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Posts Tagged ‘roman ségrégation raciale’

Martha Hall Kelly vit à Atlanta, en Géorgie. Le Lilas ne refleurit qu’après un hiver rigoureux, son premier roman, est souvent comparé à Elle s’appelait Sarah de Tatiana de Rosnay. Inspiré de faits réels, il est devenu dès sa parution un best-seller international, vendu à plus d’un million d’exemplaires dans le monde et près de 50 000 en France.

Printemps 1861. À New York, Georgeanna Woolsey va à l’encontre de toutes les attentes de la société mondaine et s’engage comme infirmière sur les champs de bataille alors que la guerre de Sécession commence.

Jemma, jeune esclave d’une plantation de tabac du Maryland, se retrouve face à un choix cruel : saisir l’occasion inespérée de s’échapper ou demeurer auprès des siens.

Quant à Anne-May, qui mène d’une main de fer la plantation familiale depuis que les hommes ont rejoint les troupes confédérées, son ambition dévorante ne tarde pas à l’exposer à un sort terrible…

En ces temps troubles où chacun joue sa liberté dans un pays sur le point de s’effondrer, ces trois femmes vont décider de défier les règles que monde leur impose.

Après avoir beaucoup aimé Un parfum de rose et d’oubli, j’étais curieuse de découvrir Le tournesol suit toujours la lumière du soleil, dernier tome de la trilogie de Martha Hall Kelly consacrée aux femmes Ferriday qui ont réellement existé comme nous l’explique la notice de l’autrice en fin d’ouvrage.

Et comme la vie est parfois bien faite, ce roman fait partie de ceux sélectionnés pour le grand prix des lecteurs Pocket pour laquelle je suis très en retard, comme le lapin d’Alice. Une fois de plus, je suis enchantée de la sélection car j’ai adoré cette histoire qui m’a tellement tenue en haleine que j’en suis venue à bout en trois petits jours.

Dans ce roman, l’autrice nous propose trois trajectoires : une abolitionniste convaincue, une esclave et une propriétaire d’esclaves. On les suit ainsi que leurs familles tout au long de la guerre de Sécession et c’était totalement passionnant de la première à la dernière page.

L’histoire fait la part belle aux femmes, ce sont elles qui sont les héroïnes de ce joli pavé, qui sont le mieux décrites et le plus développées. Les autres personnages, notamment masculins, font pâle figure à côté, en tout cas ils sont à peine esquissés, ce que je trouve un peu dommage.

Martha Hall Kelly donne la parole tour à tour à ces trois femmes, le découpage se fait donc comme suit : un chapitre pour Georgy, un pour Jemma, un pour Anne-May, et ainsi de suite, comme dans le précédent opus de l’autrice.

Historiquement parlant, c’est bien documenté même si la guerre est en toile de fond, ce qui est au premier plan c’est la vie de nos trois héroïnes, deux pour lesquelles je me suis immédiatement attachée ainsi qu’à l’ensemble de la famille Woolsey, portée par des femmes puissantes et la troisième que j’ai détesté, vous devinerez sans peine de laquelle il s’agit !

L’autrice met en lumière le travail des infirmières pendant le conflit, les blessures auxquelles elles font face et qui ressemblent beaucoup à celles des soldats de 14/18, les levées de fonds, les principales batailles mais aussi la lutte pour l’abolition, le quotidien d’une plantation, le sort des esclaves, la cruauté des maitres et des contremaitres même si elle montre des nuances. Certains propriétaires du sud, certes minoritaires, traitaient humainement leurs esclaves voire les affranchissait dans leurs testaments. J’ai apprécié que tout ne soit pas blanc ou noir.

Tout au long du roman, j’ai été submergée par les émotions : le courage de Jemma pour supporter les coups de badiane et pour oser s’émanciper de son statut d’esclave. J’ai été révoltée par les scènes cruelles qui la concernent ainsi que sa famille et qui m’ont émue aux larmes, j’ai beau avoir lu plusieurs romans sur ce sujet, je suis touchée en plein coeur à chaque fois. Epatée par Georgy et de ses soeurs qui osent emprunter d’autres voies que celles dans lesquelles on les attend et qui prennent fait et cause pour les esclaves.

Pour conclure, Le tournesol suit toujours la lumière du soleil est une bonne fresque historique qui décrit la lutte pour l’abolition de l’esclavage et la guerre de Sécession, qui dépeint la situation politique de cette période parfois âpre à appréhender. Si vous aimez cette période, je vous le conseille.

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Inga Vesper vit en Ecosse. Elle a longtemps travaillé comme aide-soignante, avant de se tourner vers le journalisme-reportage (en Syrie et en Tanzanie notamment). Un long, si long après-midi est son premier roman.

Dans sa cuisine baignée de soleil californien, Joyce rêve à sa fenêtre. Elle est blanche, elle est riche. Son horizon de femme au foyer, pourtant, s’arrête aux haies bien taillées de son jardin. Son mari et ses deux petites filles l’aiment, mais elle, rêve d’autre chose.

Ruby, elle, travaille comme femme de ménage chez Joyce et rêve de changer de vie. Mais en 1959, la société américaine n’a rien à offrir à une jeune fille noire et pauvre. Et lorsqu’en venant faire le ménage, elle trouve une mare de sang dans la cuisine et Joyce aux abonnés absents, elle prévient la police qui aussitôt l’arrête…

Si vous avez aimé La couleur des sentiments et que vous appréciez de retrouver le thème de la ségrégation raciale dans vos lectures, Un long, si long après-midi d’Inga Vesper est pour vous !

