secret douloureux qui va le plonger au coeur d’une des plus grandes affaires du début du XXe siècle : celle de l’abbé Saunière, petit curé de campagne devenu richissime après avoir découvert un inestimable trésor dans son église. heart_3cantique-de-l-assassin-guillaume-prevost

Paris, printemps 1920. Un prêtre est retrouvé sauvagement assassiné dans la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre. Son cœur a été arraché et son corps sans vie est affublé d’une croix et d’une couronne d’épines.

Le prélat a été tué pendant une veillée de l’adoration, entre 3 et 4 heures du matin. Sur le registre des personnes inscrites à cette heure-là, figure François-Claudius Simon, inspecteur au 36 Quai des Orfèvres.

Simon, qui a écumé une fois de plus les bars toute la nuit, est particulièrement imbibé au petit matin, lorsque son chef le réclame sur place et lui confie l’enquête.

Quelques jours plus tard, un second prélat est retrouvé dans les mêmes conditions, au sein même de son église de Carcassonne, et tout semble indiqué qu’il est mort de la même main que son confrère parisien.

Simon se rend alors compte que le meurtrier qu’il recherche pourrait être L’enfant-de-chœur, qui s’est évadé de la prison de la Santé quelques semaines plus tôt…

Après Les Sept crimes de Rome, l’Assassin et le prophète et Le Mystère de la chambre obscure, que j’avais tous trois beaucoup apprécié, il me tardait d’enfin connaître la série que Guillaume Prévost consacre à François-Claudius Simon, rescapé de la première guerre mondiale.

Je prends donc le train en marchant en faisant connaissance avec ce héros alors qu’il en est à sa cinquième enquête, ce qui ne m’a pas forcément gênée même si je vous conseille de commencer par le premier tome car l’auteur fait fréquemment référence à la seconde enquête, Le bal de l’équarisseur, et aux amours compliqués de son enquêteur, sans toutefois que cela nuise à la bonne compréhension du Cantique de l’assassin.

Je peux d’ores et déjà vous avouer que la trame policière efficace de ce volume m’a beaucoup plu, tout comme la quête de Simon pour retrouver ses origines et notamment son père, qui a grandi sans ses parents, placé dans un orphelinat par sa mère, actrice et chanteuse. Prévost nous ramène, à travers cette quête, aux années 1890, années de l’anarchisme, marquées notamment par Ravachol et ses attentats.

Ces aspects sont intéressants et la plume de Guillaume Prévost, toujours aussi plaisante à lire, font qu’on tourne les pages avec beaucoup de plaisir. Les personnages que l’on croise au fil du récit ne sont pas dénués d’intérêt non plus, Simon en tête bien sûr mais aussi Mortier et son fils, Mado ou Judith.

J’ai cependant un bémol, l’aspect ésotérique du récit, qui, comme vous le savez déjà, n’est pas ma tasse de thé.

Toute la partie qui a donc trait à l’abbé Saunière et à son trésor ne m’a pas intéressée, je l’ai même trouvé ennuyante, je ne pensais pas que cet aspect « mystère religieux » serait aussi présente dans le roman et je dois dire que l’auteur m’a perdu à ce moment là, j’ai même lu en diagonale certains passages afin d’abréger mes souffrances, non parce que cette partie est mauvaise, elle doit être même se révéler passionnante pour les adeptes du genre, mais parce que comme je le disais plus haut, le sujet de l’Abbé Saunière, n’a aucun intérêt pour moi.

Si cet aspect-là ne vous gêne pas, je ne peux que vous recommande Cantique de l’assassin et malgré ce bémol, je compte bien découvrir le reste de la série !

Un grand merci à Cécile et aux éditions Nil pour m’avoir permis d’enfin retrouver Guillaume Prévost.

