Londres, 1886. Le corps d’un jeune aristocrate est retiré des bas-fonds de Bluegate Fields. L’autopsie révèle qu’Arthur Waybourne, seize ans et déjà syphilitique, a été violé puis noyé dans un bain. Malgré les récriminations du père, un lord soucieux de sauvegarder les apparences, tout indique que le crime a été commis par un familier. Entravé par un supérieur soucieux de ménager la haute société, contrarié par un second qui singe les manières de l’aristocratie, l’inspecteur Thomas Pitt n’aura pas trop de toute sa conscience professionnelle pour ne pas se contenter du coupable idéal. Voulant sauver un innocent, l’inspecteur continue, au risque de sa carrière, à rechercher le vrai criminel. Dans l’ombre, son épouse, Charlotte et sa belle-soeur, Emily Asworth, ne restent pas inactives. Dans cette sixième enquête de l’inspecteur Pitt, Anne Perry réussit, une fois encore, à allier une intrigue haletante à une critique sociale passionnante.
A chaque mois, son Anne Perry ! Après la déception de Rutland Place, place au 6è tome des enquêtes de Thomas et Charlotte Pitt avec Le cadavre de Bluegate Fields, qui nous plonge cette fois dans le quartier mal famé de Bluegate Fields, haut lieu de la prostitution londonienne. Comme dans Resurrection Row, Le mystère de Callander Square et Le crime de Paragon Walk, cette nouvelle enquête démarre sur les chapeaux de roue avec la découverte du cadavre d’un adolescent dans les égouts. La victime a tout lieu d’appartenir à l’aristocratie et l’enquête est confiée à Thomas Pitt, pressé comme toujours de clore son enquête dans les meilleurs délais, par sa hiérarchie, ici son divisionnaire Athelstan, constamment au bord de la crise d’apoplexie. Flanqué de Gillivray, un adjoint particulièrement ambitieux et soucieux de plaire au commissaire, qu’il prend vite en grippe et nous aussi par la même occasion.
L’autopsie révèle qu’Arthur Waybourne, l’adolescent retrouvé dans les égouts est bien mort par noyade, pas dans la Tamise mais dans l’eau claire de son bain. Comble de l’horreur, le jeune homme est porteur de la syphilis et a été victime d’un viol. Pitt pense immédiatement que le meurtrier est un proche de la victime et il doit mener son enquête dans l’entourage même de Lord et Lady Waybourne et de leur famille. Bien sûr, les soupçons vont très vite peser sur le précepteur de la victime et de son jeune frère, Maurice Jerome, un homme très intelligent et particulièrement hautain qui souffre de devoir être le domestique d’hommes bien moins brillants que lui. Jerome est très vite arrêté et condamné, malgré ses dénégations et celles de son épouse Eugénie car il présente l’avantage de faire un meurtrier bien commode.
Il sera beaucoup question de prostitution masculine et d’homosexualité dans ce 6è tome, deux pratiques fermement condamnées par la société victorienne, l’homosexualité est même interdite et passible de prison, Oscar Wilde sera condamné pour grave immoralité à deux ans de travaux forcés à cause de sa liaison avec Alfred Bruce Douglas.
Comme toujours, ce 6è tome est l’occasion de retrouver Charlotte, sa soeur Emily, Lady Vespasia, Dominic Corde l’époux de sa défunte sœur Sarah, assassinée dans L’étrangleur de Cater Street, sa mère Caroline et son acariâtre grand-mère, le temps d’un chapitre.
Cette nouvelle enquête fait la part belle à Thomas, courageux face à sa hiérarchie et qui prend le risque de perdre son emploi pour faire acquitter un innocent injustement condamné, sans oublier Charlotte qui tient tout de même un grand rôle dans la résolution de l’énigme. Elle continue à transgresser les règles imposées aux femmes en assistant au procès de Jerome et en visitant la morgue avec sa sœur Emily. Ce sixième opus est un bon cru et Anne Perry sait comme toujours ménager les fausses pistes pour conserver son suspens jusqu’au bout. Vivement le tome 7 !
Lu dans le cadre d’une lecture commune avec Fanny, Claire, Sybille, Soie et Céline, et des challenges La plume au féminin édition 2013, God save the livre édition 2013, Anne Perry, Challenge Victorien 2013, British mysteries et Polars Historiques :