J’ai beaucoup aimé ce roman d’atmosphère qui dépeint si bien la société américaine de la fin des années 50, encore engluée dans la ségrégation raciale, et la condition féminine de cette époque : quand Joyce disparaît, le vernis des faux-semblants du rêve américain se craquelle.

La lutte pour l’égalité des femmes et des afro-américains n’en est qu’à ses débuts, mais ces deux héroïnes bouleversantes font déjà entendre leur cri. Celui d’un espoir brûlant de liberté.

Un premier roman qui sous couvert d’un polar raconte le quotidien des femmes dans un quartier aisé de Los Angeles en 1959 ! De la femme au foyer à l’employée de maison noire, Inga Vesper démonte petit à petit l’envers de l’idyllique décor californien.

Mick, un flic fraichement muté de New-York va enquêter et se trouver confronter au sexisme ambiant, au racisme omniprésent, aux conflits générés par les luttes sociales, les noirs pauvres et exploités, les blancs aisés et indifférents voire méprisants !

Il va être aidé dans son enquête par Ruby qui, en tant que femme de ménage, peut mettre son nez dans la maison de Joyce et celle de sa meilleure amie qui semble bien trop proche de l’inconsolable mari de Joyce.

Si j’ai trouvé aisément le coupable, cela n’a en rien nui à ma lecture tant ce roman est intéressant et captivant par les thématiques qui le traversent : la situation de l’Amérique, celle de l’american way of life qui ne fut qu’une façon comme une autre de se voiler la face sur les problèmes raciaux, l’émancipation des femmes, etc.

Un très bon roman avec des personnages attachants ou odieux mais dépeints très justement. J’ai particulièrement apprécié le duo Mick-Ruby avec leurs blessures et leur réalisme, leur humanité et leurs espoirs.

Un grand merci à Babelio et aux éditions La Martinière pour cette excellente lecture, j’ai adoré !

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Lu dans le cadre du challenge 1 pavé par mois

Lisa Wingate est journaliste et romancière. Après le best-seller Les Enfants du fleuve, Les Chemins de la liberté est son second roman traduit en français.

Louisiane, 1875. Hannie, ancienne esclave, se retrouve malgré elle à faire la route avec Lavinia, son ancienne maîtresse, héritière ruinée d’une plantation, et Juneau Jane, la demi-sœur de Lavinia, fille d’une célèbre courtisane de La Nouvelle-Orléans.

Chacune cherche le même homme, mais pour des raisons différentes. C’est au péril de leur vie qu’elles se lancent dans une épopée dangereuse à travers les États du Sud. Au bout du chemin, Hannie nourrit le secret espoir de retrouver les membres de sa famille dont elle a été séparée avant la fin de l’esclavage.

Louisiane, 1987. Pour Benedetta Silva, devenir professeure dans un collège rural semble la meilleure idée pour rembourser ses prêts étudiants. Mais les habitants de la ville d’Augustine se méfient des intrus et Benny peine à trouver sa place.

Dans Les Chemins de la liberté, Lisa Wingate qui signe ici son second roman, dévoile des événements historiques méconnus. Après la guerre de Sécession, beaucoup d’esclaves qui avaient été séparés de leurs familles, vendus, aux quatre coins des états sudistes, se sont mis à chercher les leurs.

Les anciens esclaves ont donc fait paraître des avis de recherche dans les journaux des États du Sud pour retrouver les membres de leur famille. Ces avis étaient lus par les pasteurs pendant les messes car bon nombre d’afro-américains ne savaient ni lire ni écrire. L’autrice va emprunter ces petites annonces pour ponctuer son récit.

Roman à deux voix et à double temporalité, nous suivons au 19è siècle Hannie à la recherche de son ancien maître et des papiers prouvant qu’elle a acheté une parcelle de terre.

Et au 20è, Benedetta qui nouvellement nommée à Augustine, va s’emparer de ces petites annonces pour monter un spectacle avec ses élèves.

C’est aussi la quête de trois jeunes femmes que tout sépare, Hannie et les filles de son ancien maître, la légitime et la mulâtre, née de ses amours avec une esclave, dans le sud des Etats-Unis ravagé par la guerre de Sécession.

Sur le papier, ce roman avait tout pour me plaire même si la thématique de la ségrégation raciale n’est pas ma préférée, elle m’intéresse beaucoup.

L’autrice a indéniablement fait des recherches pour nous proposer une toile de fond historique de grande qualité. J’ignorais tout de la vie des anciens esclaves, une fois libres, et de ce point de vue, j’ai appris une foule de choses, ce qui est un très bon point pour moi.

Le récit au présent est également intéressant, on voit qu’il n’est pas bien vu de ressasser ce passé ségrégationniste dans le sud des Etats-Unis à la fin du 20è siècle, Benedetta va vite se heurter à la bourgeoisie locale qui va vouloir la faire rentrer dans le rang.

Malgré ces atouts indéniables, je trouve à ce roman deux gros défauts : je ne me suis à aucun moment attachée aux héroïnes de ce roman, même si le début m’a serrée le coeur, j’avoue qu’ensuite j’ai eu du mal à me passionner pour le sort d’Hannie.

Et j’ai eu un vrai problème de rythme : trop de longueurs, de lenteurs, de longs passages qui, pour moi, n’apportaient rien. Vous le savez, j’abhorre les longueurs et lorsque j’ai dépassé la moitié, j’ai préféré le lire à petites doses, de peur de me lasser tout à fait.