 

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Venise, automne 1732. Les uns après les autres, des acteurs de la Commedia dell’arte disparaissent en pleine représentation. Pour Zorzi Baffo, le chef de la police criminelle, ce nouveau mystère pourrait être lié au destin tragique d’une jeune comédienne de passage dans la ville. Egaré dans les arcanes des scènes et des coulisses vénitiennes, l’enquêteur fait appel à Carlo Goldoni, dramaturge en pleine gloire, qui fut autrefois son adjoint à la chancellerie criminelle. La découverte d’un théâtre clandestin d’un genre très particulier précipite les deux hommes au cœur d’une affaire plus sombre encore… heart_4auteur-editeur-pagesla-cite-des-loges-thierry-maugenest

Automne 1732, Luca Grisotti, un plumitif vénitien, est le traducteur attitré de Voltaire mais aussi le confidente de Zorzi Baffo, le chef de la police criminelle de la Sérénissime. L’écrivain lui apprend que le marquis Brighelli a été enlevé.

Baffo s’étonne qu’il n’ait pas eu vent de l’enlèvement d’un marquis et rejoint ses hommes afin d’en avoir le cœur net. En interrogeant ses confidente, il se rend compte que le Brighelli en question est un rôle et l’homme enlevé, son interprête.

Le lendemain, un autre acteur de la Comedia dell’arte se volatilise. Ses deux crimes ne sont pas revendiqués et aucune rançon demandée aux théâtres concernés. Pourquoi s’en prendre à ses comédiens ? D’autant que le coupable prévient Baffo qu’un troisième comédien va subir le même sort.

Pendant ce temps-là, à Pise, Carlo Goldoni, peaufine sa toute dernière pièce : Le tricheur, après avoir été victime d’un tricheur justement et d’une bastonnade. Il regagne sa chère Venise et retrouve son ancien chef, Zorzi Baffo qui lui demande une fois de plus son aide.

Troisième volet des enquêtes de Goldoni, La cité des loges, fut pour moi un vrai bonheur de lecture et je compte bien me procurer les deux premiers opus très vite. Il faut dire que ce genre de roman a tout pour me plaire : un policier historique qui a pour cadre Venise au 18è siècle avec, cerise sur le gâteau, Carlo Goldoni, l’un de mes auteurs dramatiques préférés, que demander de plus ?

Goldoni est auteur que j’ai beaucoup pratiqué, j’ai lu ses mémoires et un très grand nombre de ses pièces. Ce précurseur, c’est lui qui fait abandonner ses masques aux comédiens vénitiens, fait partie de mon panthéon littéraire et j’ai été ravie de le retrouver ici.

Outre Goldoni, Thierry Maugenest fait revivre sous sa plume le chef de la Quarantia criminale, un séducteur, Zorzi Baffo, auteur de poèmes libertins qui a lui aussi réellement existé. Nous marchons donc dans les pas de nos deux héros dans les ruelles et sur les ponts de Venise, une ville que j’aime et où j’adorerai retourner.

J’ai dévoré ce roman, lu avec délice et gourmandise, tant pour son cadre historique que pour son histoire qui m’a fois tient bien la route même si j’avais trouvé le coupable avant notre duo d’enquêteurs.

J’ai bien aimé la plume de l’auteur et j’ai trouvé habile sa construction qui insère au récit policier des morceaux de pièces de théâtre de Goldoni puisque nous assistons aux répétitions et aux représentations pendant lesquelles le 3è comédien menacé d’enlèvement est surveillé comme le lait sur le feu.

Si vous aimez Venise, le libertinage du 18è siècle, les romans et polars historiques, ce troisième opus des enquêtes de Goldoni vous plaira autant qu’à moi.

Merci à Aurore et aux éditions Albin Michel pour cette incursion vénitienne, j’ai adoré !

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Londres, au petit matin. Sur une table de cuisine, gît un homme vidé de ses organes. L’assassin est une vieille dame à la vie exemplaire. Pourquoi cette femme a-t-elle sacrifié l’homme qu’elle a élevé comme un fils ? Elle est incarcérée. Pourtant, le lendemain, un autre homme est tué de façon similaire. Par la personne qui l’aimait le plus au monde. À chaque fois, les tueurs, qui ne se connaissent pas, laissent derrière eux la même épitaphe écrite dans le sang de leur victime : Puissent ces sacrifices apaiser l’âme de Celui dont le Nom n’est plus… Trois destins vont se lier autour de ces meurtres incompréhensibles : ceux de McKenna, vétéran de Scotland Yard, de Dahlia Rhymes, criminologue américaine et de Nils Blake, l’avocat de ces coupables qui ressemblent tant à des victimes. Trois destins, et trois vies détournées à jamais de leur cours.