Toutefois, si cette thématique vous intéresse, je vous encourage à découvrir ce titre et à vous faire votre propre opinion car les avis sont dithyrambiques, ce qui me chagrine car j’ai bien peur d’être passée à côté de ce roman. Et j’en profite pour remercier Les escales pour leur confiance.

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Lu dans le cadre du challenge 1 pavé par mois  :

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En 1830, la vie idéale de James Pyke est sur le point de basculer. Lui, le fils d’un planteur et d’une esclave qui a dû fuir sa Virginie natale, a réussi à se hisser dans la haute société de Philadelphie en cachant ses origines, et vit une passion avec une ravissante aristocrate. Jusqu’à ce que Henry, l’homme qui lui avait sauvé la vie vingt ans plus tôt, ne vienne frapper à sa porte pour lui demander de l’aide à son tour. Son fils Pan, serviteur et protégé de James depuis des années, a disparu, enlevé pour être vendu comme esclave. Incapable d’abandonner le garçon à un pareil sort, James décide de partir à sa recherche. 
Dans cette Amérique sudiste qui n’oublie ni ne pardonne, parviendra-t-il à sauver Pan au péril de sa vie ? Retrouvera-t-il Caroline, son grand amour et la mère de son enfant ?

Mars 1830. James Pyke, fils de Belle et de Marshall, est un homme adulte qui a prospéré suite à son adoption par Mr et Mrs Burton qui ignoraient tout de ses origines. James, qui n’accepte pas que du sang nègre coule dans ses veines, vit comme un blanc depuis sa fuite de la plantation mais traite bien ses domestiques noirs.

Henry, l’ancien esclave qui l’a aidé à survivre lors de son arrivée à Philadelphie, vient lui demander de l’aider à retrouver son fils Pan. Le jeune garçon âgé de 12 ans était au service de James qui s’était pris d’affection pour lui. Mais alors que le garçon était parti acheter un oiseau sur le port, il a été capturé par des marchands d’esclaves.

Caroline, la femme dont James est amoureux et qui porte son enfant, est sur le point d’accoucher. Alors qu’il se ronge d’angoisse à l’idée qu’elle donne naissance à un enfant noir, le secret de ses origines est découvert et James doit fuir car il reste recherché par Rankin qui s’est juré de mettre la main sur l’assassin de Marshall…

Souvenez-vous j’avais eu un joli coup de coeur il y a six mois de cela pour La colline aux esclaves et j’avais très envie d’en retrouver les héros et découvrir ce qu’il avait pu leur advenir.

Dans Les larmes de la liberté, on suit essentiellement James, fruit du viol de la mulâtre Bella par Marshall, élevé comme un blanc par sa grand-mère jusqu’à l’âge de douze ans, jusqu’au moment où Marshall a voulu le vendre, lui révélant ainsi ses origines.

Depuis sa fuite, il vit dans la crainte que son secret s’évente et continue d’avoir honte du sang qui coule dans ses veines, au point de refuser tout mariage. Il va tout de même s’attacher au jeune Pan et partir à sa recherche, retrouvant ainsi Soukee, l’une des esclaves de son père.

J’ai trouvé cette suite à la hauteur du premier roman de Kathleen Grissom même si ici je n’ai pas eu de coup de cœur, j’ai adoré retrouver les personnages et découvrir ce qu’il advenait de certains d’entre eux même si je suis frustrée de ne pas avoir retrouvé Bella et Livia, qui étaient mes deux personnages préférés.

L’histoire proposée par l’auteure est prenante et monte en puissance au fil du récit au point que l’on se ronge les sangs pour nos deux héros, tremblant que le premier ne soit rattrapé par Rankin et que le second reste à tout jamais un esclave ! Quant à Soukee, mon cœur s’est serré lorsque j’ai compris ce qu’elle avait traversé au cours des vingt années qui sépare le second opus du premier.

On retrouve avec effroi l’existence de ces hommes, femmes et enfants, qui subissaient le joug de l’esclavage (humiliations , mutilations , viols , séparation des mères et de leurs enfants, des maris de leurs femmes…), l’horreur de leur quotidien mais ce qui est intéressant ici, c’est que Kathleen Grissom nous dévoile les débuts des réseaux de libération des esclaves, le fameux underground railroad mis en place par les quakers, qui pouvaient payer leurs bonnes actions de leur vie si ils étaient découverts par les patrouilleurs employés par les propriétaires des plantations à la recherche de leurs esclaves en fuite.

J’ai aussi apprécié de suivre l’évolution de James qui va finir par accepter ses origines et risquer sa vie pour arracher à l’esclavage Pan et Soukee.

Si j’ai été moins émue par Les larmes de la liberté que par La colline aux esclaves, j’ai néanmoins adoré ma lecture et je vous recommande vivement ces deux romans qui sont par leur thématique à la fois passionnants et révoltants.

Ma copinaute Belette a adoré elle aussi, son avis ici !

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Lu dans le cadre du challenge 1 pavé par mois :

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1993. En plein jour, dans une rue bondée de Floride, une femme de quatre-vingt-seize ans abat froidement un membre du Ku Klux Klan.
1919. Bannie par les siens, Alicia Cortez, vingt-deux ans, quitte La Havane pour rejoindre l’Amérique et sa cousine Beatriz, tenancière du Pearl’s, l’une des maisons closes les plus fréquentées de Key West.
Avec son charme exotique, la belle Cubaine trouve rapidement sa place dans cet univers sensuel et secret. Aidée de John, vétéran tourmenté et propriétaire d’un bar voisin, Alicia va jusqu’à organiser la contrebande d’alcool, pour contrer les lois de la prohibition. Et leur amitié laisse bientôt place à une profonde attirance.
Mais la menace du Klan gronde dans l’archipel…

1993. Une vieille dame quasi centenaire revient agitée de sa ballade quotidienne, va chercher son colt puis ressort afin de gagner le rassemblement du Ku Klux Klan. Là, elle abat froidement Charlie Simpkins, kleagle du Klan, sous les objectifs des caméras et des photographes venus en nombre couvrir l’événement.

1919. Alicia Cortez, 22 ans, une beauté métisse bien éduquée, a du fuir son mari et La Havane, et débarque à Key West avec des G.I’s revenus de France. Beatriz est venue l’accueillir et Alicia découvre avec effroi que sa cousine est tenancière d’un bordel, Le Pearl, et que c’est désormais là qu’elle va élire domicile.

Mais les soldats ont ramené avec eux l’épidémie de grippe espanole qui a déjà fait des millions de morts en Europe au cours de laquelle Beatriz va perdre la vie. Avant de rendre son dernier soupir, elle fait promettre à Alicia de prendre sa place au Pearl avec l’aide de John Morales, qui tient le bar en face.

L’ancien soldat décoré de la croix de guerre et la jolie métisse vont bientôt tomber amoureux et emménager ensemble en dépit des mises en garde de leur entourage, des lois et des avertissements du Klan qui interdisent tout rapprochement entre blancs et noirs…

Les brumes de Key West est le second roman de Vanessa Lafaye publié en France après le remarqué Dans la chaleur de l’été publié en 2016 et le dernier que l’on aura à lire puisque l’auteure a hélas succombé à un cancer en février dernier.

Si le début de l’intrigue et son épilogue se déroulent en 1993, le reste du roman a pour cadre Key West en 1919. Vanessa Lafaye, comme elle l’explique dans sa note à la fin de l’ouvrage, s’est inspiré de la vie de Manuel Cabeza et de son histoire d’amour mixte qui l’a unit à Angela, sa compagne métisse, tenancière de maison close connue sous le nom de Rosita Negra, la Rose Noire.

A partir de ce tissu véridique, l’auteure a bâti une intrigue totalement fictive mais qui s’inspire de faits réels ayant eu lieu en 1919 à Key West. Je dois dire que j’ai été littéralement happée par cette histoire dès les premières pages et conquise par la plume fluide de Vanessa Lafaye, c’est bien simple j’ai dévoré cette très belle histoire, portée par des personnages attachants, imparfaits mais captivants et au caractère bien trempé.

Au-delà de l’histoire d’amour impossible entre John et Alicia, l’auteure met le doigt là où ça fait mal, nous relate une époque où les amours mixtes étaient prohibées et où le Ku Klux Klan avait beaucoup d’adepte et se livrait à des exécutions sommaires, des lynchages en toute impunité et sans jamais être inquiété par la police ou la justice.

On sent bien au fil du récit que l’on se dirige doucement mais sûrement vers un drame et qu’il n’y aura pas de fin heureuse, on espère se tromper et on reste captivé par le récit jusqu’au point final.

Outre ce duo de héros et l’histoire d’amour qui les unit, l’auteure fait évoluer un autre personnage, adolescent au moment des faits : Dwayne Campbell, le fils du pasteur, qui vit dans l’ombre et la terreur de ce père qu’il adule et qu’il accompagne dans les réunions du Klan.

Ce jeune homme qui travaille pour un marchand juif qu’il aime beaucoup ne comprend pas les motivations des suprématistes blancs bien qu’il soit attiré par le message du Klan, présenté comme une cause juste pour le plus grand bien. Il s’interroge pourtant et questionne son père : pourquoi vouloir chasser son employeur qui est un homme doux et bon juste parce qu’il est juif ? Pourquoi tuer des noirs juste pour leur couleur de peau ? etc. Et le père répond : mais c’est pour leur bien et pour que l’Amérique reste une nation forte.

J’ai beaucoup aimé ces trois personnages complexes et la voie courageuse qu’ils vont suivre à mesure que le récit avance. Un récit que j’ai refermé à regret et qui m’a confirmé qu’il fallait absolument que je lise Dans la chaleur de l’été.

Un très beau roman que je vous conseille vivement si vous aimez les romans historiques, les histoires d’amour et ces questions raciales qui ont agité l’Amérique et qui l’agitent toujours.

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États-Unis, 1791. Lavinia, jeune orpheline irlandaise, se retrouve domestique dans une plantation de tabac. Placée avec les esclaves noirs de la cuisine, sous la protection de Belle, la fille illégitime du maître, elle grandit dans la tendresse de cette nouvelle famille.
Cependant, Lavinia ne peut faire oublier la blancheur de sa peau : elle pénètre peu à peu dans l’univers de la grande maison et côtoie deux mondes que tout oppose. Jusqu’au jour où une histoire d’amour fait tout basculer…

En 1791, Lavinia, orpheline de 6 ans, est recueillie par le capitaine d’un navire, revenu d’Irlande, pays dont la fillette et sa famille étaient originaires. Lorsqu’il rejoint sa plantation de tabac en Virginie, il l’emmène avec lui et la confie à Belle, l’esclave chargée de la cuisine.

Belle est en fait la fille naturelle du capitaine mais l’épouse et les enfants du maître de maison n’en savent rien et pensent qu’elle est en fait sa maîtresse, subissant leur haine et leur mépris.

Lavinia, blanche et rouquine, va prendre place aux côtés des esclaves de la plantation, non pas dans les champs de coton, mais dans les rangs de la domesticité rattachée à la grande maison.