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Londres, de nos jours. On découvre toutes les 24 heures un cadavre éventré dont tous les organes ont été soigneusement prélevés alors que la victime était encore vivante. Chaque défunt est retrouvé à son domicile et chaque meurtrier est vite identifié : un proche de la victime que l’on retrouve errant, couvert du sang de sa victime et atteint d’amnésie.

Tous agissent selon le même mode opératoire, exercent une profession qui n’a rien à voir avec la chirurgie et ont tous le point commun d’aimer par-dessus tout celui ou celle a qui ils ont ôté la vie.

L’inspecteur Mc Kenna de Scotland Yard, veuf inconsolable depuis plusieurs mois et père de quatre garçons, et son équipe sont chargés de l’enquête mais on leur adjoint le Dr Dahlia Rhymes, toute droit venue des États-Unis où elle est profileuse du FBI. Cette spécialiste des crimes rituels a été imposée par l’ambassade américaine qui n’apprécie pas que la seconde victime soit un de ses ressortissants.

L’enquête s’annonce difficile puisque les tueurs sont visiblement autant des victimes que des bourreaux. Et surtout une question est lancinante : pourquoi prélever les organes sur des victimes vivantes et dans quel but ? L’avocat des assassins, Nils Blake, entre alors en piste pour tenter de trouver le mobile de ses clients. L’homme, qui reprend du service quelques mois après avoir subi une transplantation cardiaque, est persuadé que ses clients ont été manipulés et va se rapprocher de Dahlia.

J’ai déjà eu l’occasion de vous l’avouer, au rayon polar j’ai plus de déceptions que de belles découvertes et bien Celui dont le nom n’est plus fait partie de la seconde catégorie. René Manzor signe ici un thriller ésotérique qui non seulement tient formidablement bien en haleine mais, cerise sur le gâteau, est aussi très convaincant, tout en évitant les longues descriptions sanglantes et sans tomber dans le gore, ce qui est un bel exploit au vu du profil criminel du tueur et du mode opératoire de ceux qui opèrent pour lui.

Vous savez pourtant combien j’adhère peu à l’ésotérisme et bien là j’ai marché à fond. L’écriture de René Manzor est simple, limpide et très efficace, les pages se tournèrent encore et encore tant j’avais hâte de savoir le fin mot de l’histoire, que j’avais trouvé mais très tardivement. Les personnages principaux sont bien campés, ils ont suffisamment d’épaisseur pour qu’on y croit et qu’on s’attache à eux. Quant à l’intrigue, elle est pleine de rebondissements et mélange crime, ésotérisme et histoire des religions, d’une façon très intelligente. Même la fin est à la hauteur du reste du récit !

Une lecture vraiment très agréable et qui fait du bien dans un mois de septembre décevant niveau lecture. Merci à Sonia et aux éditions Kero pour cette lecture captivante !

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En 1856, la comtesse de Castiglione, beauté fatale d’origine italienne, s’apprête à faire une entrée spectaculaire au grand bal des Tuileries, devant le couple impérial. Depuis son arrivée à Paris, elle est réputée pour faire et défaire la mode féminine au gré des caprices vestimentaires les plus extravagants. Mais ce soir-là l’enjeu est capital, car elle a pour mission de conquérir le cœur de Napoléon III. Ebloui par la plus audacieuse robe à crinoline qu’on ait jamais vue, l’empereur succombera en effet aux charmes de cette déesse vivante. Sept ans plus tard, un jeune officier de police, Dragan Vladeski, découvre sur un chantier le corps d’une femme égorgée, portant une robe identique à celle de la comtesse le soir de son triomphe. Bientôt, d’autres cadavres, vêtus de façon similaire, surgissent aux quatre coins de la ville. Aidé par la délicieuse Eglantine, une des  » petites mains  » ayant participé à la fabrication du modèle original, Dragan tente de percer le mystère de ces assassinats. Une robe, aussi mythique soit-elle, peut-elle être à l’origine d’une série de meurtres effroyables ?

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Les lectrices les plus fidèles d’entre vous se souviennent peut-être que j’ai déjà eu l’occasion de vous présenter les romans policiers historiques de Jean-Christophe Duchon-Doris : Les nuits du chat botté et L’embouchure du Mississipy  qui avaient pour décor la fin du siècle de Louis XIV. Changement d’époque cette fois-ci avec le dernier roman de l’auteur qui vient tout juste de paraître et que j’ai eu le plaisir de recevoir.