Prise sous son aile par Mama Mae, Papa Georges, Belle, Ben et les autres, elle va s’épanouir auprès d’eux, tisser des liens très forts et trouver ainsi une vraie famille malgré la différence de peau.

Le capitaine traite plutôt bien ses esclaves qui mangent à leur faim et répugne à les faire battre mais il est trop souvent absent et le contremaitre prend alors ses aises, entraînant avec lui l’héritier du domaine, qu’il conforte dans sa haine des nègres…

La colline aux esclaves me faisait de l’œil depuis sa parution en grand format chez Charleston, il a fallu attendre sa sortie poche puis 18 mois d’attente dans ma PAL pour que je l’en sorte, une fois de plus grâce à une lecture commune avec ma Belette.

Et, une fois ce roman refermé, je me suis dit : Pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour le lire ?!! Car j’ai eu mon premier gros coup de cœur de l’année avec ce récit poignant qui a fait battre mon petit cœur.

Kathleen Grissom vit dans l’ancienne dépendance d’une grande plantation de Virginie. Elle y a retrouvé une carte de l’endroit datant du XVIIIe siècle avec l’inscription  » La Colline aux esclaves « . Intriguée par ce nom, elle fait des recherches et celles-ci lui ont inspiré La Colline aux esclaves, son premier roman.

Et quel roman plein d’émotions ! Addictif aussi, j’ai dévoré ses 500 pages en 3 jours et encore parce que je pleurai tellement par moments qu’il fallait que je pose ma lecture, histoire de reprendre mon souffle.

J’ai adoré les personnages de Lavinia, Belle, papa Georges, mama Mae, Suckey et tous les autres, touchée par leur condition d’esclaves mais aussi la petite Sally, le capitaine et sa femme, émue par leur destin tragique.

Lavinia, Belle et Mama Mae sont malgré tout mes préférées, des héroïnes extrêmement fortes, dont le destin est marqué par l’histoire. L’auteure donne tour à tour la parole à Lavinia et Belle, qui racontent leur histoire et que l’on suit en parallèle, un chapitre pour la première et le suivant pour la seconde, ainsi de suite.

Cette histoire qui s’étale sur une vingtaine d’années est absolument bouleversante, je m’attendais à ce que le capitaine et sa femme soient des personnages cruels envers leurs esclaves mais que nenni, le danger n’est pas venu de là. L’auteure a su mener son récit sans tomber dans le manichéisme, montrant qu’il y avait aussi des maitres qui prenaient soin de leurs esclaves, sans pour autant vouloir les affranchir, trouvant dans ce système odieux de lucratives sources de revenus.

Même si le récit n’est pas aussi cruel que je le redoutais, ce roman comporte des passages très difficiles, montrant sans équivoque, le quotidien d’un esclave, les règles qui régissaient leurs vies, y compris leur mariage.

Kathleen Grissom dévoile dans son atrocité ce à quoi les esclaves étaient exposés, comment ils pouvaient être exécutés, torturés, vendus du jour au lendemain, brisant ainsi des familles : des maris et des femmes privés de leurs conjoints ou de leurs enfants, des enfants privés de leurs parents.

Lavinia aura la chance, grâce à sa couleur de peau, d’échapper au sort réservé aux esclaves noirs et pourra être instruite grâce à la générosité de la femme du capitaine puis à la famille de celle-ci, lui permettant d’aspirer à un autre destin que celui réservé à sa famille noire.

J’ai été passionnée par les destins de chaque personnage, adoré suivre Lavinia et Belle bien sûr mais aussi Mama Mae, Papa Georges, Ben et les autres. Ces héros privés de liberté vont vivre des choses bouleversantes mais connaître aussi des petits bonheurs qui font chaud au cœur.

En bref, si vous n’avez pas encore lu La colline aux esclaves, foncez et allez à la découverte de cette histoire captivante.

Ma copinaute Belette a eu elle aussi un gros coup de cœur, son avis ici !

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Cora, seize ans, est esclave sur une plantation de coton dans la Géorgie d’avant la guerre de Sécession. Abandonnée par sa mère lorsqu’elle était enfant, elle survit tant bien que mal à la violence de sa condition. Lorsque Caesar, un esclave récemment arrivé de Virginie, lui propose de s’enfuir, elle accepte et tente, au péril de sa vie, de gagner avec lui les Etats libres du Nord. De la Caroline du Sud à l’Indiana en passant par le Tennessee, Cora va vivre une incroyable odyssée. Traquée comme une bête par un impitoyable chasseur d’esclaves qui l’oblige à fuir, sans cesse, le « misérable coeur palpitant » des villes, elle fera tout pour conquérir sa liberté.

Cora vit ou plutôt survit quelque part en Géorgie. Elle a seize ans et cela fait déjà six ans que sa mère s’est enfuie de la plantation Randall, la laissant derrière elle. Elle est esclave et ne rêve que de quitter sa plantation de coton, depuis le jour où Caesar lui a proposé de s’évader avec lui.

S’enfuir vers le Nord, vers les Etats libres et lorsque son compagnon d’infortune lui révèle qu’il existe un réseau de souterrains secrets y menant, elle n’hésite plus. Elle tente sa chance, poursuivie par le chasseur d’esclaves Ridgeway, qui s’était déjà jeté aux trousses de sa mère, sans succès.

Arrivera-t-elle à conquérir sa liberté et vivre enfin une vie sans entraves ?

Underground Railroad est l’un des romans évènements de la rentrée littéraire 2017. Auréolé du prix Pulitzer et du National Book Award et croulant sous les avis dithyrambiques de la presse et des blogueuses, il avait piqué ma curiosité, je suis donc ravie d’avoir pu le découvrir à mon tour et je remercie PriceMinister et les éditions Albin Michel pour cette lecture faire dans le cadre des fameux Matchs de la rentrée littéraire 2017.

Ce roman signé Colson Whitehead, romancier, nouvelliste et journaliste américain dépeint dans toute sa vérité l’horreur de la condition des esclaves, considérés comme de simples marchandises que l’on vend et revend selon les besoins des plantations, que l’on sépare de leurs familles sans l’ombre d’un remords.

On suit Cora mais aussi d’autres personnages tout au long du récit. Un récit très dur avec des passages anxiogènes qui décrivent avec précision des scènes de tortures et d’exécutions qui font froid dans le dos voire donnent la nausée.

En ce qui me concerne ce roman ne fut pas une lecture plaisir ou confortable, j’ai du arrêter ma lecture à de nombreuses reprises, désarçonnée par la construction du roman, le style de l’auteur parfois limite lourd mais surtout par le sort des esclaves qui m’était insupportable.

Heureusement, ce roman est aussi plein d’espoir à travers les personnages blancs et noirs qui animent ce réseau souterrain, et qui, au péril de leur vie, aideront Cora à s’éloigner de sa Géorgie natale et de la plantation Randall, où elle sait que si elle est reprise, elle sera exécutée de la plus cruelle des manières.

Cet Underground railroad est purement fictionnel mais Colson Whitehead s’est inspiré du réseau d’entraide et de solidarité existant pendant la guerre de Sécession, qui a permis à des milliers d’esclaves du sud de fuir vers le nord.

Je dois dire que si la première moitié du roman fut difficile pour moi à lire avec des passages insoutenables, j’ai dévoré très rapidement la seconde moitié, emportée par la fuite en avant de Cora et de Caesar et leur traque par le chasseur d’esclaves.

C’est un roman fort, coup de poing qui dénonce le système esclavagiste, le système financier sur lequel il repose, la hiérarchie des différents pouvoirs de la plantation, la vie d’un esclave dans une plantation, et surtout pourquoi il a été si difficile d’abolir l’esclavage dans les états du sud.

L’auteur met également en évidence l’histoire du racisme aux Etats-Unis, les ressorts sur lesquels il repose et dissèque ses mécanismes psychologique et sociaux. De ce point de vue là, je trouve ce roman historique très réussi.

Si Whitehead dénonce, il sait aussi rendre hommage à tous les hommes et les femmes courageux qui ont rendu possible la fuite des esclaves, le plus souvent des blancs, qui, subissaient le même sort que les esclaves si ils étaient découverts.

Je n’ai en revanche pas réussi à m’attacher à Cora, je trouve dommage que Colson Whitehead mette une aussi grande distance entre ce personnage et nous. Comme je n’ai pas aimé la structure du roman à plusieurs voix, en général j’aime plutôt bien mais ici ça ne l’a pas fait avec moi, j’ai trouvé ça bien trop confus. Enfin, il y a des passages limites fantastiques dans les sous-sols qui n’ont pas été à mon goût non plus.

Petite déception donc en ce qui me concerne, j’avais sans doute de grandes attentes après tous les avis positifs que j’avais lus mais je ne peux que vous encourager à lire à votre tour Underground Railroad, un roman très bien documenté sur les différents aspects de l’esclavagisme aux États Unis.

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Lu dans le cadre du challenge  1 pavé par mois

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Au cours de l’été brûlant de 1963, la ségrégation fait rage dans la petite ville de Murpheysfield. Mary Jacob, douze ans, mal aimée par sa famille, trouve refuge auprès de Lavina, la cuisinière noire, qu’elle considère comme sa mère. Mais, lors d’incidents raciaux, la domestique est tuée. Mary Jacob, choquée, oubliera tout de cette période de sa vie.

Des décennies plus tard, apprenant que son père est mourant, Mary Jacob retourne dans sa Louisiane natale. Partie sur les traces de son passé, la jeune femme retrouvera-t-elle la mémoire de son enfance brisée ? Pourra-t-elle faire la paix avec sa propre histoire et avec Billy Ray, le fils de Lavina, blessé par le silence et les non-dits ?

Début des années 1990, Mary Jacob retrouve sa Louisiane natale qu’elle a quitté deux décennies plus tôt. Elle est en effet désormais installée à New York, auteure de romans pour enfants qui connaissent une certaine célébrité, maman d’un garçon et épouse d’un juif new yorkais lui-même le fils de survivants de l’Holocauste venus s’installer en Amérique.

Sa sœur Kathryn l’a appelé au chevet de leur père mourant. Le vieil homme va regagner sa demeure de Murpheysfield et souhaite renouer avec sa fille cadette avec laquelle les liens sont rompus depuis de nombreuses années.

Mary Jacob débarque donc dans la maison de son enfance et au gré de ses conversations avec son père et de ses retrouvailles avec Billy Ray, un musicien afro-américain, elle dont la mémoire est d’ordinaire défaillante sur son enfance, se remémore petit à petit des souvenirs jusque là enfouis dans sa mémoire.

Elle va se souvenir des dernières semaines de la vie de sa mère morte d’une longue maladie et de celle qu’elle considérait comme sa véritable mère, Lavina, la servante noire de la famille et mère de Billy Ray qui a connu une fin tragique, en pleine ségrégation raciale, sur fond de lutte pour les droits civiques…

La ségrégation raciale ou l’esclavage ne font pas partie de mes thèmes de prédilection car ils sont bien évidemment très durs mais je trouve nécessaire les romans ou bandes dessinées qui les traitent car nous ne devons jamais oublier les victimes des exactions et cruautés qui ont perduré jusque dans les années 60 aux États-Unis dans les provinces du Sud.