Une série de meurtres a lieu dans la capitale. Des jeunes femmes au teint diaphane sont retrouvées nues et égorgées. Seule l’une d’elles est vêtue d’une crinoline bleu de ciel en gaze de Chine que le meurtrier n’a pas eu le temps de lui ôter. Elles se ressemblent toutes étrangement et surtout elles ressemblent à la belle Comtesse de Castiglione. Cette italienne, éphémère maitresse de l’Empereur, prend grand soin de sa beauté et ne se cesse de se faire photographier, nue ou habillée, par Pierre-Louis Pierson, le photographe attitré de la cour. En veut-on réellement à la vie de la comtesse tombée en disgrâce et honnie ? Et pire encore l’Empereur lui-même est-il menacé ? Dragan Vladeski, jeune officier de police fraichement débarqué à Paris en direct de Boston où il réside depuis sa jeunesse, devra le découvrir.

Au-delà du volet policier qui ne manque pas d’intérêt, c’est l’évocation historique qui m’a intéressée. Jean-Christophe Duchon-Doris nous convie à une véritable immersion au cœur de la seconde moitié du 19è siècle. Comme pour ses précédents ouvrages, il ne fait aucun doute que l’auteur a fait un remarquable travail de documentation pour reconstituer aussi bien et aussi fidèlement le Second Empire et ses diverses transformations.

L’empereur Napoléon III règne alors en maitre absolu depuis plusieurs années déjà et les parisiens assistent à la transformation de Paris avec un certain bonheur ou un effarement tout aussi certain. L’auteur montre bien ces grands bouleversements dans la vie des parisiens sous le second Empire comme l’avait très bien fait Tatiana de Rosnay dans Rose.

Mais il n’y a pas qu’en matière d’hygiène et d’immobilier que le Second Empire apporte du neuf mais aussi en matière de mode, n’oublions pas que c’est à cette époque que naissent les premiers grands magasins qui serviront de modèle à Zola pour écrire Au bonheur des dames ! Mais avant que le Bon Marché n’ouvre, la mode était une affaire de couturières aux ordres et à la merci de leurs clientes qu’elles devaient voir à leur domicile. Un homme a alors révolutionné la mode : Charles Frederick Worth qui fait figure de précurseur. C’est lui qui a inventé la haute couture comme on la connaît encore maintenant avec des défilés, des collections et des sosies qu’on appelle désormais mannequins.

Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé cette intrigue qui s’inspire de faits et de personnages réels, comme la comtesse de Castiglione, Worth et le photographe Pierson. L’auteur rend un bel hommage à la couture, aux petites mains et aux différents corps de métiers qui œuvrent toujours dans l’ombre comme les plumassiers par exemple. Si vous aimez cette époque ou tout simplement la mode, je ne peux que vous conseiller La mort s’habille en crinoline.

Un grand merci aux Editions Julliard et à Jean-Christophe Duchon-Doris pour cette belle lecture, j’espère qu’une suite est prévue car je retrouverai Eglantine et Dragan Valdeski avec grand plaisir !

heart_4Lu en lecture commune avec Syl et Fanny

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En cette année 1701, Guillaume de Lautaret a rejoint Paris, en compagnie de sa fiancée, l’indomptable Delphine d’Orbelet. Il brigue en effet le poste de procureur de la capitale. Mais tandis que la promotion tarde à venir, Madame d’Orbelet mère est mise aux fers sur ordre du roi, sans aucune explication. Mettant tout en oeuvre pour la libérer, les deux fiancés découvrent ainsi que d’Orbelet père, qui abandonna femme et enfant pour suivre Cavelier de La Salle sur les rives du Mississippi quinze ans plus tôt, est maintenant accusé d’avoir tué Cavelier lors de cette mission. Objets lointains des pires convoitises, le fleuve et ses bayous détiennent le secret de cet assassinat et Guillaume n’a d’autres choix que de s’embarquer pour les Amériques.

Deuxième volet des aventures de Guillaume de Lautaret, L’embouchure du Mississipy, se déroule quelques mois après Les nuits du chat botté. Le jeune procureur attend sa prochaine affectation et continue de filer le parfait amour avec Delphine d’Orbelet, tout du moins jusqu’à l’embastillement de Madame d’Orbelet, sur ordre express du roi, sans motif. Guillaume de Lautaret comprend vite que la raison de cette mise aux fers est liée au père de la jeune femme, disparu en Amérique, lors d’une expédition, une quinzaine d’années auparavant.

Si le premier volet m’avait laissé un goût mitigé, cette histoire-ci est un régal d’aventures et de cape et d’épée, qui nous entraine dans un passionnant voyage vers l’Amérique, et plus précisément la Louisiane.

Nous sommes embarqués avec ces colons à la recherche d’une vie meilleure de l’autre côté de l’Atlantique. On côtoie les tribus indiennes des Bayogoulans des Oumas, des Natchez et des Taensas. De la traversée – épique – à l’escale à Saint Domingue, en passant par le Canada et enfin le Mississipy, on ne s’ennuie nullement durant les 300 pages, tant le récit est mené tambour battant.

Il y a du mystère, des intrigues et des complots, un trésor convoité par les jésuites : rien de ce qui fait le sel du roman d’aventure n’est oublié. L’auteur s’est très bien documenté sur ces premiers canadiens, sur les indiens et les descriptions narratives des paysages portent littéralement le récit. C’est un roman divertissant et intelligent, j’y ai pour ma part appris beaucoup de choses.

L’autre bon point est l’écriture de Duchon-Doris qui m’a cette fois bien plu, est-ce parce que je me suis habituée au style de l’auteur ou parce que ce récit-ci est meilleur, je ne saurais vous le dire, mais j’ai trouvé L’embouchure du Mississipy d’une meilleure facture que Les nuits blanches du chat botté, même si ici, l’intrigue policière passe au second plan.

Je le conseille donc aux amateurs de romans d’aventures qui devraient être vivement intéressés par cette lecture.

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Lu dans le cadre des challenges Polars Historiques et Le règne de Louis XIV

    

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En octobre 1700, d’étranges crimes ensanglantent la région si paisible des Alpes provençales. A quelques jours d’intervalle, on a retrouvé le cadavre d’une jeune fille curieusement vêtue d’une cape rouge, puis un mari et sa femme étranglés dans leur lit, la bouche emplie de petits cailloux blancs, enfin un marchand et sa fillette eux aussi étranglés. L’enquête est confiée au procureur Guillaume de Lautaret. Jeune homme à l’esprit vif, aussi habile à tirer l’épée qu’à trousser les filles, il s’ennuie mortellement dans cette place forte où rien ne se passe et rêve d’une brillante carrière à Versailles. Non loin de là, Delphine d’Orbelet s’ennuie tout autant dans les salons du château de sa mère. L’affaire va passionner et rapprocher les deux jeunes gens. Ils ne pourront cependant comprendre le sens de ces meurtres sauvages sans la découverte faite par Delphine à la lecture des fameux Contes de ma mère l’Oye…

En cette fin de règne de Louis XIV, un loup sème la mort parmi les jeunes bergères et servantes d’un coin perdu de Haute-Provence, qui sont retrouvées déchiquetées. Mais pourquoi diantre le loup s’approche-t-il autant des habitations ? Voilà qui laisse perplexe le tout nouveau procureur, Guilaume de Lautaret, et lorsqu’un couple de personnes âgées est retrouvé mort dans un fossé, des cailloux blancs dans la bouche, le doute n’est plus permis, voilà une mort qui n’est pas l’oeuvre d’une bête mais bien celle d’un homme. Les meurtres s’enchaînent alors et Delphine d’Orbelet qui s’ennuie ferme dans son château et dans son statut de jeune fille naïve, commence à comprendre une partie du mystère et va mettre le procureur sur la piste du vrai tueur.