Par le passé j’avais adoré La couleur des sentiments, Sweet Sixteen ou Les derniers jours d’Emmett Till, je n’ai donc pas résisté à l’envie de lire Le refuge des souvenirs, le premier roman de Mary Marcus traduit en français.

La romancière nous propose ici un roman à trois voix qui a pour toile de fond le début des années 90 pour le commencement de l’intrigue puis l’été 1963 qui revient en détail sur la relation entre Mary Jacob la petite fille blanche mal aimée par ses parents et Lavina leur servante noire. L’amour et l’affection mutuelle qui unissent ces deux personnes sont bien évidemment interdits dans le sud des États-Unis où la ségrégation fait encore rage au début des années 60.

Une enfant blanche n’est pas censée avoir une proximité quelconque avec sa servante noire et encore moins lui témoigner un amour filial, mais Mary Jacob osera transgresser les règles établies même si elle prendra en retour des coups de ceinture ou de fouets.

Quant à Lavina, elle ne doit pas oublier sa place au sein de la famille ni celle au sein de la société des années 60 dominée par les blancs qui ont encore droit de vie et de mort sur leurs concitoyens noirs mais elle ne peut empêcher d’aimer Mary Jacob comme sa propre fille, déclenchant ainsi la jalousie de son propre enfant.

De ce point de vue, le roman de Mary Marcus est réussi : il rend compte du climat qui régnait à cette époque et de ce que les afro-américains subissaient encore et toujours et à cet égard il est très émouvant, il y a des passages vraiment très beaux qui mettent la larme à l’oeil.

Mary Marcus alterne donc tout au long du récit les souvenirs de Mary Jacob et les lettres de l’au-delà de Lavina qui nous apportent un éclairage supplémentaire sur la vie des domestiques noirs et sur les évènements qui ont conduit à sa fin tragique, je ne vous spoile pas, l’auteure dévoile cette mort dès le préambule.

Même si j’ai trouvé le rythme du roman trop lent c’est surtout la troisième voix qui m’a déplu : Billy Ray. Le fils de Lavina devenu gloire du blues dans les années 60 et devenu depuis un parfait has-been alcoolique et totalement égocentrique m’a tout de suite agacé et j’ai fini par sauter les parties le concernant tellement qu’il m’était antipathique, sans cela, je pense que c’était le coup de coeur.

Le refuge des sentiments est un beau roman, à la fois tendre et tragique, sensible et pudique, profond et émouvant que je vous recommande si le sujet vous intéresse.

Merci à Anne et aux Presses de la Cité pour cette lecture émouvante.

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Rentrée 1957. Le plus prestigieux lycée de l’Arkansas ouvre pour la première fois ses portes à des étudiants noirs. Ils sont neuf à tenter l’aventure. Ils sont deux mille cinq cents, prêts à tout pour les en empêcher.

sweet-sixteen-hannelise-heurtierauteur-editeur-pagesLe Sweet sixteen, c’est l’un des rites de passage qui font fureur aux Etats-Unis, comme le fameux bal de promo, il s’agit en fait du 16è anniversaire fêté en grande pompe, le passage de l’adolescence à l’âge adulte.

Dans les états du sud, au beau milieu des années 50, la ségrégation raciale est toujours aussi active, on peut même dire que le ségrégationnisme est roi. Les blancs ont tous les droits, y compris de lyncher un noir sans être le moins du monde inquiété par la police ou la justice.

Aussi lorsque le président Eisenhower décide que les écoles publiques devront désormais être ouvertes simultanément aux blancs et aux noirs, les wasp bon teint et les adeptes du Ku Klux Klan de la ville de Little Rock dans l’Arkansas entendent bien empêcher cette intégration de se faire, et ce par tous les moyens.

Les 9 étudiants noirs triés sur le volet pour intégrer le lycée fréquenté par 2000 blancs vont être l’objet de coups et d’intimidations pendant toute l’année scolaire et devront étudier sous la protection de l’armée mobilisée pour l’occasion.

Si vous avez aimé La couleur des sentiments de Kathryn Stockett, pleuré comme moi devant Le majordome ou 12 years a slave, vous allez aimer Sweet Sixteen.

Annelise Heurtier relate, de manière romancée et un brin édulcorée, mais sur la base de documents historiques réels, la tentative d’intégration des neuf étudiants noirs au lycée central de Little Rock.

Ce roman à deux voix, Grace la blanche et Molly Costello (Melba Pattillo dans la réalité) la noire, toutes deux âgées de seize ans, met en avant les faits, montre l’immense courage qu’il a fallu à ces pionniers de l’intégration qui se rendaient en cours la peur au ventre, subissant des violences verbales et physiques, des menaces, des humiliations, des agressions auxquelles ils ne devaient surtout pas répondre ni se défendre sous peine d’exclusion définitive !

À peine 60 ans plus tard, on a du mal à croire que de tels actes aient pu avoir lieu tant cette théorie de la suprématie de la race blanche apparaît totalement ridicule et lorsque l’on songe que c’est désormais un président noir qui dirige l’Amérique.

Tout cela paraît tellement stupide, démesuré, inimaginable et pourtant les faits sont bien là et ils font froid dans le dos. Molly et ses camarades noirs forcent l’admiration et ont fait preuve d’un courage inouï je le répète pour supporter tout cela et tracer le chemin pour les futurs étudiants afro-américains.