J’ai bien aimé ce roman en dépit de scènes franchement érotiques qui cadrent mal avec le reste du roman et qui m’ont un peu surprises je l’avoue, non que je sois particulièrement prude mais tout simplement parce que je ne les attendais pas. L’intrigue en elle-même est bien construite et agréable à suivre, elle m’a replongée avec délice dans le monde merveilleux des contes de fées, un genre littéraire naissant à l’époque du roman, et que j’affectionne tout particulièrement. Un genre essentiellement féminin, né sous le plume de Madame d’Aulnoy, la première à introduire un conte de fée en 1690 dans L’Histoire d’Hypolite, comte de Duglas. Mademoiselle de La Force, Mademoiselle L’Héritier ou Catherine Bernard ont comme Madame d’Aulnoy rencontré le succès avec leurs recueils de contes, mais c’est pourtant un homme qui va passer à la postérité avec ces Contes de ma mère l’oye : Charles Perrault. L’œuvre est même devenue un classique de la littérature enfantine alors qu’ils étaient destinés et lus uniquement par des adultes lors de leur publication ! Charles Perrault n’invente pas les contes qu’il écrit, mais il s’inspire des contes populaires issus de la tradition orale.

Ce qui est également savoureux dans Les Nuits blanches du Chat Botté, c’est que le lecteur a une longueur d’avance sur les protagonistes. Les contes de Perrault sont en effet essentiellement connus du sérail parisien et versaillais, et là où nous reconnaissons tout de suite le petit chaperon rouge ou le petit poucet, le procureur, lui, patauge dans la boue provençale.

Un roman divertissant, à l’intrigue intéressante et originale. L’auteur ne brille cependant pas par un style éblouissant mais on passe un bon moment de lecture. Si vous aimez les aventures de Nicolas Le Floch, vous serez sans doute séduites par les aventures de Guillaume de Lautaret, même si le talent de Jean-François Parot est de loin supérieur à celui de Jean-Christophe Duchon-Doris.

Les Nuits blanches du Chat Botté sont le premier opus d’une trilogie, je lirais donc prochainement les deux autres romans.

Lu dans le cadre des challenges Polars Historiques, Le règne de Louis XIV et Animaux du monde

         

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Paris, 15 août 1855. Félix de Montagnon, reporter au Populaire, et son ami Jules Verne, jeune écrivain encore inconnu, assistent à une séance de spiritisme. A la fin de celle-ci, le médium Gordon est assassiné d’une balle dans chaque œil. A ses côtés, une serviette remplie de faux billets et le cache d’un objectif photographique. Bientôt d’autres crimes sont perpétrés. Chaque fois, l’assassin laisse près de ses victimes des indices énigmatiques. Intrigués, les deux compères vont alors se plonger dans une enquête tortueuse qui les conduira du Père-Lachaise à l’Exposition universelle, du laboratoire secret d’un savant fou aux alcôves d’une maison close. Expériences occultes, fausse monnaie, trafic de cadavres se mêlent dans ce drôle de drame, où Jules Verne joue les grands détectives.

Guillaume Prévost nous plonge dans l’atmosphère bouillonnante du Paris du milieu du 19è siècle, au moment de l’Exposition Universelle de Paris. Une époque charnière, en pleine industrialisation, avec les débuts des chemins de fer, l’engouement pour la photographie et l’âge d’or de la presse, qui tirait alors à des millions d’exemplaires chaque jour, tous titres confondus, des chiffres qui feraient rêver les patrons de presse du 21è siècle !

C’est aussi le Paris des Maisons Closes et de la toute puissante des hommes, le clivage Paris/Province. L’atmosphère est bien reconstituée et j’ai trouvé passionnante cette plongée dans l’univers des daguerréotypes, procédé inventé par Louis Daguerre en 1835, uniquement positif et qui ne permet pas la reproduction de l’image. Cet ancêtre de la photographie est constitué d’une plaque, généralement en cuivre, recouverte d’une couche d’argent.

L’intrigue est rondement menée par un jeune Jules Verne, encore complexé par ses origines nantaises, détective le temps d’une enquête, pour venir en aide à son ami, Félix de Montagnon, reporter au Populaire. On le découvre jeune écrivain timide et romantique, admirateur d’Edgar Poe et de Gérard de Nerval, en ballade dans les rues d’un Paris sous Napoléon III, en pleine transformation, sous les coups de pelle du baron Haussmann.

Si vous êtes à la recherche d’un roman policier bien ficelé et érudit, le mystère de la chambre obscure est pour vous !

Lu dans le cadre des challenges Paris et Polars Historiques :

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