J’ai également beaucoup aimé le procédé du roman à deux voix et le personnage de Grace, la blanche. Issue de la bonne bourgeoise de Little Rock, ses parents ne prônent pas le racisme et la jeune adolescente voue une adoration à sa gouvernante noire.

Star du lycée, c’est un beau brin de fille, obsédée par son apparence et la conquête de la vedette de l’équipe de football. Cette histoire d’intégration l’indiffère et on la sent peu à peu s’éloigner de ses copines racistes et finir par prendre en pitié Molly, elle en paiera d’ailleurs le prix, car les blancs qui faisaient preuve d’empathie envers les noirs risquaient tout autant les représailles des blancs et n’étaient pas à l’abri d’un lynchage.

Sweet Sixteen est un très bon roman à mettre entre toutes les mains dès 12/13 ans. Intelligent, facile à lire et riche d’enseignements sur une période de l’histoire que l’on ne connaît pas forcément.

Un roman en lice pour le prix des Incorruptibles 2014/2015 sélection 3è/2nde.

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Jackson, Mississippi, 1962. Dans quelques mois, Martin Luther King marchera sur Washington pour défendre les droits civiques. Mais dans le Sud, toutes les familles blanches ont encore une bonne noire, qui a le droit de s’occuper des enfants mais pas d’utiliser les toilettes de la maison. Quand deux domestiques, aidées par une journaliste, décident de raconter leur vie au service des Blancs dans un livre, elles ne se doutent pas que la petite histoire s’apprête à rejoindre la grande, et que leur vie ne sera plus jamais la même.

La-couleur-des-sentiments-katryn-stockettauteur-éditeur-pagesDébut des années 60 dans le sud des Etats-Unis, le Mississippi et ses plantations de coton, son passé d’esclavagiste, on est loin de l’Amérique de Kennedy, pourtant président lorsque commence le récit. Ce bestseller mondial de Kathryn Stockett, auréolé de nombreux prix, a su séduire bien des lecteurs et je comprends pourquoi lorsque je referme la dernière page du livre. Quelle claque, que d’émotions pendant plus de 500 pages ! Le livre est épais mais je serais bien restée en compagnie de ces bonnes pendant encore plusieurs centaines de pages tant j’ai aimé la galerie de personnages et je dois l’avouer, bien ferrée par l’auteure qui sait brillamment s’y prendre pour relancer sans cesse l’intrigue et renouveler notre intérêt. Katryn Stockett, elle-même originaire de cet état du Sud, a eu semble-t-il envie de redorer le blason de son état et de montrer que tout n’y était pas tout blanc ou tout noir (sans faire de jeux de mots).

Roman polyphonique à trois voix, l’auteure donne successivement la parole à deux bonnes, la douce mais pugnace Aibileen, l’insolente Minny et une apprentie journaliste de bonne famille, Skeeter Phelan. Toutes trois se lancent dans l’écriture d’un livre, Les bonnes, dans lequel une douzaine de domestiques noires, vont livrer leurs témoignages et leurs histoires, de façon anonyme, se cachant sous des pseudonymes car cette entreprise peut se révéler très dangereuse, si leurs auteures sont reconnues. Skeeter, l’écrivain en herbe à l’origine du projet, voue une admiration sans borne à Constantine, la bonne noire qui l’a élevée et dont elle est sans nouvelle. C’est pour elle l’occasion de lui rendre hommage mais comme ses deux acolytes, elle a gros à perdre si cela arrive aux oreilles de ses amies. Les deux bonnes vont se confier clandestinement à Skeeter, à elle ensuite de retranscrire souvenirs et anecdotes de leur vie quotidienne. Cela n’a l’air de rien mais ce projet de livre, qui intéresse d’ailleurs une éditrice new-yorkaise, est tout simplement une bombe à retardement en puissance puisque les bonnes vont y relater les relations qu’elles entretiennent avec leurs employeuses, qui affichent pour la plupart un ségrégationniste décomplexé.

Les rapports entre domestiques noires (forcément) et jeunes bourgeoises wasp (blanches, naturellement) sont au cœur de ce roman qui rend compte des mesquineries, brimades et vexations en tous genres que subissent les premières pour le plus grand plaisir des secondes. Les maitresses sont des oisives, dont l’emploi du temps oscille entre parties de bridges, de tennis et leur club de femmes, tandis que leurs bonnes font tourner la maison : lessive, préparation des repas mais aussi l’éducation des enfants pour qui elles deviennent de véritables mères, jusqu’à ce que ces mêmes enfants, devenus grands, se comportent à leur tour comme leurs parents. Ces bonnes ne doivent pas utiliser les toilettes de la maison, la vaisselle de la famille, pas plus que le frigo. Elles sont à la merci du bon vouloir des blancs qui fixent les salaires et les conditions de travail, qui peuvent d’un mot les envoyer en prison en les accusant de vols qu’elles n’ont bien sûr pas commis, entre autres joyeusetés.

Heureusement, Katryn Stockett ne tombe pas dans le manichéisme (ce ne sont pas les méchantes blanches contre les gentilles noires), La couleur des sentiments montre aussi les patrons respectueux et aimants et les relations ambigües qui unissent aussi maîtresses et servantes. C’est un roman dense avec un grand sujet, de très beaux portraits de femmes, de l’émotion, de l’espoir avec les marches de Martin Luther King, mais aussi de la colère et de la rébellion. Pour résumer, c’est une très belle histoire qui foisonne de tolérance et d’humanité, que je vous recommande chaudement de lire si ce n’est pas déjà fait. Gros coup de coeur !!

heart_5Lu dans le cadre d’une lecture commune avec Céline et des challenges Au service de et La plume au féminin édition 2013 :

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